Cueva del Escalón

(n°86)

Développement : 1128 m
Dénivellation : 65 m (-33 ; +32)

Pour des générations de spéléologues dijonnais la cueva del Escalón était la première grotte que l’on visitait quand on découvrait le val d’Asón. Ses belles dimensions, sa ressemblance avec la galerie du Chicaron dans la sima del Cueto et son accès facile en font une intéressante cavité d’initiation.

Depuis Valdeasón on suit le chemin de Socueva en passant au pied du porche de la Cueva Coventosa. Juste avant de trouver la cueva del Horco au bord du chemin (qui descend alors brusquement la barre rocheuse), il faut monter d’une quarantaine de mètres dans la zone lapiazée où on devine assez facilement l’entrée en partie masquée par la végétation.
x = 450,631 ; y = 4789,388 ; z = 340 m
Commune : Arredondo

La vallée d'Asón et en rive gauche, la pyramide calcaire de la peña La valle. La cueva del Escalón s'ouvre dans le tiers inférieur.
Version plus grande et commentée (positionnement des cavités)

Description

Une bonne description a été faite par A. Asensio en 1992. Nous la reproduisons ici (traduction G. Simonnot)

"La description générale peut être divisée en trois zones : le Canyon principal, véritable artère de la grotte, les galeries secondaires reliées au Canyon et la zone haute située au fond et formée par des salles de grande superficie, seulement accessibles par des escalades.

Le Canyon principal

Son entrée, sur le flanc de la montagne, est de forme rectangulaire de 11 m de large pour 4 de haut ; la galerie débute par une descente encombrée de blocs de 15 m de dénivelé qui nous amène sur un plan d’eau temporaire très boueux. La section de la galerie est de 13 m de large pour 20 de haut et au centre de ce plan boueux on trouve deux formations stalagmitiques de grand développement, qui nous barrent quasiment le passage, appelées par les premiers explorateurs « le Caniche » (note de la rédaction : confusion probable de A. Asensio, en réalité le Caniche est une formation située 60 m plus loin sur la gauche) et à quelques mètres d’importantes arrivées du plafond, formant un empilement de grands gours échelonnés, dont les pertes alimentent le plan d’eau.
En descendant de l’autre côté on avance dans la partie la plus rectiligne du canyon, au sol recouvert de petits blocs cimentés par des coulées et quelques stalagmites de petite dimension. Trente mètres plus loin la monotonie de la progression est rompue : à droite et après un amoncellement de gros blocs on rencontre un lac permanent (3 m de profondeur), accessible par un ressaut de 4 m. Si on continue par la gauche il faut de nouveau remonter un empilement de gours qui redescend vers une zone spacieuse remplie de grandes stalagmites. En remontant des coulées on atteint une petite pisserotte en provenance, en haut et à droite, du grand porche d’une galerie. Si on poursuit par le canyon celui-ci se rétrécit progressivement laissant pressentir un puits remontant.

Le canyon d'entrée de la cueva


On le rencontre 60 m plus loin sous la forme d’un R.5 recouvert de coulées très glissantes. Au sommet on se retrouve sur un chaos de blocs seulement franchissable par la gauche et une pente glaiseuse ; en bas on trouve une zone pratiquement plane parmi les blocs. Les dimensions augmentent brusquement pour atteindre 35 m de haut pour 28 de large. Sur la gauche en remontant des coulées humides, on atteint une étroite galerie suivie d’une succession de salles dont nous parlerons plus loin.
En rejoignant le canyon, à droite on débouche sur le lac principal de la cavité, dont le niveau est variable et qui peut atteindre 90 m de long durant les périodes pluvieuses. Sa profondeur ne dépasse jamais le mètre. A sa sortie on reçoit une abondante pluie venant du plafond, d’une hauteur supérieure à 50 m. Le sol remontant est recouvert de gours, petits mais profonds. L’apport hydrique alimente le lac qui retient l’eau grâce à un gros paquet d’argile très compacte.
En haut de cette série de gours on rejoint un énorme môle stalagmitique et par derrière la plateforme supérieure, point de départ des voies d’escalade, détaillées par la suite. Au pied du grand môle démarre une galerie en diaclase de 20 m assez bien décorée. Une autre, basse de plafond, la rejoint, tourne autour de l’édifice stalagmitique et après une petite montée, débouche dans le canyon par un P.12.

