Le réseau de la cueva Fresca
(n°30, 832 et 833)

Développement : 26 400m
Dénivellation : 507 m

Tout comme la Coventosa et la Cayuela, la cueva Fresca fait partie des grandes cavités de fond de vallée qui ont forgé la renommée du karst environnant et de la vallée d'Asón en particulier. Toutes trois partagent des caractéristiques qui contribuent à leur fréquentation par des spéléologues de tout niveau : un accès aisé, des volumes parfois spectaculaires et surtout la possibilité de les parcourir en traversée.

Mais leur statut de cavité dite "classique" ne doit pourtant pas occulter la méconnaissance que nous avons sur leur origine et leur formation. En effet, dans le cas de la Fresca, les traversées actuelles révélées par le SGCAF et le SCP se font toutes par des galeries affluentes qui, bien qu'importantes, restent secondaires. L'origine du drain fossile le plus important, à savoir le Canyon Rouge, reste à découvrir et laisse ainsi encore beaucoup d'opportunités pour de futures découvertes.

Situation et accès

On peut accèder au réseau par 3 entrées (4 si on comptabilise le second porche de la cueva Fresca) :

- Cueva Fresca (n° 30) :
X = 451,347 ; Y = 4785,78 ; Z = 445 m

- Torca Tibia (n° 833) :
X = 450,217 ; Y = 4786,242 ; Z = 854 m

- Torca de Calleja Tojo (Sima Alpina - CAF 7) (n° 832) :
X = 450,472 ; Y = 4785,927 ; Z = 827 m

Commune : Soba

Historique des explorations :

Bénédict Humbel, spéléologue majeur du Spélo-Club de Dijon dans les années 60 a accepté de compiler l’histoire des découvertes dans cette grande cavité du Val d’Asón.

puceAfficher toutes les notes dans une autre fenêtre

A) Les « années S.C.Dijon » : 1964 - 1984

1964 : Le Cañon d’exploration

Sitôt installé à l’étage du Bar La Cascada à Asón, à la mi-juillet 1964, Claude MUGNIER débute la prospection spéléologique et les investigations géologiques du vaste secteur que lui ont défini les professeurs Raymond CIRY et Pierre RAT (1). Le 17 du mois, il repère deux exsurgences, masquées par une terrasse fluvio-glaciaire au fond du talweg, 2 km en amont du village. En rive droite, celle de Las Fuentes (MUGNIER, 1968, San Vincente n° 9) est la première à donner véritablement corps au rio Asón en période d’étiage. Quarante mètres plus haut, en rive gauche cette fois, le Manantial del Arroyo del Huerto del Rey (2) (MUGNIER, 1968, Porracolina n° 17) est une source temporaire, située à proximité du contact des calcaires supra-urgoniens et du complexe gréseux d’Asón. Cette position favorable de l’exsurgence, au toit d’un niveau imperméable, incite « El Rubio » (nom que les habitants d’Asón ont donné à MUGNIER) à s’enquérir de l’existence de cavités sur le flanc ouest de la vallée.

Le 20 juillet 1964, après avoir exploré plusieurs cavités modestes colmatées par des galets, il atteint un porche triangulaire, situé à 444 mètres d’altitude (mesures de triangulation SCP). Il s’en échappe un fort courant d’air. Le porche ouvre sur une salle assez vaste, communiquant avec la vallée par deux entrées. Cette salle a été fréquentée depuis longtemps par les bergers et leur bétail. L’air provient d’un laminoir, que MUGNIER désobstrue d’autant plus facilement que l’air chasse la terre sitôt arrachée du sol. Il traverse une seconde salle, vierge de traces, puis déblaie un second laminoir et escalade un ressaut de 2 à 3 mètres ouvrant l’accès à un balcon du haut duquel il aperçoit une salle encore plus vaste. Bien que personne ne soit au courant de sa présence sous terre, il ne résiste pas à l’attrait d’une première exploration qui le conduit bientôt dans un cañon au sol en pente, de plus en plus haut. Par prudence, il renonce à poursuivre. De retour à Asón, il apprend que la grotte dans laquelle il vient de faire de la première est connue des habitants sous le nom de Cueva Fresca.

SalleEntrée

La salle découverte par Claude Mugnier juste après les deux laminoirs d'entrée.
Aujourd'hui, les gours ont disparu, piétinés par les multiples passages.

Il y revient une semaine plus tard, avec l’éclairage qui lui permettra de progresser en toute sécurité. La coulée stalagmitique saturée d’eau, sur laquelle il s’était arrêté, se déverse dans un puits, qu’il peut contourner par la droite (3). Le cañon mesure alors une vingtaine de mètres de hauteur pour une largeur de 7 ou 8 mètres. Son sol est recouvert par un limon beige-clair, teinté par une fine pellicule brun-noir (la « poussière des siècles » ?). La progression est facile et Claude trace sa piste dans cette poussière. Il atteint le premier point d’eau de la grotte (galerie du Plan d’eau, MUGNIER, 1968, fig. 22), puis remonte une autre coulée de calcite humide, dans laquelle quelques marches devront par la suite être taillées. Redescendant de l’autre côté, il s’arrête devant un éperon rocheux de plusieurs dizaines de mètres de hauteur, suspendu au-dessus d’à-pics de 20 à 25 mètres. Ce « Bloc 64 » (4) sera, pour cette année, le terminus des explorations dans ce « Cañon d’Exploration ». Sur le chemin du retour, Claude explore une partie des galeries latérales : les galeries Vélo, la galerie de l’Oubliette, le réseau des Griffes où il observe la trace de quelque animal (5).

Griffes    Canyon

Dans le réseau des Griffes (à gauche) et le canyon d'exploration à droite (Clichés P. Degouve).

Les autres membres du Spéléo-Club de Dijon arrivent à Asón au début d’août. La priorité est mise sur la topographie du cañon de la Cueva Coventosa (6), la reconnaissance de la Cueva Cañuela (Bustablado) et de la Cueva de l’Agua (7). MUGNIER et le SCD doivent attendre quelques semaines, avant de pouvoir retourner à la Fresca (8). Le Bloc 64 n’est toutefois pas dépassé, mais les galeries latérales du Cañon d’Exploration sont explorées en détail. La liste exacte de la dizaine de participants du SCD à cette troisième incursion dans la grotte n’a malheureusement pas été conservée.

B64

Le passage du Bloc 64 (Cliché : P. Degouve)

1965 Franchissement du Bloc 64

Une équipe s’attaque au Bloc 64 le 6 août. Les puits situés sous le bloc (P.20 et P.25) ne donnent pas sur une suite du réseau, et il faut envisager de passer en vire (c’est le côté droit qui semble le plus aisé). Tandis que les premiers spits sont plantés, quelqu’un remarque l’existence d’une étroiture verticale, à une dizaine de mètres en retrait : celle-ci donne accès à vire inclinée longeant un des à-pics situés sous le bloc, et qui permet de franchir l’obstacle (9). Au-delà, le cañon d’Exploration est un peu moins large, mais aussi élevé que précédemment. Une cascatelle donne l’occasion de remplir les réservoirs des lampes à carbure (Fontaine des Macaronis) et, après un carrefour, un puits de 26 mètres, qui barre entièrement la galerie ralentit la progression. L’obstacle est franchi (il recevra le nom de Tracastin (10)). Cinquante mètres plus loin, l’obstacle est plus sérieux : un puits d’une dizaine de mètres domine un carrefour au niveau duquel plusieurs galeries se croisent à des niveaux différents. Le niveau inférieur du P10 n’est exploré ce jour-là qu’en direction du sud, jusqu’à un nouveau tracastin. Ce niveau inférieur deviendra plus tard la Galerie des Lucarnes, et ce tracastin, sans surprise, le Tracastin n° 2.

photo 1   Photo1bis

Fontaine aux Macaronis (Cliché gauche : I. Rixens et A. Cudey 2019, cliché droite : P. Degouve et L. Bréard 2015)

Trois jours plus tard 9 spéléos reviennent à la Fresca. Pendant que Claude et Colette MUGNIER topographient les galeries latérales du Cañon d’Exploration, trois personnes accompagnent le Dr CASTIN dans le niveau inférieur du P.10, en direction du N cette fois. Alors qu’ils pensent être parvenus à un cul-de-sac (Salle Nord), ils sont intrigués par un courant d’air qui sort au ras du sol.

Photo2   Tricastin

Le franchissement du P.29 dit le "Tracastin" en 1966 (Cliché S. Derain et A. Calinet) et en 2015 (Cliché : P. Degouve)

Une désobstruction leur permet de suivre celui-ci, dans un boyau revenant au S, jusqu’à un puits dans lequel ils entendent couler ce qui leur semble être une rivière. Ce P.40, oblique au sommet, est descendu le 15/8 (11). Dans une galerie aux vires très argileuses, un surcreusement est parcouru par un modeste ruisselet, dont le murmure est amplifié par un effet de cornet, probablement dû à la forme du puits et la présence de son boyau d’accès. Le puits devient « Puits de la Trompe » (la Galerie Eustache n’est pas loin …). En bas, le ruisseau est suivi sur une centaine de mètres, tant en amont qu’en aval.

RF

Les étages fossiles de la cueva Fresca (version PDF)

Les réseaux actifs de la cueva Fresca (version PDF)

Le même jour, une autre équipe examine le Cañon de l’Éboulis, qui constitue la suite naturelle du Cañon d’Exploration. Il est barré par un vaste P.40, infranchissable celui-là, et qui visiblement rejoint la Galerie des Lucarnes. Revenant dans la Galerie des Lucarnes, elle traverse le Tracastin n° 2 puis escalade sur une vingtaine mètres une sorte de diaclase. Deux ouvertures s’ouvrent au sommet d’une cheminée, qui inspireront le nom de Galerie des Lucarnes. Sur le chemin du retour, un P.10 et des diverticules latéraux sont explorés avant la remontée du P10.

