(réseau de l’Hoyo Grande, n° 39)
Développement : 21800 m
Denivellation : -530 m
Le système de l'Hoyo Grande se développe à partir des flancs de l'alto de la Colina pour rejoindre la vallée d'Ason au niveau de la Cascada. Ce réseau, emblématique des complexes calcaréo-grèseux du secteur, est remarquable à la fois par son ampleur (21,8 km; -530 m) et l'organisation rigoureuse des conduits. Son exploration initiée par le S.C. Dijon a été reprise ensuite par le S.C. Chablis. La progression souvent pénible et éprouvante a, depuis les années 90, eu raison de la plupart des explorateurs et aucune découverte substancielle n'a été réalisée depuis cette époque.
Ce très grand réseau possède sept accès distincts :
X= 448 560 Y= 4785 365 Z= 1227 m
X= 449 585 Y= 4785 084 Z= 1146 m
X= 449 563 Y= 4785 080 Z= 1146 m
X= 450 232 Y= 4784 993 Z= 1068 m
X= 450 110 Y= 4785 105 Z= 1120 m
X= 450 585 Y= 4784 823 Z= 1010 m
Commune : Soba
La torca del Hoyo Grande est un gouffre de 47 mètres facile à
localiser à l’extrémité occidentale du lapiaz tabulaire
en forme de croissant au bord même de la grande doline. La torca de
Nubes, plus délicate à trouver, s’ouvre à gauche
d’une sente qui partant de la THG contourne au sud le flanc de la dépression.
Les pertes de Saco sont deux des huit entonnoirs à l’orée
du bois juste à l’ouest des cabanes de Saco. La torca Olvidada
est un petit gouffre de quatre mètres évident, en bordure du
chemin de la Posadia à Saco, juste à la limite du bois de hêtres
avec les landes gréseuses de Saco.
Le puits d’entrée (P.47) de la
torca del Hoyo Grande (n°39) à l’extrémité
ouest du lapiaz tabulaire, au bord même de la grande dépression.
En arrière plan le sommet de la Colina (1448 m)
Un puits de 47m avec un éboulis déclive à
la base et un court boyau permettent de rejoindre un petit ruisseau souterrain.
L’aval commence par quelques centaines de mètres de galeries
confortables larges de trois à quatre mètres et pouvant atteindre
localement une trentaine de mètres de haut à la faveur d’une
fracture. Par contre, la galerie du Calvaire, prolongée par le laminoir
des Rotules bleues, oblige à un parcours pénible sur plus de
800 m. Cette partie peut être court-circuitée par une galerie
parallèle à peine plus praticable. Plus loin le canyon des Chablisiens
est formé par le recoupement de plusieurs bases de puits ; peu avant
une nouvelle base de puits, la Salle d’eau, vient se greffer un gros
affluent rive gauche : la galerie de la Patinoire et son plancher gréseux
particulièrement glissant. En aval, après quelques salles, débouche
en rive droite un ruisseau qui apparaît pour l’heure être
le cours d’eau principal du réseau ; il comprend en remontant
vers l’amont les galeries de Jonction (180m), de la Harpe (700m), Eole
(530m), du Colimaçon (616m). C’est dans cette dernière
galerie que vient s’insérer un méandre en provenance de
la torca de Nubes, entrée supérieure du réseau. En amont
de cette jonction le petit ruisseau a été poursuivi dans la
galerie des Marionnettes sur 220m jusqu’à un laminoir étroit.
En aval du réseau, la galerie des Pygmées, souvent très
basse (laminoirs de 0,3 -0,4m), bute sur des étroitures infranchissables.
En rive gauche, un boyau étroit permet de retrouver son prolongement,
après avoir traversé un ensemble de salles dont deux représentent
les bases des grands puits de 100m de la torca Olvidada. Dans l’extrême
aval, après le laminoir des Ténèbres qui s’étire
sur cent-quarante mètres, la galerie du Crabe plus confortable, et
son prolongement Cristalline 2 butent sur une trémie. Parallèlement
le Laminoir heureux et le laminoir du Fond fin lointain sont également
des terminus qui ne laissent que peu d’espoir.
La grande doline ou Hoyon de Saco vue depuis le flanc est de la Colina. Au-delà du lapiaz tabulaire, les prairies et cabanes de Saco (photo J. Luc Geral).
Une centaine de mètres au dessus des galeries de la THG se développent de longs drains avec de grandes portions rectilignes et qui jonctionnent avec l’étage inférieur par de grand puits d’environ 100 mètres.
Le sumidero de Saco 2 est un P.20 parmi une série de huit gouffres-pertes à l’ouest de Saco. Un petit actif, la galerie des Shunts s’arrête sur des passages étroits sans avoir permis la jonction espérée avec la cueva de la Haza. Près de l’entrée une galerie transverse et un conduit parallèle plus spacieux rejoignent le ruisseau curieusement baptisé le « Premier affluent » qui forme en fait l’axe principal de la cavité. A environ 900 mètres de l’entrée, des verticales (15m + 90m) capturent le cours d’eau au profit de la THG. La galerie supérieure confortable se poursuit sur un demi-kilomètre et, après contournement d’un P.105 borgne, se termine sur une trémie.
L’organisation de la torca Olvidada est semblable. Un
petit puits de quatre mètres et une étroiture désobstruée
permettent d’atteindre le ruisseau souterrain en provenance d’une
perte toute proche (n°397). La galerie marneuse d’abord confortable
est rapidement entaillée par un canyon gréseux plus étroit
moins agréable et les vires instables et exposées ne sont pas
toujours fréquentables contrairement à celles du sumidero de
Saco 2 ou de la cueva de la Haza. A 750 mètres de l’entrée
le ruisseau disparait soudain, avec une partie du courant d’air, dans
une série de puits arrosés partiellement explorée. Au
delà, après avoir reçu les affluents des galeries du
Solitaire et du Tipee (650m) puis le méandre provenant du gouffre de
la Chèvre (Cabria n°827), la cavité se poursuit en direction
de deux nouveaux grands puits de capture ; le premier (P.8 + P.100) sert de
perte au nouveau petit actif reconstitué qui rejoint la torca del Hoyo
Grande. Le second correspond probablement au sommet de la salle du Grand confort.
