Torca del Sirocco

(n°601)

Développement : 180 m
Dénivellation : -109 m

La torca del Sirocco réunissait tous les atouts pour constituer un accès aux parties encore inconnues du système de la Gandara : une situation idéale par rapport au collecteur sud du réseau, juste au contact entre les grès et les calcaires et surtout un courant d'air digne des plus grandes traversées du massif. Cela a donc justifié toute l'énergie déployée pour agrandir les nombreux passages étroits qui se sont succedés jusqu'à -40 m. Malheureusement, à la place des beaux conduits karstiques tant attendues, nous ne sommes pas parvenus à sortir des fractures fréquentes dans ce secteurs et probablement dues à une dislocation du massif.

Situation et accès

x : 449,701 ; y : 4779,635 ; z : 1275 m (Coordonnées UTM 30 T – ED 50 - GPS)
Commune : Espinosa de los Monteros

L'entrée s'ouvre sur le versant Sud-Ouest de la Pena Lusa à la limite de la forêt et de la lande gréseuse, dans une zone de dolines en bordure du vallon qui descend du Portillo de las Escalerucas.

entrée601

L'entrée de la torca, le muret à gauche laisse imaginer l'ampleur des travaux qui ont débuté dés l'entrée.

Description

La cavité débute par un étroit méandre qu'il a fallu agrandir pour passer. Tout droit et en restant à hauteur de l'entrée, celui-ci prend la forme d'une diaclase un peu plus large et encombrée de blocs. Mais au bout d'une quinzaine de mètres, les parois se resserrent et le conduit n'est plus pénétrable (R.2 à 3 mètres). La suite a été découverte juste à l'entrée où un ressaut de 2 m a été ouvert, suivi de près par un P.6 plus ample et mieux formé. Au-delà, une succession d'élargissements et de ressauts sont séparés par des rétrécissements qui ont tous fait l'objet de travaux parfois importants. Au bas du P.6, le conduit descendant mène à une étroiture précédant un petit puits de 5 m encombré de gros blocs menaçants coincés entre les parois. La diaclase qui suit, après plusieurs coudes marqués, amène à un ressaut de 4 mètres, humide et étroit. Ici, le courant d'air, toujours présent, a perdu un peu de son intensité en se divisant dans les différentes fractures croisées depuis la base du P.5.

R4

Au sommet du R.4 humide (-28 m) avant son élargissement.

Au bas du ressaut, une étroite diaclase percée d'un R.3 permet de rejoindre un élargissement surmonté de blocs inquiétants (-32 m). Avec les précautions qu'inspirent la précarité de l'édifice, il faut se glisser sous ces deniers pour accéder à une fracture perpendiculaire beaucoup plus vaste (Grande Fracture). A droite, on peut la suivre sur une vingtaine de mètres jusqu'à ce qu'elle devienne difficilement pénétrable (-40 m). En revanche, au début de cette fracture, l'orifice d'un puits a été ouvert, donnant accès à sa partie basse. Celle-ci conserve la même largeur qui n'excède rarement le mètre, mais elle se prolonge en profondeur sur environ 60 m. La descente sur corde pour les 50 premiers mètres est entrecoupée de quelques paliers formés par des blocs coincés entre les parois. Plus bas, les éboulis se font plus importants et obligent à se décaler vers le sud. Vers -90 m après avoir descendu quelques ressauts étroits, un ultime puits de 12 m marque le fond du gouffre. Le courant d'air quant à lui, semble disparaître et se délayer sur toute la hauteur de la fracture. Aux points extrêmes, celle-ci est strictement impénétrable sans travaux. Ceux-ci, compte tenu de la morphologie du conduit, semblent assez illusoires.

P50av  P50ap

Le P.50 avant son ouverture et un peu plus tard, lors de son exploration.

Climatologie

La cueva del Sirocco doit son nom au très violent courant d'air aspirant qui reste soutenu tout au long de l'année. En hiver, par grand froid, il s'inverse en conservant son intensité. En été, celui-ci a été estimé à plus d'1 m3/seconde (mesure anémomètre). Il disparaît dans la grande Fracture terminale qui, potentiellement pourrait recouper des conduits karstiques, mais à quelle distance de nos terminus ?

