La Torca del Pozo Negro
et
la Torca de los Viejos Mendrugos

(CA 2 – n° 911 et CA 3 – n° 1685).

Développement : 980 m
Dénivellation : 296 m (-281 m ; +15 m)

Ces deux torcas, qui n’en font plus qu’une, occupent avec leur voisine la torca de la Tormenta une situation particulièrement favorable pour accéder aux galeries du Cueto voire de la Cayuela. Malheureusement, comme pour bien d’autres, cela ne s’est pas réalisé.

Mais à défaut d’une jonction très attendue, l’exploration a confirmé la présence d’un niveau de galeries fossiles à une altitude proche de 700 m. Ce phénomène avait déjà été révélé dans le réseau de Los Primos exploré par les spéléos de Santoña (AEMT) et cela nous apporte un éclairage nouveau sur la genèse du creusement des conduits dans la partie nord du massif

Deux entrées :
Torca del Pozo Negro (n° SGCAF : CA 2, n°SCD : 911)
x : 448,684 ; y : 4790,036 ; z : 775 m (Coordonnées UTM 30 T – ED 50 - GPS)
Torca de los Viejos Mendrugos (n° SGCAF : CA 3, n°SCD : 1685)
x : 448,698 ; y : 4790,036 ; z : 785 m (Coordonnées UTM 30 T – ED 50 - GPS)
Commune : Arredondo

Situation des torcas 911 (Pozo Negro) et 1685 (Viejos Mendrugos). La lande est bordée par une faille importante. Les affleurements à gauche mettent en évidence le pendage sur le flanc nord de l'anticlinal de Socueva.
Version plus grande

Le gros porche de la torca de los Viejos Mendrugos s'ouvre sur le flanc lapiazé d'une vaste doline herbeuse située entre Bucebrón et Buzulucueva, en contrebas du sentier reliant ces deux lieux-dits. L'entrée plus discrète du Pozo Negro s'ouvre dans la même doline, une vingtaine de mètres plus à l'ouest.
On peut y accéder par la piste de Buzulucueva que l'on quitte juste avant d'arriver aux premières dolines. De là, il faut effectuer une longue traversée vers le sud en évitant les lapiaz peu praticables. On peut aussi emprunter le sentier qui part de Bucebrón en direction de Buzulucueva jusqu’à un vallon herbeux qui rejoint la doline où s’ouvrent les différentes cavités.

Les deux torcas s'ouvrent le long d'une fracture et en bordure d'une grosse doline (sur la droite de la photo). Au fond, on distingue les prairies de Bucebrón.

Description

La torca de los Viejos Mendrugos

On accède au porche de la torca (10 m x 8 m) par une fracture qui entaille le lapiaz sur une vingtaine de mètres de longueur. Cette entrée, visible de loin, se prolonge par un puits de 13 m encombré au départ par de gros blocs formant un palier à -5 m. A cet endroit, la voûte est percée par deux orifices communiquant avec le lapiaz sus-jacent (entrées supérieures +15 m). Au bas du puits, on arrive dans une salle occupée par un éboulis et une grosse trémie revenant sous l'entrée. À quelques mètres du fond, sur un petit replat, un ressaut de quelques mètres se poursuit en profondeur par une diaclase étroite parcourue par un courant d'air aspirant. Mais la suite n'est pas ici et pour y accéder, il faut remonter le P.13 jusqu'au premier palier (gros blocs). De là une traversée à l'horizontal permet d'accéder à un beau méandre où un fort courant d'air aspirant se fait sentir.

Dans le P.17, à l'endroit où celui-ci se dédouble.

La zone de désobstruction

Celui-ci se déverse rapidement dans un puits de 17 m qui se dédouble à mi hauteur. Au bas, en continuant tout droit, après une descente de quelques mètres, on accède à un ressaut de quelques mètres également suivi d'une verticale de 30 m dont le sommet a été agrandi. Un dernier petit puits de 5 m termine cette branche où le courant d'air est quasi inexistant (-67 m).
En revenant au bas du P.17, en se glissant entre la paroi et des blocs (R.3), on atteint un méandre fossile étroit et sinueux où l'on retrouve le courant d'air. Après quelques virages bien marqués, on parvient au sommet d'un ressaut de 4 m au bas duquel ont commencé les gros travaux. Deux rétrécissements séparés par un ressaut ont été agrandis à grands renforts de pailles. Derrière le second, une rampe plus confortable mène à un puits de 10 m suivi d'un méandre entrecoupé de petits crans verticaux. À -61 m, la voûte s'abaisse brutalement. Le boyau qui fait suite a lui aussi été agrandi. Il débouche au sommet d'un petit puits de 3 m rapidement suivi d'un autre de 2 m également désobstrué. Un dernier à pic de 4 m termine la zone étroite à -70 m. En effet, le puits suivant (22 m) perce la voûte d'une belle galerie fossile (10 m x 12 m).

