(n°86)
Développement : 1128 m
Dénivellation : 65 m (-33 ; +32)
Pour des générations de spéléologues dijonnais la cueva del Escalón était la première grotte que l’on visitait quand on découvrait le val d’Asón. Ses belles dimensions, sa ressemblance avec la galerie du Chicaron dans la sima del Cueto et son accès facile en font une intéressante cavité d’initiation.
Depuis Valdeasón on suit le chemin de Socueva en passant
au pied du porche de la Cueva Coventosa. Juste avant de trouver la cueva del
Horco au bord du chemin (qui descend alors brusquement la barre rocheuse),
il faut monter d’une quarantaine de mètres dans la zone lapiazée
où on devine assez facilement l’entrée en partie masquée
par la végétation.
x = 450,631 ; y = 4789,388 ; z = 340 m
Commune : Arredondo
La vallée d'Asón et en rive gauche,
la pyramide calcaire de la peña La valle. La cueva del Escalón
s'ouvre dans le tiers inférieur.
Version
plus grande et commentée (positionnement des cavités)
"La description générale peut être divisée en trois zones : le Canyon principal, véritable artère de la grotte, les galeries secondaires reliées au Canyon et la zone haute située au fond et formée par des salles de grande superficie, seulement accessibles par des escalades.
Son entrée, sur le flanc de la montagne, est de forme
rectangulaire de 11 m de large pour 4 de haut ; la galerie débute par
une descente encombrée de blocs de 15 m de dénivelé qui
nous amène sur un plan d’eau temporaire très boueux. La
section de la galerie est de 13 m de large pour 20 de haut et au centre de
ce plan boueux on trouve deux formations stalagmitiques de grand développement,
qui nous barrent quasiment le passage, appelées par les premiers explorateurs
« le Caniche » (note de la rédaction : confusion probable
de A. Asensio, en réalité le Caniche est une formation située
60 m plus loin sur la gauche) et à quelques mètres d’importantes
arrivées du plafond, formant un empilement de grands gours échelonnés,
dont les pertes alimentent le plan d’eau.
En descendant de l’autre côté on avance dans la partie
la plus rectiligne du canyon, au sol recouvert de petits blocs cimentés
par des coulées et quelques stalagmites de petite dimension. Trente
mètres plus loin la monotonie de la progression est rompue : à
droite et après un amoncellement de gros blocs on rencontre un lac
permanent (3 m de profondeur), accessible par un ressaut de 4 m. Si on continue
par la gauche il faut de nouveau remonter un empilement de gours qui redescend
vers une zone spacieuse remplie de grandes stalagmites. En remontant des coulées
on atteint une petite pisserotte en provenance, en haut et à droite,
du grand porche d’une galerie. Si on poursuit par le canyon celui-ci
se rétrécit progressivement laissant pressentir un puits remontant.
Le canyon d'entrée de la cueva
On le rencontre 60 m plus loin sous la forme d’un R.5 recouvert de coulées
très glissantes. Au sommet on se retrouve sur un chaos de blocs seulement
franchissable par la gauche et une pente glaiseuse ; en bas on trouve une
zone pratiquement plane parmi les blocs. Les dimensions augmentent brusquement
pour atteindre 35 m de haut pour 28 de large. Sur la gauche en remontant des
coulées humides, on atteint une étroite galerie suivie d’une
succession de salles dont nous parlerons plus loin.
En rejoignant le canyon, à droite on débouche sur le lac principal
de la cavité, dont le niveau est variable et qui peut atteindre 90
m de long durant les périodes pluvieuses. Sa profondeur ne dépasse
jamais le mètre. A sa sortie on reçoit une abondante pluie venant
du plafond, d’une hauteur supérieure à 50 m. Le sol remontant
est recouvert de gours, petits mais profonds. L’apport hydrique alimente
le lac qui retient l’eau grâce à un gros paquet d’argile
très compacte.
En haut de cette série de gours on rejoint un énorme môle
stalagmitique et par derrière la plateforme supérieure, point
de départ des voies d’escalade, détaillées par
la suite. Au pied du grand môle démarre une galerie en diaclase
de 20 m assez bien décorée. Une autre, basse de plafond, la
rejoint, tourne autour de l’édifice stalagmitique et après
une petite montée, débouche dans le canyon par un P.12.
Trois galeries, de structure et morphologie bien distinctes,
se greffent sur le canyon à différents niveaux.
La première est un petit conduit fossile d’une vingtaine de mètres
qui s’ouvre sous le talus rocheux de l’entrée et qui s’interrompt
brusquement.
Une seconde galerie (galerie de la Fontaine) démarre dans le flanc
droit et au milieu du canyon. Pour y accéder on doit escalader des
corniches rocheuses instables sur 9 m. La galerie débute par un ample
porche au sol complètement lisse. Après 40 m de parcours un
cours méandre amène au bord d’un puits en cloche de 8
m. Sa base est occupée par une pente de sable très fin et rejoint
une galerie basse de plafond qui permet encore de descendre sur 7 m jusqu’à
un colmatage de sable provenant de la pente précédente.