Nous sommes à 1090 mètres de l’entrée et la galerie
supérieure, après traversée du puits, se termine une
centaine de mètres plus loin.
Malgré quelques passages pénibles, la torca Olvidada est aujourd’hui
l’accès le plus rapide pour atteindre les parties les plus en
aval de la Torca del Hoyo Grande.
Pendage, fracturation et surtout nature sédimentaire
concourent à une organisation rigoureuse de ce grand réseau,
dans un ensemble de strates totalisant une épaisseur voisine de 130
mètres au milieu du complexe calcaréo-gréseux de la Colina
(niveau 10).
Les galeries de l’étage supérieur (S2, Olvidada) se développent
dans une séquence très mince (analyse Simonnot 1986) comprenant
du haut vers le bas :
- un niveau calcaire à rudistes et polypiers d’une quinzaine
de mètres partagé par un horizon métrique plus marneux
(barre de la Haza, bH).
- un banc de grès de 0,7 m au maximum (épaisseur et présence
variables) (grès de la Haza, gH)
- une couche de marnes grises, curieusement plissotées, avec quelques
nodules gréseux. Malgré une puissance réduite de 3 ou
4 mètres, elle est omniprésente dans la région de l’Hoyo
Grande et joue un rôle déterminant (marnes plissotées
de la Haza, mpH).
un épisode gréseux d’une dizaine de mètres avec
quelques intercalations calcaréo-gréseuses voire parfois calcaires
(grès de Olvidada, gO).
Les conduits originels sont dans les calcaires à rudistes et sont aujourd’hui
inactifs. Les marnes grises, puis les grès plus en aval quand le surcreusement
s’est accentué, forment un substratum local supportant les écoulements.
La morphologie des galeries obéit à des données simples
:
- diaclase de voûte ou méandre étroit dans les calcaires
à rudistes.
- élargissement jusqu’à cinq ou six mètres et talus
en V dans les marnes grises.
- surcreusement étroit type canyon dans les grès.
Quand le niveau gréseux est percé, les puits verticaux traversent
une centaine de mètres de bancs calcaires seulement interrompus par
de petits bancs gréseux ou marneux qui ne donnent pas de développements
horizontaux d’envergure.
L’étage inférieur a pour écran de base un ensemble
à dominante gréseuse, qui rend le plancher d’une grande
partie des galeries particulièrement glissant. L’élargissement
des conduits se fait souvent sur le joint de stratification le séparant
du banc calcaire sus-jacent, entraînant la formation de laminoirs redoutables
aux dimensions parfois remarquables comme le laminoir du « Fond fin
du lointain » large de 90 mètres pour une hauteur de 0,2 à
0,3 mètre !
L’ensemble supérieur utilise préférentiellement
une fracturation orientée N 130°à 140° que l’on
retrouve par ailleurs dans les grottes du même niveau stratigraphique,
la cueva de la Haza et la cueva de los Enanos Blancos. En dessous, dans la
torca del Hoyo Grande, les cassures les plus employées ont curieusement
une direction différente, environ N 110° et N 90°.
Le pendage, de l’ordre de 8°, combiné à la fracturation,
assure le plongement général du réseau vers le sud-est.
Les amonts de la THG participent au drainage de la grande doline de l’Hoyo
Grande.
Plus haut, l’écran imperméable des grès et marnes
noires de Saco forme, par leur contact avec le sommet de la barre calcaire
de la Haza, des pertes comme les sumideros de Saco ou la torca Olvidada.
Aujourd’hui l’essentiel des circulations souterraines est capturé
par l’étage inférieur et la coloration effectuée
en 1982 par le SC Chablis montre la relation avec la cueva de la Cascada (n°101)
qui est effectivement la source majeure à ce niveau ; un lien avec
la fuente del Ason (n°100), de moindre importance, paraît peu probable.
Par ailleurs le substratum gréseux de la torca del Hoyo Grande pourrait
correspondre à celui qui détermine la résurgence de la
Cascada (n°101); tout serait donc pour le mieux si l’arrivée
d’eau dans cette cavité n’avait lieu par des galeries supérieures
suspendues ce qui nous laisse particulièrement perplexes (voir aussi
dans l’étude de la grotte de la Cascada).
Les conduits des étages supérieurs, dans leurs extrêmes
avals, ont pu être recoupés par la surface topographique de la
vallée glaciaire de la Posadia et la fuente del Horneo (n°660),
en aval de cette même vallée, paraît se trouver dans leur
prolongement.
Autour des cabanes de Saco grès et marnes noires établissent une surface imperméable en forme de toit à deux pans. Les eaux de cet impluvium auxquelles s'ajoutent les apports des petites sources issues du banc calcaire sus-jacent s'orientent vers l'Ouest ou l'Est. Côté occidental, les écoulements se jettent très vite dans les sumideros de Saco à 1146m d'altitude; ils rejoignent ainsi, indirectement, le réseau de la Torca del Hoyo Grande. Vers L'Est, le drainage est plus long, mais le contexte géologique est le même. Quand les eaux du petit ruisseau collecteur des landes atteignent le banc calcaire sommital de la barre de la Haza, elles se perdent alors dans la Torca 397 pour réapparaître peu après dans la Torca Olvidada.
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