Cet hiver s’avère particulièrement humide en Cantabria. Depuis le début du mois de janvier la pluie et la neige, même à très basse altitude, se sont succédé sans interruption provoquant des crues spectaculaires et de nombreux dégâts. Sur les seuls mois de janvier et février le cumul des précipitations représente par endroit plus de 400 mm soit près du double des normales saisonnières. Ces conditions exceptionnelles ont perduré durant tout notre séjour soit quasiment deux semaines, à l’exception d’une journée printanière où nous avons pu en profiter pour faire une belle prospection au-dessus du gouffre de los Rebecos, en amont d’Aitken et du Maxou Picchu.

Comme il n’était pas question de se tourner les pouces à la maison, nous avons un peu modifié notre programme pour s’orienter vers des objectifs nécessitant peu de marche d’approche. Ainsi, à la cueva de la Carrera, nous avons pu avancer l’exploration de plusieurs galeries secondaires. La première, la galerie du Trapèze, a permis de reconnaître 280 m de méandre concrétionné se dirigeant vers le sud et le cirque de Socueva. Plus loin, dans la salle des Caricaturistes nous avons reconnu un conduit assez chaotique au départ et ponctué de cheminées dont les plus hautes atteignent une trentaine de mètres de hauteur. Cette galerie, bouchée par un remplissage argileux au bout d’une bonne centaine de mètres, revient vers le puits Léger (galerie du Volcan). L’alignement, formé par les deux conduits correspond à une fracture assez visible en surface et qui a notamment orienté la galerie du Tube de l’Eté. (développement au 20/02/2015 : 8305 m topo).

Le méandre du Trapèze

Le méandre du Trapèze

Nous nous sommes également réfugié à trois reprises dans la cueva Cayuela pour continuer la mise à jour de la topographie. Cette-fois-ci, nous avons revu l’extrémité du canyon ouest où de nombreux conduits n’avaient à priori jamais été topographiés. Nos relevés ont totalisé à peu près 530 m de galeries fossiles situées entre les différents actifs qui ces jours là n’étaient pas praticables. Cela nous permettra peut-être de mieux comprendre les différentes circulations qui s’écoulent sous cette grande galerie. Il reste encore du travail dans ce secteur et notre prochain objectif sera de raccorder toutes les galeries topographiées (fond du canyon Ouest, puits Buffard, Labyrinthe…) au canyon d’entrée dont le cheminement a été entièrement revu par les spéléos de Santoña. Ces derniers ont en effet réalisé un travail remarquable en reprenant complètement la topographie de l’entrée jusqu’au fond (trémie de la galerie Tantale) et également jusqu’à l’extrémité du canyon Est où ils ont découverts quelques prolongements intéressants.

La rivière du canyon Ouest en crue. Cell'ci n'a pas encore récupéré les affluents venant du réseau sud et on devine ce que cela doit donner à la Cubiobramante.

La rivière du canyon Ouest en crue. Celle-ci n’a pas encore récupéré les affluents venant du réseau sud et on devine ce que cela doit donner à la Cubiobramante.

Durant ce séjour, il nous a été également possible de retourner dans le Cubillo Fraile pour notamment explorer le petit actif s’écoulant à la base des puits d’entrée. Malgré l’humidité ambiante, nous avons pu parcourir le méandre sur une centaine de mètres jusqu’à un petit puits qui reste à explorer.

Juste avant notre départ, toutes les résurgences étaient en crue. Ici, la cueva Carcabon qui coule de façon exceptionnelle. A l'étiage, on trouve l'eau qui ressort à la fuente Isenia, 20 m plus bas.

Juste avant notre départ, toutes les résurgences étaient en crue. Ici, la cueva Carcabon qui coule de façon exceptionnelle. A l’étiage, on trouve l’eau qui ressort à la fuente Isenia, 20 m plus bas.

Participants : Lola Bréard, P. et S. Degouve, Laurent Garnier (GSV)

Patrick Degouve