Le réseau de la cueva Coventosa

Torca de la Garma de Bucebron

(n° 1297)

Développement de la torca : 1475 m
Dénivellation : -528 m

La torca de la Garma de Bucebron est chronologiquement la 4° entrée du réseau qu'elle rejoint dans son extrémité amont. L'exploration de ce gouffre, par une équipe réduite, a été réalisée en quelques sorties seulement. Cela est principalement dû à l'absence d'obstacles sérieux et sa position à l'aplomb même des galeries du Cueto, le dernier puits débouchant sur le flanc de l'extrémité de la galerie des Vires. Dans ce secteur où les gouffres sont nombreux, d'autres jonctions sont à envisager dans un avenir plus ou moins proche.

X : 447,731 ; y : 4789,055 ; z : 882 m
Commune : Arredondo
La torca se situe sous l’alto de Pepiones, à l'extrémité ouest de la garma de Bucebron. L'entrée de la cavité s'ouvre sur une large vire. Elle est masquée par un éperon qui la rend peu visible du bas de la Garma. On y accède par la route qui relie Bustablado à San Roque de Rio Miera. Il faut la suivre jusqu’aux premières cabanes de Bucebron et garer les véhicules au passage canadien qui coupe la piste dans la montée qui suit. De là, il faut gagner le lapiaz à pied en coupant dans la lande.

entree

L'entrée de la torca.

Description

L'entrée prend la forme d'une fissure (6 m x 1 m) qui descend par quelques petits ressauts (blocs), jusqu’à un rétrécissement précédant un puits plus important (P.19). Celui-ci s'élargit peu à peu et se prolonge au sud par une belle diaclase percée de puits sans suite praticable. Toute la première partie de la cavité se développe le long de cette fracture. A la base de la première verticale et pour accéder à la suite, il faut descendre immédiatement un second puits de 17 m que l'on quitte par une courte traversée, une dizaine de mètres plus bas. Revenu quasiment sous l'entrée, on parvient au sommet du troisième puits barré par un gros bloc. Celui-ci mesure 28 m et communique en plusieurs endroits avec des conduits parallèles dont certains rejoignent la fracture d'entrée. Au bas, tous convergent vers un méandre encombré de pierrailles qui se jette rapidement dans un nouveau puits profond de 30 m. Ce dernier canalise un ruisselet venu des cheminées adjacentes. Au bas, le conduit prend désormais l'allure d'un méandre étroit par endroit mais haut de plusieurs mètres. Après un léger rétrécissement, on parvient au sommet d'un ressaut de 5 mètres assez spacieux mais qui précède une diaclase se resserrant progressivement jusqu'à devenir quasi impénétrable. Pourtant, juste derrière, un puits de quelques mètres, plus vaste, est visible. Pour y accéder, il faut revenir au sommet du ressaut précédant et par une escalade de 5 m, gagner le haut du méandre. Ce dernier, entièrement fossile, est assez confortable mis à part une étroiture ponctuelle juste après le sommet de l’escalade.

etroiture

Javier tente de s'extraire de l'étroiture (la seule...) au dessus de l'escalade de 5 m (-80 m)

On rejoint alors sans difficulté le puits entrevu une dizaine de mètres plus bas. A ce niveau, la galerie recoupe une arrivée plus vaste se prolongeant en amont par un méandre remontant non exploré. En aval, il s'agit d'un puits double. Après avoir enjambé la margelle du premier, légèrement arrosé, on accède au second, entièrement fossile. Juste en face, le méandre fossile se prolonge et aspire une bonne partie du courant d'air. Au bas du puits (17 m), on retrouve l'arrivée de la diaclase impénétrable vue au bas du ressaut de 5 m. Le conduit se poursuit alors suivant le même axe et après quelques étroitures ponctuelles, rejoint le sommet d'un beau puits de 30 m. A sa base, le courant d'air a presque totalement disparu et rapidement les parois se resserrent ne permettant plus le passage (-134 m). La suite se situe au sommet du puits de 17 m dans le prolongement du méandre. Une courte traversée au dessus du P.17 (facile) donne accès à la suite du conduit qui s’agrandit progressivement. Une quinzaine de mètres après la vire, on rencontre un premier élargissement correspondant à une cheminée. Cette arrivée a surcreusé le sol (ressaut de 3 m) et se prolonge par une fissure impénétrable rejoignant probablement le P.30 situé juste en dessous. Plus loin, le méandre s’enfonce peu à peu (ressaut de 4 m) avant de recouper un second élargissement au bas duquel un petit puits de 5 m n’a pas été exploré. Dix mètres plus loin, la pente s’accélère et le méandre prend de la hauteur. En suivant les banquettes qui remontent vers le haut du conduit on parvient au bord d’un grand puits légèrement arrosé (P. 120). Pour le descendre loin des embruns, il est préférable de revenir en arrière pour suivre le fond du méandre (ressaut de 5 m). Celui-ci rejoint également le puits en question mais dans sa partie fossile, entrecoupée de paliers. Le premier jet de 12 m nécessite un petit pendule à 3 m du fond pour gagner la suite, une verticale de 14 m qui se rapproche du tube principal. On accède à ce dernier par une lucarne évidente et en abandonnant le conduit fossile qui, lui aussi, rejoint la base du puits suivant (non équipé). A partir de cette lucarne on descend un premier cran de 27 m suivi aussitôt d’un autre de 71 m qui s’évase à la rencontre de plusieurs arrivées de puits parallèles. A 11 m du fond (-193 m), un petit pendule permet de prendre pied sur un épais remplissage conduisant à la suite du gouffre.