Vers la Salle Rabelais (août 1965)

La dernière incursion de l’année 65 se déroule dans la nuit du 18 au 19 août, à 3 personnes. L’équipe complète la topographie du Cañon d’exploration à partir du Bloc 64. En paroi sud du cañon, à l’opposé de la Fontaine des Macaronis, une large vire est visitée, et permet un accès aisé vers un réseau supérieur à double entrée. L’un des accès, ascendant, se termine rapidement par une fenêtre ayant la forme d’une goutte d’eau, ouvrant dans la paroi d’un puits concrétionné (Puits de la Goutte d’eau), au pied de laquelle repose le squelette d’un petit animal (en connexion anatomique et enrobé de petites billes de couleur anthracite, à l’aspect de caviar). Le crâne de l’animal, identifié par Jean CHALINE (Paléontologue de l’Université de Dijon, spécialiste des Rongeurs), est celui d’un loir.

Le second accès constitue le balcon d’une vaste galerie, au-dessus du Cañon d’Exploration. Celle-ci sera baptisée « du mirage » car elle ne débouche, à son autre extrémité, que sur des puits et une cheminée, qui sont décevants au regard de la taille de la galerie. Un méandre d’une centaine de mètres est parcouru, à l’aplomb du Puits de la Goutte d’eau, jusqu’à un puits : le Méandre du Marché, qui doit probablement son nom à l‘existence de concrétions en forme de choux-fleurs ...

GR

Le Grand Raccourci (photo : Jésus Garcia Collado)

Dans les années 60, nous nous éclairions à l’acétylène. Un boîtier électrique accroché au cou par une ficelle, servait d’appoint pour remplacer temporairement la lampe à carbure. Il était difficile de voir à grande distance, que ce soit dans un puits, une salle ou une galerie aux dimensions « cantabriques ». Parfois, c’est en dessinant l’habillage du levé topographique que des prolongements possibles apparaissent. C’est ce qui est arrivé pour le prolongement du Cañon de l’Éboulis au-delà du croisement de la galerie du Tracastin et de la Galerie des Lucarnes. Nous avions apporté de quoi placer une vingtaine de spits, ainsi que l’Araignée que Bruno DRESSLER venait de mettre au point, pour escalader la Galerie des Lucarnes, en remontant sur sa paroi nord, en face du P10 de la Galerie du Tracastin. Mais une fois sur place, nous remarquons trois ou quatre blocs de petite taille, coincés entre les parois du cañon, à une trentaine de mètres au-dessus du sol. Nous utilisons alors l’Araignée à partir de la Galerie du Tracastin (où le dénivelé n’est plus qu’une dizaine de mètres) pour atteindre ce pont naturel. Une fois franchi le pont, l’un de nous prend pied dans une très vaste galerie, gardée par une stalagmite conique, de plus de dix mètres de hauteur (12) (photo 5). De ce jour, ce carrefour multiple est baptisé Carrefour de l’Araignée.

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Carrefour de l’Araignée, vu depuis la Galerie du Tracastin. Passage exceptionnel en tyrolienne ; on aperçoit la vire équipée d’une main courante, en hauteur
(Cliché : I. RIXENS, 2019, Virgil ROUX-RIXENS).

Dans la galerie qui s’enfonce vers l’ouest, la progression est à peine ralentie par un puits aux bords ébouleux qu’il faut contourner (Puits-sablier). Trois cents mètres après lui et tandis que la galerie se réduit, ce sont les parois, la voûte et finalement le sol qui quittent le halo de nos lampes, et un grand vide s’ouvre devant nous : nous sommes dans la paroi d’une salle gigantesque, où se fait entendre une lointaine cascatelle. Après quelques instants d’étonnement, nous dévalons le pierrier qui s’enfonce vers le fond, espérant y trouver une galerie aussi énorme. Nous y trouvons la cascatelle, tombant d’une voûte invisible (13), mais de ce côté, la suite est peu prometteuse. Remontant le pierrier, nous reconnaissons le début d’une haute galerie s’ouvrant du côté sud de la salle et dont la voûte est couverte de vermicules d’argile rougeâtre (« Le Cañon Rouge »). Les départs de deux petites galeries (galerie A à main gauche, galerie B à main droite (14)) sont répertoriés, mais nous préférons pousser dans la galerie principale jusqu’à ce qu’un nouvel amoncellement de blocs nous contraigne à faire demi-tour (15).

Les dimensions de la salle, dont nous venons de perturber le silence, nous feront plus tard dédier cette découverte au père de Pantagruel et de Gargantua. La salle deviendra Salle Rabelais.

Rabelais

La salle Rabelais photographiée par Josu Granja, spécialiste des grands volumes.
(Version plus grande)

1966

Les comptes-rendus des explorations des années 1966 à 1968 ont été malheureusement perdus. Pour cette période, il a fallu faire appel à la mémoire des participants et exploiter au mieux les topographies (datées), accompagnées de résumés d’explorations, qui ont publiés dans Sous le Plancher (revue du S.C.D.) ou dans Cuadernos de Espeleologia (revue du Museum de Santander).

Pointe du 2 avril

À la suite de la découverte du Trou Souffleur de la Cueva Coventosa (17 août 1965), une prospection sur le sommet du massif de la Peña Lavalle aboutit, en avril 1966, à la découverte, par Gérard JUHUÉ (Club des Tritons de Lyon) et Bruno DRESSLER, d’un puits dont le premier jet est mesuré à 192 mètres (17). Le 2 avril 66, B. DRESSLER conduit une équipe à la Salle Rabelais, en utilisant le rappel que nous avions installé en août dans le Carrefour de l’Araignée, en prévision d’un retour dans la grotte (18). L’équipe contourne la salle Rabelais par l’ouest, laborieusement, sur une vire large de plus de vingt mètres, encombrée de blocs. Ils ne remarquent pas l’entrée supérieure discrète de ce qui deviendra le Cañon Nord (19). Mais Frédéric DRESSLER découvre, un peu plus loin, l’entrée d’une galerie ébouleuse et s’y engage seul. Il rejoint bientôt le cours d’un petit ruisseau, qu’il remonte sur 250 m, jusqu’à une cascade qui l’arrête.

Bivouac de juillet 66

Ceux d’entre nous qui étions étudiants avaient le privilège de disposer de congés plus longs que nos collègues, pour nous adonner à notre activité favorite. Il nous était facile de nous rendre sur place pour presque 1 mois et demi, et le faisions dès juillet, avant l’arrivée de l’équipe SCD. Bruno DRESSLER et moi dressons cette année-là une tente à l’entrée des galeries-Vélo (Cañon d’Exploration), dans le but de compléter la topographie et de poursuivre la reconnaissance du réseau. Ce séjour a été l’occasion d’expérimenter une idée de Bruno : utiliser la flamme de ma frontale pour générer des flashs, par une simple pression de la main sur une poire en caoutchouc, remplie au préalable avec de la poudre de magnésium. Effet saisissant, trop bref, qui devait permettre à Bruno de prendre des clichés des vastes cañons de la grotte. Sans suite malheureusement, la pellicule ayant omis de se dérouler…

bivouac

Campement à l’entrée du Cañon Rouge (1966, Alain CALINET, Serge DERAIN)

Au cours de 3 pointes, nous explorons le reste des grandes galeries fossiles et les topographions, au moyen d’une autre invention de Bruno, promise à un plus bel avenir : son topofil adapté à la spéléo.

À partir de la Salle Rabelais, la traversée de l’Éboulis 65 ouvre sur la suite du Cañon Rouge, plein sud. Le passage d’un à-pic contournable (« Trou Blanc »), de petits chaos de blocs et un passage surbaissé sont les seuls obstacles marquants, le long des 800 mètres de ce cañon. Notre pointe s’achève dans une salle à trois branches : la première est celle par laquelle on entre dans celle-ci, la seconde s’achève sur une trémie, qui résiste, même en passant en funambule sur un plancher stalagmitique suspendu (et résistera à nos successeurs, des années plus tard) (20), et la troisième un pierrier descendant d’une trémie, dans laquelle un trou laisse entrapercevoir un vide. Cette voie est la seule à présenter un intérêt, à condition de pouvoir purger la trémie sans se faire bombarder de galets, et que le trou n’ouvre pas sur une escalade exposée, dans un remplissage qui pourrait reboucher l’étroiture aménagée … Cette possibilité n’a peut-être pas été envisagée depuis.

Sur le trajet du retour, nous nous avisons de la présence d’une galerie située en contrebas de l’Éboulis 65. Ses parois sont ciselées d’anciens coups de gouges, indiquant un sens de creusement à partir du Cañon Rouge. Ce Cañon des Cupules, long de 70 mètres, débouche dans une galerie plus vaste. Une trémie en obstrue l’extrémité SE (21), mais vers le NE, la progression est aisée sur un sol d’argile desséchée. Un peu plus loin, une galerie parallèle a conservé de discrètes traces de pattes d’un petit mammifère (renard ou fouine (22) ?). Nous nous retrouvons bientôt en contrebas de la 5° Avenue, près de la grosse stalagmite du Carrefour de l’Araignée. Le « Grand Raccourci » que nous venons de parcourir présente l’avantage de rejoindre le Sud du Cañon Rouge, sans avoir à passer par la Salle Rabelais.

5eme

Pilier stalagmitique de l’entrée de la 5° Avenue
(Cliché : Isabelle RIXENS, 2019, Alain PIZZOLATO, Tom ROUX-RIXENS)

Lors d’une autre pointe, nous repérons, sur la vire nord de la Salle Rabelais, l’entrée très ébouleuse du « Cañon Nord ». Il s’agit en fait d’une galerie assez basse, s’élargissant en salle, qui prend ensuite la forme d’un cañon haut d’une vingtaine de mètres et s’achève sur un énorme éboulis (conformément à l’habitude, celui-ci est baptisé avec l’année en cours). Sur le retour vers la Salle Rabelais, à main droite, une galerie parcourue par un ruisselet est encombrée par un amas de gros blocs de nature composite (calcaires urgoniens et grès brunâtres), et exhale un courant d’air vif.

