Cuevas de Jonzalanes

(n° 111, 579, 817, 818, 819 et 2864)

Développement : 1528 m
Dénivellation : +82 m

Dans le prolongement du Carrillo, la Sierra La Vega apparaît comme une lande uniforme, sans grand potentiel karstique. Dans sa partie basse, elle est bordée par une ligne de falaise, haute d'une petite dizaine de mètres et au bas de laquelle jaillissent quelques sources temporaires. Le bassin d'alimentation de ces dernières est réduit (inférieur à 1 km²) et il est assez surprenant que dans un volume karstique aussi limité un réseau souterrain de plus d'un kilomètre ait pu se développer.

Situation et accès

Le réseau souterrain compte pas moins de 6 entrées. Quatre s'ouvrent de plein pied au bas des falaises de Jonzanales et deux, sont des puits s'ouvrant dans la lande de la Sierra :


Cueva 111 : x = 446,525 ; y = 4783,026 ; z = 1310 m
Cueva 579 (a et b) : x = 446,513 ; y = 4782,991 ; z = 1315 m (seule l'entrée a est pénétrable)
Cueva 817 : x = 446,537 ; y = 4783,084 ; z = 1313 m
Cueva 818 : x = 446,547 ; y = 4783,103 ; z = 1311 m
Torca Epidermica (n°819) : x = 446,259 ; y = 4783,038 ; z = 1374 m
Torca de Aliento Caliente (n°2864) : x = 446,379 ; y = 4783,026 ; z = 1357 m

Commune : Soba

cueva111

L'entrée de la cueva 111. En arrière plan, on distingue le bloc isolé qui fait face à l'entrée de la cueva 579.

cueva 579

L'entrée principale (a) de la cueva 579. La seconde entrée, impénétrable (b) se trouve à droite au niveau des blocs effondrés.

Description

Le réseau de las cuevas de Jonzanales se développe sous une table calcaire (Sierra de la Vega) qui s'étend sous la ligne de crête et à l'est de l'alto de Pizarras. Elle correspond à une strate calcaire dont l'épaisseur n'excède guère plus de 10 m et qui affleure de façon uniforme sur une surface d'environ 0,7 km2.

Ici, comme sur le reste du massif la pente moyenne est de l'ordre de 12 °. La structure monoclinale associée à la fracturation (N80) a favorisé le creusement de drains indépendants et parallèles. Ceux-ci finissent par jonctionner à proximité du versant et à la faveur de fractures de détente parallèles à l'axe de la petite falaise le long de laquelle se répartissent les différentes entrées de cavités.

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Concrétions alignées le long de la fracture en amont du rio de Concordia.

Au total ce réseau souterrain en miniature compte 7 entrées : 5 au bas de la falaise de Jonzanales et 2 orifices supérieurs s'ouvrant à l'aplomb même des ruisseaux souterrains. Quelque soit l'entrée basse choisie, il faut dans tous les cas traverser une courte zone de petits conduits labyrinthiques. Le courant d'air soufflant (6,5 °) est un bon fil conducteur pour accéder aux 3 ruisseaux souterrains qui s'écoulent parallèlement avec un intervalle qui n'excède pas 20 m dans un cas (entre le río Clonado et le Río Sorpresa) et une quarantaine de mètres dans l'autre (entre le río Concordia et le río Clonado). Leur morphologie est très similaire. Le ruisseau s'écoule sur la strate gréseuse qui fait office de niveau de base.

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Le ruisseau de Concordia

Au début la progression est aisée mais les dimensions (2 m x 3 m en moyenne) diminuent progressivement au bout de 200 à 300 m. La voûte s'abaisse et le conduit prend la forme d'un laminoir devenant progressivement impénétrable. Cette diminution de la hauteur du conduit, assez compréhensible vu qu'il s'agit d'amonts, est à mettre en relation avec le fait que l'épaisseur de la strate calcaire diminue également d'est en ouest. A deux reprises, dans les ríos Clonado et Sorpresa, une cheminée communique avec la surface. La hauteur de ces deux "gouffres" correspond approximativement à l'épaisseur de calcaire à savoir 7 et 8 m.

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Dans le rio Clonado, un court affluent amène au bas de la torca 2864.
Le changement flagrant de température (courant d'air aspirant dans le gouffre) et l'abondant talus d'herbes sèches révèlent la proximité de la surface.