Géologie, hydrologie

La cavité s'ouvre juste en dessous des grés de la Brena (niveau 13). La première partie, jusqu'à -40 m se développe dans une alternance de grès et de calcarénites. Le puits terminal est entièrement creusé dans les calcaires du Fraile. Contrairement à la torca de las Colinas de la Tramasquera (n°1749) on ne rencontre pas ici de conduits purement karstiques. Il s'agit principalement de fractures qui semblent plutôt d'origine mécanique et liées à la dislocation du massif. Le même type de cavité se rencontre également un peu plus haut, sur la croupe sommitale de la peña Lusa. Cependant, une relation avec des drainages liées au réseau de la Gándara reste possible, ce qui expliquerait l'intensité du courant d'air. Dans ce cas, et par analogie avec la torca 1749, elle pourrait avoir lieu quelques dizaines de mètres en contrebas des terminus actuels.

Historique

L'entrée du méandre est découverte par le SCD le 16 juillet 1991 (A. Bert, P. Degouve, F. Jovignot, D. Lefebvre, V. Millet, M. Simonnot). Elle été remarquée plus tard par le G.E.E.. Elle n'est retrouvée qu'en juillet 2013 par le S.C.D. qui commence la désobstruction (P. et S. Degouve). Mais la suite n'est vraiment pas évidente et il faudra attendre 2016 pour que de véritables travaux soient entrepris.

2016

Le 19 juillet : la disparition du courant d'air est localisée dans la première partie de la diaclase. La désobstruction se concentre alors sur des interstices s'ouvrant au sol, juste sous l'entrée (P. et S. Degouve, A. Fuentes).
21 juillet : le R.2 est ouvert, et les cailloux tombent dans un puits plus vaste (P. et S. Degouve).
25 juillet : le P.6 est descendu la désobstruction reprend au bas, mais aucune suite ne paraît évidente. (P. et S. Degouve, J. et P. Noyes).
11 août : les deux passages étroits menant au P.5 sont forcés. Celui-ci est descendu, arrêt sur une diaclase étroite, mais une suite est visible. (P. et S. Degouve, J. N. Outhier, B. Pernot).
22 août : La diaclase est franchie, arrêt au-dessus du R.4 qu'il faut encore agrandir (P. et S. Degouve, G. Simonnot).
1° décembre : Avec les pluies abondantes d'automne un glissement de terre a rebouché l'étroiture au sommet du P.5. Il faut recommencer le travail avant de pouvoir s'attaquer au R.4 (P. et S. Degouve).
29 décembre : le trou est très humide et la désobstruction au fond se fait sous des pisserottes peu agréables. Quelques mètres sont péniblement gagnés mais la suite reste étroite (D. Boibessot, P. et S. Degouve, L. Garnier).

tremie

Passage sous la trémie de -30 m.

2017

20 avril : Le trou reste bien humide et aucun agrandissement n'est visible, le moral est en berne (D. Boibessot, P. et S. Degouve, Ch. Philippe)
24 avril : Ca passe enfin. Le R4 est descendu mais la suite oblige à descendre dans une gigantesque trémie peu engageante. Le problème est contourné en ouvrant un autre passage menant à un R.3. Celui-ci rejoint un conduit plus large qui semble se prolonger sous la trémie. (P. et S. Degouve)
24 octobre : Contre toute attente, la trémie est franchie assez rapidement. Un énième rétrécissement est agrandi, conduisant à la Grande Fracture. Au sol, le P.50 est ouvert, cette-fois-ci on y croit vraiment. (D. Boibessot, P. et S. Degouve, B. Pernot)
25 octobre : Ce n'est pas vraiment pas le scénario qui avait été imaginé. Le P.50 est descendu. Au bas, la fracture se pince et la suite est désormais compromise. Il est décidé d'arrêter les travaux et de déséquiper le gouffre. (D. Boibessot, P. et S. Degouve, B. Pernot, Ch. Philippe)

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< Télécharger le plan de la torca del Sirocco (n°601) - Format A4 PDF (145 ko)

 

 


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