La montée des blocs s’achève à la base d’une cheminée de taille impressionnante, arrosée, mesurant une quinzaine de mètres de largeur au sol. Sa hauteur dépasse de loin nos capacités en éclairage. Comme il n’existe pas de couche de grès dans les grandes galeries fossiles de la cavité, mais que la coupe géologique mentionne l’existence de grès dans certaines vires herbeuses du versant ouest du Val d’Asón, il ne fait pas de doute que le puits à la base duquel nous sommes est énorme. Le nom d’Eole, dieu grec parfois représenté assis sur la marmite des vents, soulevant son auguste fondement pour laisser échapper un vent tempétueux, paraît approprié pour baptiser cette cheminée.

Eole

Puits Eole, vue partielle vers le haut (Cliché : D. CHAILLOUX, 2004)

La galerie pompeusement dénommée « réseau B », à l’entrée du Cañon Rouge, nous conduit à la paroi d’un autre puits arrosé. Sa descente, effectuée plus tard, montrera qu’il existe un large palier à -40 m, et que le fond est à – 70 m. À sa base, l’eau de la cascatelle rejoint une vaste galerie, le « Gros Collecteur », qui s’achève en amont et en aval sur des trémies. À – 40 m, nous commençons l’exploration d’un méandre fossile très sinueux, et devons rapidement rebrousser chemin, faute de matériel et devant des parois friables.

eole

Une autre vision du puits Eole (cliché Jesus Garcia Collado)

Août 66 : premières incursions dans le Borracho

- « P. 40 » du Carrefour de l’Araignée

Ce puits occupe toute la largeur du Cañon de l’Éboulis, au niveau du Carrefour de l’Araignée. On y accède à partir de la Galerie des Lucarnes. Il est suivi par un conduit étroit et boueux, débouchant à la base d’un beau méandre souvent glaiseux, très élevé, parcouru par un peu d’eau. Une série de marmites, en aval, nous incite à préférer l’amont, où on progresse en quasi droite ligne au début, puis dans un méandre aux boucles serrées. Le cheminement est tellement sinueux qu’il nous évoque la démarche d’un homme saoul (un hombre borracho). Arrêt sur trémie. La topographie, effectuée en 1968, montrera que la partie rectiligne suit le tracé de la 5° avenue, avec laquelle elle communique par plusieurs à-pics d’une soixantaine de mètres. La trémie finale n’est pas très éloignée de la Salle Rabelais.

- Aval du Borracho

En terminant le relevé de la Galerie des Lucarnes, nous repérons un accès qui nous conduit, assez facilement (P.20 ?) jusqu’au réseau actif, dont nous n’explorons que l’aval, jusqu’à un beau siphon. Il ne fait guère de doute que l’amont de ce réseau se raccorde au méandre Borracho, au niveau des marmites. Dans la même Galerie des Lucarnes, en topographiant le « Tord-Boyau » découvert l’été précédent, nous réalisons que celui-ci débouche en fait directement dans le Grand Raccourci, au terme d’une petite escalade : ce court-circuit aurait pu permettre à ses découvreurs d’accéder à la suite de l’étage fossile de la cavité, sans avoir à passer sur le pont de galets du Carrefour de l’Araignée. Ne connaissant pas la suite du réseau, ils avaient pensé qu’il bouclait sur la Galerie des Lucarnes, et avaient fait demi-tour.

1967

L’exploration de la Sima del Cueto, commencée en août 1966, devient en 1967, avec l’exploration de la Cueva Cañuela, le plus gros projet du SCD, et la Cueva Fresca passe au second plan. Début août, un camp est installé à l’entrée du Cañon Rouge, avec comme but la progression dans le réseau du P.70. Les 3-4 août, le Gros Collecteur de la cote -70 m est topographié et la poursuite de l’exploration du méandre de la cote -40 m conduit à un petit ruisseau, remonté sur 270 m (arrêt sur plan d’eau). Cet actif, coulant à un niveau supérieur à celui du Gros Collecteur, justifie le nom de Ruisseau suspendu. Son aval est exploré et topographié le lendemain : il mène à un autre collecteur de grande taille (« cañon »), colmaté en amont par des trémies proches de la Salle Rabelais, mais qui se poursuit vers l’aval par une rivière plus étroite, reconnue en partie ce jour-là. À noter que l’un de nous (Alain POINSOT), resté en faction au sommet du P.70 le 3 août, avait décidé de meubler son attente en s’engageant dans un système de petites galeries prolongeant à l’horizontale la Galerie B. Il avait eu beau nous vanter plus tard les possibilités qu’il avait entrevues, nous n’y avions pas attaché suffisamment d’attention : il avait pourtant commencé l’exploration de ce qui deviendra, des années plus tard, la « diaclase des Parisiens », passage obligé entre l’actif de la Sima Tibia et l’étage principal de la Fresca.

1968 : Tentatives dans le Cañon Nord

Le 5 août, la topographie de l’amont de méandre Borracho est levée.

Plus tard dans le mois, une escalade vers un méandre de voûte nous conduit à un affluent intercalé entre la galerie de fuite du Puits Éole et le Cañon Nord (ultérieurement baptisée Galerie du Huit ?). Nous y progressons d’environ 200 m, souvent au-dessus du vide, jusqu’à un puits remontant. Tout ce secteur rappelle une décompression mécanique du massif, entre le Puits Éole et le Cañon Nord. Ce secteur n’est d’ailleurs pas très éloigné du versant du Val d’Asón…

Munis de l’Araignée, nous nous attaquons ensuite au Chaos 66 lui-même. Après l’escalade d’un bloc de 8 mètres de haut, nous progressons en libre dans la trémie. Au-delà d’une salle, une cheminée nous ramène au-dessus du méandre de voûte reconnu ce même jour et, par à une sorte de lucarne, nous arrivons dans la paroi d’un vide gigantesque. S’agit-il du Puits Éole ? L’unique corde qui nous reste ne permet pas de descendre jusqu’à la base du puits, et il faut procéder avec deux rappels de corde. Nous utilisions alors la technique, apportée par Bruno, du « nœud de trompe la mort », associé à un petit crochet en duralumin enveloppé d’un morceau de chambre à air, pour n’utiliser ni cordelette ni corde en double. Après deux rappels de 30 et 20 m environ, nous prenons pied (soulagés qu’il s’agisse bien de lui !) à la base du Puits Éole (23).

1970

L’été 1969 est largement occupé à poursuivre les explorations à la Sima del Cueto. Il est aussi perturbé par la chute accidentelle de l’un de nous dans un puits de la Cueva Cañuela. Il n’y a donc pas eu de visite à la Fresca cette année-là. Au contraire en 1970, il n’y a pas de descente dans « le Cueto » mais deux bivouacs sont organisés dans la Fresca. Les objectifs principaux sont le réseau actif et ses voies d’accès depuis l’étage fossile principal. Tous n’ont pas été atteints, notamment en matière de topographie.

Premier bivouac.

- Grand Raccourci : visite détaillée et topographie de la Galerie du Monstre.

- Cañon d’Exploration : descente d’un P. 15 arrosé sans issue, au pied de la Galerie des Galets.

- Réseau du Caviar : descente du Puits du Pilier (P.12), situé à l’entrée du réseau (sans issue).

Deuxième bivouac (dans la 5° Avenue) et journée sans bivouac.

a) Système du P.70 (sources : Anonyme SCD, 1971, MARQUET-MORVERAND, 1990) :
- Ruisseau suspendu En amont, le plan d’eau est dépassé, arrêt sur voûte mouillante (pas de topographie).
- En aval, la rivière faisant suite au cañon après un petit lac est suivie sur environ 300 m, avec un canot.
Une partie de la topographie de la zone est levée. Cette exploration, ainsi qu’une visite effectuée le 17 août apportent la preuve qu’il existe un autre réseau actif que l’amont du méandre Borracho. Il est baptisé « Rivière 70 », mais la confluence de la Rivière 70 avec le Borracho-aval n’est pas vraiment démontrée.

b) Cañon Nord (Anonyme SCD, 1971) :
Le « Puits Toboggan » s’ouvrant en paroi ouest du cañon est descendu (P. 10 puis P.7 aboutissant à la galerie d’accès à la base du Puits Eole).

1971 (Anonyme SCD, 1973 (?), MARQUET et MORVERAND, 1990)

La jonction de la Rivière 70 avec l’aval du méandre Borracho est clairement démontrée, mais il n’y a pas d’avancée du côté de la topographie de l’actif.

1976-1984

Les visites qui ont pu avoir lieu au cours des années postérieures à 1971 ont été faites par Patrick et Sandrine DEGOUVE et Guy SIMONNOT, membres du S.C.D. Tous les trois sont au courant des prospections réalisées par le S.G.C.A.F à partir de 1980, sous le hameau d’El Albeo, qui surplombe l’entrée de la cavité (voir ci-dessous). Dans la Fresca, au cours d'un bivouac, ils dépassent en 1976 le terminus atteint dans le Méandre Frédéric et en doublent le développement (cf. PUCH, 1987). Ils complètent la topographie de l’actif : 500 m en 1983 (Ruisseau Suspendu + une partie de la Rivière 70), 510 m en 1984, poursuivent également la remontée du « Torrent des effondrements », entre le Puits Éole et le Cañon Nord (24). Dans l’étage principal, en 1983 à l’occasion de l’équipement du P.70 pour topographier la Rivière 70, et accompagnés de quatre membres du SC d'Aix en Provence en visite, ils prolongent légèrement la Galerie B (future « Diaclase des Parisiens ») vue par Poinsot en 1967. Mais là encore l’absence de courant d’air n’incite pas à la poursuite dans le labyrinthe de diaclases. En 1984 ils rééquipent les escalades de 1968 accédant au balcon dans le puits Éole puis entreprennent l’ascension jusqu’à un autre balcon (+54). L’éclairage à l’aide d’un puissant phare de plongée permet d’estimer la cheminée au dessus à encore une centaine de mètres. Le projet est abandonné. Enfin, ils prospectent à leur tour les hauteurs d’El Albeo (Anonyme, 1987). L’année 1984 marque la fin des activités d’exploration du SCD dans le réseau.

