Développement : 380 m
Dénivellation : -201 m
La torca de la Niebla, voisine de la torca del Turbón, se développe dans le même cadre géologique. Mais contrairement à cette dernière, et à beaucoup d'autres cavités de la Porra, la torca de la Niebla ne recèle aucune grande verticale. Cela est probablement dû à la présence d'une importante fracture inclinée qui, de surcroît, a été à l'origine de plusieurs diffluences. Vu sa situation, ce gouffre peut être rattaché au système Cueto Coventosa.
La torca s'ouvre sur le flanc est de la Porra, sous le col del Pozuco. On y accède par le sentier de Porracolina que l'on quitte sur la droite au moment ou celui-ci franchit les ressauts gréseux menant au col.
X = 447,139 ; Y = 4788,680 ; Z = 1090 m
Commune : Arredondo
Situation de la torca, sur le flanc est de la Porra. (Version plus grande)
La croupe sommitale de la Porra est ceinturée par des barres gréseuses où de belles fractures sont visibles. La torca de la Niebla Negra s'ouvre à la base de l'une d'elles. L'entrée (2 m x 4 m) donne aussitôt sur un puits en diaclase de 10 m. À son sommet et sur la droite, un affluent est pénétrable sur une dizaine de mètres et constitue l'amont du gouffre. Dès les premiers mètres on ressent un très net courant d'air aspirant. Au bas du P.10, un second puits de 20 m traverse des calcarénites avant de rejoindre un niveau plus gréseux marqué par des banquettes marneuses instables.
Le second puits de la cavité (20 m) porte les traces du courant d'air : parois partiellement sèchées, brins de pailles emportés par le vent et collés sur les parois.
Une diaclase de quelques mètres amène au bord d'un petit ressaut de 2 mètres suivi d'un puits de 31 m recoupé par une belle fracture inclinée. Celle-ci se prolonge par un conduit perpendiculaire que l'on atteint par un léger pendule donnant accès aux réseaux Ouest et Sud. En poursuivant la descente le puits devient moins gréseux. Les parois se resserrent au bas d'un ressaut de 3 m. La suite, est un passage désobstrué parcouru par un filet d'eau et débouchant au sommet d'un puits de 4 m aussitôt suivi par un autre de 7 m. Un ultime ressaut (3 m) marque la fin de cette branche à -85 m (méandre impénétrable). Aucun courant d'air n'a été décelé dans cette partie du gouffre.
Le P.31 traverse un niveau grèseux, strié par des de banquettes marneuses qui rendent les parois instables. Sur la photo, Sandrine vient d'effectuer un petit pendule pour rejoindre la fracture donnant accès aux réseaux Sud et Ouest.
La fracture citée précédemment dans le P.31 s'atteint donc par un léger pendule. De cette lucarne évidente, un ressaut de 5 m sur des banquettes de grès se prolonge dans l'axe de la faille par deux conduits. À gauche il s'agit du réseau Ouest et à droite, du réseau Sud conduisant au point bas du gouffre.
Le réseau Ouest :
En progressant d'une quinzaine de mètres à niveau dans la fracture, on arrive au bas d'une belle cheminée qui amène un ruisseau pouvant être conséquent en crue. Celui-ci pourrait être en relation avec la perte 1618 située juste au-dessus. En aval il s'enfile dans un méandre étroit parcouru par un net courant d'air aspirant. Quelques petits ressauts ponctuent la progression ainsi qu'un court ramping. À - 75 m, le conduit plonge dans un puits creusé toujours dans la même fracture inclinée. Les verticales, entrecoupées de paliers, s'enchainent : P. 31 et P. 8. À - 120 m, un dernier cran vertical de 6 m débouche dans une galerie glaiseuse se pinçant à -127 m. A ce niveau, il n'y a plus de courant d'air et il est probable que celui-ci disparaisse dans la fracture dont les extrémités se prolonge en plusieurs endroits par des fissures impénétrables.
Le réseau Sud :
Au bas du ressaut de 5 m, la diaclase se poursuit à droite par une rampe inclinée de taille modeste. Mais à -70 m, les proportions changent radicalement dans un beau puits de 22 m suivi d'un autre de 5 m, tous deux creusé dans l'axe de la fracture. Une belle arrivée contribue à donner de l'ampleur et apporte un petit actif. Il faut encore descendre deux puits de 20 et 21 m pour enfin atteindre les calcaires massifs de Bucebrón.
