Red Peña del Trillo - Tramasquera

(n°599)

Développement : 19 300 m
Dénivellation : 436 m (-433 m ; +3 m)

La description ci-après est essentiellement extraite de l’article de Roberto F. Garcia Gómez et M. Luz Hernando paru dans la revue Cubía et d’informations tirées du site web du G.E.Edelweiss.
Le blog Valnera et la galerie de photos espeleofoto permettent d’admirer les remarquables photos réalisées par R. F. Garcia Gomez dans ce grand réseau souterrain.

Le réseau possède 3 entrées :
- Torca de la Peña del Trillo ou L.31 (Lusa 31)
Commune : Soba
X = 451,18 ; Y = 4779,25 ; Z = 1293 m
- Torca CT.3 (canal de la Torca 3)
Commune : Soba
X = 451,29 ; Y = 4779,475 ; Z = 1157 m
- Cueva Los Lagos
Commune : Espinosa de los Monteros
X = 450,020 ; Y = 4.779,336 ; Z = 1212 m

La Tramasquera au premier plan, devant la peña Lusa et plus loin, le picòn del fraile
(Les commentaires apparaîssent en survolant l'image avec le pointeur.)

Depuis le village de La Gándara on emprunte la route qui monte au Portillo de la Sia. Aux environs du km 17,3 un chemin permet l’accès aux cabanes de la dépression de Zucia (accès commun pour la cueva del Lobo). Les entrées L.31 et CT.3 s’ouvrent dans le ravin qui borde le flanc nord de la Peña del Trillo. Il faut, depuis Zucia, environ 30 min pour monter au CT.3 dont le puits d’entrée est dans un lapiaz avec des arbres. Le L.31 s’ouvre 136 m plus haut que le CT.3. Son entrée est un petit conduit circulaire exhalant un fort courant d’air en été, ouvert dans un renfoncement de la paroi de la Peña del Trillo.

 

L'entrée du L.31 à gauche et celle du CT 3 à droite (photo : Roberto F. García - espeleofoto.com)
Les autres photos de Roberto ici.

Description

Le réseau se développe sur trois niveaux nettement différenciés selon la profondeur : les puits, les galeries inactives avec les grandes salles et les actifs.

Les puits de la Torca de la Peña del Trillo

La torca L.31

Le premier tronçon horizontal du L.31 rejoint rapidement un chapelet de petits puits, débutant par des passages étroits et désagréables. Suit un P.51 et, après « Las Rampas », on atteint le puits majeur du réseau de 71 m avec à sa base la salle del Trillo (40 x 60 m) située au cœur de la pyramide calcaire de la Peña del Trillo. A partir de là on peut rejoindre la galerie del « Murcielago con Rabo » (Chauve-souris à queue) à -358 (premier point de jonction avec le CT.3) et la galerie fossile à -325 découverte par les spéléologues français qui y avaient établi un bivouac.

Dans les puits de la Peña del Trillo (photo : Roberto F. García - espeleofoto.com)
Les autres photos de Roberto ici.

La torca CT.3

Le gouffre CT.3 commence par un P.18 qui se scinde à la base. Une désobstruction mène au réseau ouest suivi par une série de puits actifs qui réagissent à la moindre pluie. On atteint la salle « Metro a Metro » puis un conduit colmaté à -314. A la base du P.18 l’autre branche est d’un parcours plus aisé avec comme seuls obstacle une chatière et une escalade de 3 m. La descente se fait ensuite dans des petits puits qui entrecoupent un grand méandre terminé par un P.50 (pozo del Castillo). A partir de là on peut atteindre le siphon terminal à -433 ou la salle del Malagueno à -326. Celle-ci est un carrefour obligatoire pour accéder à la suite du réseau.

Les galeries inactives

Une fois franchies les parties verticales du L.31 ou du CT.3, la morphologie change. Les salles et les larges galeries forment un dédale d’étages intermédiaires, parsemés d’éboulis clastiques et de sédiments argileux. La progression est rendue difficile par les effondrements et les petits ressauts qui créent des montagnes russes.