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Bivouac du SCD en 1976 (de gauche à droite : E. Leglaye, J.Y. Berthod, Ph. Morverand, en arrière plan, M. Grenier et Gérard Rozier)

Carlos PUCH, dans son Atlas des grandes cavités espagnoles (PUCH, 1987), résume les explorations effectuées dans le réseau jusqu’à cette date. La topographie qu’il publie est une reprise de l’article paru en 1975 dans Spelunca (KIEFFER et CASTIN, 1975).

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Evocation du bivouac réalisé par le SCD en 1976. Ce dessin illustrait une plaquette de 12 pages détaillant les objectifs du bivouac.
Beaucoup ne seront pas tenus faute de temps.

B) Reprise des explorations par le S.C.P. et le S.G.C.A.F.

1980 : Première prospection du S.G.C.A.F. au-dessus de la Fresca (25)

En juillet, le S.G.C.A.F. fait un premier camp de prospection sur le haut du versant, en contrebas des cabanes d’El Albeo, dans un secteur correspondant en gros à la verticale de la Salle Rabelais. Les entrées découvertes à cette occasion sont notées avec un numéro d’inventaire spécifique : CAF n°. Parmi les différents puits découverts, le CAF n° 7, exploré par Michel DELAMETTE est baptisé Sima Alpina. L’entrée est en partie dissimulée sous de grandes dalles de grès. Une relation de cette exploration est publiée avec un croquis d’exploration (DELAMETTE, 1980, p.87) :
Un P.30, un P.20 et un P.6 s’enchaînent, donnant accès à des conduits en pente douce, encombrés d’alluvions, qui suivent une strate de grès. Puis un P.13 traverse les grès et permet d’accéder à un conduit étroit, encombré de sédiments calcités, suivant une seconde couche gréseuse. Arrêt vers -80 m devant une étroiture avec intense courant d’air aspirant.

1988 : Entrée en scène du S.C.P. dans le réseau de la Fresca.

Le S.C.P. prospecte à son tour le secteur proche d’El Albeo. Le 26 juin, il pense découvrir la Sima Alpina et en dresse la topographie (développement proche de 300 m, point le plus profond estimé à – 95 m, MORVERAND, 1988).
À la mi-août, les reconnaissances se font dans la Fresca elle-même. Le compte-rendu détaillé de celles-ci ne paraît que l’année suivante (GISSELBRECHT, 1989). L’actif de la base du Puits de la Trompe est fouillé, topographié (300 mètres), et l’amont du méandre Borracho est atteint à partir du P. 40 de l’Araignée. Les « 800 m de galerie très glaiseuse … ne figurant pas sur les topographies du SCD », qui sont parcourues ce jour-là, avec « arrêt sur escalades » (MORVERAND, 1988, C.R. des sorties de l’année) le sont en fait dans le Borracho amont et sont rebaptisés « affluent du Gros Bourbier » (MORVERAND, 1989) (26).

D70a

Topographie partielle des conduits au sud-ouest de la salle Rabelais (version PDF)

70b

Topographie du réseau supérieur du P.70 (version PDF)

Dans le Puits Sablier de la 5° avenue, une équipe dépasse le terminus SCD de 1970 (Anonyme, 1971) et confirme la relation de ce petit actif avec la partie haute du Borracho (P 17 arrosé, P 15 et P 20).
Du 24 au 31 décembre, une équipe de 7 personnes prend plus largement connaissance de la cavité (MORVERAND, 1989). Un bivouac est installé dans le Cañon d’Exploration. Le « gros Bourbier » (amont du Borracho) est (re)topographié et son développement est réduit à 650 m. Cent mètres d’une galerie fossile parallèle à la 5° Avenue, autour du Puits Perdu (MUGNIER, 1968), sont topographiés (Galerie Station Mondmilch). La descente d’un P. 50 (?) dans cette galerie confirme que « le Gros Bourbier » est bien synonyme de Borracho-amont. Plusieurs puits s’ouvrant dans la Galerie des Lucarnes ou à sa proximité aboutissent dans la partie aval déjà connue du Borracho.
Ces incursions de 1988 n’apportent pas beaucoup de découvertes nouvelles, mais elles affinent la connaissance de cette partie assez complexe de la cavité. Enfin une équipe de trois personnes pousse jusqu’au terminus du Cañon Rouge, où elle se rend compte, à son tour, que l’espoir de franchir la trémie pose un sérieux problème.

1989 : Sima ou Torca Tibia (S.G.C.A.F.) et P.70 de la Fresca (S.C.P.)

27-31 mars 1989 (S.G.C.A.F. sur El Albeo) (LISMONDE, 1989)

Le 30 mars, Baudouin LISMONDE commence l’exploration d’un orifice de petite taille (CAF n° 17), repéré la veille à côté de l’entrée de la Torca Mexicana (CAF n° 16). Un P.14 l’amène dans une petite galerie, à l’extrémité de laquelle il descend un P.9, puis après avoir récupéré de la corde, un autre puits de 85 mètres. A la base de celui-ci, un méandre trop étroit le rebute. Le lendemain (dernier jour de la pointe sur El Albeo), une équipe de trois topographie sa découverte. Christophe LEFOULON dépasse le terminus de Baudouin (méandre des Bûchettes, du nom d’un équipement qui sera mis en place en juillet, avec les moyens du bord), descend un P. 19 et s’arrête au sommet d’un P. 30, faute de matériel.
Le fort courant d’air aspirant donne à ce nouveau gouffre, baptisé Sima Tibia (27), un intérêt qui motivera l’organisation d’un second raid depuis l’Isère, dès le mois de mai.

5-7 mai 1989 (SGCAF, LISMONDE, 1989)

Le P. 30 s’avère ébouleux. À sa base, un méandre donne du fil à retordre aux explorateurs. Il est suivi par un P. 36 (dit du Pendule) où le courant d’air s’enfile dans un conduit fossile assez étroit, 14 mètres au-dessus du fond. La suite comporte deux à-pics de 8 mètres, et débouche en rive droite d’une galerie confortable (6-7 m de large) : le « Boulevard Piégé ». Ce conduit en pente, très ébouleux, est en partie creusé à l’intérieur d’un banc de grès. Il peut être remonté sur une centaine de mètres en amont-pendage, mais c’est en aval que la voie est libre. Sur près de 300 mètres, vers le S puis le SSE, la progression est aisée, jusqu’à un colmatage à la cote – 305. En cours de route, le ruisseau provenant des puits d’entrée s’est perdu dans le sol. Soixante-dix mètres avant le colmatage final, l’air se précipite dans un grand puits ébouleux, qui est descendu le 7 mai. Dans la roche saine, c’est un beau puits, d’abord sur diaclase, puis en tube (P.85, dit Puits Daniel LEPAGE). À -367 m, un méandre fait suite au puits, puis c’est une diaclase encombrée de sable, toujours parcourue par un violent courant d’air. La progression est difficile au début. Puis la pente augmente, une succession de marmites nécessite l’installation d’équipements fixes, et la section s’élargit à 5 m x 5 m (Galerie - et ruisseau - Jacques VEY (28)). Ce collecteur se transforme ensuite en méandre-diaclase. Les explorateurs s’arrêtent à la cote – 497 m (350 m./ N.M. environ), devant une voûte mouillante qui laisse passer un bruit d’eau. À ce stade, le courant d’air a disparu … Laissons la parole aux découvreurs :
« Nous revenons en arrière et localisons la zone où on perd [le courant d’air]. Là-dessus arrive un Racko fort essoufflé. Il a fini la topo et Josiane très sportivement lui a passé son croll [perdu dans un méandre]. Les sommets du méandre sont fouillés mais les escalades sont délicates. Racko insiste et parvient à atteindre un labyrinthe qui le conduit à la base d’un énorme P.50 remontant où s’engouffre le courant d’air »

14-20/5/1989 : expédition SCP dans le secteur du P. 70 (MORVERAND, 1990)

La découverte de la Sima Tibia par le S.G.C.A.F. pousse le SCP à prospecter la zone du P. 70 de la Fresca, qu’il ne connaît pas encore. Celui-ci se trouve non loin du terminus atteint dans la galerie Jacques VEY. Tandis qu’une équipe descend le P. 70, avec l’objectif de finir la topographie de la Rivière 70, Philippe MORVERAND s’engage dans le prolongement de la Galerie B (voir similitude avec Poinsot 1967 et Simonnot-Degouve 1983). Il y découvre une suite sans traces de pas, avec un courant d’air soufflant. Avec Paul Guérin, il explore alors les recoins de la « Diaclase des Parisiens », jusqu’à la base d’un puits ébouleux (14 mai). Les jours suivants sont consacrés à tout autre chose : atteindre une galerie en paroi du P. 70, repérée à partir d’un boyau situé sur le côté opposé du puits. Après quatre heures de travail (et une quinzaine de chevilles plantées), une main courante est mise en place sur la paroi glaiseuse du puits. Une galerie de 3 m x 6 m s’enfonce vers l’ouest, barrée 30 mètres plus loin par un puits (17 mai). Ce puits (un P.20) est franchi le 18-19 mai. Un P.15 le suit bientôt, du haut duquel un bruit d’eau soulève l’espoir d’une jonction avec le réseau actif de la Sima Tibia. Un méandre et deux puits suivent, mais la suite est colmatée et le courant d’air a disparu ! En pendulant dans le P.15, les explorateurs suivent sur 70 m une galerie ébouleuse de 3 ou 4 m de largeur, bientôt encombrée par un chaos de blocs, dont la remontée sur 20 m de hauteur les fait déboucher au plancher d’un vide qui paraît énorme (18 mai) : la Salle Mirage vient d’être découverte. Contre la paroi est de celle-ci, les deux cascatelles qui tombent de la voûte sont responsables du bruit entendu (et peut-être aussi du nom donné à la découverte ?). Les blocs qui jonchent le sol de la salle en ralentissent l’examen. Du côté N, une galerie supérieure d’environ 20 m x 20 m se termine, après une centaine de mètres.

