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Spoliation, vandalisme et négationnisme à l’alto de Tejuelo

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En créant ce blog, nous ne pensions pas utiliser un jour ces trois mots qui ont bien trop souvent forgé les moments les plus sombres de nos civilisations. Et pourtant….

Souvenez-vous, l’été dernier, nous étions tous très heureux d’annoncer la découverte du gouffre du Plan B et de l’accès qu’il offrait désormais au río Eulogio, le collecteur principal du réseau Muela-Tejuelo. Cette nouvelle entrée allait donc permettre de poursuivre les explorations de l’aval de la rivière de la torca de La Canal (río Eulogio) que, il est utile de le rappeler, nous avions menées entre 1995 et le début des années 2000, sans que personne n’y soit retourné depuis.

Mais voilà, cette découverte n’a semble pas été du goût de tout le monde et rapidement une sorte de cabale a été montée contre nous pour nous empêcher de retourner dans cette cavité que nous avions découverte puis explorée en toute légitimité. Mais cela ne s’est pas arrêté là puisque l’accès aux autres gouffres du massif que nous explorions depuis longtemps nous a été également interdit (Torca del Pasillo, torca Aitken, torca de Maxou Picchu etc…). Ultimatum écrit, menaces d’agressions violentes, bloquage de véhicule ont suivi jusqu’à cette journée d’août dernier où nous décidons d’aller à la torca del Plan B avec quelques amis spéléos cantabres.

Arrivés au bord du gouffre nous avons la désagréable surprise de constater que notre marquage a été effacé et remplacé par un autre, puis de voir nos amarrages supprimés pour certains, massacrés pour d’autres. Quant à notre matériel (400 m de cordes avec tous les amarrages), il a purement et simplement disparu, remplacé par un nouvel équipement posé jusqu’à -90 m environ. Un petit tour vers d’autres entrées nous révèle que d’autres marquages ont été soigneusement effacés.

Quelle personne censée pourrait-elle croire que quelques
coups de marteau et un peu de peinture peuvent changer l’histoire ?

Bien sur nous pourrions crier vengeance et à notre tour déséquiper des gouffres, rechanger les marquages et entrer dans une spirale sans issue. Mais celle-ci ne correspond pas à notre éthique et nous préférons prendre un peu de recul et analyser pourquoi en sommes-nous arrivés à ces excès qui ne sont pas dignes de spéléologues en quête d’exploration.

Le Spéléo-Club de Dijon  a un long passé spéléologique dans ce massif de Cantabria, et bon nombre de réseaux ont été explorés totalement ou partiellement par ses membres dont certains sont toujours actifs sur le massif depuis 45 ans. Faut-il aussi rappeler que sur les 12 entrées actuelles du réseau Muela-Tejuelo, 6 ont été découvertes par le Spéléo-Club de Dijon. Il en résulte une masse d’informations importante que nous nous attelons à diffuser au plus grand nombre via notre site Internet (http://karstexplo.fr/CuevasAson/IndexAson.htm) et en essayant de répondre au mieux à toutes les demandes de renseignements qui nous sont faites. Ce fut le cas d’ailleurs pour la topo de la torca de La Canal, du plan B et des autres cavités du secteur. Mais ce passé semble gêner certains qui souhaitent refaire l’histoire en effaçant toute trace de notre travail (topographies, marquages, absence volontaire d’historique dans certains articles etc…). Frustration, jalousie, peu importe la raison mais on ne refait pas l’histoire et cette forme de négationnisme s’oppose à toutes les belles paroles proférées ça et là sur les objectifs de notre activité et la manière de les atteindre. Quand celui-ci se double d’actes de vandalisme et de vol, alors il n’est alors plus question de spéléo, mais de droit commun et cela relève de la justice pénale… L’actuel Président de la FCE a d’ailleurs condamné ces actes malveillants sans aucune ambigüité dans un courrier adressé aux principaux intéressés.