Au début du lac principal de la grotte existe une troisième
galerie. Pour l’atteindre on grimpe sur des coulées très
pentues et on traverse un ensemble de splendides colonnes d’où
on aperçoit l’entrée. Celle-ci, de forme triangulaire,
donne accès à une pénible diaclase étroite et
très haute de 15 m de long. De façon inespérée
elle débouche dans une salle ronde puis en paroi droite dans une galerie
au toit très bas qui se rétrécit et ressort 30 m plus
loin sur le canyon et sur le lac. A l’autre bout de la salle, après
la remontée d’une pente de sable fin, on trouve un passage bas
qui mène à l’une des plus belles salles de la cavité,
de forme allongée et haute de 6 m. Le sol est recouvert de sable et
localement apparaissent des stalactites bien développées.
La galerie de la Fontaine s'atteint par une escalade le long de la coulée stalagmitique
Si on retourne au fond du canyon, une première escalade
de 10 m sur une coulée très glissante nous amène au premier
étage. Il est composé d’un ensemble de petites salles
reliées par d’amples ouvertures. La continuation est au plafond
de la dernière ; une escalade de 6 m sur la paroi de droite et une
étroite chatière entre de grosses colonnes donnent dans une
autre salle (4 x 8 m), au plafond complètement plat. A son extrémité,
après une descente sur des cristaux de calcite, on atteint une des
salles les mieux décorées. De forme irrégulière
elle fait 20 m de long pour 6 m de large et est recouverte, aussi bien au
plafond que sur les parois, de formations aux couleurs et aux formes variées.
Revenons au sommet de l’escalade de 10 m : sur le côté
droit le franchissement d’une petite coulée recouverte de boue
permet d’atteindre une autre escalade de 9 m. Très facile, elle
aboutit à une corniche parsemée de colonnes qui borde le canyon
35 m au dessus.
En passant une précaire main courante on accède au second étage,
constitué de salles de grand développement ; la plus remarquable,
appelée « salle des Espadas (épées, lames) »
à cause de la profusion de stalactites qui ne dépassent jamais
7 cm de diamètre, a son sol recouvert de coulées à la
texture particulièrement fine. A la sortie de la main courante et avant
d’atteindre le second étage se trouve en hauteur et au bord même
du canyon ; par une escalade facile de 12 m on pénètre dans
un court méandre qui gagne immédiatement du dénivelé
que l’on perd dans la descente qui aboutit de façon surprenante
dans la « salle Blanca » (40 x 15 m) ; elle est ainsi appelée
parce que son sol est recouvert de mondmilch blanc rappelant des flocons de
neige.
Au dessus de l’escalade de 12 m, et après avoir franchi un dangereux
puits remontant de 5 m, se présente un autre méandre (3éme
étage) ; de modestes dimensions il débouche par un P.8 au milieu
de la paroi de la plus grande salle de la grotte, la salle du « Futbol
» (60 x 40 m). Elle est de forme régulière et son sol
complètement plat est recouvert de sable et d’argile durcis.
A une extrémité un grand pont rocheux est bien orné de
stalactites et de gours ; en face du P.8 d’accès, une autre petite
salle est accessible par un curieux passage bas où les innombrables
stalactites sont d’une autre couleur, certainement due aux impuretés
argileuses des calcaires sus-jacents."
Le Caniche
La grotte est parcourue par l'équipe Dresco en 1954,
puis par le S.C.Dijon en 1958, 61, 64 (1er étage), 68, 72.
En 1973 une escalade de 9 m vers le milieu du cañón permet de
parcourir la galerie de la Fontaine (Degouve, Simonnot, S.C.Dijon)
En 1987 et 1988 les spéléologues catalans de la SIES de l’Avenc
poursuivent des escalades artificielles au fond de la grotte. Ils découvrent
les trois salles de las Espadas, Blanca et del Futbol et réalisent
un plan complet de la cavité.
Un accès désormais interdit
En 2019 la commune d'Arredondo a accordé une concession de 100 ans à la société Astroland (Interplanetary agency) pour exploiter la cueva en vue de simuler des missions d'exploration sur la planète mars. Cette gigantesque mascarade derrière laquelle les intérêts commerciaux sont à peine masqués prive les spéléos d'une belle cavité d'initiation. A défaut, une petite visite sur le site de l'entreprise en question vous donnera une petite idée de la notion d'infini telle que la propose Albert Einstein :
“Deux choses sont infinies : l'Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l'Univers, je n'en ai pas encore acquis la certitude absolue.”
Le site d'Astroland : https://www.astrolandagency.com/
< Télécharger la topographie de la cueva del Escalon (n°86)- Format A3 PDF (220 ko)
< Télécharger l'article de
A. Asensio (SIES) sur la déscription de la cueva Escalon