17-23 Juillet 1989 : Expé du S.G.C.A.F. et du SCP à la Sima Tibia (LISMONDE, 1989, MORVERAND, 1990)

Le S.G.C.A.F. décide d’un bivouac dans le gouffre, afin de tenter l’escalade du P.50 remontant et aspirant, trouvé au mois de mai. Neuf personnes du CAF et deux membres du SCP participent à l’expédition. Le bivouac est installé le 18 août. Les spits doivent être plantés à la main, à cause d’une défaillance du perforateur. Quatre spéléos se relaient à la tâche pendant 10 heures, en utilisant une plate-forme d’escalade. Au sommet, une traversée du puits est encore nécessaire pour atteindre un méandre, dans lequel le courant d’air, estimé à 2 m3 / sec, est retrouvé. Celui-ci plonge quelques mètres plus loin, dans un P.29, aussitôt descendu, à la base duquel ils ont la joie de trouver des traces de pas. Ainsi, durant cette nuit du 19 au 20 juillet, la jonction avec la Fresca est établie, mais pour autant, les traces de pas ne peuvent pas être suivies, le réseau étant labyrinthique et l’air s’engouffrant dans une étroiture. Un peu dépités, les grimpeurs doivent décider du retour. Durant cette expédition, la topographie du gouffre est levée jusqu’à sa voûte mouillante terminale. Le gouffre est en partie déséquipé.

Noël 1989 :

1/ le SCP à la Fresca (Morverand & Marquet, Grottes & Gouffres n° 115, p. 37-38 et MARQUET et al, 1990) Le SCP établit son camp de base à la Mairie d’Arredondo, d’où il pousse des pointes dans le réseau. Ses efforts portent sur la poursuite de la topographie de l’étage actif (à partir d’un puits de la Galerie des Lucarnes : le Puits des Choux-Fleurs) ainsi que sur la Rivière 70, qu’il remonte à partir du Borracho (la topographie est alors reliée à celle que le SCD a dressée en 1983-84 à partir du P70). Le bilan topographique de la pointe est réel, mais sans découvertes majeures. Dans le n° 116 de Grottes & Gouffres n° 116 qui relate cette expédition, les auteurs font une description assez détaillée des collecteurs profonds du réseau actif : Borracho, Rivière 70, Ruisseau suspendu, ainsi que de certains des accès les plus aisés à l’actif (29).

2/ le S.G.C.A.F. retrouve les traces de pas dans la Fresca (LISMONDE, 1989) Le S.G.C.A.F. installe un bivouac non loin de l’entrée de la cavité (les équipes du S.G.C.A.F et du S.C.P. vont donc se croiser dans la grotte). Au cours d’une pointe dans la Diaclase des Parisiens, B. LISMONDE identifie la base du Puits de la Jonction, où une corde avait été laissée en place le 20 juillet (30). Une reconnaissance est aussi poussée jusqu’à la trémie finale du Cañon Rouge.

1990

1/ Inauguration de la traversée Sima Tibia – Cueva Fresca (LISMONDE, 1990, MORVERAND, 1990)

Lors d’un bivouac installé au mois d’avril dans le Cañon d’Exploration (dont l’objectif principal consistait à tenter, une fois encore, la percée de la trémie sud du Cañon Rouge), quatre membres du S.G.C.A.F. se rendent au point de jonction avec la Sima Tibia. Ils découvrent, par désobstruction, un accès direct à la Rivière Jacques VEY, qui évite le passage par la cheminée de 50 mètres et le P. 29 de la Jonction. Un itinéraire plus aisé est donc défini pour les futures traversées. Le 25 mai, une équipe du S.C.P. effectue cette traversée pour la première fois, après avoir sécurisé les points d’ancrage. Une description détaillée de cette traversée figure dans le n° 17 de Grottes & Gouffres (avec fiche d’équipement complète Tibia + Fresca). Elle sera reprise quelques années plus tard dans une revue espagnole (MORVERAND, 1993).

2/ Reprise des explorations du SCP dans l’étage principal de la Fresca

- Galerie des Connaisseurs

La partie haute d’une cheminée, recoupant transversalement la 5° Avenue un peu à l’ouest du Puits Sablier, avait été repéré dès 1988 par Patrick MARQUET (Espace des Connaisseurs). Une première escalade se déroule en mai, au perforateur sur accus (MORVERAND, 1992, MARQUET, 1992). Elle permet d’entrevoir l’entrée d’une galerie supérieure, du côté N de l’Espace. Toutefois le terrain est difficile et nécessiterait plus de matériel et de temps. Entre le 23 et le 30 décembre 1990, une expédition regroupant six personnes du SCP, se fixe comme objectif principal de terminer cette escalade (40 mètres par rapport au sol de la 5° Avenue), et découvre à son sommet un conduit semi fossile, baptisé Galerie des Connaisseurs. Figure D5L Parfois sinueux, jalonné d’entonnoirs de soutirage, ébouleux, il est entrecoupé de puits cheminées que les explorateurs dépassent dans leur progression plein nord. À la base des puits existe un méandre actif, visitable mais dangereux, (progression à l’intérieur même d’un remplissage) (31). Au niveau supérieur de la galerie, la progression n’est pas de tout repos non plus : la roche est friable, des escalades d’un remplissage de sable et de galets sont délicates. La Galerie des Connaisseurs s’achève provisoirement au pied d’un puits arrosé (avec courant d’air descendant), à 400 mètres environ de la 5° Avenue en ligne directe. Le terminus atteint ici se situe sans doute à une altitude très supérieure à celle de l’entrée de la Cueva Fresca.

DL5

Topographie partielle de la cueva Fresca (version PDF)

- Réseau des Galets

La galerie des galets, reconnue en 1964, est revisitée et des prolongements sont trouvés : Salle des Empreintes (32), Galerie Concrétionnée, etc… Une description morphologique précise de ce secteur a été publiée (GISSELBRECHT, 1991).

1991

Au cours d’un raid (novembre), l’Espace des Connaisseurs est examiné à l’aide d’un puissant projecteur (MORVERAND, 1992). Une salle d’où part une galerie supérieure est repérée, à l’opposé de l’entrée de la Galerie des Connaisseurs, côté sud de l’Espace. En décembre, l’entrée de cette galerie est atteinte, au terme d’une escalade de 25 mètres : la Galerie de l’Arboretum est parcourue sur 150 m, mais s’achève malheureusement sur des trémies, après avoir recoupé plusieurs cheminées, dont l’une sera escaladée en mai 1992, jusqu’à la cote +120 m par rapport à la 5° Avenue (référence). Toujours en décembre, un courant d’air sortant d’un amoncellement de blocs est détecté dans la partie S de la Galerie des Lucarnes, près du Tracastin n°2. En se guidant sur celui-ci, les explorateurs remontent de 50 mètres, franchissent une trémie suspendue dans la cheminée (Trémie de La Prière), et débouchent au plancher d’une galerie large de plus de 10 mètres, le « Cañon Bleu ». Le lendemain, un puits et une vire sont équipés dans ce cañon, ramenant les explorateurs sur la cheminée surmontant le Tracastin n°2. À la hauteur atteinte au-dessus de la Galerie des Lucarnes, il devient possible de traverser la diaclase des Lucarnes puis de l’équiper, pour permettre une montée directe, sans avoir à passer par la Trémie de la Prière (R. 40).

Le 27, une tentative pour prolonger l’exploration du Cañon Bleu vers le N échoue. Le lendemain, un puits et une diaclase sont descendus, non loin de là, et mettent en évidence une communication du Cañon Bleu avec le Grand Raccourci, dont le sol se situe 75 m plus bas ...

1992

1/ Mai : Cañon Bleu et Arboretum : la suite …

En utilisant l’équipement de la cheminée terminale de la Galerie des Lucarnes mis en place l’année précédente, différentes équipes du SCP s’attaquent aux deux extrémités du niveau supérieur (Cañon Bleu). Côté S, la cheminée des Lucarnes est traversée, et une vingtaine de mètres plus haut, un système de diaclases étroites les conduit à un méandre et des puits, qui sont en grande partie explorés (Puits des Champignons). Ils n’ont toutefois pas atteint pour autant l’étage supérieur ultime du secteur : des cheminées sont escaladées sur 40 m encore, jusqu’à environ + 120 m du sol de la 5° Avenue (qui sert de référence), et le sommet n’est pas partout atteint. La description de cette zone assez compliquée a fait l’objet d’une synthèse, deux années après la fin des explorations (MORVERAND, 1994).

Du côté N, la confirmation de la relation du Cañon Bleu avec l’Espace des Connaisseurs est démontrée. La galerie de l’Arboretum est topographiée, l’escalade de l’une de ses cheminées est tentée. L’exploration par le SCP de la zone surplombant la Galerie des Lucarnes, le Grand Raccourci et la 5° Avenue a permis d’acquérir une vision nouvelle de la complexité de l’étage supérieur fossile du réseau.

2/ Décembre : premières explorations systématiques du SCP dans le secteur du P. 70

Par un passage proche de l’entrée de la Diaclase des Parisiens, une galerie surmontant de 20 m la Galerie B est découverte : la Galerie des Cotillons (33), située à un niveau supérieur d’une vingtaine de mètres à celui de la Galerie B, orientée selon la même direction qu’elle mais décalée d’une cinquantaine de mètres vers le S. Ces galeries débouchent toutes les deux dans le corridor d’entrée du Cañon Rouge. À l’ouest, la Galerie des Cotillons est recoupée d’une part par le troisième tracastin de la grotte, et, un peu plus à l’ouest, par une très haute cheminée, la Diaclase HERMANT. La Galerie des Cotillons s’achève enfin 130 m plus loin sur un colmatage total (34).