L'arrivée dans la galerie fossile (P.22).

La galerie fossile de -90 m

De là, 2 options s'offrent au visiteur : soit poursuivre la descente dans un puits de belles dimensions, soit rester à niveau en parcourant la galerie fossile.
Cette dernière, qui semble être un amont, se poursuit sensiblement à l'horizontale sur une quarantaine de mètres en conservant les mêmes proportions. Au niveau d'un virage à angle droit, elle remonte brusquement en se dirigeant vers l'est. Cette rampe, qu'il faut équiper, est entaillée par un profond méandre provenant de 2 puits remontants. Au sommet, l'un d'eux rejoint un puits de 20 m qui retombe dans la galerie fossile par l'intermédiaire d'un méandre latéral. Mais la suite logique du conduit fossile semble plutôt être sur la droite où un court passage a été désobstrué dans l'épais remplissage qui colmatait presqu'entièrement le passage.
Derrière, après un ressaut de 2 m, on parvient dans une petite salle en partie colmatée. Au sol, une diaclase très étroite (fracture) a pu être reconnue sur une petite dizaine de mètres de profondeur. La suite, guère plus large, nécessiterait quelques travaux, mais le courant d'air n'y est pas flagrant (-85 m).
Dans la partie horizontale de la galerie fossile on rencontre plusieurs puits. Le premier, à une vingtaine de mètres de la base du P.22, mesure 14 m et rejoint une salle bouchée par des éboulis à -110 m. Le second, plus discret s'ouvre juste sous la rampe et débute par un méandre rapidement barré par un ressaut de 3 m. Deux puits de 6 et 18 m lui font suite et aboutissent dans une salle colmatée par des éboulis et de l'argile (-134 m). Peu avant et légèrement en hauteur s'ouvre un troisième départ qui rejoint la base du puits de 20 m cité précédemment au sommet de la rampe.

La galerie fossile de -90 m.

Les puits et la jonction avec la torca del Pozo Negro

Ceux-ci démarrent à la base même du P.22, derrière un gros bloc. La première verticale (29 m) est surmontée de cheminées dont l'origine pourrait être liée au P.30 que l'on rencontre au début du gouffre (branche de -67 m). Elle se prolonge par un court méandre (R.3) qui se déverse dans un P.20, premier d'une série de puits qui vont s'enchaîner jusqu'à -230 m (P.47 et P.44). Au bas du dernier, le conduit a nettement pris de l'ampleur et la voûte se perd dans une succession de puits remontants. Sur la gauche, un méandre descend jusqu'à la lèvre impénétrable d'un puits sondé à une quinzaine de mètres (pas de courant d'air). En continuant tout droit, un éboulis descend jusqu'à -240 m et bouche entièrement le conduit. Il faut alors faire une escalade de 6 m pour retrouver un puits aux dimensions plus importantes (P.14). C'est ici qu'arrive le grand puits du pozo Negro (165 m), point de convergence des deux gouffres.
La suite se limite à un puits de 34 m dont le fond est entièrement colmaté par de l'argile. Seul un petit conduit horizontal, pénétrable sur un dizaine de mètres, permet d'observer le miroir d'une belle faille qui est à l'origine probable du grand puits de la torca del Pozo Negro. À 10 m du fond du P.34, un large palier ébouleux remonte jusqu'au sommet d'un puits parallèle de 10 m suivi d'un autre de 5 m entièrement colmaté (-281 m). Juste en face de ce palier, une autre lucarne rejoint des bases de puits sans suite.

La torca del Pozo Negro

L'entrée discrète de la torca
del Pozo Negro. Le marquage d'origine
du SGCAF est encore visible (CA2).

L'entrée (1, 2 x 0,8 m) donne accès à un goulet pentu qui rejoint un petit élargissement. Sur la droite, un passage élargi communique par un ressaut de 4 m avec un méandre (0,8 m x 3 m). L'amont est rapidement bouché par une trémie. L'aval, pentu et glissant débouche à -24 m au sommet d'un puits de 17 m. Sa base forme une salle prolongée par un second méandre où la progression est entrecoupée de passages étroits et de ressauts. Au bout d'une dizaine de mètres, on parvient au sommet d'un puits de 13 m. Le conduit est plus large et un autre puits se présente, profond de 165 m.

Quatre mètres sous la lèvre du puits, les parois s'écartent et la section atteint par endroit plus de 10 m de large. La descente plein vide se prolonge ainsi sur 55 m. À -125 m, le puits se dédouble sur une dizaine de mètres avant que l'on rencontre un vaste palier en pente, encombré d'éboulis (-145 m). La seconde partie du puits est presque cylindrique, mais moins vaste que la première.