Quant à la spoliation des cavités en cours d’exploration, il faut peut être s’interroger sérieusement sur les dérives occasionnées par l’attribution des permis d’exploration qui ont été interprétés de façon abusive par certains, et encouragés ces dernières années par des attributions arbitraires basées sur le clientélisme et le copinage. A ce titre, l’autorisation de travailler sur une zone commune de l’alto de Tejuelo qui devait constituer un test pour faire évoluer les méthodes de travail et dont nous étions l’une des chevilles ouvrières nous a été soudainement retirée sans que nous le sachions et sans qu’aucun motif ne soit évoqué et cela sur simple demande d’une personne agissant un peu comme un petit seigneur de guerre local.

Pourquoi tant de haine ?

Dotée d’une nouvelle équipe dirigeante, la FCE doit se réunir prochainement pour évoquer ce thème important. À nos yeux, il importe qu’elle puisse, à partir de ce triste exemple, porter une véritable réflexion sur la part à donner sur la légitimité des explorateurs par rapport à l’aspect purement administratif, trop souvent mis en avant et source de tous les problèmes.

En attendant, il est une chose que personne ne pourra jamais nous voler, c’est le plaisir et la satisfaction avec laquelle nous avons découvert et exploré le collecteur de l’alto de Tejuelo et bien d’autres cavités du massif.

Pour le S.C.Dijon, Patrick et Sandrine Degouve, Guy Simonnot

Les « news » de l’été…

Encore un été riche en rebondissement où les découvertes n’ont pas toujours été là où on les attendait. Si nous devons nous résigner à tourner la page pour certaines cavités (Helguera, 3 Yeux, Carrera…), d’autres s’apprêtent à nous donner du grain à moudre pour les années futures. Voici donc les principaux résultats des quelques 30 sorties réalisées sur le terrain, que ce soit pour explorer, prospecter ou désobstruer. Et contrairement aux idées reçues, cette dernière activité occupe désormais une part non négligeable dans nos recherches et parfois dans nos découvertes.

Secteur Alto la Muela – Alto de Tejuelo

·      Le gouffre du plan B (torca del Plan B de Muriel)

Le 23 octobre 2015, lors d’une ballade-prospection dont l’objectif fut modifié en dernière minute, Guy et Muriel Simonnot découvrent un beau trou souffleur bouché par de gros blocs de grès mais derrière lequel les cailloux chutent d’une vingtaine de mètres. Six jours plus tard, en compagnie de 2 amis anglais (Peter Smith et Juan Corrin), l’entrée est dégagée et Guy peut descendre de quelques mètres. L’exploration ne débutera véritablement qu’au printemps suivant. Rapidement le gouffre prend de l’ampleur mais la présence d’énormes remplissages suspendus sur les parois des premiers puits va compliquer l’équipement. Celui-ci sera conçu pour éviter au maximum les paliers formés, la plupart du temps, par des blocs instables. A -280 m nous atteignons un niveau de galeries fossiles limités à chaque fois par des puits donnant sur une rivière dont on perçoit nettement le grondement.

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Le dernier puits du Plan B,
juste avant d’arriver dans le rio Eulogio.

Le 6 août, l’un de ces puits est descendu et 100 m plus bas (-376) nous jonctionnons avec le Rio Eulogio que nous avions exploré entre 1998 et 2000 sans que personne ne soit tenté d’y aller depuis. En attendant de coordonner nos recherches avec celles de nos amis de l’ACE Mataro qui ont également beaucoup cherché dans ce secteur, nous avons effectué une reconnaissance en aval pour évaluer les risques de crue dans le cas d’un éventuel bivouac. L’effacement de nos traces de pas indique clairement que l’eau peut monter à près de 10 m de hauteur notamment dans la partie terminale qui se trouve probablement noyée en période de crue. La pose d’une sonde reefnet laissée une année, devrait nous fournir des données plus tangibles. Quelques compléments topo ont également été réalisés dans des galeries latérales menant à la découverte de prolongements sans suite évidente.

planb-09-2016-033Le rio Eulogio en amont du Plan B.
Retrouvailles après 18 années sans exploration…

