Vignette secteur

Sumidero de Lunada

(n°533, 534 et 1133)

Développement : 3042 m (env. 3190 m explorés)
Dénivellation : 338 m (-293 ; +45)

Situé en province de Burgos, le Sumidero de la Lunada fait partie du bassin d'alimentation du réseau de la Gándara. Une coloration réalisée en 2009 a permis de prouver cette relation.

3 entrées (UTM - ED50 fuseau 30T) :

Sumidero de Lunada (n° 534)
X = 447,228 ; Y = 4780,121 ; Z = 1280 m (haut de la reculée)
Commune : Espinosa de los Monteros

Torca de Lunada (n° 533)
X = 447,278 ; Y = 4780,095 ; Z = 1269 m
Commune : Espinosa de los Monteros

Torca Fulm (n° 1133)
X = 447,031 ; Y = 4780,077 ; Z = 1330 m
Commune : Espinosa de los Monteros

Entree534

L'entrée de la perte, au bas de la petite barre calcaire.

Description

La perte de la Lunada est accessible par 3 entrées : la perte elle-même (Sumidero, n° 534), constituée d'un méandre très étroit, la torca de la Lunada qui recoupe ce méandre en aval des passages les plus sévères (n°533, T.10) et constitue l'accès le plus commode à l'aval du réseau et la torca Fulm (n°1133) ouverte après désobstruction et permettant un accès direct à son extrémité amont. L'entrée de la torca de la Lunada est la plus évidente du lapiaz incliné qui s'étend au sud est du col de la Lunada. Le puits (12 m x 3 m) s'ouvre sur une verticale de 12 m qu'il est préférable d'équiper. Au bas, on retrouve le méandre étroit provenant de la perte (n°534) et, en vis-à-vis, son prolongement naturel qui à première vue ne semble pas aller bien loin. Pourtant, après un ramping d'une dizaine de mètres sur des détritus emportés par les crues (sacs plastique divers) on découvre une discrète baïonnette qui, rapidement, permet de prendre pied dans un conduit nettement plus confortable. Quelques dizaines de mètres plus loin un affluent en rive droite amène un fort courant d'air d’où son nom peu original mais justifié : "l'affluent du Vent". C'est à l'extrémité de ce dernier qu'arrive la torca Fulm, 3° accès au réseau. Plus en aval, la galerie principale reste ample puis, au bout d'une quarantaine de mètres, dans un virage à angle droit, un ruisseau issu d'un méandre impénétrable la rend plus active. A cet endroit le courant d'air aspirant disparaît brusquement annonçant la fin du conduit qui après s'être dédoublé, d'un côté se pince progressivement et de l'autre se heurte à une trémie.

Le Retord Boyau

La suite se situe en hauteur (R. 4) juste au virage cité précédemment. Débute alors un boyau étroit et long d'une centaine de mètres (le Retord Boyau). Le courant d'air sert de fil conducteur mais hormis un puits borgne (5 m) et quelques diverticules quasiment impénétrables, il semble peu envisageable de s'égarer. L'épreuve prend fin au moment où le conduit recoupe un ruisseau plus vaste provenant de l'affluent des Sueurs Froides. Mais cet agrandissement reste très relatif et aux contorsions imposées par le Retord Boyau, succède une série de rampings qui vont se prolonger sur près de 250 m tantôt dans un laminoir parfois humide (contact gréseux), tantôt dans un méandre parallèle creusé dans le banc calcaire sus jacent. A -118 m de gros galets gréseux font leur apparition faisant craindre la présence d'une trémie. Mais au ras du sol, un étroit passage s'ouvre sur un ressaut de 2 m qui marque le début de galeries plus vastes (rivière des Âmes grises).

