(n°691)
Développement : 2545 m
Dénivellation : -333 m
La torca del Requiem de las Motas fait partie des nombreuses cavités
du pourtour du Fraile. Mis à part le réseau de la Gandara, c'est
le gouffre le plus profond du secteur, et également celui situé
le plus au nord. Son exploration, entachée par un grave accident, n'a
pas permis de rejoindre le réseau de la Gandara dont il est sans doute
l'un des multiples maillons.
x = 448,165 ; y = 4782,015 ; z = 1363 m
Commune : Soba
La cavité débute par une courte galerie aboutissant au sommet d’un puits de 45 m creusé à la faveur d’une fracture bien marquée. Sa base est occupée par de gros blocs qui masquent le départ de la galerie aval. Du côté de l’amont, un méandre devenant impénétrable recoupe une cheminée sans grand intérêt. Au bas de la corde du puits d’entrée, en se glissant entre les blocs on rejoint, quelques mètres plus bas, une galerie descendante (2 x 2 m) parcourue par un violent courant d’air aspirant. Une courte reptation amène au bord d’un ressaut que l’on franchit en vire. Ce dernier correspond à un niveau inférieur étroit et partiellement colmaté que l’on recoupe en plusieurs endroits (entonnoirs). A environ 200 m de la base des puits, la galerie aboutit sur le côté d’une salle formée par plusieurs bases de puits coalescents. De gros blocs jonchent le sol, mais au-delà, la galerie reprend sa direction initiale (plein est). Quatre vingt plus loin, un nouveau carrefour se présente, mais cette fois-ci, la galerie recoupée adopte des dimensions pour le moins importantes : 30 à 40 m de large pour une bonne dizaine de mètres de hauteur. Le sol est chaotique et les parois sombres ne permettent pas bien de discerner les contours de cette salle. Sur la gauche, au même niveau que la galerie d’accès, un conduit rempli de galets et s’abaissant progressivement permet de contourner la partie la plus chaotique de cette salle qui s’avère être l’amont d’une sorte de collecteur fossile (Galerie del Altoba)que l’on va suivre jusqu’à la profondeur de 295 m.
La direction du conduit n’a pas varié, seules
les mensurations changent. La galerie suit le pendage de façon imperturbable,
et la difficulté de progression n’est due qu’aux blocs
qui jonchent le sol et necessitent de chercher son cheminement.
A -150 m, après avoir franchi un epais remplissage qui nous ramène
près de la voûte, un nouveau carrefour se présente. Il
est dû à un conduit venant du nord, mais rapidement colmaté
par des blocs. La progression est désormais plus sereine car les gros
blocs ont cèdé la place à un remplissage plus fin, mais
le profil en montagnes russes reste de mise. Plusieurs arrivées d’eau
(cheminées) recoupent la galerie et annoncent la présence probable
d’un conduit inférieur plus jeune.Vers –200 m, au niveau
d’une chicane bien marquée, un surcreusement dans le remplissage
doit être contourné sur la gauche par une vire. Quelques mètres
plus loin, il est nécessaire de descendre au fond de la galerie (ressaut
de 4 mètres) pour remonter presqu’aussitôt au sommet du
remplissage par une escalade douteuse de 7 m. Une vingtaine de mètres
plus loin, après avoir descendu un talus ébouleux, il faut à
nouveau gravir un ressaut de 4 mètres. Désormais, la galerie
est percée de multiples entonnoirs dûs à une galerie sous-jacente
qui double le conduit principal et que l’on peut emprunter parfois pour
éviter les incessantes montées et descentes. A 1150 m de l’entrée
(-250 m), le conduit tourne brusquement à droite. Il faut alors se
glisser entre des blocs pour rejoindre, vingt mètres plus loin, le
bord d’un puits de 5 m creusé dans les grès. Un petit
actif s’écoule à ce niveau. Et la morphologie change du
tout au tout. Rapidement, il faut abandonner l’actif pour emprunter
une galerie fossile (3 x 4 m) dans laquelle nous avions installé notre
bivouac (galerie de la Guillotine).
A partir de ce point, la galerie marque un virage à
angle droit en se dirigeant plein nord, c’est à dire, perpendiculairement
au sens du pendage. Au bout d’une trentaine de mètres, on retrouve
le ruisseau cité précédemment. Celui-ci se perd dans
un conduit très étroit qu’il faut court-cicuiter par une
galerie supérieure creusée à la faveur de grandes dalles
effondrées. Puis on retrouve le ruisseau dans une galerie grèseuse
de petites dimensions. Après un élargissement ponctuel (4 m
x 2 m) le conduit devient plus argileux sur environ 70 m de long jusqu’à
un petit ressaut surplombant de 3 m de hauteur.
De nouveau, les dimensions redeviennent plus importantes (4 x 3 m). En suivant
le cours du ruisseau, on atteint au bout d’une trentaine de mètres
(-310 m) la bordure d’un vaste puits profond de 22 m (Puits et salle
du Fontis).
La galerie de la Guillotine : le ruisseau s'écoule en travers du pendage, dans l'interstrate entre grès et calcaires.
En descendant sur le côté gauche du puits, on
prend pied, 7 m plus bas sur une large vire qui permet de contourner le puits
(main courante) et d’accèder à la salle du Fontis (50
m x 40 m). Elle est bouchée de toute part et occupée en son
centre par un dome d’éboulis. Il est plus commode de gagner le
fond du P22 depuis cette salle (P.11)car on évite le niveau grèseux
peu propice aux équipements.