·      Gouffre des 3 yeux

En atteignant un niveau de galeries fossiles à -240 m, nous pensions bien parcourir quelques belles galeries dans ce secteur où, pour le moment, nous n’en connaissons pratiquement pas. Malgré des courants d’air parfois assez fort, nous n’avons pas pu progresser ni en amont, ni en aval au-delà des quelques centaines de mètres que nous avions découvert en 2015. En aval, nous nous sommes arrêtés soit sur des broyages soit sur des remplissages importants. En amont nos explorations se sont heurtées à des puits remontants dont l’escalade ne nous a pas semblé très intéressante. Le développement est de 1320 m pour une profondeur de 255 m.

3yeux-09-2016-001Escalade en aval de la galerie du Grand Blanc.

3yeux-09-2016-009     3yeux-09-2016-010
La galerie du Grand Blanc

·      Torca de de los Gérmenes

Situé en amont de la trémie amont de la galerie du Casque (torca Aitken), ce gouffre est assez difficile d’accès surtout en période estivale lorsque la végétation est luxuriante. Une première reconnaissance jusqu’à -50 m en juin dernier révélait un bon courant d’air aspirant. En juillet nous poursuivons l’exploration constituée de petit puits et de méandres jusqu’à la profondeur de 85 m où une étroiture ponctuelle nous empêche de descendre un petit ressauts de 3 m. La suite semble peu évidente. Dans le même secteur, plusieurs petits gouffres ont été descendus sans dépasser la profondeur de 40 m.

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Secteur Fraile-Lunada-Becerall

·      Système de la Gándara

Affluent des Moustiques :
Peu avant le siphon aval du collecteur, une escalade d’une dizaine de mètres nous a permis d’accéder à un joli méandre long d’environ 150 m. Cet affluent draine un ruisseau dont l’origine semble assez locale. L’extrémité est strictement impénétrable.

dedic-09-2016-001Désobstruction….

Non loin de là, une désobstruction difficile a été réalisée dans un épais remplissage argileux d’où filtrait un léger courant d’air. Derrière 3 colmatages partiels du conduit, nous avons atteint de belles galeries se développant à un niveau intermédiaire entre les actifs du réseau et le canyon des Alizés. Au total, nous avons topographié 1400 m de conduits très variés de par leur taille et de par leur morphologie. Dans cette nouvelle partie du réseau, il reste encore plusieurs possibilités de continuation.

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Dans les nouvelles galeries de la Gandara.

·      Cueva d’Helguera

Il nous restait un beau départ à voir, en haut de la galerie de Liencres, à l’endroit où celle-ci change d’orientation. L’escalade haute de 17 m, le long d’une coulée stalagmitique, a rejoint un puits de 21 m. Au bas, celui-ci recoupe un boyau parcouru par un filet d’eau provenant vraisemblablement de la galerie principale. L’amont comme l’aval, sont rapidement impénétrables, malgré un léger courant d’air.

helguerra-09-2016-006La galerie de Liencres

Plus en aval, nous avons fouillé une série de conduits creusés entre de grandes dalles effondrées et développant une centaine de mètres mais sans grand intérêt. En revanche, dans la salle de las Cortezas nous avons découvert, sans trop de surprise, un joli méandre fossile parcouru sur près de 100 m jusqu’à ce qu’il devienne totalement impénétrable. Le développement de la cueva est de 2570 m.

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Escalade à l’extrémité de la galerie de Liencres.

·      Cueva del Sirocco

Située dans le secteur de la Lunada, au niveau des strates supérieures de la série calcaire du bassin d’alimentation de la Gándara, cette petite cavité a fait l’objet de longues séances de désobstruction. La profondeur de 25 m reste pour le moment très modeste mais nous gardons bon espoir d’accéder à des conduits plus amples.

helguerra-09-2016-014Pierre dans le P.21 du fond d’Helguera

·      Prospection Becerall

Nos prospections se sont poursuivies sur la Brena et le lapiaz de la Becerall. Plusieurs cavités ont été explorées mais sans grand résultat. La plus importante, la torca del Antifaz atteint modestement la profondeur de 50 m.

