Cueva de la Haza

(n° 40)

Développement : 6242 m
Dénivellation : -418 m

Cette grotte est la toute première à avoir été explorée dans le secteur (à partir de 1964). Très proche du système de l'Hoyo Grande, elle n'a pourtant jamais été reliée à ce dernier. La cueva de la Haza possède trois entrées :

40 Cueva de la Haza

X= 448 922 Y= 4785 266 Z= 1210 m

214 Sumidero de Saco 4

X= 449 553 Y= 4785 070 Z= 1146 m

396 Torca de la Gigante Roja

X= 449 365 Y= 4785 150 Z= 1179 m

Commune : Soba
Le large porche rectangulaire de la cueva de la Haza s’ouvre au pied de la première corniche rocheuse calcaire importante, dans le bois de hêtres dominant au sud-ouest la torca del Hoyo Grande et le grand lapiaz tabulaire. Le sumidero de Saco 4 est un puits perte d’une vingtaine de mètres dans le bois en limite ouest de Saco. Cent cinquante mètres à l’ouest de cette perte, la torca de la Géante rouge est un tout petit puits de 10 mètres difficile à localiser, sur un petit lapiaz boisé à quelques coudées du rebord supérieur de la barre calcaire de la Haza.

Le porche très chaotique à l’entrée de la cueva de la Haza (photo J. Luc Geral) .

Description

Dès l’entrée la galerie de la cueva de la Haza est immédiatement spacieuse, montrant qu’il existait jadis en amont une partie tronquée par l’érosion du cirque glaciaire de l’Hoyo Grande.
Des portions relativement larges (4 à 5 mètres) alternent avec des passages méandriformes plus étroits comme le méandre des Coraux, peu avant la confluence avec l’affluent du Portillon (800 m/E). L’écoulement devient alors plus substantiel et la galerie s’encaisse davantage, obligeant à naviguer sur les talus marneux latéraux. A 1800 m de l’entrée, tandis que l’actif se perd, la galerie s’élargit notablement et devient plus ébouleuse (galerie des cristaux). Un grand puits (puits Stéyarétitif ,R.15 + P.102) et une succession de puits (P.32, P.27, P.29, P.6, P.10) conduisent à l’étage inférieur où le méandre de la Vision crépusculaire peut être suivi sur 365m. Deux autres P.100 redonnent également dans ce méandre. Deux cents mètres après la première perte, un nouveau grand puits de 106 m perce le plancher de la galerie des cristaux ; là encore, au pied de la verticale, un méandre de 250 m mène au point bas de la cavité : cote -418. Au dessus, la galerie supérieure se prolonge pour déboucher dans des puits terminaux au gabarit conséquent mais hélas sans suite (P.65, P.30).
Sur l’axe principal s’insèrent deux affluents de rive gauche. A 1100 m de l’entrée l’affluent de la Cascade provient du Sumidero de Saco n°4 ; le conduit, long de 400 m est généralement de taille réduite. A 900 m de l’entrée, l’affluent du Portillon est nettement plus important et a un parcours parallèle à la galerie d’entrée de la Haza. Le petit dédale de galeries de la torca de la Géante rouge (n°396) y débouche par un ressaut de 7 m ; en amont l’exploration est à revoir et une relation avec la cueva de la Vulva (n°205) n’est pas à exclure.

Géologie-Hydrologie.

Les données géologiques sont exactement les mêmes que pour le sumidero de Saco 2 ou pour la torca Olvidada (voir Sistema del Hoyo Grande). La morphologie des conduits est donc nécessairement similaire avec quelques particularités:
Le surcreusement est en général moins accentué, qu’à la torca Olvidada par exemple, car les débits ont été plus faibles du fait de la troncature des amonts et de leur inactivation partielle. Il n’atteint les bancs de grès (grès d’Olvidada) que très loin vers l’aval.

LA MORPHOLOGIE TOURMENTEE DES GALERIES DE LA HAZA ( Version plus grande)
Une étude attentive de la position des galeries « haziennes » dans la série stratigraphique de la Colina (niveau 10) montre que les nombreux kilomètres de conduits explorés dans la cueva de la Haza (n°40 ), le sumidero de Saco 2 (n°212 ) et la torca Olvidada sont insérés dans quelques strates ne totalisant qu’une épaisseur inférieure à 30 m ! cet ensemble a été regroupé (Simonnot 1986) sous le nom de « barre de la Haza ». Les conduits inactifs supérieurs se développent dans des calcaires à rudistes et à polypiers (partout de splendides biostromes). Un petit niveau marneux donne des élargissements locaux (trou de serrure de la Géante Rouge).
Mais le plus singulier demeure l'incision que le surcreusement a établie dans les grès et marnes formant le substratum. Une dalle de grès compact (d'épaisseur de 0,70 m) a été peu attaquée et vient former toits, balcons dangereux et même ponts dans les galeries inférieures actives (temporairement dans les amonts). Les marnes sombres sous-jacentes épaisses de 3 m, très meubles et relativement carbonatées ont été très affouillées provoquant un élargissement notable et c'est tout naturellement à ce niveau, en suivant l’eau, qu’une majeure partie de la Haza fut explorée. Les petits bancs de 2 à 5 cm d'épaisseur sont plissés de façon spectaculaire signe d'une compression ; on y note quelques plaques gréseuses enchâssées.

