Cueva Cubiobramante
(n°85 et n°110)
Développement : 905 m
Dénivellation : 58 m (-21, +37)
Une entrée basse de la Cubiobramante (n° 85), dans une zone fracturée et ébouleuse |
La Cubiobramante est une grotte bien connue des habitants d'Arredondo car une petite partie de l'eau qui s'y écoule est captée pour alimenter la commune. Pour les spéléologues elle est surtout une des importantes résurgences du massif de Porracolina en liaison avec de grandes cavités comme la cueva Cayuela ou la torca de la Canal
3 entrées :
- CUBIOBRAMANTE (n° 85)
X = 449,760 ; Y = 4791,825 ; Z = 190 m
- ENTREE SUPERIEURE
X = 449,745 ; Y = 4791,820 ; Z = 208 m
- CUEVA VECINA (GROTTE VOISINE) (n° 110)
X = 449,809 ; Y = 4791,844 ; Z = 181 m
Commune : Arredondo
À un kilomètre d’Arredondo (km 20), direction col d’Alisas,
une piste descend vers quelques maisons et mène à une petite
station de traitement des eaux. Après avoir franchi le río Bustablado
par un petit pont (aqueduc) on remonte le long du chenal de crue provenant
de la grotte et du captage.
Les sorties du système lors d’une crue moyenne en février 1986. La Fuente 275 est l’émergence pérenne, la Cubiobramante fonctionne en exutoire temporaire recoupant le collecteur et la Cayuela marque l’ancienne et énorme résurgence du massif, aujourd’hui fossile.
On peut subdiviser la cavité en trois parties :
La Cubiobramante sensu stricto (entrée cote 0) (développement 240 m)
L’entrée basse principale se dédouble immédiatement
; à gauche un passage chaotique rejoint le cours souterrain à
l’endroit même où il se perd pour la grotte voisine. À
droite un couloir plus confortable, qui a été utilisé
pour maçonner un aqueduc, mène 20 m plus loin au collecteur.
À ce niveau un conduit très déclive remonte vers une
galerie colmatée par un important remplissage et une entrée
supérieure en balcon (cote +18) ; elle pourrait être le témoin
d'un ancien niveau de circulation des eaux et sensiblement au même niveau
que la cueva No Vista (n° 1422), elle aussi sur la corniche au dessus
mais de l’autre côté de l’entrée principale.
Axé sur une fracture, le collecteur occupe une conduite rectiligne
sur 120 m, de section moyenne 7 x 5 m dont l'amont est occupé par deux
plans d'eau profonds menant au siphon 1.
Le débit à l'étiage est d'environ 50 - 60 L/s. L'entrée
est alors abandonnée des eaux au profit du réseau de capture.
Dans le secteur d’entrée une galerie de trop-plein d’une
cinquantaine de mètres débouche dans une troisième entrée
basse près du réservoir du captage.
La galerie de droite, à l'entrée de la Cubiobramante, a été utilisée pour acheminer une partie de l'eau vers le captage. On distingue à droite l'aqueduc dont l'étanchéité est toute relative.
Le réseau de capture (galerie de jonction + grotte voisine n° 110) (développement 145 m).
Ce dernier, comme l'attestent ses dimensions beaucoup plus modestes est d'évolution plus récente. L'eau de la Cubiobramante fuit tout d’abord par une voûte basse suivie d'un étranglement et d'une cascade très étroite de 4 mètres (remontée pas évidente et exposée !). En période de crue, ce passage s’ennoie et ne peut évacuer toute l'eau qui sort alors tout droit par la Cubiobramante pour dévaler un chaos de blocs moussus et rejoindre le Rio Bustablado. Conséquemment, l’entrée de la grotte voisine n° 110 (cote -9) ne coule apparemment jamais.
La pente des galeries est plus accentuée. Peu après l'étroiture de jonction, une grande partie de l'eau disparaît dans un siphon pour réapparaître dans une diaclase en aval. La cavité se termine sur une zone siphonnante (cote -21) profonde mais très exiguë.
La cascade de 4 m à l'étiage. En crue, la galerie est entièrement noyée.
L'eau ressort au niveau du Rio Bustablado par la résurgence
n° 275 (Fuente la Cerilla ?) pérenne et impénétrable
(cote -21).
À quelques mètres une sortie temporaire est en liaison avec
une petite grotte (n° 1420) et un laminoir impénétrable,
mais parcouru par un courant d’air signalant une éventuelle communication
avec l’aval de la grotte voisine (n° 110)
Les siphons amont (développement environ 520 m)
Le siphon 1 est très court (10 m, -2) et cinquante mètres
après il est suivi d’un S.2 (130 m, - 12). À la sortie
le parcours est agréable. On remonte la rivière sur une quarantaine
de mètres avec de l’eau à mi-cuisse et après un
virage à gauche il faut franchir des marmites et contourner des blocs.
Juste avant un nouveau siphon S.3 un ressaut de 50 cm s’avère
difficile à franchir.
Les siphons S.3 (60 m, -8), S.4 (20 m, -2) et S.5 (30 m, -3) s’enchaînent
simplement entrecoupés de courtes parties exondées. Le S.5 débouche
dans un joli bief avec de grosses marmites puis l’actif court sur une
cinquantaine de mètres dans une belle galerie avec de gros blocs d’effondrement
sur le côté. Un petit affluent impénétrable surcreuse
la rive droite.
