
(n°251 et 274)
 Développement : 1150 m
    Dénivellation : - 589 m
La torca de las Pasadas est le premier gouffre d'importance à avoir été exploré sous l'alto de Tejuelo. Curieusement, en 2009, il n'est toujours pas relié aux autres cavités du secteur pourtant très proches (La Canal, Bernallan...). De même, cette belle succession de puits n'a pas permis de rejoindre un niveau horizontal d'envergure malgré un courant d'air important qui laisse supposer une jonction avec ses voisines. Ces caractéristiques ont sans doute été à l'origine de l'engouement assez tardif des spéléos pour cette zone pourtant prometteuse.

L'entrée basse de la torca et son mur de pierres ancestral qui hélas n'existe plus depuis 1981.
Commune : Ruesga 
    La torca possède 2 entrées :
    - Entrée basse (n° 251) 
    X = 444,900 ; Y = 4789,815 ; Z = 903 m
    - Entrée haute (n° 274) 
    X = 444,905 ; Y = 4789,775 ; Z = 923 m
    L’entrée basse du gouffre est un corridor méandriforme 
    et très pentu qui s’ouvre dans le flanc sud de la profonde doline, 
    cent mètres au sud-ouest du col de las Pasadas. Vingt mètres 
    plus haut, au bord du chemin, le long de la faille évidente de las 
    Pasadas, une grande fissure constitue l’entrée supérieure. 
    Accès facile désormais depuis la route qui monte de Calseca 
    à l’antenne puis le chemin en direction du col via Rianon (20 
    minutes de marche). On peut également contourner la Muela par l'est 
    en partant toujours de la route Bustablado-Calseca et en laissant la voiture 
    au collado de la Espina.

D'entrée, le ton est donné, et les puits s'enchaînent sans interruption jusqu'à -378 m
Description
Le couloir de l’entrée basse débouche sur une verticale de 50 m coupée par deux paliers à –22 et –37. La base élargie forme une petite salle où, 15m en hauteur débouche aussi le puits provenant de l’entrée haute. Le méandre des Anti-Tavins qui succède descend fortement ; il se désescalade mais mieux vaut l’équiper quand on ne le connaît pas puisqu’il aboutit directement au-dessus des puits suivants au niveau d’un petit confluent (cote –94). En amont une branche remonte vers une liaison probable avec le fond du couloir de l’entrée haute. En aval les crans verticaux vont s’enchaîner sans interruption ; une succession particulièrement agréable de puits (P.15, P.17, P.31, P.43, P.8, P.27, P.139) mène rapidement à -378. La grande qualité du calcaire, l’absence d’étroitures et d’éboulis, les paliers confortables prolongés par de jolies banquettes pourraient faire de cette partie de la cavité un remarquable gouffre-école.

De confortables banquettes bordent le départ de chaque puits.
Le grand puits du P’tit Canari (paliers à –15 
    et –86 ) est cependant exposé en période pluvieuse dans 
    sa deuxième partie. A sa base les dimensions prennent de l'ampleur 
    : 20 x 15 m.
    De -378 à -449 on progresse dans un méandre parfois étroit 
    entrecoupé de petites salles sur des bases de puits (salle du Cercueil) 
    et de quelques redans verticaux (P.3, P.37, P.7, P.14). Juste après 
    le R3 et la salle du Cercueil une belle arrivée fossile en rive droite 
    a été remontée jusqu'à deux bases de puits. Elle 
    est parcourue par un net courant d'air.

Le puits de 43 mètres vers - 220 m
 Deux puits plus importants (P.53, P.61) marquent alors la 
    fin de cette partie charnière du gouffre. Dès le sommet de la 
    dernière verticale apparaissent des placages d’argile sur les 
    parois qui vont caractériser tout le fond du gouffre et témoignent 
    d’anciennes mises en charge.
    Au fond une grosse galerie est rapidement obturée par une trémie. 
    Un actif assez important provient d’une vingtaine de mètres de 
    haut dans une paroi du P61 ; un autre apport a pour origine un réseau 
    de petits boyaux (courant d'air soufflant) et, en aval, la galerie « 
    En su tinta », très glaiseuse et rapidement étroite, mène 
    après deux cents mètres à un siphon bien peu engageant 
    (cote -589 m).
 Le gouffre s’ouvre au niveau de la faille de las Pasadas 
    qui met en contact un ensemble de terrains calcaréo-gréso-marneux 
    (niveau 7 et peut-être 8 inférieur) d’un compartiment effondré 
    avec le compartiment relevé des calcaires massifs à Toucasia 
    (niveau 4) qui constituent une aire d’absorption (figure). Comme pour 
    le gouffre jumeau, la torca de Bernallan, le drainage en profondeur est particulièrement 
    rapide par une zone de tansfert très verticale, et ce processus semble 
    se répéter tout le long de la faille de las Pasadas, jalonnée 
    de nombreuses dolines.
    Au fond de la cavité, cette faille parait recouper la galerie « 
    En su tinta » et son ruisseau à la destination longtemps bien 
    énigmatique. Près de 20 ans plus tard, nos explorations à 
    la Torca de la Canal montrent que l’actif au fond de Las Pasadas est 
    vraisemblablement un affluent rive gauche du collecteur de cette dernière 
    grande cavité. Pour les amateurs signalons enfin les énormes 
    empilements de rudistes dans les parois du puits du « petit canari » 
    et une très belle gerbe de polypiers à -225.
L’entrée basse dans la doline (marquée L5 pour "Lune 5", métaphore utilisée pour décrire le secteur tourmenté de l'alto de Tejuelo) est repérée au cours d’une prospection du S.C.Dijon en août 1976 (A. Bouchard, J. Y. Berthot, P. Degouve, M. Grenier, Parizot, R. Perriaux, G. Simonnot). Il est à noter que lors de cette première incursion au cœur du lapiaz de Tejuelo, la même équipe découvre également Las Yeguas (marqué L1).
 
