Cueva del Jabato

(n° 505)

Développement : 2100 m
Dénivellation : -301 m


Après la cueva de Bustalveinte, la cueva del Jabato est la seconde cavité d'envergure découverte sur le flanc nord-ouest du Fraile. La taille de ses galeries, le développement et la profondeur pouvaient laisser croire à un accès au réseau de la Gandara. En fait, ces cavités (cueva del Jabato, de las Abejas, del Tercero Ojo...)situées sur les strates supérieures du Fraile semblent se heurter à la dépression glaciaire de l'Hondojon et nous ignorons encore tout de leur connexion avec le réseau de la Gandara qui ressort à l'air libre 900 m plus bas.

Situation et accès

La grotte s'ouvre au pied de la série calcaire qui occupe le tiers supérieur de la face nord-ouest du Fraile. Pour y accèder, il faut laisser les voitures au col de la Lunada puis prendre le sentier de Bustalveinte jusqu'au col du même nom. De là, il faut essayer de gagner au mieux la barre calcaire où s'ouvre la grotte en montant en biais à partir du premier vallonnement qui se présente sur la droite. Grosso-modo, en comptant à partir de Bustalveinte, il s'agit de la 4° série calcaire bien visible sur la face. La grotte se situe en pied de barre juste avant un profond ravin facilement identifiable.

L'accès aux cavités les plus hautes du Fraile est déconseillé en hiver. Sur la photo, on distingue les installations militaires qui occupent désormais le sommet et au fond, le ravin qui coupe la face dans sa partie supérieure. L'accès à la cueva consiste à suivre sensiblement une ligne droite entre les personnages et cette fracture.
( Vue détaillée de la face nord-ouest du Fraile.)

x= 447,470 ; y= 4781,63 ; z= 1465 m
Commune : Soba

Description

Le porche (h=3m, l=2m) donne aussitôt accès à un laminoir d'une vingtaine de mètres de longueur. La suite prend la forme d'un méandre descendant suivant le pendage qui est de l'ordre d'une dizaine de degrés. A -65m, peu avant notre terminus de 1988, on rencontre un affluent en rive gauche qui provient d'un puits légèrement arrosé et qui apporte une part importante du courant d'air. La galerie se poursuit ensuite sans grand changement, si ce n'est la présence de quelques puits borgnes (3 à 4 mètres) formés par un petit actif qui a entaillé les grès sous-jacents.
A partir de -85, le conduit se divise ; du coup les proportions s'amenuisent, et les étroitures qui nous ont demandé quelques travaux, se font plus nombreuses. Dans ce secteur, il faut également noter la présence de curieuses concrétions excentriques ("Les Quéquettes noires") notamment dans les secteurs à fort courant d'air.