p71

Dans le P.60 à -190 m, juste avant le pendule.

En effet, au bas du P.71, un puits de 14 m conduit à un méandre impénétrable et sans air (-219 m). A -193 m, la coalescence de plusieurs puits parallèles, dont le P.71, forme une salle au sol perforé par le prolongement de ces derniers. Ainsi, on se heurte rapidement à un premier cran vertical de 11 m creusé sur toute sa hauteur dans un épais remplissage de terre et de galets. L’équipement est à chercher sur la gauche, sur la paroi sculptée par les embruns. Au bas, 2 puits donnent accès à la suite, mais le plus commode est d’emprunter celui de gauche, fossile, qui plonge dans un énorme tube profond de 85 m.

P.85

Le magnifique puits de 85 m

La régularité et la couleur claire des parois en font l’un des plus beau puits de la torca. Au bas (-291 m), un large palier argileux se déverse dans une verticale de 37 m tout aussi spacieuse. Après un palier à 5 m du fond, on arrive dans une salle qui marque la fin de la première série de puits.

p.37

Le P.37 qui termine la première série de puits (-340 m)

L’actif qui s’écoule dans cette dernière traverse la salle, contourne un épais remplissage argileux puis s’enfile avec le courant d’air dans un méandre évident (Méandre du Riz Blanc). Après un passage resserré, celui-ci revêt des dimensions respectables (1,5 m x 10 m environ). Le sol est jonché de galets. Après un virage marqué à angle droit où le ruisseau se perd dans un puits étroit, on parvient à un carrefour (-348 m). A gauche, une petite galerie apporte un fort courant d’air. C’est la galerie de la Meringue.

riz blanc

Gotzon Aranzabal dans le méandre du Riz Blanc

Galerie de la Meringue

Il s’agit d’un affluent majeur du gouffre. Il est à l’origine d’un fort courant d’air qui, d’une part remonte les puits de la torca de la Garma de Bucebron et d’autre part souffle en direction des galeries du cueto par le ruisseau Suspendu et la galerie des Vires. Son origine est donc à rechercher dans les hauteurs de l’alto de Pépiones et donc dans les landes gréseuses qui surmontent l’urgonien. De nombreuses cavités aspirantes ont d’ailleurs été repérées dans ce secteur, mais la nature de la roche (grès, calcarénites) ne permet pas toujours d’avoir des conduits pénétrables. On accède au conduit principal de l’affluent par une petite galerie descendante couverte de neige des cavernes. Par une petite ouverture, elle perce le flanc de la galerie de la Meringue qui rejoint le méandre du Riz Blanc au bas d’un ressaut que l’on traverse en opposition. Dans cette partie, les parois entières sont recouvertes d’une épaisse carapace totalement inconsistante qui évoque parfaitement la meringue des pâtissiers. A priori, il pourrait s’agir d’une forme de Mondmilch, asséchée par le violent courant d’air ou d’un état transitoire de ce qui pourrait devenir plus tard de la neige des cavernes. Une étude plus détaillée serait très intéressante à réaliser.

meringue

La galerie de la Meringue

Il est à noter que le sol, lui aussi, est recouvert d’un épais remplissage fait de neige des cavernes de sable gréseux et de mondmilch asséché. La présence de ce très curieux remplissage s’interrompt assez rapidement après un petit ressaut remontant de 3 m. Au-delà, la morphologie est plus conventionnelle et le méandre prend la forme classique d’un trou de serrure. On progresse sur de belles banquettes jusqu’à un ressaut de 7 m qui permet de rejoindre le fond du méandre parcouru par un petit ruisseau. Il est possible de le suivre en aval jusqu’à des passages étroits et aquatiques. En amont, on peut suivre le fond du méandre qui remonte doucement, perdant peu à peu du volume. Au bout de près de 200 m de progression, on parvient à la base d’une cheminée de 10 à 15 m. Un méandre est visible en son sommet mais ses dimensions semblent assez réduites (-350 m).