On rejoint la Salle Circulaire (12 m de diamètre) où une cascade
vient se fracasser après une chute de 10 m. Puis au dessus, après
6 m d’escalade en libre et une traversée à gauche, on
remonte deux ressauts de 3 m (fin de la cascade).
Suit un long bief de 30 m avec de l’eau à la taille ; après
un coude à gauche une galerie de 5 m de large et inclinée à
35° débouche sur la droite mais elle est vite limitée par
un effondrement sur joint de strates. Le collecteur, lui, bute quinze mètres
en amont sur un S6. Ici, par une escalade de 6 m et une galerie supérieure
de 20 m, un shunt permet de rejoindre l’actif derrière le siphon.
Tout de suite après il faut grimper deux ressauts de 1,5 m et 3 m.
Dix mètres encore et se présente une cascade de 5 m, complètement
lisse et infranchissable en libre. À 640 m (+37) de l’entrée
principale, elle marque le terminus de l’exploration en direction du
collecteur de la Cayuela.
La rivière juste avant les lacs et le début de la zone noyée.
La cavité se développe dans la base des calcaires urgoniens à rudistes de teinte très sombre (lentilles calcaires du niveau 3). Les bancs calcaires (capping-beds) ont ici un pendage fort vers le nord du à l’addition de l’inclinaison du flanc nord de l’anticlinal de Socueva augmentée de leur pendage synsédimentaire préexistant. Mais ce sont les fractures qui guident les conduits (exemple de l’entrée au siphon 1). Le réseau bute sur une faille (prolongement de la faille des Esles/Cuaberniga) qui met contact ces calcaires avec des marnes et des grès imperméables qu’on avait tout d'abord assimilés aux grès de Socueva, mais qui seraient en fait plus récents. La résurgence pérenne du système hydrogéologique se situe tout naturellement au contact faille - rio Bustablado.
L'eau provient selon toute vraisemblance du collecteur
de la Cueva Cayuela que l'on peut suivre sur environ 800 m près du
canyon Ouest de cette grotte (Puits Buffard et Labyrinthe).
Le développement de la Cubiobramante est encore modeste (905 m) mais
la cavité est d'importance car elle est l’exutoire des eaux drainées
par la Cueva Cayuela et vraisemblablement correspond aussi au collecteur du
réseau de la Torca de la Canal (río Eulogio). La résurgence
parait donc assurer le drainage d’un bassin s’étendant
de Calseca à Arredondo et recouvrant une bonne partie du flanc nord
de l’anticlinal de Socueva.
Elle participe pour un bon tiers environ, à l'alimentation du rio Bustablado,
le reste étant à mettre principalement à l'actif de la
cueva del Molino sur l’autre rive, et un peu plus en amont.
De plus, elle constitue, après le siphon de la cueva del Molino, le
niveau de base le plus bas sur le río Bustablado (altitude : 169 m
à la cote -21 qui correspond à la surface du siphon aval (non
plongé) et à la résurgence pérenne).
La cueva No Vista (n° 1422) est probablement en relation avec le niveau supérieur de la Cubiobramante
G. Gabarroche et P. Castin |
1958 -1959
La Cubiobramante est reconnue sur une centaine de mètres par des membres du Spéléo-Club de Dijon.
1964
P. Castin et G. Gabarroche désobstruent une grotte voisine en aval (n°110) et explorent environ 100 m de galeries actives en diaclases alimentées par la Cubiobramante. L'exploration bute en amont sur une étroiture sévère au sommet de cascatelles. Curieusement, la sortie des eaux dans le Río Bustablado (Fuente n° 275) n'est à aucun moment mentionnée.
1980
29 juillet 1980 : G. Simonnot et G. Cabaut
franchissent en partie l'étroiture de la grotte voisine. Une galerie
confortable provenant vraisemblablement de la Cubiobramante est entrevue ;
dans la Cubiobramante la galerie de fuite des eaux est trouvée derrière
une voûte basse. L'exploration est arrêtée sur l’étroite
cascade de 4 m.
14 août 1980 : J. Michel plonge le siphon amont de
la Cubiobramante sur 70 m environ (S1 et début du S2).
P. Kindt et G. Simonnot lèvent la topographie de la grotte puis descendent
la cascade de 4 m. Après une quinzaine de mètres, la jonction
est établie avec la grotte voisine.
17 août 1980 : P. Degouve plonge à son tour
les siphons en amont et progresse de 150 m.
1986
31 juillet 1986 : P. Degouve s’arrête trente mètres après le départ du S3.
2005
6 août 2005 : Une petite galerie d’une quarantaine de mètres est découverte près de l’entrée (G. Simonnot).
2007
10 août 2007 : Yann Tual reprend les plongées 21 ans plus tard. Après franchissement des S3, S4 et S5 il est stoppé par la cascade de 10 m.
2009
6 août 2009 : Yann est de retour avec Manu Tessane. Derrière les cinq siphons ils peuvent remonter les crans verticaux jusqu’à la cascade lisse de 5 m, terminus actuel.
Ambiance garantie dans le réseau de capture.
Bibliographie principale
< Télécharger la topographie de la Cubiobramante (n°85)-
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