Torca del Segador

(n°377)

Développement : 320 m
Dénivellation : -301 m

La torca del Segador s'ouvre au beau milieu de la lande herbeuse qui couvre le haut du flanc nord de l'alto de Pepiones. On y accède depuis Bucebron par un petit sentier qui évite par l'ouest, les lapiaz vigoureux de la garma de Bucebron. Une fois sur la lande, il faut traverser vers l'est et le GPS sera bien utile car de nombreuses autres ouvertures jalonnent la lande.

X = 448,03 ; Y = 4788,985 ; Z = 1015 m
Commune : Arredondo

L'entrée de la torca lors des explorations de mars 1986 (Eric Leglaye, Patrick Pouillot et Sandrine Degouve).

Description

L’entrée dans la lande herbeuse est plutôt discrète (4 x 1,5 m). Le courant d’air aspirant est très sensible en période estivale. Une première partie verticale est en fait une succession de ressauts dans le surcreusement d’une paroi. A –20 le puits (P.97) se prolonge derrière un goulet mais nous avons choisi une voie parallèle, spacieuse et moins exposée (P.72). A la base on remarque une toute petite arrivée d’eau sur des blocs concrétionnés. Le palier incliné est aussi la base du puits délaissé précédemment. Il mène directement sur la lèvre du grand puits (P.121 m) dont l’approche est rendue particulièrement dangereuse par les blocs en équilibre. Pour ne rien toucher nous avons du passer en vire sur la paroi de droite et déboucher sur le vide. Le puits se prolonge bien au dessus de nos têtes et la verticale dans son ensemble dépasse probablement les 150 m.

Vers -20 m, le puits d'entrée (P. 97) est délaissé au profit d'un
conduit parallèle mieux protégé des chutes de pierres (P.72).


La descente du puits s’effectue non loin de la paroi et les fractionnements sont possibles. Dans la première partie la section a la forme d’un haricot (8 x 5 m) et devient plus elliptique au bout de 70 m (10 x 6 m). A 30 m du fond la paroi s’écarte et la descente se termine plein vide. La base ébouleuse est de belles dimensions et semble correspondre à l’arrivée d’un autre puits parallèle. Le fait le plus remarquable est l’existence d’une circulation active non négligeable même en période estivale sèche. Un joli méandre très pentu (corde) est suivi de deux puits (P.4 et P.14). Ce système classique de méandre-puits se poursuit derrière l’étroiture qui commande le puits Bettina (P.20). Au bas on délaisse l’actif au profit d’une banquette du méandre remontant vers une fenêtre qui débouche sur un dernier P.15.

        

Au bas de la première verticale (cliché de droite), le conduit, encombré de blocs plonge dans un grand puits de 121 m de profondeur. Au delà, après un élargissement ponctuel, les parois se ressèrent pour former un méandre étroit entrecoupé de petites verticales (Cliché de droite : Sandrine Degouve dans le P4 arrosé).

Géologie, hydrologie

Le gouffre traverse la base des biocalcarénites de la Porra (niveau 6) sur une vingtaine de mètres pour définitivement s’enfoncer dans la puissante masse des calcaires de Bucebron (niveau 4).
A –220, au pied des verticales d’accès on recoupe une petite circulation d’eau semblant pérenne. Les galeries fossiles de la sima del Cueto passent encore plus de 300 m sous le terminus.

Historique

Le 4 avril 1985, l’entrée est repérée parmi de nombreux autres gouffres au cours d’une dernière prospection collective sur les landes de l’alto de Pepiones, après déséquipement de la torca del Turbon. Le lendemain le gouffre est exploré jusqu'à –97, au bord du grand puits (Degouve P., Torre, Simonnot).
24 juillet 1985 : nous venons de terminer l’exploration du Turbon (+-322) sur l’Alto de Porra et nous en profitons pour rééquiper le Segador dans la foulée. Patrick se charge d’équiper le P.121 avec un éclairage remarquable : électrique en panne et lampe à carbure plus que récalcitrante ; le piézo ponctuera la sortie de sa douce musique relayée par le bel échos du puits. Arrêt dans le méandre suivant sur puits à -240 (P. Degouve accompagné jusqu’à –100 par M. Barbier, J.M. Mollot, G. Simonnot).
28 juillet 1985 : après seulement deux nouvelles petites verticales toute la troupe s’entasse devant une très sévère étroiture dominant le puits suivant. Seul Guy passe, sans équipement, une corde autour de la taille. Heureusement, en dessous les dimensions du conduit permettent de se réharnacher. Arrêt 20 m plus bas sur un nouveau puits (cote –280, Barbier, Degouve P. et S., Dorey, Mollot, Simonnot).
31 mars 1986 : désobstruction de l’étroiture de –260 et poursuite de l’exploration (P.15 + début du méandre terminal) (P. et S. Degouve, Leglaye, Pouillot). Le lendemain une petite équipe essaie de forcer le méandre qui paraît impraticable (-301, Leglaye, Pouillot).

Bivouac hivernal en mars 1986. A cette époque, la Len de Pepiones s'atteint au prix de 3 h de marche depuis Bustablado.

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