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L'étonnante consistance des parois de la galerie de la Meringue. Curieusement, l'aspect extérieur de ce "dépôt" ne laisse pas imaginer sa faible consistance. Et il est difficile de savoir si il s'agit d'un changement d'état d'un spéléothème type mondmilch ou de la roche elle-même.

Les puits de jonction

Après le carrefour avec la galerie de la Meringue, le méandre du Riz Blanc emprunte une diaclase très marquée dans laquelle le ruisseau retrouvé et grossi de l’apport de l’affluent de la Meringue s’enfonce progressivement. Un passage délicat en opposition correspondant à l’arrivée principale de l’affluent peut être contourné par un méandre supérieur s’ouvrant en parois de droite. Plus loin le méandre s’approfondit et on devine en contrebas la présence d’un vaste puits que l’on ne peut encore atteindre en raison de l’exiguïté de la diaclase. Quarante mètres après le carrefour, le méandre se scinde en deux parties (-355 m). En bas, le surcreusement du méandre rejoint le puits aperçu précédemment. C’est l’itinéraire à suivre pour rejoindre le ruisseau Suspendu de la torca del Cueto. En revanche, si l’on veut accéder à la galerie des Vires, il faudra remonter dans le haut du méandre pour gagner sa partie fossile qui devient rapidement indépendante.

Progression

Progression dans les premiers puits

L’accès au ruisseau Suspendu

La diaclase que l’on suit dans l’aval du méandre du Riz Blanc n’est véritablement pénétrable qu’à son extrémité. Après une courte progression en opposition, on atteint un élargissement qui s’ouvre sur un beau puits de 48 m. À sa base, le conduit revient sous la galerie du Riz Blanc et l’on retrouve le ruisseau qui cascade à l’aplomb du départ d’un méandre. Celui-ci est étroit sur les premiers mètres et il faut remonter de 4 à 5 m afin de pouvoir accéder à la suite. En hauteur, le conduit est glaiseux et le départ du P.10 que l’on rencontre quelques mètres plus loin est plutôt gluant. A partir de là, la pente s’accentue et les ressauts s’enchaînent (P.4, P.6) jusqu’à un puits plus profond (P.24 ; -446 m). A nouveau, il faut grimper en haut du méandre pour atteindre un passage pénétrable puis, quelques mètres plus loin, le sommet d’un beau puits de 65 m (puits du Pêcheur). Sa base, lavée par les crues, se prolonge par deux ressauts de 6 et 3 m (étroitures). Nous sommes à -523 m et au début de la rivière Suspendue qui rejoint le puits du Kas 650 m plus loin (prévoir l’équipement d’un ressaut de 9 m au niveau de la jonction à -529 m). La progression est assez évidente et les quelques passages étroits se doublent de conduits supérieurs souvent plus amples.

L’accès à la galerie des Vires

La partie supérieure du méandre du Riz Blanc garde sensiblement les mêmes proportions au-delà de sa diffluence avec le P.48. On progresse en hauteur sur des banquettes confortables sur un peu plus de 40 m avant de rencontrer un premier puits dans un virage du méandre. Celui-ci, profond de 15 m se poursuit par une seconde verticale d’une dizaine de mètres, sans air mais qui n’a pas été descendue. La suite se situe au-dessus du puits, dans le prolongement du méandre, derrière un gros bloc qui obstrue partiellement le passage. Quelques mètres plus loin, il faut équiper un petit puits de 7 m au bas duquel on retrouve le fond du méandre dans lequel il est possible désormais de progresser. Après un R.4 les parois se ressèrent et le sol se dérobe dans un puits profond de 90 m. Dans sa première partie, on descend dans le méandre proprement dit puis celui-ci recoupe une belle arrivée parcourue par un petit actif. Les proportions deviennent nettement plus intéressantes et 30 m plus bas, le puits prend la forme d’un gros tube creusé à l’emporte pièce dans un calcaire parfait. D’autres arrivées parallèles contribuent à augmenter le volume de ce vide. A dix mètres du fond, une grande lucarne donne s’ouvre sur le flanc d’un vaste canyon. C’est la galerie des Vires du Cueto (-470 m). Mais pour l’atteindre, 10 m plus bas, il faut encore équiper une vire sur la droite. De là, on peut rejoindre le puits de Noël et l’itinéraire de la traversée en direction de la Coventosa. Pour cela, il suffit de suivre la galerie des Vires qui comme son nom l’indique, enjambe quelques puits dont celui du Kas (équipement conseillé).