Dans la partie amont se développe un grand nombre de galeries supérieures méandriformes qui possèdent des remplissages de graviers et d’énigmatiques nodules ferrugineux de la grosseur d’un œuf et remplis de limonite (?).

En plus des traditionnels P.100 de capture, il existe une liaison à puits multiples avec l’étage inférieur (figure). Les petits niveaux gréseux ou marneux ont favorisé la création d’un ensemble à étages courts, rare dans le secteur.
Les actifs inférieurs ne permettent pour l’heure aucun espoir de relation spéléologique avec la torca del Hoyo Grande, même si on peut supposer qu’ils appartiennent au même système. L’aval du méandre de la Vision crépusculaire se dirige vers le secteur terminus du Sumidero de Saco2 !
Le recul de l’érosion (figure) apparait bien dans cette cavité tout comme dans le réseau jumeau de l’Hoyo Grande.

Une curiosité des remplissages : les concrétions ferrugineuses

Parmi les remplissages jalonnant les laminoirs du Portillon, de nombreux galets ferrugineux, comparables à ceux relevés dans d'autres parties du réseau par Cl. Mugnier en 1964 puis P. Degouve en 1973, ont pu être observés (G. Simonnot 1986).

Ces galets bruns-rouges de forte densité ont la taille d'un œuf ou d'un poing.
Ils ont une structure caverneuse avec une gangue ferrugineuse concrétionnée dure (épaisseur = 4 à 5 mm) englobant de la limonite.
Les concrétions ont parfois été percées et vidées de leur contenu ; à l'extérieur elles portent les marques de leur transport.Elles ont pu résulter d'une évolution pédologique d'argiles ferrugineuses sous un climat alternant périodes humides (mise en solution du fer) et saisons chaudes et sèches (migration et concentration du fer).

D'où proviennent-elles ? Peut-être d'une ancienne surface topographique au niveau de l’actuelle Porracolina (dite aussi Alto la Mina car il semble qu’on y ait exploité des argiles ferrugineuses). Il sera intéressant de répertorier toutes les grottes de la région contenant ces concrétions ferrugineuses dans leurs remplissages.

Vue plus grande

 

De belles coupes de biostromes coralliaires sont visibles dans les parois des méandres de la barre calcaire (ici au départ de la galerie Colatérale)
Vue plus grande

Historique

Juillet 1964 : La galerie d’entrée est explorée sur 200m (C. Mugnier (S.C.Dijon)).
1972 : Le S.C.Dijon poursuit dans l’axe principal jusqu’à 1800 m de l’entrée et découvre la galerie Collatérale où des ossements laissent à penser que les Dijonnais ne seraient pas vraiment les premiers explorateurs ! (Castin, Cottin, Kieffer, Lacas, Leclercq, Morverand, Simonnot (S.C.Dijon))
Dvt : 2000 m P = -190.
1973 : La galerie principale (galerie des Cristaux) est parcourue dans son ensemble et les puits du Fond sont descendus. Le Sumidero de Saco 4 est relié et l’affluent du Portillon remonté sur un demi-kilomètre (Degouve, Leclercq, Simonnot, Morverand, Poquerusse, Rabeisen, Michel, Barbier, + (S.C.Dijon)).
Dvt = 3830 m P = -392
1974 : Le P.106 et le méandre inférieur mènent au point bas (Morverand, Parizot, Beaurenault, Berthot, Degouve, Rabeisen ( S.C.Dijon)).
Dvt = 4550 m P = -418
La Cueva de la Haza reste ensuite oubliée pendant douze années.
1986 : La torca de la Gigante Roja est découverte (G. Simonnot (S.C.Dijon), D. Hugot et C. Poête (S.C.Chablis)) et rejoint les amonts du Portillon explorés en 1973. Avec le renfort de B. Bouchard et Koscioleck (S.C.Chablis) une autre sortie permet quelques avancées dans ce secteur (768 m)
Dvt = 5318 m
1987 : Descente du puits Stérayétitif (P.102) et début du méandre de la vision crépusculaire (153 m) (Bouchard, Guillot, Orgel)
Dvt = 5573 m
1988 : Le méandre de la Vision crépusculaire est poursuivi (242 m) ; le Puits du Frigo et les méandres-puits suivants retombent dans la Vision crépusculaire (227 m) (Bouchard, Gauthey, Gignat, Orgel)
Dvt = 6042 m
1990 : Exploration de deux P.100 (Bouchard, Cantarini, Orgel, Surugues, Thiney)
Dvt = 6242 m P = -418

< Télécharger la topographie des réseaux de l'Hoyo Grande et de la Haza- Format : 80 cm x 21 cm PDF (3 mo)

 

 

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