En décembre, la diaclase Hermant est escaladée sur environ 40 mètres, par Marc HERMANT (au perforateur et avec force goujons…).

1993 et 1994

Mise en évidence du Système supérieur du P. 70 par le SCP (MORVERAND, 1993 et 1994).

Au fil de quatre expéditions successives, le P. 70 et la diaclase Hermant vont apparaître comme deux percées verticales majeures, autour desquelles s’articule un réseau supérieur en grande partie fossile, encore plus complexe que celui découvert les années précédentes à partir de l’Espace des Connaisseurs.

1/ Mai 93 : Niveau + 60 m dans la diaclase Hermant

Trois membres du club continuent l’ascension de la diaclase Hermant, jusqu’à 60 mètres du sol. Ils découvrent à ce niveau un méandre, pénétrable à son sommet, mais qui s’avère très profond, le suivent sur 200 m vers le N tandis qu’il se transforme en un cañon dont le sol est percé de trous multiples (Couloir du Plancher Percé), encombré d’immenses blocs. Le P. 70 n’est visiblement pas loin, et la diaclase Hermant va donc permettre de le dépasser par cette voie supérieure.

2/ Juillet 93 : autres explorations à partir du niveau + 60 m de la diaclase Hermant, jonction avec la Rivière 70

L’exploration reprend, à l’été, à l’endroit où elle s’était arrêtée au printemps. Les puits du Couloir du Plancher Percé aboutissent à une galerie qui est parcourue du N vers le S par un ruisseau. Comme prévu, celui-ci se déverse (par une verticale de 90 mètres) directement à l’extrémité N du P. 70. Il alimente donc la cascade du P. 70 et devient « l’Affluent du P. 70 ». Vers l’amont, sa remontée mène à une salle complexe encombrée de blocs, ouvrant sur différentes possibilités : puits à descendre, cascades à escalader : la Salle des Crotales. En cheminant au toit du Couloir au Plancher Percé, la progression est aussi possible vers le S. La profondeur du couloir augmente, jusqu’à faire 70 m au S de la diaclase Hermant ! Incomplètement topographié au S, ce couloir dessine une boucle longue d’environ 300 m, qui le ramène dans un conduit plus large et ébouleux, percé de plusieurs puits. La descente de l’un d’eux donne dans une diaclase perpendiculaire, plongeante : Le Grand Dévaloir. Celle-ci s’élargit à la faveur d’un changement lithologique et aboutit à un balcon (P.21) qui surplombe le départ de la Rivière 70. Ce Grand Dévaloir est donc un conduit ayant la particularité de relier sans intermédiaire les niveaux supérieurs fossiles (Couloir du Plancher Percé) à l’actif (Rivière 70).

Passant sous la Galerie des Cotillons au niveau du Tracastin n°3, un méandre prend naissance au niveau du P. 70, s’infléchit vers l’E et rejoint la Rivière 70 par une série de puits (P.15, P.6, P.7 et P.57) : le « Méandre des deux Amériques » (non reporté sur les topographies). Le P.70 se révèle être le point central d’un système complexe de salles, de diaclases et de méandres qui s’étagent sur plus de cent mètres de dénivelé. Certaines parties comme la Salle Mirage et les conduits qui y mènent (orientés N-S) et le Gros Collecteur (orienté O-E) ne sont accessibles qu’en passant par lui. Dans leur majorité, les autres communiquent avec lui, mais sont aussi souvent connectées entre elles : L’affluent du P. 70 et la Salle des Crotales se prolongent par le Couloir au Plancher Percé, qui dépasse largement le P70 vers le S. Celui-ci est connecté avec la Diaclase Hermant, qui le relie au niveau sous-jacent (Galerie B / Diaclase des Parisiens) et, par le Tracastin n°3, à un niveau inférieur, le Méandre des Deux Amériques (relié quant à lui d’un côté au P70, de l’autre à la Rivière 70 …). L’aval du Couloir du Plancher Percé comporte deux branches, dont la principale, déjà décrite, le relie à la Rivière 70 par un dénivelé de plus de 100 mètres, et une autre branche à la Galerie Demi-Lune (la démonstration sera faite plus tard que cette dernière communique directement avec le Grand Dévaloir). À des niveaux altimétriques différents d’une vingtaine de mètres, le niveau de la Galerie B et de la Diaclase des Parisiens d’une part, celui de la Galerie des Cotillons d’autre part, croisent en plan les autres conduits avec lesquels ils communiquent soit par le P.70, soit par la diaclase Hermant. À son extrémité ouest, la Diaclase des Parisiens communique par ailleurs avec la Galerie Jacques Vey, via un système de puits et de galeries plus ou moins labyrinthiques. Une incertitude subsiste : l’aval de la Galerie Jacques VEY (Rivière de la Tibia) correspond-t-il avec l’amont du Ruisseau suspendu ? Une diffluence du sens du courant dans le Ruisseau suspendu, mentionnée par le SCP (MORVERAND, 1993) introduit le doute. On manque d’arguments altimétriques pour abonder dans un sens ou l’autre. Une confluence de la Rivière Tibia et du Ruisseau suspendu est envisageable, s’il existe un actif doublant au S la Rivière 70. À suivre …

3/ Décembre 93 (MORVERAND, 1994)

À la fin de 1993, une semaine d’exploration ne modifie pas profondément la vision antérieure du secteur du P.70. Une première incursion est faite dans la partie N de la Salle des Crotales, dans deux branches actives qui se rejoignent pour former l’Affluent du P.70. Ces branches sont issues respectivement de la « Grande » et de la « Petite Cascade ». Une seconde incursion vise l’extrémité S de la salle des Crotales. Partant d’un balcon la surplombant de 10 m, un boyau donne accès à un conduit de petite dimension, orienté N-S, frôlant le P.70 du côté E, qui se poursuit jusqu’à la diaclase Hermant : le Boyard. À proximité de la salle, ce conduit tangente trois puits cheminées (l’un d’eux, le Puits de l’Accuchut, redonne sur la Salle des Crotales, un autre est un puits aveugle, le Puits de la Marmite, et le troisième, le Puits Gothique, est un P.30 qui rejoint l’Affluent du P.70 avant que celui-ci ne tombe en cascade dans le P.70. Simultanément, une équipe fait la jonction entre l’aval de la galerie Demi-lune et le Grand Dévaloir. Une troisième équipe enfin s’intéresse à l’extrémité ouest de la galerie qui double au S la 5° Avenue (Galerie des Pas Perdus), et l’amène à retomber dans l’amont du Méandre Borracho (alias « Le Gros Bourbier ») par une succession de puits et de plans inclinés.

4/ Mai 94 : Un étage supplémentaire est atteint dans la Diaclase Hermant (MORVERAND, 1994)

L’escalade de la diaclase Hermant est poursuivie au-delà de 60 m, et un autre étage passant au-dessus du P.70 est découvert, 20 mètres plus haut que le Couloir du Plancher Crevé : le Quatrième étage. À son extrémité N, il débouche dans une salle supérieure, dont la paroi ouest n’est autre que le Puits de l’Accuchut ; des trémies bloquent la progression plus avant. Au S, plusieurs ressauts sont escaladés au perforateur à partir de la salle et donnent sur un P.25 suivi d’un méandre étroit et très sinueux, le Tournicotti (celui-ci double à son tour le P.70 à l’E du Boyard, et se poursuit, comme lui, jusqu’à la diaclase Hermant). À l’issue des escalades réalisées dans les secteurs de l’Espace des Connaisseurs et du P.70, la configuration des étages supérieurs de la Cueva Fresca se dessine peu à peu, et nourrit des réflexions sur la genèse du réseau (MORVERAND, 1994, BIGOT, 1994, BIGOT et al, 1994, FORGEOT, 1996 et 1997). En mai 1994, le SCP réalise par ailleurs une étude des variations de température de l’air et de l’eau dans le système karstique (FORGEOT, 1995 et 2000).

1996 et 1998 : Ultimes incursions dans l’Affluent du P.70

Les cascades au pied desquelles les reconnaissances des années précédentes se sont arrêtées, font l’objet de tentatives, à deux années d’écart : par le S.G.C.A.F (Noël 1996) et par un interclub S.G.C.A.F. - C.A.R.S.S. - GERSOP (35) - SCP, à Noël 1998. La roche étant de mauvaise tenue, la tentative pour atteindre la cascade de 30 m tombant dans l’Affluent du P.70 est abandonnée.

1999 : Visite inter club dans la Fresca

En août, une journée est consacrée à la Fresca. Le compte-rendu sommaire indique que Jean-Sébastien GHIRARDI a pu progresser d’une cinquantaine de mètres dans le siphon aval du Borracho, sans pouvoir en émerger du fait de la turbidité (selon ce C.R., le siphon avait été reconnu antérieurement) (BIGOT, 1999).

Simultanément une autre équipe a « finalisé la topographie du secteur de la Salle des Crotales ».

C) Escalade du Puits Éole (2003 – 2004) par les Spéléos Grenoblois du Club Alpin Français (S.G.C.A.F.)

De 1968 jusqu’aux années 1980, le Puits Éole a dû faire envie à beaucoup de ceux qui se sont contentés de scruter cette gigantesque cheminée taillée dans l’Urgonien noirâtre, se demandant quel mystère les incessantes gouttelettes argentées tombant de nulle part pouvait bien dissimuler ... En passant par le Cañon Nord, il n’avait été possible de gagner que cinquantaine quatre mètres en hauteur (SCD 1968 et 1984).