Galerie de la Manzana (photo : Roberto F. García - espeleofoto.com)
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Les plus gros volumes du réseau se trouvent dans cette partie intermédiaire en particulier le Canon R.G. et la Galerie Fossile mais aussi les grandes salles (Trillo et sin Nombre).

Les actifs

Moins de trente mètres sous le précédent niveau on retrouve le niveau actif.
Sept affluents vont se regrouper tout au long de la cavité pour ne plus former qu’un cours d’eau en aval. Ces actifs circulent sur un lit rendu sombre par la patine des grès et, comme d’habitude dans la région, particulièrement glissant. C’est en partant vers l’aval à partir de la Salle Malagüeno que l’on rencontre les plus grosses sections de ce niveau. La large galerie, entrecoupée de petites cascades s’interrompt à - 433 sur un passage totalement impénétrable mettant fin aux espoirs ; en crue les dimensions du conduit ne permettent pas l’évacuation totale du débit et un lac temporaire peut se former.
En remontant vers l’amont, toujours à partir de la Salle Malagüeno se présente rapidement un secteur parsemé d’étroitures en partie inondées. C’est ici que les premiers explorateurs avaient renoncé à progresser plus vers l’ouest. Ce n’est qu’au bout d’une centaine de mètres que les dimensions redeviennent humaines au débouché de l’affluent de los Huesos (des Os) à la cote -335. Maintenant il n’est plus nécessaire de parcourir ce difficile périple puisqu’un niveau fossile arrive à ce niveau de l’affluent et d’autre part une cheminée, le puits Enlace (Liaison) mène à la Galerie Fossile et au Canon R.G. en quelques minutes.
En poursuivant vers l’amont principal l’accès à la bifurcation de la galerie del Aren est rapide mais ensuite la progression est ralentie par la cascade de Barro (de Glaise). Après le franchissement de deux nouvelles étroitures on pénètre dans une galerie établie sur un joint de stratification au contact des calcaires et des grès, et formant un large laminoir. Une diaclase perpendiculaire fait que la progression n’est pas complètement un calvaire jusqu’au point 100 mais c’est cependant une série de laminoirs et d’étroitures, agrémentés de boue, de galets et d’eau, qui conduisent à la fameuse galerie « Lunada ».
Si on continue par le conduit actif principal on remonte la galerie « Rio Burgos » jusqu’à un passage impénétrable à -111.
La galerie « Lunada » est très spacieuse, concrétionnée et son parcours relativement facile s’étend sur plus d’un kilomètre avec d’amples passages supérieurs. Cette galerie est surtout l’accès vers l’entrée ouest du réseau, la cueva de Los Lagos.


La rivière à -350 m (photo : Roberto F. García - espeleofoto.com)
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Géologie, hydrologie

La Peña del Trillo a, dans le chaînon calcaire de Peña Lusa, une allure caractéristique de pyramide à base grossièrement triangulaire, limitée par des failles bien visibles. Ce môle calcaire est une accumulation de lentilles d’origine récifale (mud-mounds) avec ses spectaculaires capping-beds, le tout reposant sur une base marno-calcaire et gréseuse.
Plus à l’ouest, au niveau de La Tramasquera, les dépôts passent à des calcaires de plateforme interne parmi lesquels s’intercalent des niveaux marneux ou gréseux.

Version plus grande.


Les puits et les galeries inactives se développent dans les lentilles calcaires du niveau 16 (calcaires de Peña Lusa). Le substratum de base est représenté par les grès de la Brenia (niveau 14) et les marno-calcaires de Valcaba, (niveau 15) (voir aussi contexte général). C’est sur ces niveaux que coulent les 7 cours d’eau qui jalonnent le niveau actif profond. Le pendage général vers le sud-est, couplé à des séries de fractures ouest/est ou ouest –sud-ouest/ est-nord-est, oriente les écoulements vers l’est de façon très comparable à ce qu’on observe dans les cavités voisines, cueva del Lobo ou cueva de los Gorgullones.

La galerie de la Lunada (photo : Roberto F. García - espeleofoto.com)
Les autres photos de Roberto ici.