Le bas du puits est ébouleux, mais en paroi est, une galerie basse
rejoint le lit du ruisseau. Le courant d’air est faible, et les proportions
s’amenuisente plus en plus. L’exploration s’est arrêtée
à – 333 m sur un passage bas et humide.
On accède à cet affluent majeur par un petit
boyau situé juste en face du ressaut de 3 m, au débouché
de la galerie de la Guillotine. Le courant d’air tantot aspirant, tantot
soufflant, indique le passage. Une vingtaine de mètres plus loin, on
se redresse dans une belle galerie (6 m x 3 m) qui remonte le pendage en direction
de l’ouest, c’est à dire parallèlement aux galeries
d’entrée. A droite (aval), le conduit est encombré de
blocs effondrés, mais en se faufilant entre ceux-ci, il est possible
de rejoindre, en balcon, le sommet du puits du Fontis.
En amont, la galerie prend de l’ampleur (15 à 20 m de large)
et le sol est perçé de nombreux entonnoirs et puits qui rejoignent
des niveaux actifs qui seraient à revoir. L’un d’eux provient
d’un affluent situé en rive droite et qu’il est possible
de remonter sur plus de 100 m jusqu’à une trémie soufflante.
A partir de cette confluence, les dimensions du conduit principal diminuent
sensiblement. Soixante mètres plus loin, la galerie se dédouble.
En bas, elle se prolonge par un méandre aux parois instables et buttant
assez rapidement sur une trémie. Au-dessus, après un court ressaut,
on atteint un puits ébouleux communiquant avec la galerie précédente.
En face, la galerie se poursuit mais ne peut être atteinte qu’au
prix d’une traversée dans une roche douteuse qui nous valu un
grave accident en 1996. Au-delà, la galerie redevient spacieuse (8
m x 10 m) mais, au bout d’une petite centaine de mètres, on se
heurte à la base d’un puits remontant d’où semble
provenir la majeure partie du courant d’air (-261 m ; 1875 m de l’entrée)
Le bivouac de 1995 (Guy Simonnot et Sandrine Degouve). En arrière plan, on distingue bien l'interstrate entre les grès, à peine entamés par le ruisseau et les calcaires (en haut de la photo).
Remarque sur les courants d’air :
Le fort courant d’air aspirant que l’on trouve à l’entrée et qui nous laissait esperer d’importants prolongements remonte en grande partie la galerie du Carton pour ressortir probablement sous le col de los Pozos, dans l’un des nombreux trous souffleurs répertoriés dans ce secteur. Une autre partie beaucoup plus faible du courant d’air semble se diriger vers l’aval dans les boyaux grèseux. La découverte des prolongements dans la torca la Sima, nous incite à revoir de façon plus méticuleuse ces conduits.
Comme toutes les cavités du Picon, la torca del Requiem se développe dans une alternance de calcaire (puits d’entrée et sommet de la plupart des galeries) et de grès (niveau des actifs). Elle suit régulièrement le pendage, profitant d’une série de fractures est-ouest qui lui donnent cette morphoplogie si rectiligne. L’actuel terminus aval des explorations butte sur des passages étroits correspondant à l’enfouissement du réseau dans les grès. En surface, ces terminus se situent sur les flancs de l’Ojon et il est une fois de plus difficile d’apprécier l’influence de cette vallée glaciaire sur l’organisation du réseau souterrain.
30 octobre 1993 : Le gouffre est retrouvé
au cours d’une prospection sur le flanc nord du Picon. La présence
d’un spit ainsi que d’anciennes trâces de peinture indiquent
que le gouffre était déjà connu (ARES ou STD Madrid ?).
Au bas du puits, une galerie semble se prolonger. (O. Monnot accompagné
de B. Cordebarre, J. F. Decorse, P. et S. Degouve, G. Simonnot).
21 juillet 1995 : Nouvelle visite à la torca. La galerie
s’avère beaucoup plus grosse que prévue et il paraît
même inconcevable que nos prédécesseurs n’aient
pas vu la suite. 645 m sont topographiés dans la foulée. Arrêt
sur rien ! (P. et S. Degouve)
23 juillet 1995 : L’exploration est poursuivie sur
950 m jusqu’au puits du Fontis. (P. et S. Degouve, A. Guillon)
23, 24 et 25 octobre 1995 : Pour pousser plus loin l’exploration
nous décidons de bivouaquer dans le gouffre, au début de la
galerie de la Guillotine. Le premier jour, nous acheminons le matériel
et explorons le puits et la salle du Fontis.
Le jour suivant, nous explorons la galerie du Carton et c’est au retour
que survient un accident, dans le franchissement d’une vire. Au passage
de S. Degouve, un pan de la paroi se détache et la blesse gravement.
Un secours est déclenché et va durer plus de 22 h00.
Du coup, l’exploration du gouffre restera en suspens durant près
de 3 ans… (P. et S. Degouve, G. Simonnot)
Le bivouac de 1995, au début de la galerie de la Guillotine : Guy au réveil...
8 août 1998 : La galerie du Carton et son affluent rive droite sont topographiés. L’aval de ce dernier est exploré jusqu’à des passages aquatiques mais où un courant d’air sensible se fait sentir. Pendant ce temps, une autre équipe topographie les diverticules situés dans la galerie Altoba. (P. et S. Degouve, Ch. et P. Durlet, L. Guillot, N. Pouillot, G. Simonnot, P. Sologny)
< télécharger l'article "de l'autre côté de la civière" sur l'accident de 1995 (extrait du bulletin Sous le Plancher 1996 n°11) |