Le début de l’escalade proprement dite semble dater du 27 décembre 2003. Dans un compte-rendu détaillé, B. LISMONDE indique : « Lionel, Pierre-Olaf et Baudouin vont à la Fresca. On fait le tour par le boyau, on examine l'escalade. Le puits semble très haut ! L'escalade débute par un léger surplomb de 20 m suivi par un énorme tube subvertical (80°). » Une corde est mise en place pour redescendre directement en évitant le boyau et faciliter la suite des opérations. « Lionel, Pierre-Olaf et Baudouin retournent à la Fresca. Il pleut sur le trajet. On monte par le puits Éole et on se mouille en montant. Lionel attaque par une fissure boueuse au lieu du puits proprement dit. Mais elle est à l'abri des embruns. Il plante 8 goujons et monte de 7 m (2 h). Puis on renonce et on revient par les boyaux à cause de la crue qui monte en régime (le puits du bas est impraticable). Il tombe environ 50 l/s dans le puits. »

BL

Pause dans le Puits Eole (hiver 2004-2005, Baudouin LISMONDE, Daniel CHAILLOUX)

La météo est peu favorable en cette fin d’année 2003, et le 2 janvier suivant, il est décidé de déséquiper le Puits Éole : « Nous partons à trois à la cueva Fresca déséquiper (Pierre-Olaf, Lionel, Baudouin). Montée sous la pluie. Les deux premiers montent le puits arrosé, déséquipent et redescendent (1 h). Ensuite Baudouin remonte en déséquipant le puits et fait le tour par les boyaux (1 h). Nous ressortons bien chargés. »

Les sources documentaires sont minimales en ce qui concerne la suite de cette escalade osée. Une communication faite par une des protagonistes (Philippe CABREJAS) la résume : « Sous l’impulsion de José Leroy, qui nous a montré les zones d’avenir, le Spéléo Club Grenoblois du CAF (S.G.C.A.F.) et le Spéléo-club de Paris ont poursuivi l’escalade du puits Éole. La cote +54 mètres avait été atteinte par les Dijonnais par une galerie latérale (36). Dans les années 1980, le Spéléo-club de Paris avait revisité le secteur, rééquipé le P.54. En trois ans, les 115 mètres supérieurs ont été gravis par le S.G.C.A.F. Ceci a permis d’atteindre une très grande salle encombrée de blocs, située à l’opposé de la cascade (37). »

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Yannick ZANARDI dans la traversée du Puits Eole vers La Bocca (Cliché : D. CHAILLOUX, 1/1/2005)

Lorsque la Salle supérieure a été atteinte, il s’est avéré que l’origine de la cascade se situait à l’opposé, l’eau arrivant par un orifice étrangement assez étroit (La Boca) (38). Grâce à l’une des photos de la Boca, et connaissant la focale et la distance (55 mètres, mesurés au laser-mètre), les dimensions de l’ouverture sont estimées. Il ne reste plus qu’à atteindre la Bocca, en cheminant en vire, au-dessus de 150 mètres de vide …

Un an exactement après le début de l’escalade (décembre 2004), par un temps neigeux, le S.G.C.A.F. et quelques membres du S.C. Paris décident de se retrouver à la Fresca. L’objectif : traverser jusqu’à La Bocca. « On passe le col d’Asón avec les chaînes mais on peut les enlever un peu avant Asón. La montée à la Fresca est un peu pénible, mais il n’y a pas trop d’eau dans le laminoir. Philippe et Yannick rééquipent le P 54 en faisant le tour par le boyau du Huit. Les autres se contentent de monter jusqu’à la vire (Baudouin, Françoise et Daniel). José reste à la salle Rabelais. »

Le 28 décembre, « Philippe, Yannick et Pierre-Olaf (39) montent au sommet du puits Éole et commencent à équiper le chemin d’accès vers la bouche de la cascade en passant par la gauche. Ils plantent un goujon tous les mètres environ et passent de l’un à l’autre à l’aide d’étriers. 20 m de fait. ».

Le lendemain, Philippe, Yannick et Pierre-Olaf retournent au puits : « C’est Philippe qui plante. Progression de 15 m. ». Deux jours plus tard, c’est au tour de Yannick ZINARDI de prendre la tête et de progresser de 15 mètres supplémentaires.

Pendant que les cafistes poursuivent l’artificielle (plus de 70 goujons sont nécessaires), d’autres membres visitent la cavité, puis montent à El Albeo, lorsque la neige a fondu. La Sima Alpina est parcourue jusqu’au terminus précédent. Le courant d’air est un peu faible (20 litres/s.) et l’étroiture terminale paraît peu engageante. La tentative d’une traversée du Puits Éole jusqu’à La Bocca est couronnée de succès le 1° janvier 2005 (dernier jour du camp) : « Très beau temps le matin. C’est le premier jour où on voit le soleil. /…/. Philippe et Yannick partent au puits Éole en premier, puis les trois autres (Baudouin, Daniel et Françoise) les suivent dans le puits. Ils fouillent la grande salle mais ne trouvent rien de nouveau (pas de courant d’air). Il y a des blocs énormes, visiblement tombés du plafond et recouverts par endroit d’une épaisse couche de gypse pulvérulent. Quelques photos sont prises de loin des grimpeurs qui progressent vers la bouche. Vers 18 h 30, Yannick prend pied dans le porche qui fait deux mètres sur un mètre de haut seulement. Ils sont à court d’amarrage et au bout de la corde. Limite. Ils partent à deux pour une heure environ, et font 400 m de première dans une galerie d’abord en laminoir puis en diaclase. Ils franchissent une cascade en revenant en arrière, voient des galeries fossiles et s’arrêtent sur rien. Il y a aussi des zones concrétionnées. La galerie n’est pas très grande mais pas difficile. Il restera à équiper correctement le puits Éole car l’équipement actuel est très dangereux vers le haut et peu agréable dans des pentes très raides en blocs et argiles. Tout le monde repasse par le boyau du Huit, et sortie vers 22 h 30. »

L’origine de la cascade de l’Éole n’est plus un mystère : elle a même un nom : la Rivière Tio Pepe. Le terminus qui est atteint en remontant son cours est une voûte mouillante, jugée difficilement franchissable en cet hiver 2004-2005, très humide.

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Version plus grande

D) « À la poursuite d’une (seconde) jonction entre El Albeo et le réseau », par l’Éole cette fois (2007 – 2010)

Une fois le sommet du puits Eole atteint et la rivière Tio Pepe remontée, des expéditions interclubs vont associer des isérois, des franciliens et quelques lyonnais, selon un rythme annuel. Les moyens déployés pour trouver cette seconde traversée sont variés. Outre la spéléologie « classique » : la radiolocalisation, des cheminements topographiques précis, des désobstructions… Les comptes-rendus précis et les données transmises par B. LISMONDE (2007, 2008 et 2010), D. CHAILLOUX et J. BEILIN nous éclairent sur les péripéties de l’entreprise.

Décembre 2005 (source : D. Chailloux)

Pendant qu’une équipe se projette jusqu’à la trémie terminale du Cañon Rouge, quatre membres de l’expédition remontent l’Éole et rééquipent la traversée avec un rappel guidé. Les deux jours suivants, l’exploration de la Rivière Tio Pepe est poursuivie, la topographie en partie levée.

La rivière « coule dans une galerie haute de 3 mètres en moyenne et large de 1,5 à 2 mètres sur un socle calcaréo-gréseux recouvert d’une patine noire très glissante. Elle suit un pendage d’environ 12° et remonte sur environ 130 mètres de dénivelé sans obstacles verticaux majeurs. Son cours est entrecoupé de nombreuses cascatelles au pied desquelles se sont creusées des marmites plus ou moins profondes. La rivière continue à creuser son lit et le perce parfois. Elle chute alors en cascades de quelques mètres de hauteur. Le cours fossile ainsi délaissé est fortement concrétionné. On peut y voir de très belles coulées de calcite et même des fistuleuses dont certaines atteignent 2,5 mètres de longueur. L’amont de la rivière provient de différentes petites galeries formant un delta souterrain ».

Le dernier jour de l’année 2005, la topographie de l’amont de la Tio Pepe est levée (sauf 80 m environ, correspondant à la partie la plus aquatique ayant arrêté la pointe de 2004). Au total, la Tio Pepe remonte sur 700 mètres vers le N, en se ramifiant beaucoup à l’extrémité, ce qui laisse présager une proximité avec la surface. Une radiolocalisation semble donc une solution pour espérer trouver un gouffre donnant sur cette partie du réseau.

2-13 septembre 2006 (source : D. CHAILLOUX)

Une radiolocalisation est réalisée en plaçant une balise dans les amonts du réseau Tio Pepe. Le signal est repéré en surface non loin d’un gouffre, pointé CAF n° 44. 8-13 avril 2007 (source : B. LISMONDE, 2007) Le 8 avril, le gouffre CAF n°44 est descendu. Sur un névé encombrant le fond gît le cadavre d’un cheval. Le gouffre est obstrué à une dizaine de mètres. Ce « Gouffre du Cheval » ne sera donc pas la voie à privilégier dans l’immédiat pour une jonction avec la Fresca. Il n’en constitue pas moins l’un des probables amonts du réseau. Durant ces premiers jours de mai, le niveau de l’eau dans le Rio Asón ne facilite pas les allers-retours entre le village et El Albeo. Des prospections à proximité du point de localisation de la balise aboutissent au repérage de plusieurs gouffres : CAF n° 35, 36, 38, 39, et ceux-ci sont explorés. Des désobstructions sont engagées là où existe un courant d’air. Photo 13 Le 11 avril, une équipe de trois (40) part placer une balise dans un puits remontant du réseau Tio Pepe. Daniel CHAILLOUX attend le signal à proximité du Gouffre du Cheval, et le détecte à proximité d’une petite grotte connue (CAF n°8) et d’un départ de petit gouffre (CAF n° 38), avec un dénivelé mesuré de 33 mètres. Le report de la topographie de la Tio Pepe montre que : la Sima Alpina (41), située au sud-est du Gouffre du Cheval, constitue un prospect intéressant, l’amont de la Tio Pepe se trouve non loin de l’aplomb de la Torca Mexicana et de la Sima Tibia (deux cavités très proches l’une de l’autre). L’attention se reporte alors sur le secteur de la Sima Tibia.