Au bas (-230 m) un éboulis débouche au sommet du dernier puits (P.30) conduisant au point bas du gouffre à -260 m. C’est à l’aplomb de celui-ci qu’arrive la torca de los Viejos Mendrugos.

Contexte géologique

Les deux gouffres se situent sur la voûte de l'anticlinal de Socueva et dans une zone de fractures assez importantes. Ils se développent entièrement dans la masse urgonienne de Peña Lavalle-Bucebrón (niveaux 3-4).

Historique

1982

La torca del Pozo Negro (CA2) est découverte le 25 juillet 1982 par M. Mouronvalle et O. Schulz (S.G.C.A.F.) qui l'explorent jusqu'à -45. Le lendemain, les mêmes, accompagnés d'A. Emonts-Pohl et Ph. Morverand descendent jusqu'à -170 m (arrêt en bout de corde dans le grand puits). Le fond du gouffre est atteint le 27 juillet.
La torca de los Viejos Mendrugos (CA3) est également explorée pour la première fois en juillet 1982 par le SGCAF. Le puits d’entrée (13 m) est descendu et le gouffre est considéré comme terminé.

2011

En novembre 2011, lors d’une prospection du S.C.Dijon dans le secteur, l’entrée est pointée au GPS et un mouvement d’air sensible malgré la taille du porche attire l’attention de P. et S. Degouve qui aperçoivent une suite au sommet du P.13.

2012

Le 22 février 2012, le puits d’entrée est redescendu pour vérification. Au bas, une désobstruction dans un boyau se heurte sur une diaclase impénétrable avec un net courant d’air. Comme prévu, la suite est trouvée au sommet du P.13 après une courte traversée. Après la descente du P17, le méandre est reconnu jusqu’à une première étroiture à agrandir (P. et S. Degouve, J. Leroy). Le lendemain, la première étroiture est franchie, arrêt sur une seconde, tout aussi ponctuelle (P. et S. Degouve).
Le 27 février, la désobstruction se porte sur l’autre branche. Un puits de 30 m suivi d’un autre de 4 m est découvert mais le fond est bouché (P. et S. Degouve, G. Simonnot).
Le 29 février le chantier se reporte sur le méandre aspirant. Les étroitures de -33 m et de -37 m finissent par céder et après un petit puits de 10 m et quelques ressauts, il faut à nouveau ressortir le matériel de désobstruction pour franchir le boyau de -61 m. Arrêt, 4 m plus bas sur une nouvelle étroiture (P. et S. Degouve, G. Simonnot).

Deux "Vieux croûtons" au sommet du P.22 ; la perspective de grandes galeries les rend visiblement hilares.


7 novembre : L’étroiture de -65 m est franchie. Derrière, un petit puits de 4 m amène au bord d’un puits plus vaste dont le sommet doit être élargi. L’exploration s’arrête là faute de matériel (P. et S. Degouve, G. Simonnot).

2013

20 avril : Le P.22 est enfin descendu. La galerie fossile est rapidement explorée jusqu'au pied de la rampe et les puits sont descendus jusqu’à -140 m (G. Aranzabal, P. et S. Degouve, G. Simonnot).
30 avril : la météo exécrable ne permet pas de poursuivre la descente des puits. L’exploration se porte donc sur l’amont de la galerie fossile. La rampe est escaladée et l’étroiture qui suit est désobstruée. Parallèlement, la branche menant à -134 m est explorée (D. Boibessot, P. et S. Degouve, A. et Ch. Philippe, G. Simonnot).
27 juillet : Poursuite de l’exploration des puits. Après le terminus de -140 m, deux verticales de 47 et 44 m sont descendues (-230 m) et l’escalade de 6 m est réalisée. Suite au report topo, la jonction avec la torca del Pozo Negro est pressentie (P. et S. Degouve, B. Pernot).
3 août : La jonction est confirmée au bas d’un puits de 14 m faisant suite à l’escalade effectuée précédemment. Elle intervient au bas du grand puits du Pozo Negro, et à l’aplomb même du puits terminal (34 m). Celui-ci est redescendu et topographié (J. Argos, P. et S. Degouve, I. Expósito).
23 août : La cavité est déséquipée (P. et S. Degouve).

Bibliographie

- DEGOUVE, Patrick ; GUILLOT, Ludovic (2012) : Compte rendu chronologique des explorations - Porracolina 2012 (GSHP de Tarbes et S.C. Dijon), 51 pages
- DEGOUVE, Patrick ; GUILLOT, Ludovic ; TUAL, Yann (2011) : Explorations dans les monts Cantabriques (Espagne) - Activités spéléologiques du CAF d'Albertville - Année 2011
- MORVERAND, Philippe (1983) : Prospections des S.G.C.A.F. dans le massif de la Pena Lavalle - Scialet n°12, p.117
- MORVERAND, Philippe (1982) : La sima del Pozo Negro - Scialet n°11, p.114

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