La rivière des Âmes grises

Les proportions (6 à 10 m de large par 4 à 6 m de haut) n'ont plus rien à voir avec celles des conduits précédents et le ruisseau qui a gagné en débit s'écoule désormais sur la dalle de grès entre d'imposants talus d'argile. A -190 m après 150 m de progression facile, un affluent important arrive sur la droite (affluent des Galets). Cette confluence qu'on pourrait penser bénéfique pour la suite l'est en fait beaucoup moins car tout le courant d'air aspirant suivi depuis l'entrée s'y engouffre. Cependant, la fin n'est pas pour tout de suite et le beau conduit se prolonge encore sur près de 400 m avant de s'interrompre brusquement au niveau d'une salle ébouleuse et argileuse. A -293 m le ruisseau disparaît entre les blocs et aucun courant d'air n'y est perceptible.

L'affluent des Galets

Le conduit n'a pas l'ampleur de la rivière des Ames Grises, mais la progression est assez facile. Il a été remonté sur plus de 250 m jusqu'à un dédoublement de la galerie. La suite, dans chacun des deux conduits est étroite et la proximité de la surface n'incite guère à ramper dans l'eau ou tenter une quelconque désobstruction. Dans l'alignement, en surface, quelques Cubillos souffleurs pourraient être en relation avec l'affluent.

L'affluent des Sueurs Froides

C'est le principal amont de la rivière des Ames Grises. Le conduit débute par un toboggan gréseux qui remonte en suivant le pendage. Le ramping identique à celui qu'on trouve en aval se prolonge sur une centaine de mètres puis la voûte se redresse et le laminoir devient méandre. Un premier carrefour se présente. La branche de droite s'arrête assez rapidement sur des étroitures ventilées. A gauche le courant d'air est également présent et le conduit se divise à nouveau une trentaine de mètres plus loin. Le boyau qui s'ouvre maintenant à droite est tortueux et se rétrécit progressivement au bout d'une quarantaine de mètres. A gauche la progression reste confortable et se poursuit sur près de 280 m. Le courant d'air y est très marqué. Les explorations se sont arrêtées sur des boyaux glaiseux et humides qui se rapprochent du versant et d'une série de cavités explorées par le GEE (T.3,T.4,T.5 et T.6).

L'affluent du Vent

La morphologie ne diffère guère de celle des autres affluents et après le traditionnel toboggan gréseux on retrouve une alternance de conduits bas et de méandre parfois confortables creusés dans les calcaires. En suivant l'axe principal en direction de l'amont, on parvient au bout de 300 m environ au bas du puits d'entrée de la torca Fulm (P.24). Cette entrée constitue le point haut de la cavité (+45 m). Par contre, une centaine de mètres avant d'y parvenir, une diffluence amène à un enchevêtrement de conduits parallèles se rapprochant de la torca de la Lunada. Plusieurs cheminées remontent vers la surface en traversant la strate calcaire dont l'épaisseur n'excède pas une vingtaine de mètres.

Climatologie

Un courant d'air très marqué parcourt la cavité. Aspirant en été et soufflant en hiver, il quitte l'axe principal du réseau à -190 m pour remonter dans l'affluent des galets et ressortir par l'une des pertes du vallon situé en contrebas du lapiaz. Dans la galerie des Ames Grises, en aval de la confluence, plus aucun courant d'air n'est perceptible. La trémie terminal semble donc bien hermétique et les chances de rejoindre le réseau de la Gándara paraissent très faibles.

En amont les conduits, proches de la surface, sont également très ventilés et laissent à penser qu'il existe probablement d'autres entrées sur le lapiaz sus-jacent.

Géologie, hydrologie

Sur un plan stratigraphique, la perte se développe dans le mille feuilles constitué de strates calcaires plus ou moins gréseuses, de grés et de marnes qui s'échelonnent sous les niveaux dans lesquels se développent les conduits amonts du réseau de la Gandara (galeries du Fraile). Dans cet empilement remarquable on trouve localement et de haut en bas las cuevas de las Bernias (dév. 4790 m), le système de las Bernias (dév. 15340 m), le sumidero de la Lunada (dév. : 3190 m), la torca de Lastrias 1 (dév. 1760 m) et le T.11 (155 m). Ces différents drains indépendants se superposent avec des écarts de quelques dizaines de mètres tout au plus.