   
 
  
En août 1976, une prospection est organisée au-dessus de Bustablado. L'alto de Tejuelo n'est pratiquement pas connu des spéléos dijonnais. Une fois sur le lapiaz, la petite équipe sommairement équipée va découvrir dans la même journée, Las Yeguas (marqué L1), puis l'entrée de Las Pasadas. La technique d'exploration est un peu folklorique puisqu'il n'y a à disposition qu'une corde de 30 m en 7,5 mm. Alain Bouchard (photo de droite) est alors systématiquement envoyé en reconnaissance, descendu puis remonté comme un vulgaire sac de pommes de terre. Sur la photo de gauche une partie de l'équipe de surface, composée de gauche à droite de Marc Grenier, Jean Yves Berthot, Robert Perriaux et Parizot, se prépare à faire descendre Alain dans le gouffre L2.
    Le 20 juillet 1978 une première reconnaissance du 
    S.C Dijon est effectuée : la corde emmenée en prospection pour 
    de petits gouffres environnants (décevants) ne nous permet même 
    pas de toucher le fond du premier puits (Dorey M., Simonnot G.). Le 
    23 juillet la même équipe pousse une rapide pointe jusqu’à 
    –130, suffisamment pour prendre conscience de l’importance du 
    gouffre. 
    En juillet 1979 l’exploration de la série de 
    puits se poursuit jusqu’à la vire du P.139 à -325 alors 
    bien arrosée. Au cours de la dernière pointe, tandis que Michel 
    attend en haut du grand puits du P’tit Canari, Jean-Marc et Guy, complètement 
    trempés sur l’étroit palier, tentent un pendule un peu 
    scabreux avant d’abandonner. (M. Dorey, J.M. Roland, G. Simonnot).
    Le mois suivant (août 1979), malgré des conditions 
    météorologiques toujours contraires, une autre équipe 
    du S.C.D. termine la descente du puits et continue dans le méandre 
    jusqu’à la base du P.37 à - 440 m. Le départ remontant 
    de la salle du Cercueil est remonté jusqu’à la base d’une 
    courte escalade (P. Degouve et P. Kindt accompagnés par D Ferry. jusqu’à 
    –252 m).

Une partie de l'équipe de 1980, de gauche à droite, Michel Dorey, Dominique Ferry (de dos), Pierre Kindt, Patrick Degouve, Guy Simonnot et Marie Hélène Besse.
    En 1980 les explorateurs des deux années précédentes 
    se retrouvent, renforcés par six autres spéléos (P. et 
    S. Degouve, M. Dorey, D. Ferry, P. Kindt, Ph. Lartois, J. Michel, J. Pitaud, 
    J.M. Roland, G. Simonnot). Un camp sommaire est installé au bord de 
    la doline et avec une météo cette fois très favorable, 
    le fond du gouffre est atteint le 11 août à 
    -589 m. Le gouffre est déséquipé dans la foulée 
    et nul ne se doute que celui-ci se trouve au beau milieu de l’enchevêtrement 
    des galeries du réseau de l’alto de Tejuelo, dont la première 
    pierre vient d’être posée.

Le campement lors des explorations de 1980 est situé au bord de la doline d'entrée. A l'époque, la marche d'approche via Bustablado est de 1h 30.
    En 1981, durant la semaine sainte, l’E.C.G. (Espeleo 
    Club de Gracia) revisite la torca et dresse une nouvelle topographie présentant 
    une différence de 22 m avec celle du S.C.D. (-567 m).
    Depuis, le gouffre a été visité à plusieurs reprises 
    (G.E.S.C. AT. 1984, SECJA WOM 2007), mais 
    sans grand résultat, bien qu’une connexion avec le réseau 
    de l’alto de Tejuelo soit plus que probable.
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