(n° 288 et 289)
Développement : 1367 m
Dénivellation : -123 m
Le río de la Sota, issu du cirque d’origine glaciaire du même nom, coule sur des niveaux gréseux sur quelques centaines de mètres avant de se perdre au toit de la première barre calcaire qu’il rencontre. Une quinzaine de mètres plus en aval, débute une longue corniche haute de dix mètres, ponctuée de petites cavités sur un joint de stratification; deux d’entre elles, numérotées 289 et 288, sont les accès de la cueva de la Primavera.
2 entrées :
- n° 289 Cueva de la PRIMAVERA
X = 447,498 Y = 4785,909 Z = 1075
- n° 288 Cueva
X = 447,513 Y = 4785,929 Z = 1075
Commune : Soba
Les deux entrées de la torca de la Primavera. A peine plus loin on devine le bel abri-sous-roche qui servit de lieu de bivouac à de nombreuses reprises.
La cueva 288 (méandre de la Chèvre) est l’entrée
la plus confortable mais nécessite rapidement l’équipement
d’un P.15 ; la cueva 289 est un petit conduit (méandre du 14
avril) au cheminement quelque peu délicat au départ mais permettant,
sans corde, l’accès au bout d’une centaine de mètres
à un ruisseau (río amont) provenant de la perte impénétrable
du río de la Sota (environ 10 L/s à l’étiage).
En aval le cours d’eau a façonné une très belle
galerie ; d’importants dépôts de blocs ont été
recreusés et l’érosion s’est poursuivie par le surcreusement
d’une petite gorge ; un abondant concrétionnement couronne le
tout. Hélas, après cent mètres, la rivière se
jette dans un puits et à partir de là c’est un autre univers
qui commence : les cascades vont s’enchaîner rapidement (P.18,
P.7, P.14, P.22, P.17). Dans tout ce secteur les crues peuvent être
redoutables.
Dans le dernier puits arrosé vers -105 m.
A -115 on prend pied dans une haute salle occupée par d’énormes remplissages ; le cours actif a court-circuité (lac Minoir) et inactivé un grand méandre et opère alors un changement de direction à 180° par rapport à l’étage supérieur (río Jose-Jose).
Sur plusieurs mètres, d'importants remplissages ont été recreusés (-115 m)
Après une ultime chute de 6m on parvient au siphon Bibracte (-123). Au dessus une petite galerie légèrement remontante, la galerie des Côtelettes, mène à une zone d’étroitures à 680 m de l’entrée (-110) d’où parvient un courant d’air sensible. Un très sévère passage (Voûte Hard de Dijon) mène quelques mètres plus loin sur un petit actif affluent dont l’amont est rapidement impraticable. Le siphon Bibracte et les diaclases noyées en aval des Côtelettes marquent les points bas actuels où semblent disparaître les actifs.
La galerie des Côtelettes.
Au niveau du siphon terminal le réseau n’a traversé
qu’environ la moitié supérieure de la série calcaréo-gréseuse
du Haut-Rolacia (niveau 8) jusqu’à des couches médianes
plus marneuses qui servent probablement d’écran imperméable
local.
Des fractures sud-ouest/nord-est imposent un écoulement orthoclinal
au collecteur mais dans des sens diamétralement opposés entre
l’étage supérieur (cote -20) et l’étage inférieur
(cote -110).
La dernière exploration de l’affluent des Côtelettes incite
à envisager une relation de cet amont avec la partie septentrionale
du grand réseau de l’Hoyo Salcedillo (n°507, secteur 7) et
en particulier la rivière des Sables dont il constituerait la suite
avale logique.
Quant au devenir du cours souterrain, force est de constater que pour l’heure,
il nous apparait bien mystérieux. La proximité voudrait le voir
réapparaître dans la rivière de Cuesta Avellano. Cependant
il semble que ce collecteur a, en grande partie, une alimentation en provenance
de la torca del Regato Callejón. Sinon, une hypothétique, mais
pour l’instant peu évidente, relation avec la cueva del Agua
reste à envisager bien que nous ne connaissions pas dans cette cavité
une arrivée d’eau aussi importante.
Les quatre galeries se rejoignant au carrefour témoignent
du recul de la perte du Río de la Sota accompagné d'un enfoncement
comme le montrent les coupes A et B. En faisant abstraction de pertes plus
anciennes situées plus en aval tout le long de la corniche (287-286-285
etc...) on peut raisonnablement penser à l'évolution suivante
:
1. Ecoulement dans le méandre de la Chèvre (288) et haut du
méandre du 14 avril (289),
2. Le méandre de la Chèvre abandonné reste suspendu.
Le creusement en régime vadose du méandre du 14 avril se poursuit
tandis que s'amorce sur un joint de strate, un écoulement initialement
noyé qui formera le Laminoir.
Il subsiste encore aujourd'hui un petit écoulement sous-jacent incomplètement
exploré se jetant dans le collecteur environ trente mètres en
aval du carrefour.
3. On peut le rattacher à un écoulement récent ; c'est
le rio amont.
En affinant l'observation, on note au moins deux étapes. Une ancienne
circulation issue de la cueva 74 (2 trémies) est recoupée à
angle droit par l'actif actuel (h = 0,5 m) également responsable de
rectifications de méandres.