 

Les actifs dont le débit est de l'ordre d'un ou deux litres/s à l'étiage disparaissent sous les conduits ébouleux de la zone d'entrée. On les retrouve partiellement en surface dans quelques sources temporaires. En basses eaux ils se perdent probablement dans les dépôts morainiques qui recouvrent tout le secteur de Jonzanales ainsi que le pied de la falaise où ils sont censés revoir le jour. Il est fort probable qu'il existe d'autres drains sous la Sierra la Vega mais pour les atteindre, il faudra s'atteler à l'exploration de tous les gouffres qui jalonnent la lande à l'instar de la torca del Medico (n°582), située plus au nord et qui recoupe une minuscule circulation qui a pu être reconnue sur une centaine de mètres.

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Concrétions dans l’amont du ruisseau Sorpresa.
Leurs formes traduisent la présence du courant d’air mais également celle d’un antique remplissage, aujourd’hui disparu.

Géologie

strati

Coupe est-ouest de la strate calcaire dans laquelle se développent les cuevas de Jonzanales

Survoler l'image avec le pointeur pour faire apparaître la stratigraphie

Le plateau supérieur de la Sierra La Vega est entaillé au sud par une large tranchée, probablement d’origine glaciaire d’où la présence de moraine (3), et qui permet de visualiser la stratigraphie sur la totalité du secteur. Les cavités se développent dans un banc calcaire (1) épais d’une dizaine de mètres et dont l’épaisseur tend à se réduire vers l’ouest. Un niveau gréseux surmonté d’un joint marneux fait office de niveau de base (2). Le pendage (environ 12°) est régulier et n’est affecté par aucun accident majeur.

Historique

En 1965, le GES (Barcelone) signale les cavités de Jonzanales sans faire mention d'exploration. Plus tard, en 1969, Claude Mugnier reprend l'information dans son inventaire (n°111) mais ne parle toujours pas d'exploration ni des autres cavités du secteur. Le 17 juillet 1990, le S.C.D. (Guy Simonnot) visite rapidement la cueva 579 sur 50 m jusqu'à une diaclase ébouleuse (fort courant d'air soufflant) et inventorie 7 autres cavités (familles Lecoq et Simonnot). Le 31 juillet 1996 les cuevas 817 et 818 sont découvertes et explorées sur un peu plus de 400 m. Ce même jour, l'entrée supérieure (torca 819) est trouvée par l'intérieure (P. et S. Degouve, C. et P. Durlet, N. Dusapin, M.C. et D. Langlois). Le 20 octobre 2017 le ruisseau souterrain de la cueva 579 est découvert et parcouru jusqu'à +75 m (511 m topo). Les autres entrées sont relocalisées et une jonction entre les différentes cavités semble se dessiner (P. et S. Degouve). L'exploration de la cueva 111 est réalisée le 29 juillet 2018 (P. et S. Degouve). La jonction avec la cueva 579 est concrétisée au bout de quelques dizaines de mètres. Les galeries latérales sont fouillées et contre toute attente, l'une d'elles débouche dans un beau conduit actif parallèle et très proche des ruisseaux des cuevas 579 et 817. Ce nouveau ruisseau est remonté sur plus de 250 m et comme c'était le cas dans le río Sorpresa, une entrée supérieure est découverte par le bas (P.7) (Torca 2864). Il ne reste plus qu'à raccorder la cueva 817. Cette dernière jonction est effectuée le 30 décembre 2019 (P. Degouve et S. Michaud). Ce jour là plusieurs diverticules sont explorés ainsi que la cueva 574 qui, malheureusement ne sera pas connectée au réseau.

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Profil représentatif des 3 rivières qui s’écoulent sous la Sierra La Vega.

Bibliographie

- DEGOUVE DE NUNCQUES, Patrick (1996) : Expédition n°27-96, Porracolina 96 - Compte rendu d'activités 1996 de la C.R.E.I., n°5, page 64
- MASRIERA, Alicia ; ULASTRE, Juan (1966) : Consideraciones acerca de algunas formaciones hipogeas en el valle de Miera - Cuadernos de Espeleologia n° 3, p. 51 à 65, Santander
- MUGNIER, Claude (1970) : Répertoire des cavités de la région d'Ason (Santander - Espagne) - Sous le Plancher, tome 9, 1970, fasc. 2, p.35 à 43

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