Jean-Noël au sommet du P.21, juste avant de rencontrer les calcaires de Bucebròn.
Mais du coup, les proportions se réduisent nettement et les passages horizontaux prennent la forme de méandres étroits. Le premier, encombré de gros blocs gréseux menaçants, descend par petits ressauts jusqu'au sommet d'un puits de 25 m taillé à l'emporte pièces. Au bas, le second nous a opposé une sévère résistance et il nous a fallu deux bonnes séances de désobstruction avant de pouvoir le franchir. Malheureusement, derrière, deux puits humides de 17 et 12 m amènent à un troisième méandre cette-fois-ci, strictement impénétrable. Nous sommes à -201 m et une bonne partie du courant d'air file dans ce méandre. Dans le P.17, une lucarne donne accès à un méandre, lui aussi impénétrable.
Le puits de 25 m perce le sommet des calcaires de Bucebròn. Les formes épurées contrastent avec la rugosité des puits précédents, creusés dans les grès.
La torca de la Niebla Negra offre quelques similitudes avec sa voisine, la torca del Turbón. Comme elle, elle traverse sur plus de 100 m les biocalcarénites de la Porra avant de rencontrer les calcaires massifs de Bucebrón épais de près de 500 m. Une bonne partie de la cavité, notamment le réseau Ouest emprunte une fracture N45° à faible rejet et nettement visible à l'entrée du gouffre.
Le sommet du P.10, à l'entrée de la torca, s'ouvre sur la faille. A droite, les biocalcarénites relativement homogènes et compactes contrastent avec les bancs de grès bruns à stratification entrecroisée de la Porra que l'on distingue en haut et à droite de la photo.Le rejet entre ces deux formations n'est que de quelques mètres.
2011
Lundi 11 août 2011 : La torca est découverte
au cours d'une prospection sur le flanc est de la Porra. Une reconnaissance
est faite jusqu'au bas du second puits (L. Guillot, Ch. Nykiel, J.N. Outhier).
Mardi 16 août 2011 : La branche principale, au bas
du P.31 est entièrement explorée (-85 m). Le réseau Ouest
est reconnu, après quelques désobstructions, jusqu'au sommet
d'un puits à -75 m. Dans le réseau Sud, le manque de corde empêche
de descendre totalement le P.22. (P. et S. Degouve, L. Guillot, J.N. Outhier).
Samedi 20 août 2011 : Nous optons pour le réseau
Sud, plus volumineux. Le P.22 est descendu ainsi que les 3 puits suivants
(P.5, P.20, P.21) et cela au prix d'un nettoyage rendu compliqué en
raison de l'abondance de blocs gréseux sur chaque palier. Mais les
calcaires sont atteint et une reconnaissance est poussée jusqu'au sommet
du P.25 (-145 m). (P. et S. Degouve, L. Guillot)
Mercredi 28 décembre 2011 : L'entrée du méandre
de -135 m est agrandie et le P.25 est descendu. Au bas, le méandre
devient impénétrable, mais il y a de l'écho et le courant
d'air reste important. En attendant de revenir avec du matériel adapté,
les efforts sont reportés sur le réseau Ouest qui est exploré
jusqu'à son terminus (-127 m). (P. et S. Degouve, L. Guillot).
Le sommet du P.31 actif et gréseux à souhait...
2012
Jeudi 9 août 2012 : Nous entamons la
désobstruction du méandre de -170 m. Une première étroiture
est franchie, le puits n'est plus qu'à quelques mètres. (P.
et S. Degouve, L. Guillot, J.N. Outhier).
Vendredi 28 décembre 2012 : Nouvel assaut dans le
méandre de -170 m. La seconde étroiture est franchie et derrière,
les deux puits terminaux sont explorés et topographiés. Le gouffre
est totalement déséquipé dans la foulée. (P. et
S. Degouve, L. Guillot, S. Michaud).
Jean-Noël en plein travail de désobstruction dans le méandre de -170 m.
Bibliographie
- DEGOUVE, Patrick ; GUILLOT, Ludovic ; TUAL, Yann (2011) : Explorations dans les monts Cantabriques (Espagne) - Activités spéléologiques du CAF d'Albertville - Année 2011
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