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Radiolocalisation sur le flanc du Val d’Asón (Cliché : B. LISMONDE, 2006, José LEROY, Daniel CHAILLLOUX)

Le 12 avril, alors que la désobstruction du CAF n° 38 se poursuit, B. LISMONDE revisite le premier puits de la Tibia ; il repère un prolongement au-dessus du second puits (un P.9 descendu en mars 1989), et il poursuit dans cette direction avec Ph. CABREJAS. Tous les deux doivent toutefois s’arrêter, faute de matériel. Le 13, c’est une équipe plus fournie qui s’attaque au réseau supérieur découvert dans la Tibia. Elle en dresse la topographie et termine l’exploration : une trémie de blocs de petite taille arrête le groupe en effet, après une centaine de mètres, dans une galerie large d’1,50 m. Des désobstructions sont tentées, mais vite interrompues car trop dangereuses sans étayage correct. La position du terminus atteint dans ce réseau rend plausible une connexion théorique avec la rivière Tio Pepe : similitude des conduits de part et d’autre, topographie confirmant la proximité de chacun des terminus.

12-18 avril 2008 (LISMONDE, 2008)

Une équipe de 8 personnes se fixe comme principaux objectifs le réseau supérieur de la Tibia ainsi que le terminus atteint en juillet 1980 dans la Sima Alpina. Dans chacun de ces gouffres, des désobstructions sont commencées et les topographies soigneusement levées, les cavités attentivement examinées. Une nouvelle radiolocalisation est faite au niveau de la trémie terminale du réseau supérieur de la Tibia. Une descente jusqu’à l’étroiture terminale de la Sima Alpina, vers -90 m, confirme l’existence du courant d’air aspirant. La Sima Alpina reprend des couleurs …

Ce camp permet aussi à Baudouin de pointer les cavités découvertes par le S.G.C.A.F. sur l’ensemble du secteur situé au-dessus de la Fresca.

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Dans la Bocca, au départ de la descente de l’Eole (20 avril 2010, Donald ACCORSI)

2009 : Jonction Alpina – Tio Pepe (sources : J. BEILIN et D. CHAILLOUX)

Une équipe s’attaque à la désobstruction et à la mise au gabarit de la galerie terminale de la Sima Alpina. Trois jours sont nécessaires pour passer, et la jonction avec la Rivière Tio Pepe est enfin réalisée. Une traversée complète Alpina-Fresca est aussitôt entreprise par Philippe CABREJAS et Jacques BEILIN. La descente du Puits Éole se fait contre paroi, par la voie qui a été utilisée pour son escalade. 18-23 avril 2010 (LISMONDE, 2010) C’est une équipe de 6 personnes qui s’installe à Cañedo, avec la ferme intention de réaliser à son tour la traversée Alpina-Fresca. La première journée est occupée d’une part à l’équipement de la Sima Alpina, d’autre part à une séance photo dans le Puits Éole. Sept personnes font la traversée le 20 avril, en échelonnant les descentes afin de laisser aux premiers descendus le temps d’élargir l’étroiture de la galerie boueuse de l’Alpina, et d’équiper l’Éole avec une corde de 150 m (plus une déviation permettant d’éviter la cascade). Les premiers à descendre dans l’Éole se chargent de récupérer l’équipement qui avait été utilisé pour son escalade. Quelques belles photos seront réalisées ce jour-là (Photo 14). Deux jours plus tard, une équipe retourne à l’Alpina pour jeter la corde dans le puits, qui sera récupérée en bas, dès le lendemain.

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Base du Puits Eole, 20/4/2010, jour de la seconde traversée Alpina-Fresca.
De gauche à droite : Daniel BOUTHORS, Jacques BEILIN, Daniel CHAILLOUX, Philippe CABREJAS, Donald ACCORSI.

Bilan de 46 années d’explorations dans le réseau de la Cueva Fresca

Au cours de presque un demi-siècle d’explorations, ce sont environ 120 spéléologues qui ont contribué à l’exploration du réseau de la Cueva Fresca. Certains y sont venus plus de 20 fois, y compris en y bivouaquant. La cavité a également reçu la visite de groupes de spéléologues d’Espagne ou d’autres pays, de passage dans la région, qui ne sont pas cités ici. Le matériel a bien sûr évolué au fil des ans, depuis les inventions de Bruno DRESSLER, dans les années 1960, jusqu’à l’arrivée de perforateurs sur accus et des lampes à leds. Des escalades souvent exposées ont été nécessaires, notamment pour découvrir les réseaux supérieurs (S.C. Paris), dont le point d’orgue a été la remontée du Puits Éole sur 160 mètres, par le S.G.C.A.F. La technique de radiolocalisation, l’usage du laser-mètre et le traitement informatique des topographies ont été déterminants pour préciser la topographie et localiser les secteurs de surface à prospecter. Ajoutons que le développement des infrastructures autoroutières, en France puis sur la côte basco-cantabrique, ont facilité, au fil des années, les déplacements entre l’Isère, la Région parisienne ou la Bourgogne et le Val d’Asón, ce qui a permis d’accroître la fréquence des expéditions.

Canyon

Partie supérieure du Canyon d'Exploration (Cl. P. Degouve)

La découverte de l’étage principal fossile, ainsi que celle d’une assez large partie de l’actif, sont le fait des équipes du Spéléo-Club de Dijon. À partir de 1988, le S.C. Paris a pris la relève, découvert en particulier les étages supérieurs du Carrefour de l’Araignée et de la zone du P70. Le S.G.C.A.F. a prospecté avec succès le versant, à la verticale du réseau, et découvert un assez grand nombre de gouffres. Dans la Sima Tibia, un actif descendant en direction de la Salle Rabelais a pu être suivi et la jonction avec la Fresca être réalisée par des équipes franciliennes et iséroises, après une escalade de 50 mètres (1989). La remontée de l’énorme Puits Éole par les grimpeurs-spéléos du S.G.C.A.F. a permis de prendre pied dans un actif suspendu, la Rivière Tio Pepe (1° janvier 2005). Le succès de cet exploit a aussitôt motivé la reprise des prospections en altitude. Grâce à la radiolocalisation et report de levés topographiques complémentaires, la jonction du fond de la Sima Alpina avec la Rivière Tio Pepe est obtenue en 2009. La continuité karstique entre d’une part le réseau supérieur de la Sima Tibia et le Gouffre du Cheval, et d’autre part la rivière Tio Pepe, est très probable, mais elle n’a pas pu être confirmée par une jonction.

À partir de 1990, des études de morphologie, sédimentologie et climatologie ont été conduites dans le cadre des camps du S.C. Paris, et la plupart publiées. On commence ainsi à mieux appréhender la genèse de ce système karstique complexe (bien que le sujet soit loin d’être épuisé !). La fréquentation de la grotte n’a pas été sans entraîner des dégradations, dont la plupart étaient difficilement évitables. Le sol du Cañon d’Exploration, très friable, a souffert du passage répété des explorateurs et des visiteurs. Il a été également souligné, avec raison, que certains bivouacs des premières années avaient laissé des traces que l’évolution de l’éthique spéléologique ne rendrait plus acceptables aujourd’hui.

B. HUMBEL, Dijon, 20 janvier 2021

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Archéologie

Des vestiges archéologiques ont été découverts dans la première salle de la grotte par le Colectivo para la Ampliación de los Estudios de Arqueología Prehistórica (CAEAP) dans les années 1980. Datés entre l’époque romaine et le moyen âge, il s'agit de plusieurs fragments de céramique et d'une hache en fer. Des peintures noires semblables à celles de la grotte de San Juan de Socueva datant de l’époque médiévale apparaissent également sur les murs de la même salle.

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Bibliographie

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- MORVERAND, Ph., 1992, A propos de certains galets de la Cueva Fresca, Actes des Journées Pierre Chevalier, Mém. du S.C. Paris, n° 16, p. 217-222. Non consulté.
- MORVERAND, Ph., déc. 1993, CUEVA FRESCA : Le mystère du P.70, Grottes & Gouffres (Bull. du S.C. Paris), n° 130, p. 5-17.
- MUÑOZ FERNANDEZ, Emilio; MALPELO GARCIA, Belén (1995) : Catálogo topográfico de las cavidades con interés arqueológico: Arredondo - Soba (Zona VI) - Boletin Cántabro de Espeleologia n°11 / 1995: 129-135 (plan de situation, 21 topos).
- MUGNIER, C., 1968, Le karst de la région d’Asón et son évolution morphologique (Santander, Espagne), Th. 3° cycle de Géologie n° 11, Faculté des Sc. de Dijon. (La thèse comprend un volume principal (VP) et un volume annexe (VA). Ce dernier couvre l’inventaire ppd, lequel s’achève au 31/12/1966. La description de la Cueva Fresca intègre des explorations effectuées jusqu’en 1967).
- MUGNIER, Cl., 1969 (?), Sous le Plancher, t. 8, fasc. 2, p. 165 : reprise de El karst de la région de Asón y su evolucion morfologica, Cuadernos de Espeleologia n° 4, p. 44 – 47 et 101 – 102.
- ORTEGA, Francisco Fernandez; URIOL, Maria del Carmen Vals (1998) : Los colores de la oscuridad, Cantabria, Paraiso Subterraneo - Editions Creàtica, Santander
- ORTIZ REVUELTA, Isodoro (1995) : Torca Tibia - Cueva Fresca, Grandes Traversias, 40 Integrales españolas, p.107
- POZO, J-F., juin 1990, Sorties et activités du club, Grottes & Gouffres (Bull. du S.C. Paris), n° 116, 1990, p. 41-42, Expédition en Cantabria (Espagne). Quelques observations dans la rivière de la Cueva Fresca réalisées le 28 décembre 1989.
- PUCH, C. (1987) : Atlas de la grandes cavidades españolas, Exploracions (Espeleo Club de Gracia), p. 322, topographie p. 375.
- SIMONNOT, Guy (1976) : Les principales cavités du massif de Porracolina - Sous le Plancher, tome 13, 1974, fascicule 3-4, p.31 à 33

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