Cueva de la Carroña

(n°487)

Développement : 2645 m
Dénivellation : -144 m

La cueva de la Carrona est une petite rivière souterraine se développant sous le flanc sud de la vallée de la Posadia. Sa position sur le bassin d'alimentation de la source de la Gandara laissait supposer un lien avec cette dernière. Mais en fait, il s'agit probablement d'une circulation totalement indépendante résurgeant à la fuente Vason, située un peu plus en aval sur le même flanc de la vallée.

L'entrée de la cavité s'ouvre au bas d'une barre rocheuse, sur une large vire dominant le premier poljé de la Posadia. Les coordonnées sont les suivantes :
x= 449,71 ; y= 4783,70 ; z= 1005 m
Commune : Soba

Description

Par souci de concision, on pourrait réduire la description de la cavité à celle d'un méandre long de 1580 m, tant la morphologie est régulière et les obstacles rarissimes. L'entrée (1,50 m x 2,00 m) s'ouvre à la base d'une falaise d'une dizaine de mètres de hauteur. Un méandre étroit et descendant conduit à une petite salle qui borde un ressaut de 4 mètres. Ce dernier, tapissé de mondmilch, est surmonté de 2 énormes blocs qui n'attendent qu'un geste maladroit pour condamner définitivement l'accès à la suite du réseau. A sa base une étroiture rappelle l'endroit de nos premiers travaux. Juste derrière, le conduit s'agrandit un peu avant un second passage bas, aussi sale que le premier. Quelques mètres plus loin un ressaut glissant débouche dans un méandre confortable parcouru par un mince filet d'eau (1,50 m x 4,00 m). La progression qui suit est alors beaucoup plus agréable puisque la galerie conserve ces proportions sur plus de 400 m. Le seul désagrément réside dans la nature du sol couvert d'une pellicule d'argile qui rend les appuis quelques peu fuyants...
A 477 m (-74 m), une arrivée d'eau vient se greffer en rive droite par un laminoir bas et peu engageant qui n'a pas été exploré. Ce ruisseau que l'on suit tout au long de la cavité avait un débit d'environ 10 à 15 l/s lors de notre première visite (Neige fondante). Cette galerie affluente ne modifie pas la morphologie du méandre, qui conserve sensiblement les mêmes proportions. La pente demeure très progressive et la direction générale ne change pas hormis quelques baïonnettes qui décalent légèrement le réseau vers le sud. A 720 m de l'entrée, un second boyau affluent débouche en rive droite, au niveau d'une petite coulée stalagmitique. Très étroit, il n'a été remonté que sur quelques mètres (pas d'air). Plus en aval, la galerie devient plus sinueuse et par endroits il est nécessaire d'effectuer de courtes escalades pour franchir des éboulis et des trémies. Trois cents mètres plus loin (1 km), après une petite salle de décantation, le méandre se rétrécit en largeur et dessine des circonvolutions sur plusieurs niveaux. Il faut alors chercher son passage et le mieux est de grimper à mi hauteur du méandre sur des banquettes relativement confortables. Il est possible de continuer ainsi jusqu'au terminus de la cavité. Celui-ci se situe à 1520 m de l'entrée (-144 m). A cet endroit, le plafond de la galerie qui n'a pas cessé de baisser depuis près de 200 mètres, n'est plus qu'à 1,2 m du lit du ruisseau. Il faut presque ramper pour atteindre une petite diaclase qui barre le conduit. Le ruisseau disparaît alors sous une grosse dalle qui met un terme brutal à l'exploration.
Peu avant la fin, quelques affluents issus du plafond viennent grossir un peu le ruisseau. Ils pourraient être en relation avec une série de pertes diffuses situées, en surface, au fond du vallon de l’Ojon au niveau de sa confluence avec la Posadia.