Le débit des actifs est régulier pendant une grande partie de l’année, augmentant seulement de façon spectaculaire au moment de la fonte des neiges ou de certains orages. Le problème de l’exutoire du réseau est le même que pour les cavités voisines (voir hydrologie générale de Peña Lusa). L’émergence du réseau reste pour l’heure inconnue.

Topographie simplifiée du réseau (vue plus grande)

Historique

Toutes les informations, en particulier des précisions sur les noms des explorateurs, seront les bienvenues !

1979

En août les groupes français G.S.Lombrics de Lille et S.C.Paris repèrent l’entrée supérieure L.31 et commencent l’exploration jusqu’à -200.
En décembre de la même année, à l’invitation de J.P. Combredet, des membres du STD Madrid participent aux explorations. Le puits de 71 m donnant accès à la salle del Trillo est descendu.

1980

Les Lillois descendent quatre petits puits, découvrent un torrent souterrain et atteignent le point bas du réseau à -433 (coté -440 à l’époque). Le développement monte à 1453 m.

1981

L’équipe française parcourt des galeries latérales fossiles et porte le développement à 1819 m. Cette année sera celle de leurs dernières explorations sur le secteur de Peña Lusa.

1990

En juin une autre entrée est découverte par le STD Madrid avec la participation du G.E. Rivas (Rivas Vaciamadrid), la CT.3 qui permet un accès plus commode.

1991

Le groupe G.E. Edelweiss (Burgos) se joint au deux précédents et la topographie de la cavité passe à 5838 m.

1992-1993

Le G.E. Edelweiss de Burgos reprend les explorations de la rivière souterraine vers l’ouest. A la fin de 1993 le développement topographié s’élève à 8246 m.

1995

En octobre le GEE et le GE Rivas-Vaciamadrid entreprennent une collaboration pour une exploration désormais régulière avec l’aide de membres du STD.

1997

En mai le développement dépasse les 12 km et les possibilités de continuation restent prometteuses.

1998

Fin 98 le réseau totalise 15,2 km. Côté ouest, à l’extérieur, les premiers travaux de désobstruction commencent dans l’espoir de jonctionner avec les amonts et la galerie Lunada.

1999

L’événement majeur de l’année est évidemment l’ouverture de la cueva de Los Lagos le 11 octobre après un très long labeur.. L’exploration d’annexes dans la galerie Rio Burgos portent la cavité à 16 km.

Désobstruction de l'entrée de la cueva de los Lagos (photo : Roberto F. García - espeleofoto.com)
Les autres photos de Roberto ici.

2000

Les trois groupes collaborent et la topographie de galeries près de la cueva de Los Lagos élève le développement à 17 km.

2001

Les 18,5 km sont atteints avec des explorations dans le secteur du L.31, CT 3, rio Burgos et Red Norte

2002

Les travaux sont principalement centrés sur des galeries près de l’accès CT 3. Une escalade de 30 m est réalisée en tête du P.50 del Castillo et une désobstruction a lieu dans l’éboulis final de la galerie « Murcielago con Rabo » qui est le point le plus oriental du réseau. Côté Los Lagos quelques galeries annexes sont parcourues et la galerie « Lunada » est revue. Les explorateurs annoncent 19,3 km.

Bibliographie

- GARCIA GÓMEZ, Roberto F., HERNANDO, Ma Luz (1999) : Sistema Peña del Trillo – La Tramasquera (L. 31 – CT.3) – Cubia n°1 – septiembre 1999
- GARCIA GÓMEZ, Roberto F. (2000) : Cueva de los Lagos – Cubia – Boletin n°2 – octubre 2000
- MARTÍN MERINO, Miguel Angel (2003) : Memoria de actividades 2002 – Cubia n°6 – junio 2003
- GARCIA F GÓMEZ, Roberto (2000) : Dos valles unidos por una red subterraánea ; Subterránea n°13, abril 2000, p. 43
- DÉGRILLASSE, Jean-Louis ; RAFFIN, Philippe ; TELLIER, Jean-Luc (1979) : Compte rendu 1979 du G.S. Lombrics de Lille


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