Développement : 650 m
Dénivellation : -248 m
Idéalement placé sur la voûte anticlinale de Socueva ce gouffre aurait pu apporter des indications sur la limite des deux systèmes karstiques Cubera et Cubiobramante. L’exploration en a décidé autrement …
Une appellation mal contrôlée !
Le nom Papo (double menton) vient des oreillons (paperas) attrapés par le fils de Guy Cabaut en avril 1981. Quelques collègues ibériques ont pu penser à une autre origine (« origine du monde » comme aurait dit le peintre Courbet !) car le terme populaire papo désigne un sexe féminin. Mais les chastes spéléologues français ne dominent pas ce vocabulaire espagnol !
La torca del Papo est 150 m à l’est de l’Alto del Somo, sur la faille séparant le lapiaz de la Garma del Ciervo et les landes gréseuses au nord
3 entrées :
Torca del Papo (n° 332) :
X = 446,535 ; Y = 4789,410 ; Z = 895 m
Torca GC 1 (n° 2189) :
X = 446,600 ; Y = 4789,442 ; Z = 870 m
Torca GC 2 (n° 2190) :
X = 446,590 ; Y = 4789,435 ; Z = 880 m
Commune : Arredondo
Les entrées le long de la faille nord de Bucebrón. Photo Jordi Carretero
Ce bel abîme commence par une doline très raide d’une vingtaine de mètres puis est constitué d’une succession de puits séparés par de courts méandres. La taille des conduits croît tout au long de la progression, et de nombreux affluents ou arrivées de puits viennent se greffer au réseau. Le fond du gouffre (-248) est une galerie au sol tapissé d’argile et parcourue par un mince filet d’eau qui se perd dans une étroite fissure.
La doline d'entrée de la Torca del Papo. Photo Jordi Pérez
La torca GC 2 est un puits direct de 40 m donnant sur un plan incliné entrecoupé de 3 ressauts de 3, 5 et 6 m respectivement. Après le ressaut de 6 m une cheminée remonte vers la surface : elle forme un puits de 60 m qui n’est autre que la torca GC 2. Vers le fond le conduit pentu se prolonge et une main courante donne sur un P.15. Il est suivi de divers ressauts totalisant 22 m de descente qui, à -156 permettent la jonction avec la branche principale de la torca del Papo.
Géologie, hydrologie
Au nord de l’alto de la Porra un gigantesque lapiaz, la Garma del Ciervo, a été façonné dans les calcaires de Bucebrón (niveau 4, calcaires construits à rudistes et polypiers). Cette formation est portée en hauteur par le jeu des grandes fractures qui soulignent la voûte du pseudo-anticlinal de Socueva.
La grande faille, dite de Bucebrón, qui monte depuis San Roque en suivant le barranco de Paso Malo, se scinde en deux au niveau de l’alto del Somo et du petit col en haut du ravin, créant ainsi un mince lambeau géologique charnière, effondré par rapport au grand relief qui le borde au sud.
Schéma structural du secteur de la torca del Papo (Les commentaires apparaîssent en survolant l'image avec le pointeur.)
La torca del Papo s’ouvre au bord même de la fracture nord, près du compartiment septentrionnal effondré qui fait affleurer des niveaux gréseux et calcaréo-gréseux du niveau 7 surmontés de calcaires appartenant peut-être déjà au niveau 8 (calcaires du Haut-Rolacia).
Contrairement à la majeure partie des cavités de la Porra et de la Garma del Ciervo, cette situation particulière pourrait permettre à la torca del Papo d’échapper au drainage vers la Cubera (Cueto) pour rejoindre le flanc nord de l’anticlinal et le système de la Cubiobramante (Cayuela).
Le "compartiment Papo" bordé par la faille nord, à droite, et la faille sud, au pied du grand escarpement de la Garma del Ciervo. Photo Jordi Carretero
Historique
1981
9 avril 1981 : pour la première fois le Spéléo-Club de Dijon part du val du río Miera pour prospecter le massif. La montée depuis San Roque se fait le long du Barranco de Paso Malo en utilisant le superbe et ancestral chemin empierré qui vit là ses derniers moments. Aucune pitié ne lui sera accordée au moment de l’établissement de la route ! Une bonne heure plus tard on atteint le col de l’Alto del Somo et le pied de la Garma del Ciervo.
En 1981 un beau chemin montait encore le long du ravin de Calseca
Le gouffre est repéré au fond de sa doline en même temps que les puits adjacents dans les dépressions voisines (Guy Cabaut, Guy Simonnot). Guy S. descend la première verticale de trente mètres qui débute au fond de l’abrupte doline pour s’arrêter, faute de corde, sur un éboulis pentu dominant un vide que les ricochets de pierre annoncent profond (cote –50).
9 avril 1981 : découverte et première descente dans la Torca del Papo
Les joints de strates montrent bien le caractère subhorizontal du « compartiment Papo ».
13 août 1981 : les puits suivants sont descendus jusqu’à –248. Aucune continuation n’est décelable alors que le violent courant d’air de l’entrée faisait envisager une suite prometteuse. (P. Degouve, M. Dorey, S. Lucotte, B. Le Bihan, E. Leglaye)
1994
Les gouffres voisins sont explorés 13 années plus tard.
Août 1994 : La torca GC 2 (connectée à la GC 1) est reliée à la Torca del Papo par l’Asociación Cientifico-Excursionista de Mataró (David Sans et Jordi Pérez)
2011
La torca est entièrement rééquipée et le fond revisité. Malgré tous les efforts rien de nouveau ne sera ajouté à la première exploration, trente années plus tôt. (Lluis Calvet (ECG), Xavi Salamanca (ECG), Jesus Saez (Nubis, Palencia), You Carretero (GES CMB) y Albert Monturiol (GES CMB)).
Bibliographie
- DEGOUVE DE NUNCQUES, Patrick ; SIMONNOT, Guy (1984) : Explorations en Espagne - Sous le Plancher, n°1 1984, p. 19 à 24
- TRIADÓ Assumpta, GRAU Victor ; PÉREZ Jordi (1995) : La cueva de los Moros y otras cavidades del macizo de Porracolina -Subterránea 5, p. 9 à 15
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