La perte de la Lunada a été colorée en avril 2009 par le GEE en collaboration avec le SCD. Lors de l'injection le débit à la résurgence de la Gandará est estimé à 1,5 m3/s (mesure au flotteur). Celui de la perte est de l'ordre de 5 l/s. Trois kilogrammes de fluorescéine (diluée avec de l'ammoniac) sont déversés par les collègues de Burgos dans la perte distante de 7 km. Les fluocateurs placés dans les différentes sorties d'eau de la Gándara se révèlent tous positifs 65 heures plus tard ce qui correspond à une vitesse minimum de 107 m/h.

Entrées

Les différentes entrées de la perte de la Lunada réparties le long de la strate calcaire. Le sumidero n°2 s'ouvre dans le vallon conduisant au sumidero de la Lunada qui ne coule pratiquement jamais. Cette seconde perte, plus récente, capte le ruisseau de surface, traverse le banc de grès et alimente le niveau juste en-dessous où se développe la cueva de Lastrias 1. Une dizaine de mètres seulement sépare les deux cavités.

Historique

1974

Août : la route du col de la Sia est en cours de réalisation (empierrement) et nous en profitons pour faire un tour du massif de Porracolina. À l’époque avec une Renault 4 poussive et des « routes » délicates l’affaire occupe une bonne journée. Près du Portillo de Lunada et légèrement en contrebas, une perte est repérée. Quelques blocs remués à la va vite ne permettent pas de passer au fond de l’étroite fissure d’entrée (M. Provost, G. Simonnot).
Il est fort possible que la perte corresponde à la cavité signalée par l’ARES (ex Société Spéléologique de Bourgogne) à la même époque (juillet 74) sous la numérotation D 1.8. Extrait de l'article de François Marras paru dans les Dossiers Spéléologiques de l'ARES (1984 n°1 p.17) :
" DI-8 : Coordonnées : x = 0° 02' 06" Est ; y = 43° 10' 14" Nord Perte recueillant des écoulements superficiels en bordure de lapiaz. Elle se tient à 100 m à vol d'oiseau et au sud est du col de la Lunada. Elle est pénétrable jusqu'à -5 m. Là, des débris divers apportés par les eaux obstruent le conduit."

1989

Quinze années ont passé et le Spéléo-Club de Dijon est alors dans les premiers temps des explorations au Picón del Fraile et à las Bernias.

11 juillet : une dure désobstruction de la perte de Lunada (sumidero n° 534) permet enfin l’accès à un étroit boyau qu’il faut désormais dégager des innombrables sacs et bouteilles plastiques qui l’encombrent. Le conduit très sélectif débouche dans une galerie beaucoup plus confortable mais l’euphorie est de courte durée : des traces au sol apparaissent et tout de suite la petite équipe se retrouve au pied d’un puits à ciel ouvert ! C’est le désappointement le plus complet. D’autres sont déjà passés ici. Alors qu’un tirage à pile ou face a lieu pour savoir s’il faut tenter de remonter le puits en escalade ou bien revenir par l’infâme boyau, quelques blocs sont tout de même poussés dans une fissure au ras du sol. Moins de dix minutes de travaux et, derrière une chicane, ça passe ! La progression se fait sur 150 m en aval et dans l’affluent du Vent sur une soixantaine de mètres. La sortie choisie est l’escalade par le puits (P.14) marqué d’un gros T.10 en surface (marquage du groupe Edelweis qui avait descendu le puits en 1984)(Ch. Durlet, G. Simonnot).
Développement : 300 m

13 juillet : la perspective de première a attiré une équipe bien plus étoffée. La galerie principale bute hélas rapidement sur des trémies. Un méandre est tout de même repéré en haut d’une escalade de 4 m. Etroit et tortueux, il est parcouru sur une bonne centaine de mètres jusqu'à la confluence avec un ruisseau plus important (arrêt sur bassin). Au retour l’affluent du Vent est remonté sur une centaine de mètres supplémentaires avec arrêt sur …rien. Ce terminus amont attendra 16 ans de plus (D. et P. Lecocq (Musaraigne), P. et S. Degouve, Ch. Durlet, G. Simonnot (S.C.Dijon )) .
Développement : 605 m (345 topo)

