Cueva de Bustalveinte
(n° 456)
Développement : 1500 m
Dénivellation : -138 m
La cueva de Bustalveinte fut la première cavité
d'envergure découverte sur ce versant du Fraile. Perchée une
centaine de mètre au-dessus des conduits amonts de la cueva Gándara,
elle occupe une place intermédiaire entre ces derniers et les grottes
situées dans les niveaux supérieurs de la série (cueva
del Jabato, cueva del Tercero Ojo etc...). Parcourue par un véritable
ruisseau et un courant d'air violent, elle doit, de toute évidence,
rejoindre le système de la Gándara. Mais à quel niveau
? cela est encore bien difficile à déterminer.
Situation et accès
Picon del Fraile - La cueva de Bustalveinte s'ouvre sur le
versant ouest du Picón del Fraile environ cent mètres au dessus
des cabanes du même nom.
L'entrée, insignifiante, est difficile à retrouver sur le dessus
d'un petit banc calcaire de 3 ou 4 mètres immédiatement dominé
par une imposante semelle de grés.
Les cabanes de Bustalveinte. Au fond, derrière
le col de Bustalveinte, un bon sentier rejoint le col de la Lunada. La grotte
s'ouvre à gauche sur le flanc du Fraile marqué par une alternance
de niveaux calcaires, de grès et de marnes.
(
Vue détaillée de la face nord-ouest
du Fraile.)
x = 447,558 ; y = 4782,023 ; z = 1315 m
Commune : Soba
Description
Au petit ressaut de l'entrée, succède une étroite
diaclase. Le jour de la découverte, un violent courant d'air aspirant
la balayait au point d'éteindre les lampes à acétylène.
Si cette violence est courante pour les grottes de la vallée qui sont
soufflantes, le fait est plus rare pour une cavité d'altitude dont
le courant d'air aspire. Suit une zone ébouleuse manifestement hachée
par les fractures. On quitte le calcaire pour les strates gréseuses
sous-jacentes. Un ressaut terreux et on débouche dans une belle galerie
puis un carrefour. A gauche, dans le prolongement, le spectaculaire cañon
des Filles, établi sur une fracture Nord 50, se termine sur un puits
ébouleux de 65 m (25 m + 38 m). A sa base on se retrouve dans des strates
pouvant correspondre aux galeries supérieures de la Gándara
(Galerie de l'Ami Blanc). A 15 m du fond du puits, une lucarne atteinte par
un pendule, n'a pas permis de rejoindre un éventuel conduit horizontal.
Le courant d'air soufflant qui parcourt le cañon des Filles provient
d'un petit affluent situé juste avant le puits. Celui-ci revient s'unir
au courant d'air chaud de l'entrée pour s'engouffrer à droite
dans le départ pentu de la galerie principale (20 m de l'entrée).
Le lit d'un ruisseau temporaire apparaît, provenant sur la droite d'un
laminoir incomplètement exploré (non topo). La galerie de belles
dimensions (5 x 4 m) prend une pente régulière (12 grades).
Elle est entièrement taillée dans les bancs de grés et
l'érosion a laissé des arches (les "ponts") qui ne
sont pas sans rappeler celles des réseaux de l'Hoyo Grande ou du Carrillo.
A 330 m de l'entrée, à une extrémité de la salle
Carrée, apparaît le premier filet d'eau pérenne, à
la Fontaine (côte -70 m). Cet endroit marque aussi le débouché
de la galerie affluente de la Fontaine. Par de petits boyaux, on peut remonter
dans un méandre supérieur établi dans le petit banc calcaire
de l'entrée qui apparaît donc à l'origine du creusement
de la cavité. Plus en amont, le plafond marneux s'est parfois effondré,
créant un autre type de galerie large et ébouleuse. L'orientation
générale sud est intrigante et positionne cet affluent profondément
sous le massif. Un courant d'air descendant existe mais aucune suite évidente
n'a été entrevue.
Depuis le confluent de la Fontaine, la galerie avale continue, seulement interrompue
par une cascatelle de 3 m qu'il convient d'équiper sur la gauche (cote
-77 m). Plus loin, la galerie se modifie et on doit progresser près
du plafond sur de grandes dalles effondrées. Le ruisselet réapparaît
pour former des marmites dans les grès à patine noire et donner
un caractère actif au conduit désormais débarrassé
de ses éboulis. Paradoxalement, c'est ici que les parois se recouvrent
de mondmilch qui, contrastant avec son support noir, fait de cet endroit un
des plus esthétiques de la grotte. Le courant d'air est particulièrement
sensible : environ 8 à 9 m 3/s aspirés en été
1988. Une nouvelle salle ébouleuse suit et derrière on retrouve
le cours actif, hélas, pour peu de temps. A 744 m de l'entrée
(cote -136 m) la galerie est barrée par une trémie. Nous avons
pu progresser d'une quinzaine de mètres en suivant l'eau jusqu'à
un passage bas, mais 5 mètres plus loin, le conduit butte sur à
nouveau sur des blocs. L'eau, le courant d'air, ... la suite sont là,
rien n'est évident mais rien n'est impossible : avis aux courageux
mais la désobstruction s'annonce coriace! Trois autres galeries parallèles
sèches butent elles aussi sur des éboulis ou des étroitures
à des cotes respectives de -134 et -138 m (770 m/entrée).
Géologie, hydrologie
La cavité se développe dans les calcaires de
base du Picón del Fraile correspondant apparemment au prolongement
vers le sud des calcaires de la Colina (niveau 10). Il paraît peu probable
que le ruisseau de Bustalveinte rejoigne rapidement le réseau de la
Gándara dont il constitue, de toute évidence, un affluent. La
connexion doit se faire plus loin en aval au profit d'une fracture ou d'une
modification de la stratigraphie, certains bancs gréseux disparaissant
presque totalement d'ouest en est.
L’orientation des galeries est guidée par des fractures N95°,
N50° et N20°, comme c'est le cas des principaux réseaux découverts
sous le Fraile.
Historique
1987
2 novembre : L'entrée est découverte
par le S.C.Dijon (S. Degouve et M.C. Hebert)
3 novembre : La galerie principale est descendue sur plus
de 600 m (P. et S. Degouve, A. et L . Guillon, G. Simonnot)
4 novembre : la même équipe explore les branches du
fond jusqu’aux trémies.
Au total pendant ces premières investigations ce sont 1300 m qui sont
explorés.
1988
18 juillet : Durant l'été, l'affluent
de la Fontaine, long de 187 m, est découvert. (P. et S. Degouve, Ch.
Durlet, G. Simonnot)
1991
28 octobre : Nouvelle descente dans le P.65
de la galerie des Filles. Un pendule est effectué pour atteindre une
galerie rapidement terminée par un méandre impénétrable.
(P. et S. Degouve, O. Monnot, M. Ravoux)
1995
17 juillet : Au fond de l’axe principal,
une étroiture au raz de l’eau est forcée mais l’exploration
bute plus loin sur une trémie très ventilée. Au même
endroit, en rive gauche, un boyau butant sur étroiture est découvert
(P. et S. Degouve).
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la topographie au 1/2000 (format A3) (205 ko) |
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