Après une série de bivouacs organisés dans le secteur du Grand Puits nous sommes revenus dans les amonts du réseau où il restait quelques points d’interrogation à élucider. Comme d’habitude, nous sommes une petite équipe de 5 (P. et S. Degouve,  L. Garnier, Flora Palissot et  Ch. Philippe). Malheureusement, au départ, la météo ne joue pas en notre faveur.

Lundi 25 octobre 2010

Il a plu toute la nuit et le rio Asòn est en crue. Nous partons en direction du col, mais la vue des résurgences gonflées par la crue et le temps qui persiste à la pluie nous obligent à admettre que l’accès au bivouac est fortement compromis. Les prévisions météo étant plus favorables pour la fin de journée et les jours qui suivent, nous décidons de remettre au lendemain notre départ.

Mardi 26 octobre

Le beau temps est revenu et la décrue est amorcée. Nous entrons dans la cueva vers 10 h 00. Le ruisseau coule encore bien et nous imaginons ce que cela aurait donné la veille notamment dans les laminoirs. Arrivés à la jonction avec la rivière du Lézard (réseau des Calligraphes), nous laissons nos charges pour aller revoir quelques départs qui n’avaient été vus que partiellement. Le premier se situe dans la petite salle en amont du Mur de Sable. C’est un affluent que nous remontons sur une soixantaine de mètres jusqu’à une base de puits. Un court passage redonne sur la rivière du Lézard mais sur la rive opposée, celui se prolonge par un labyrinthe de petits conduits se développant entre les rivières du Lézard et de la Conjugaison. Nous passons un certain temps à démêler cet imbroglio de galeries, puis nous retournons à la petite salle du Mur de Sable pour visiter une autre galerie. C’est un peu la copie de la précédente, mais à un niveau supérieur. Encore une fois, nous retombons sur les deux rivières et il semble bien y avoir plus de vide que de roche dans ce secteur. Revenus une troisième fois à la salle, mais cette fois avec nos charges, nous partons dans l’aval de la rivière du Lézard, qui n’a jamais été explorée. De toute évidence, celle-ci rejoint la Tangente Verte. Le début est assez confortable, mais rapidement la voûte s’abaisse et nos gros sacs deviennent un peu encombrant d’autant plus qu’il faut faire suivre la topo. Comme d’habitude, rien n’est simple et nous devons chercher le passage le plus confortable dans un maillage de conduits parallèles et pas toujours très gros. Au passage, nous croisons quelques trâces d’ours ou plutôt d’ourson vu la taille (5 cm de diamètre environ). Celles-ci restent une énigme. Finalement nous parvenons à boucler avec la Tangente Verte au niveau du débouché avec la galerie de la Conjugaison. Nous avons fait presque 800 m de topo, il est désormais bien temps de regagner le bivouac. Celui-ci n’a pas subi de nouvelles agressions de rongeurs comme cela avait été le cas deux ans plus tôt. Nous profitons encore de la fin de cette journée pour aller topographier une galerie découverte par Dom et Christophe, non loin de la salle du Scooter. En fait, il s’agit d’un conduit supérieur qui double la Tangente Verte sur une centaine de mètres.

La galerie de la Tangente Verte en amont du bivouac. De beaux volumes qui contrastent avec les interminables laminoirs gréseux du Fraile.

Mercredi 27 octobre

Réveil 6 h 30. Nous quittons le bivouac vers 8 h. Notre objectif est l’amont de la rivière de la Salamandre. Pour l’atteindre, il nous faut parcourir toute la Tangente Verte, descendre l’aval de la rivière du Lézard sur 100 m de dénivelé puis remonter la rivière de la Salamandre sur près de 200 m de dénivellation soit un parcours de plus de 2,5 km.

Les actifs ont bien baissé mais le passage bas de la rivière du Lézard nous donne toujours quelques inquiétudes et nous prenons un peu de temps pour trouver un passage un peu moins exposé en cas de crue. Finalement, en dégageant quelques blocs nous parvenons à ouvrir un accès bien plus commode et moins engagé. A la confluence des deux rivières, nous retrouvons un très net courant d’air qui parcourt la Salamandre d’amont vers l’aval alors que nous n’avions quasiment rien ressenti dans l’aval du Lézard. Nous attaquons la remontée qui s’avère plus longue que prévue. Au terminus, la galerie prend la forme d’un laminoir assez large pour moins d’un mètre de hauteur. Cela dure sur près de 200 m. Mais contrairement à nos pronostics plutôt pessimistes, la voûte se relève très nettement et nous progressons désormais debout, dans une galerie confortable entrecoupée de cascades et de bassins creusés dans les grés. Le courant d’air est très net et nous devons même trouver un refuge suffisamment ample pour ne pas être frigorifiés au moment du casse croûte. Au bout de 800 m de progression depuis notre terminus, nous commençons à rencontrer des cheminées qui semblent apporter une partie substantielle du courant d’air. Notre exploration se heurte, une centaine de mètres plus loin sur des trémies et sur un labyrinthe de conduits bas que Flora prend un malin plaisir à ratisser dans tous les sens. Nous rebroussons chemin pour aller revoir la trémie, en aval de la Salamandre. Le parcours nous semble interminable et ce n’est que vers 17 h que nous atteignons la confluence. La trémie de la Salamandre est effectivement bien colmatée. Une désobstruction serait assez dangereuses (blocs instables) et au niveau du ruisseau, Laurent parvient à atteindre un bassin qui semble siphonner. Dommage, car il y a bien du courant d’air qui s’échappe dans ce point extrême des galeries du Fraile. Retour au bivouac vers 20 h après une douzaine d’heures d’explo.

Christophe dans les cascatelles de la Conjugaison

Jeudi 28 octobre

Cette-fois-ci, les objectifs deviennent rares dans le secteur, aussi nous décidons de lever le camp, mais avant de sortir, il nous faut revoir une dernière fois l’aval de la Conjugaison et terminer la topographie des conduits parcourus le premier jour. Christophe, Laurent et Flora se chargent du premier objectif tandis-que Sandrine et Patrick attaquent la topo. Auparavant, il faut démonter le camp et nettoyer le secteur. Cependant, nous laissons un abri avec des couvertures de survie pour assurer un point chaud dans cet endroit assez complexe du réseau. Du coup, nous sommes bien plombés et nous appréhendons un peu la remontée avec nos sacs volumineux. Nous les laissons au débouché de la Conjugaison, le temps d’aller remplir les objectifs que nous nous sommes fixés. Dans l’aval de la Conjugaison,  Christophe, Laurent et Flora parviennent à progresser de près de 80 m dans l’actif. C’est un boyau humide, véritable piège à rats, et en plus, il n’y a pas beaucoup d’air. C’est donc réglé de ce côté. Pendant ce temps, Patrick et Sandrine terminent la topo dans des conduits souvent bas et sans grand intérêt. Vers midi, les deux équipes se retrouvent aux sacs et attaquent la remontée. En y allant doucement, c’est un peu moins pénible que prévu et nous sortons sous un soleil radieux vers 15h. Deux kilomètres ont été ajoutés au réseau dont le développement topographié est désormais de 106 145 m.

Patrick Degouve