En 2008, le G.E.S. DOS. S. désobstrue un passage à une centaine de mètres de l'entrée. Celui-ci donne accès à un méandre parallèle au conduit principal et terminé par des laminoirs impénétrables à la profondeur de -45 m. Plusieurs petits puits jalonnent ce parcours dont un puits de 18 m. Dans la zone terminale, au niveau de la grande baïonnette, un affluent a également été remonté sur près de 250 m. Son extrémité se situe entre le conduit principal et le drain parallèle cité précédemment. Ces découvertes totalisent un peu plus d'1 kilomètre de galeries.

Géologie, hydrologie

Suite à la coloration involontaire effectuée lors de notre visite en décembre 1994, il est quasiment certain que le ruisseau ressort à la fuente Vason. Mais en a-t-il toujours été de même ? La diminution assez rapide de la taille des galeries et la disparition du courant d'air nous incitaient à penser qu'il pouvait exister un conduit supérieur qui, pourquoi pas, aurait pu se diriger vers la Gandara en suivant le pendage. L’idée était d’autant plus séduisante que les courants d’air sont toujours soufflants en été (aspirant en hiver) alors qu’il s’agit en principe d’une entrée haute. Ce phénomène avait déjà été observé dans la cueva 477 située sur le même versant à 1095 m d’altitude. Les autres cavités du Picon connues à ces altitudes aspirent en majorité. Mais une fouille systématique des plafonds ne nous a pas permis de conforter cette hypothèse. Il faut donc admettre qu'une partie des cavités de ce secteur alimente la fuente Vason au détriment de la Gandara.

Historique des explorations

Août 1988 : En revenant de la torca del Mazo blanco (n°477), une petite équipe du S.C.Dijon découvre l’entrée de la cavité devant laquelle gît un cadavre de chèvre à l’odeur nauséabonde. Le courant d’air s’échappant de la cavité est donc le bienvenu et une première désobstruction de l’éboulis qui masque la suite est tentée.
Dimanche 25 décembre 1994 : La désobstruction est poursuivie et après deux heures de travail, P. et S. Degouve atteignent le méandre qu’ils explorent sur environ 600 m.
Lundi 26 décembre 1994 : La topographie est dressée sur un peu plus de 900 m, jusqu’à un ressaut (P. et S. Degouve)
Mercredi 28 décembre 1994 : L’exploration se poursuit sans obstacle significatif sur plus de 500 m. Puis la voûte s’abaisse et la progression, doublée de la topographie s’arrête sur un passage impénétrable à près de 1600 m de l’entrée (P. et S. Degouve). L’importante turbidité constatée ce jour-là à la fuente Vason met en évidence la relation entre les deux cavités.
Le samedi 16 mai 1995, une forte équipe est mobilisée pour fouiller les plafonds du méandre et traquer les courants d’air (Marc Chenu, Sandrine et Patrick Degouve, Patricia Giboudeau, Jean François Ray et Patrick Sologny). Mais aucun prolongement n’est découvert.
En 2008, le Grupo de Espeleologia S. DOS.S. reprend l'exploration de la cavité qu'il topographie à nouveau sur 800 m
En 2009, puis 2010, suite à une désobstruction, ce même groupe explore un drain parallèle terminé par des étroitures. Il découvre un affluent et tente une désobstruction au fond du ruisseau (-144 m).

Bibliographie

- DEGOUVE,Patrick et Sandrine (1996) : "La grotte de la Charogne (Soba - Cantabria)", Sous le Plancher, bul. de l'A.S.E. n°11 p. 77
- G.E.S.DOS.S (2008) : "Sierra Helguera 2008 - Memorias exploración", compte rendu d'explorations pour la F.E.E. et la F.C.E.
- G.E.S.DOS.S (2009) : "Sierra Helguera 2009 - Memorias exploración", compte rendu d'explorations pour la F.E.E. et la F.C.E.
- G.E.S.DOS.S (2010) : "Sierra Helguera 2010 - Campaña de exploración", compte rendu d'explorations pour la F.E.E. et la F.C.E.


< Télécharger la topographie de la cueva de la Carrona (n°487)- Format A4 PDF (561 ko)

 

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