Secteur 11 : PEÑA LUSA

Géologie-Hydrologie

Litho-stratigraphie

La géologie locale est marquée par une imposante sédimentation calcaire laissant apparaître de superbes masses lenticulaires ou mud-mounds (calcaires de Las Machorras 1), prolongés ou surmontées de calcaires de plateforme (calcaires de Las Machorras 2), qui forment l’essentiel du bâti de Pena Lusa (niveau 16, voir coupe stratigraphique). Si l’épaisseur des lentilles peut dépasser 50 m, ce sont leur groupement et parfois leur superposition qui leur assurent une notable puissance dépassant 200m. Chaque mud-mound est constitué de deux parties: un noyau et une écorce (capping-beds). La partie centrale est la construction: elle contient des micrites associées à des bioclastes divers disséminés (madréporaires, rudistes, oursins).

Version plus grande.

Les capping-beds sont constitués de bancs de calcaires bioclastiques recouvrant le noyau et par conséquent affectés d’une nette inclinaison originelle. Toutes ces formations calcaires reposent sur un ensemble de marno-calcaires (niveau 15) et de grès (grès de la Brenia, niveau 14). La puissance de ce soubassement, difficile à évaluer doit être au moins égale à 100m. Ces affleurements forment la base qui parait devoir constituer la limite géologique en profondeur du karst de Pena Lusa. A l’ouest l’ensemble des formations du massif repose sur les calcaires du Picon del Fraile(niveau 13) tandis qu’au nord-est la présence de marnes noires sous les grès dans les décollements bordant los Gorgullones semble montrer qu’il s’appuie sur les formations détritiques de Soba (niveau 11). A l’est les mud-mounds sont bordées par les formations argilo-gréseuses de Canedo et du col de la Sia. En dessous les marno-calcaires se prolongent très loin au delà de Valcaba (cf. hydrologie). A l’ouest les lentilles calcaires construites cèdent la place à deux niveaux de strates calcaires séparées par des horizons marno-calcaires et quelques bancs gréseux bien visibles sur les flancs en province de Burgos.
Les formations de Pena Lusa correspondent à trois séquences (Valcaba, Camporieza et Busquemao) du 3e système de dépôts urgoniens (U3, Albien moyen).

Le dispositif structural

Toutes les formations sédimentaires de Pena Lusa ont subi un mouvement de bascule général vers le sud-est prolongeant simplement la structure monoclinale du flanc méridional de l’anticlinal San Roque/Socueva (massif de Porracolina) fruit de la tectonique tertiaire pyrénéo-cantabrique. Le pendage sud-est prend des valeurs de l’ordre de 10 à 12 degrés qui ajoutés à l’inclinaison des capping-beds provoquent des pentes fortes (45 degrés) de certains joints de stratification au niveau desquels se sont façonnés de superbes lapiez très sportifs par temps de pluie et brouillard.

Sur le flanc nord-est de la pena Lusa, l'inclinaison des lapiaz est principalement due à la présence de lentilles dont l'écorce (capping-beds) peut atteindre par endroit près de 45°.

Morphologie

Le modelé de Pena Lusa porte les marques de l’action glaciaire quaternaire et des processus karstiques. La dépression de Zucia avec ses moraines qui se sont déversées trés bas en direction de Canedo est un magnifique exemple de cirque glaciaire repris par une action karstique. Elle a fait en 1961 l’objet d’une étude de F.Hernandez Pacheco qui signale l’existence de deux fronts morainiques superposés, le plus récent de 920 m à 1020 m d’altitude, recouvrant un plus ancien s’étalant jusqu’à 820 m. Il nous semble cependant que cette moraine s’étende bien plus bas vers Canedo. Quelques belles dolines circulaires parsèment le massif fréquemment jonchées d’éboulis cryoclastiques fruit du défonçage nivo-karstique, surtout dans les secteurs calcaires plus gélifs. Les lapiez, même favorisés par l’intense fracturation, n’atteignent cependant pas l’ampleur de leurs voisins du Hornijo ou de Pena Lavalle. Les plus beaux sont sans conteste ceux qui se sont créés sur les bancs trés inclinés (capping-beds) des lentilles calcaires (cf. géologie).

Version plus grande

En plus du découpage tectonique, le massif a subi des lézardes, conséquences probable d’un glissement des masses calcaires sur leur support marno-calcaire. Une de ces fractures ouvertes particulièrement spectaculaire forme derrière le Valturon, un très long corridor large et profond de plusieurs mètres, colmaté de blocs et de terre. On la retrouve en profondeur, deux cents mètres plus bas, dans la cueva del Lobo qu’elle a recoupée postérieurement à l’établissement du réseau. Ce phénomène n’est pas sans rappeler d’autres grosses cassures venues sectionner des conduits souterrains : fond du Canyon Rouge à la cueva Fresca, fond de la cueva del Hoyo Salcedillo. Il pourrait correspondre à d’imposants phénomènes de détente après le retrait de glaciers ( ?) ou bien être lié à des processus de néotectonique (voir aussi le problème abordé pour les cavités du seuil anticlinal de socueva : fond de la cueva Cayuela, Cueto).

Hydrologie

Quand on observe les grandes cavités du massif de Pena Lusa on voit immédiatement l’écoulement général qui se fait depuis l’ouest (versants de la province de Burgos) vers l’est en suivant le pendage général du substratum imperméable (grès de la Brenia) et ce, sur de grandes distances.
Cependant la sortie de cet aquifère reste une grosse énigme. Quelques auteurs ont facilement contourné l’obstacle en imaginant des résurgences dans les amonts du Rio Argumal. Mais dans tout le ravin n’existent que des apports d’eau insignifiants, et en aval le cours d’eau établi dans les grès ne montre qu’un débit minime voire nul en été.
Nous avons donc envisagé une continuation vers l’est des cours d’eau souterrains malgré la disparition des lentilles calcaires. En effet les marno-calcaires de base, karstifiables, se prolongent sur plusieurs km dans le flanc droit de la vallée du Rio Gandara.
La Fuente de Quadreo, près de Valcaba, s’inscrit dans cet hypothèse mais, modeste et impénétrable, elle ne peut évidemment pas représenter le seul exutoire karstique d’un massif aussi important. Les recherches d’émergences que nous avons effectuées à l’est de Valcaba sont demeurées vaines.
Signalons que la torca de los Morteros (8km, -415), en province de Burgos et hors de nos investigations, semble devoir s’insérer dans le même cadre hydrogéologique que la cueva del Lobo et la torca de la Pena del Trillo.

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