En aval du carrefour, la coalescence de ces diverses phases
engendre une galerie unique avec recreusement et surcreusement.
De grosses épaisseurs de blocs déposés ont été
cimentées par un intense concrétionnement (arrêt des écoulements,
époque glaciaire ?) puis recreusées. Actuellement, un petit
niveau gréseux sert d'écran imperméable jusqu'à
la cascade de 18 m.
La rivière incise alors une série rocheuse extrêmement variée. Les bancs moins solubles de grès ou de marnes font souvent saillie dans les verticales pour former des sortes de vires désagréablement fragiles.
1964
Claude Mugnier repère l'importante perte du rio de la Sota (n°73 impénétrable). Il mentionne la cueva 74 ("méandre semblant n'avoir que quelques mètres") et la sima 70.
1965
Quelques membres du S.C.Dijon descendent seulement la sima
70 (donnée pour 25 m)
Curieusement, aucune exploration supplémentaire n’est faite et,
durant 16 ans, personne ne reviendra dans cette partie éloignée
du massif.
1981
Mardi 14 Avril 1981 : Après une journée de prospection peu fructueuse vers l'Hoyo Grande et dans l'ancien cirque glaciaire de la Sota , ponctuée en soirée par un orage mémorable sur les vires herbeuses encore un peu enneigées, nous décidons (Guy Cabaut et Guy Simonnot) de rejoindre la vallée en descendant les barranco de la Sota et de Rolacia.
Soirée du 13 avril 1981 dans une accueillante cabane de la Sota. Dehors, la nuit est glaciale.
Nous retrouvons la perte 73 et la cueva 74 qui nous laisse
espérer un instant. C'est en fait un puits de 4 m suivi de 2 étroitures.
La seconde, totalement infranchissable permet cependant d'entendre un fort
bruit d'eau. Pas de doute, c'est le cours souterrain de la rivière
de la Sota.
Nous prospectons alors le long de la corniche un peu en aval mais toujours
sur le même joint de strates. Deux entrées exiguës en laminoir
donne tout de suite accès à des méandres. Le premier
exploré (n°288) facilement pénétrable mène
à un puits (P.15) quarante mètres plus loin. Et de nouveau le
bruit familier d'une rivière en contrebas. L’autre méandre,
beaucoup plus étroit, profond d'une dizaine de mètres, ne se
laisse pénétrer qu'à certains niveaux. Mais sans équipement,
nous pouvons progresser sur 100 m et rejoindre le collecteur. Nous explorons
l'aval jusqu'au P.16, le rio amont et le début du laminoir tout en
effectuant une rapide topographie et en prenant quelques photos.
14 avril 1981, la toute première exploration (en tennis !) dans le rio aval. Le ruisseau coule sur un écran de grès.
2 août 1981 : L'exploration se poursuit
avec l’aide de spéléos espagnols de Valence.
Topographie de l’étage supérieur et descente du puits
correspondant à la première cascade (P.16).
(José Garcia Caballero et José Gomez Guerrero +2 (Grupo espeleologico
Comando), Guy Simonnot (S.C.Dijon).
Le recreusement du remplissage a laissé des planchers stalagmitiques en balcon au-dessus du petit chenal actif ensuite surcreusé.
4 août 1981 : La galerie des cascades nous cause quelques désagréments : équipement hors crues des puits arrosés peu évident dans un véritable "feuilleté" marnes-calcaires-grès, et surtout des débits pouvant passer de 10 L/s à 150/200 L/s par mauvais temps. Malgré le débit assez soutenu nous pouvons équiper le P.7, le P.14 et le début du puits suivant sous la vire. Nous ressortons évidemment copieusement trempés et frigorifiés (Monique Dorey, G. Simonnot (S.C.Dijon) ; José Garcia Caballero et José Gomez Guerrero, (GEC))
12 août 1981 : Le niveau de l’eau
a bien baissé et la descente de deux derniers puits arrosés
permet l’accès au río Jose-Jose jusqu’au siphon
Bibracte (-123). (G. Simonnot (S.C.Dijon); José Garcia Caballero et
José Gomez Guerrero, (GEC))
Dvt : 931 m (871 topo)
1984
25 juillet 1984 : le siphon Bibracte est dépassé
par la galerie des Côtelettes qui bute en amont sur étroiture
(bloc) 100 m plus loin et en aval sur des laisses d’eau profondes. Le
grand méandre fossile est bouclé avec le río Jose-Jose.
Topographie 381 m (P. et S. Degouve, G. Simonnot)
Dvt : 1292 m (1252 topo)
1993
24 juillet 1993 : Neuf années de réflexion
et nous revoilà au terminus du boyau des Côtelettes. Hélas
la galerie est bel et bien un amont très vite impénétrable,
qui ne nous permet que d’ajouter 75 m (P. et S. Degouve, Ch. Durlet,
G. Simonnot)
Dvt : 1367m
Juillet 1993 : de nouveau dans le fameux abri-sous-roche près de la
Primavera qui nous abrita tant de fois. De gauche à droite : Cedric
Lecas, Christophe Durlet, Noëlle Dusapin, Maud Simonnot, Guy Simonnot,
Sandrine Degouve et le photographe, Patrick Degouve.
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