Historique des explorations

2008

Vendredi 19 décembre : La météo est exécrable en cette fin d'année et la neige recouvre partiellement la len de Pepiones. Déambuler sur ces landes herbeuses parsemées de trous partiellement visibles n'étant pas très raisonnable, les recherches se reportent un peu plus bas, dans la garma (zone de lapiaz). Plusieurs gouffres explorés par le S.C.Paris sont retrouvés, d'autres, inconnus, sont inventoriés dont la torca 1297 qui ne porte pas encore le nom de Garma de Bucebron. (P. et S. Degouve)

2009

Mercredi 8 avril : Une première reconnaissance a lieu dans la torca qui aspire fortement. Le premier puits de 19 m est descendu donnant sur une longue diaclase percée d'autres puits parallèles. Après une tentative dans l'un d'entre eux, impénétrable à sa base, la suite est découverte dans un autre plus large (20 m). Arrêt par manque de corde vers -45 m. (P. et S. Degouve)

Jeudi 9 avril : Le troisième puits du gouffre (28 m) est descendu, suivi d'un autre de 30 m puis d'un ressaut de 5 m. La suite est étroite et un passage supérieur permet de franchir le rétrécissement. A nouveau un puits de 17 m est délaissé au profit d'un fossile plus confortable et très ventilé, mais à nouveau la corde manque, arrêt à -85 m.(TPST : 8 h)(P. et S. Degouve)

Dimanche 14 juin : Javier se joint à l'équipe et à 3 il est plus facile de traîner le matériel dans les méandres. Après une courte progression dans un méandre de bonne taille l'équipe parvient au sommet d'une série de puits plus vastes ( P.12, P.14, P.27, P.60), mais le fond du dernier n'est pas atteint par manque de corde (-180 m). (TPST : 6 h)(P. et S. Degouve, J. Lopez Jorde)

Jeudi 18 juin : Le fond du P.60 est atteint suivi d'un puits de 14 m sans suite. Un pendule à la base du P.60 permet d'atteindre la suite où plusieurs arrivées convergent vers un gros puits (P.85) descendu sur plus de 60 m (-270 m). Encore une fois, les 140 m de cordes emportés n'y suffisent pas. (TPST : 6 h)(P. et S. Degouve, J. Lopez Jorde)

Mardi 7 juillet : L'équipe part cette fois-ci avec 200 m de cordes. Après le P.85, un P.37 est descendu. Au bas, le méandre du Riz Blanc est parcouru sur une soixantaine de mètres jusqu'au puits suivant (P.48). L'exploration s'interrompt à -420 m, le noeud de dernière corde pendant dans le vide, à mi hauteur d'un puits estimé à une trentaine de mètres. Le méandre de la Meringue est reconnu sur quelques mètres. (TPST : 7 h)(P. et S. Degouve, J. Lopez Jorde)

Mardi 14 juillet : Le puits estimé à 30 m en fait 24 et le suivant qui lui devait en faire 20 s'avère être un P.65 (puits du Pêcheur). Au bas, un méandre étroit est exploré sur 150 m jusqu'à un ressaut de 8 m au bas duquel l'équipe retrouve un ancien fil topo. Celui-ci a été déroulé lors des explorations du SGCAF/SCP dans le ruisseau Suspendu remonté à partir du puits du Kas. La jonction avec la sima del Cueto est ainsi réalisée. (TPST : 11 h)(P. et S. Degouve, J. Lopez Jorde)

Mardi 21 juillet : L'objectif de cette sortie est de trouver une jonction directe avec le canyon du Cueto. Au-dessus du P.48, l'exploration du méandre fossile est poursuivie jusqu'à une série de puits (P.7, R.4, P.90). Dans ce dernier, la corde n'arrive pas au fond, mais permet néanmoins d'atteindre une vaste lucarne qui débouche, en balcon, sur le flanc de la galerie des Vires du Cueto. Ce jour-là, le méandre de la Meringue est exploré jusqu'à la base d'un puits remontant. (TPST : 11 h 30)(P. et S. Degouve, J. Lopez Jorde)

Jeudi 20 août : G. Aranzabal a la gentillesse de se joindre à l'équipe pour le déséquipement de la cavité qui sera effectué en un peu plus de 6 h après plusieurs navettes dans les puits. Ce jour-là, le puits parallèle au P.85 est reconnu mais jonctionne un peu plus bas avec le sommet du P.37. (G. Aranzabal, P. et S. Degouve, J. Lopez Jorde)

P11

Puits de 11 m avant le P.85

Bibliographie :

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