A -105m, et à 490m de l'entrée la galerie devenue boyau, recoupe un petit canyon (h=8m, l=4m) parcouru par un ruisselet serpentant sur les grès..
En amont (Galerie de la Danseuse), celui-ci à pu être remonté sur prés de 270m jusqu'à la base d'un puits estimé à une vingtaine de mètres (-59m). Le parcours y est assez aisé hormis l'escalade d'une cascatelle de 3m qui a surcreusé les grès au niveau d'une petite faille, et quelques étroitures "abrasives" avant notre terminus.
En aval la galerie prend de l'ampleur, et peut être parcourue sur plusieurs niveaux. Mais le plus simple est de suivre le ruisseau qui coule sur les grés sans toutefois les entailler. Sur les niveaux supérieurs, d'importants remplissages témoignent de la genèse de la cavité et mériteraient sans doute qu'on s'y attarde plus longuement.
A -115m, un affluent en rive gauche (affluent Parfumé) contribue à accroître de façon sensible, la section de la galerie. Celui-ci entièrement "fossile" a été remonté sur 85m jusqu'à des étroitures peu engageantes.
Une soixantaine de mètres plus loin, le canyon s'élargit, le sol est encombré d'éboulis qui masquent le ruisseau et les dimensions deviennent très attrayantes : 10 à 15 m de large pour 6 à 8 m de haut. Plusieurs affluents (rive droite) apportent leur contribution au réseau ainsi que de nombreux puits qui percent les voûtes à la manière d'un "emporte-pièce" et semblent remonter sur plusieurs dizaines de mètres. A cet endroit, la fracturation semble plus intense et ces puits de plus en plus nombreux en sont la conséquence. A -180 m et 91 0m de l'entrée, l'un d'eux coïncide avec un changement brutal de morphologie dû très certainement à la présence d'une faille transversale. Les dimensions sont alors plus modestes (h=3 m, l=2 m) et la galerie se développe presque intégralement dans les grès, entaillant même un niveau marneux qui favorise les soutirages d'où une progression en montagnes russes.
A 1200 m, un affluent situé en rive gauche et devenant très étroit a pu être remonté sur 80 m. C'est également dans ce secteur que le pendage devient plus fort (12 à 14 degrés). La galerie est plus accidentée, les éboulis plus gênants et pourtant le courant d'air aspirant redouble de violence (10 à 15 m3/s). A 1350 m de l'entrée (-247 m), une trémie ébouleuse oblige à emprunter un étroit méandre de voûte élargi par endroit au marteau. Vingt cinq mètres de reptation aboutissent finalement au sommet du seul puits de la cavité (P.18) qui rejoint la galerie perdue auparavant. Au sol, le ruisseau a creusé un chenal étroit et sinueux qui s'enfonce de plusieurs mètres dans des grès patinés.
A -274 m, actif et fossile se séparent définitivement, emportant avec eux une part sensiblement égale du courant d'air. Le fond est proche et dans les deux cas, c'est une trémie infranchissable qui interdit la poursuite de l'exploration. Le ruisseau se perd à -301 m (1550 m de l'entrée) sous un amas de blocs et de galets, quant au fossile, il semble littéralement se démanteler dans un chaos inextricable, étagé sur une bonne dizaine de mètres (1515 m de l'entrée).
Le courant d'air, quant à lui, fait fi de cet accident et disparaît définitivement, affectant très sérieusement le moral des explorateurs qui se voyaient déjà dans l'antichambre du collecteur de la Gandara.

Géologie, hydrologie

La cueva del Jabato ne présente pas de différence notable avec ses voisines du versant de Bustalveinte (Cueva de Bustalveinte, de las Banas, de las Abejas etc...). Elle s'est formée au profit de la grande fracture qui entaille ce versant du Fraile et qui est identifiable par la présence d'un ravin très marqué (fig.2). Il en résulte une orientation unique (Est-Ouest) qui permet au réseau d'afficher une extension de 1380 m pour un cheminement de 1550 m jusqu'à la trémie de -301 m. Celle-ci correspond en surface, au flanc Ouest de l'Ojon et se situe à une centaine de mètres de profondeur. Avec le même pendage,et en prolongeant fictivement le réseau sur la carte, on s'aperçoit qu'il aurait du être décapité par le fond du vallon glaciaire. Qu'en est-il exactement, et que deviennent les autres cavités de Bustalveinte lorsqu'elles arrivent sous les pentes de l'Ojon? Dans l'état actuel de nos connaissances, il est décidément bien difficile d'imaginer la morphologie des drains karstiques entre le fond de ces cuevas et les amonts de la rivière de la Gandara.

Historique

Août 1988 : La grotte est découverte au cours d’une prospection systématique qui rassemble une forte équipe du S.C.Dijon. Elle est explorée et topographiée dans la foulée sur un peu plus de 300 m jusqu’à un passage étroit mais pénétrable et ventilé (galerie des Zigounettes) (P. et S. Degouve).
27 juillet 1991 : l’exploration de la galerie des Zigounettes est poursuivie et permet d’accéder à la galerie du Fraile, beaucoup plus spacieuse. Ce jour là, A. Bert, P. et S. Degouve et D. Lefebvre topographient 910 m de nouveaux conduits et s’arrêtent sur rien…
29 juillet 1991 : La même équipé renforcée par B. Pernot et G. Simonnot prolonge la galerie du Fraile jusqu’à la trémie de –301 m. Plusieurs affluents sont reconnus (500 m topo).

< télécharger la topographie au 1/2000 (format A1) (1525 ko)


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