1994

11 août : derrière l’escalade, le très pénible Retord Boyau aboutit à un nouveau ruisselet vu sur une cinquantaine de mètres en amont et quarante en aval en suivant le courant d’air aspirant. Les passages très bas sont alors aussi très aquatiques et la suite n’est pas particulièrement engageante (P. et S. Degouve, Ch. Durlet, C. Lecas, G. Simonnot (S.C.Dijon )).
Développement : 851 m (492 topo)

Les années suivantes (fin de la décennie 90) vont être essentiellement consacrées aux explorations à la torca de la Canal et la torca de Riañon (Sistema Muela-Tejuelo). Mais un évènement va ensuite relancer les recherches : en décembre 2001 une suite est trouvée dans Torca la Sima, permettant de prendre pied dans le grand réseau de la Gándara (Sistema del Gándara). Tout naturellement la perte de Lunada offre brusquement un regain d’intérêt.

2003

23 août : en cet été de canicule exceptionnelle les conditions au terminus de 1994 sont particulièrement favorables (pas d’eau, beaucoup d’air). Trois cents mètres de conduits sont découverts en suivant vers l’aval le banc gréseux très pentu jusqu’à la cote -100. En amont le ruisselet est remonté sur une centaine de mètres (P. et S. Degouve, G. et Martin Simonnot (S.C.Dijon ).
Développement : 1128 m (773 topo)

2004

10 août : Là encore tout est sec, mais peu après le terminus de l’année précédente (et trente ans après la première désobstruction !) on rejoint enfin un collecteur, la rivière des Âmes Grises. L’exploration, délicate jusqu’à présent, devient très agréable et l’actif peut être descendu dans une belle galerie jusqu’à la trémie terminale à -293. Au retour l’affluent de la Foulée verte est remonté (1118 m de galeries explorées durant cette sortie)(P. et S. Degouve, L. Guillot, Ch. Nykiel, G. Simonnot) .
Développement : 2246 m (1881 topo)

2005

9 août : l’affluent du Vent est enfin poursuivi au-delà de l’arrêt de 1989 sur 300 m (méandre des Percutants) jusqu’au pied d’une cheminée qui laisse voir le jour à son sommet. Un fragment de sac plastique trouvé avec seulement 4 lettres restées imprimées F. U. L. M. donnera le nom du lieu et de la torca en surface sur le lapiaz, désormais point haut du réseau (L. Guillot, G. Simonnot, O. Willefert)

10 août : grâce au report topo, l'entrée de la torca est rapidement retrouvée et désobstruée, livrant un puits de 24 m et la jonction avec l'amont de la galerie du Vent. Plusieurs galeries aval terminées par des trémies sont reconnues et topographiées (E. Bunoz, S. et P. Degouve, L. Guillot, Y.Tual).
Développement : 2750 m (2510 topo)

2008

19 juillet : Nous profitons de la présence des membres du GEE pour aller voir ensemble l'amont de l'affluent des Sueurs Froides. Après le traditionnel laminoir gréseux, des conduits méandriformes creusés dans les calcaires sont explorés jusqu'à des boyaux étroits et humides. Le courant d'air est toujours présent (P. et S. Degouve, Luis du GEE).
Développement : 3042 m (topo)(3190 m estimés)

Bibliographie

- RUIZ, F. (2006): El karst de los Montes del Somo y Valnera (Sierra de los Morteros, Castro Valnera, Lunada, Picón del Fraile, Lusa e Imunía), Cubía, 9, 22-31.
- Grupo Espeleológico Edelweiss (2009) : Monografía El Karst de Burgos. Cubía, 12, 64 pp.
- RUIZ, F.; RIOSERAS, M.Á. (2010): El karst de los Montes de Valnera (Provincia de Burgos), en José León (2010) : Cantabria Subterránea. Catálogo de Grandes Cavidades, vol. 2, 847-849.
- RUIZ, F.; RIOSERAS, M. (2010): La coloración del Sistema Sumidero de Lunada-Gándara, Cubía, 13, p. 20-23.
- RUIZ, F. (2011) : El karst de los Montes del Somo y Valnera, Cubía, 15, 40-53.


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