Les galeries secondaires

Trois galeries, de structure et morphologie bien distinctes, se greffent sur le canyon à différents niveaux.
La première est un petit conduit fossile d’une vingtaine de mètres qui s’ouvre sous le talus rocheux de l’entrée et qui s’interrompt brusquement.
Une seconde galerie (galerie de la Fontaine) démarre dans le flanc droit et au milieu du canyon. Pour y accéder on doit escalader des corniches rocheuses instables sur 9 m. La galerie débute par un ample porche au sol complètement lisse. Après 40 m de parcours un cours méandre amène au bord d’un puits en cloche de 8 m. Sa base est occupée par une pente de sable très fin et rejoint une galerie basse de plafond qui permet encore de descendre sur 7 m jusqu’à un colmatage de sable provenant de la pente précédente.
Au début du lac principal de la grotte existe une troisième galerie. Pour l’atteindre on grimpe sur des coulées très pentues et on traverse un ensemble de splendides colonnes d’où on aperçoit l’entrée. Celle-ci, de forme triangulaire, donne accès à une pénible diaclase étroite et très haute de 15 m de long. De façon inespérée elle débouche dans une salle ronde puis en paroi droite dans une galerie au toit très bas qui se rétrécit et ressort 30 m plus loin sur le canyon et sur le lac. A l’autre bout de la salle, après la remontée d’une pente de sable fin, on trouve un passage bas qui mène à l’une des plus belles salles de la cavité, de forme allongée et haute de 6 m. Le sol est recouvert de sable et localement apparaissent des stalactites bien développées.

La galerie de la Fontaine s'atteint par une escalade le long de la coulée stalagmitique

Les salles de la zone haute

Si on retourne au fond du canyon, une première escalade de 10 m sur une coulée très glissante nous amène au premier étage. Il est composé d’un ensemble de petites salles reliées par d’amples ouvertures. La continuation est au plafond de la dernière ; une escalade de 6 m sur la paroi de droite et une étroite chatière entre de grosses colonnes donnent dans une autre salle (4 x 8 m), au plafond complètement plat. A son extrémité, après une descente sur des cristaux de calcite, on atteint une des salles les mieux décorées. De forme irrégulière elle fait 20 m de long pour 6 m de large et est recouverte, aussi bien au plafond que sur les parois, de formations aux couleurs et aux formes variées.
Revenons au sommet de l’escalade de 10 m : sur le côté droit le franchissement d’une petite coulée recouverte de boue permet d’atteindre une autre escalade de 9 m. Très facile, elle aboutit à une corniche parsemée de colonnes qui borde le canyon 35 m au dessus.
En passant une précaire main courante on accède au second étage, constitué de salles de grand développement ; la plus remarquable, appelée « salle des Espadas (épées, lames) » à cause de la profusion de stalactites qui ne dépassent jamais 7 cm de diamètre, a son sol recouvert de coulées à la texture particulièrement fine. A la sortie de la main courante et avant d’atteindre le second étage se trouve en hauteur et au bord même du canyon ; par une escalade facile de 12 m on pénètre dans un court méandre qui gagne immédiatement du dénivelé que l’on perd dans la descente qui aboutit de façon surprenante dans la « salle Blanca » (40 x 15 m) ; elle est ainsi appelée parce que son sol est recouvert de mondmilch blanc rappelant des flocons de neige.
Au dessus de l’escalade de 12 m, et après avoir franchi un dangereux puits remontant de 5 m, se présente un autre méandre (3éme étage) ; de modestes dimensions il débouche par un P.8 au milieu de la paroi de la plus grande salle de la grotte, la salle du « Futbol » (60 x 40 m). Elle est de forme régulière et son sol complètement plat est recouvert de sable et d’argile durcis. A une extrémité un grand pont rocheux est bien orné de stalactites et de gours ; en face du P.8 d’accès, une autre petite salle est accessible par un curieux passage bas où les innombrables stalactites sont d’une autre couleur, certainement due aux impuretés argileuses des calcaires sus-jacents."

Le Caniche

Historique

La grotte est parcourue par l'équipe Dresco en 1954, puis par le S.C.Dijon en 1958, 61, 64 (1er étage), 68, 72.
En 1973 une escalade de 9 m vers le milieu du cañón permet de parcourir la galerie de la Fontaine (Degouve, Simonnot, S.C.Dijon)
En 1987 et 1988 les spéléologues catalans de la SIES de l’Avenc poursuivent des escalades artificielles au fond de la grotte. Ils découvrent les trois salles de las Espadas, Blanca et del Futbol et réalisent un plan complet de la cavité.

Un accès désormais interdit

En 2019 la commune d'Arredondo a accordé une concession de 100 ans à la société Astroland (Interplanetary agency) pour exploiter la cueva en vue de simuler des missions d'exploration sur la planète mars. Cette gigantesque mascarade derrière laquelle les intérêts commerciaux sont à peine masqués prive les spéléos d'une belle cavité d'initiation. A défaut, une petite visite sur le site de l'entreprise en question vous donnera une petite idée de la notion d'infini telle que la propose Albert Einstein :

“Deux choses sont infinies : l'Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l'Univers, je n'en ai pas encore acquis la certitude absolue.”

 

mars

Le site d'Astroland : https://www.astrolandagency.com/

< Télécharger la topographie de la cueva del Escalon (n°86)- Format A3 PDF (220 ko)

< Télécharger l'article de A. Asensio (SIES) sur la déscription de la cueva Escalon

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