Autres secteurs

  • Cueva de Carcabón

En juillet, profitant d’une météo particulièrement stable, nous sommes retournés dans la cueva Carcabon en compagnie de Ricardo et Cardin de l’AER, le club  Spéléo de Ramales. Le niveau d’eau était au plus bas et les voûtes rasantes n’étaient plus très rasantes… Il nous aura fallu environ 5 h pour atteindre notre terminus de juillet 2015 en sachant que nous en avons profité pour explorer et topographier quelques galeries permettant de court-circuiter des zones pénibles.

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Ce beau conduit au parcours agréable ne doit pas faire oublier qu’en crue, il est complètement noyé.

La couleur uniformément marron est d’ailleurs là pour le rappeler.

Après un labyrinthe de petites conduits entrecoupés de quelques courtes escalades, nous avons débouché dans un énorme tube de 30 à 40 m de large pour 20 m de hauteur.  Nous l’avons remonté sur plus de 400 m jusqu’à une vire à équiper. La suite est évidente, et il y a de nombreux départs à voir.

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Dans le réseau supérieur, hors crue, le concrétionnement peut être abondant.

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Lors d’une seconde sortie en septembre, plusieurs diverticules ont été explorés et la jonction entre les deux réseaux superposés a été équipée de manière à simplifier l’accès au réseau supérieur. Au total, nous avons ajouté 1200 m de topo et le développement passe à 6,9 km. Il va falloir désormais songer à faire un bivouac, mais cela reste assez compliqué en raison de l’exposition aux risques de montées d’eau qui, rappelons le, limite  sérieusement les périodes durant lesquelles la cavité est « fréquentable ».

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Le puits de jonction entre les deux réseaux. On distingue nettement l’empreinte du niveau de crue.

  • Cueva de la Carrera

L’exploration de cette cavité découverte en 2013 touche à sa fin. Nos incursions cet été se sont bornées à compléter la topographie et à terminer l’exploration de galeries secondaires sans grand intérêt. La fiche complète sera publiée sur notre site prochainement.

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Un peu de tourisme, une fois n’est pas coutume…

Invités par nos amis de l’Aer (Ricardo et Cardin) nous avons fait une petite entorse à notre programme d’explorations pour effectuer la traversée Acebo-Rubicera dans le réseau du Mortillano. Réalisée en compagnie d’une partie des découvreurs, cette belle bambée souterraine d’une douzaine d’heures (-636 m) avait une saveur particulière puisque nous pouvions revivre en directe l’exploration de ce gouffre impressionnant de régularité et d’envergure. Merci à nos guides, ce fut une expérience bien agréable…

 
La belle galerie de la torca del Acebo, surprenante par sa régularité
et le contraste des couleurs.
OLYMPUS DIGITAL CAMERAA la sortie, dans le porche de Rubicera.

Participants : G. Aranzabal (ADES), N. Bondon, V. Bresson, P. et S. Degouve, A. Fuentes (AER), S. Latapie, Ricardo Martinez (Wychy) (AER), J. et P. Noyes, J.N. Outhier, B. Pernot, A. Pizzolato, G. Simonnot, R. Trueba (Cardin)(AER).

Compte rendu : P. Degouve et G. Simonnot

 

Dernières explorations printannières

Durant plusieurs séjours en avril puis en mai, nous avons pu réaliser quelques explorations dans le secteur du val d’Asòn. Bien souvent il a fallu jongler avec une météo capricieuse et humide.

(Participants : G. Aranzabal, E. Bunoz, D. Boibessot, P. et S. Degouve, A. Fajardo, A. Fuentes, A. Massuyeau, B. Nurisso, J. Palissot, Ch. Philippe, G. Simonnot)

Secteur Gandara :

– Réseau de la Gandara : Nous avons réalisé quelques explorations mineures dans le secteur de la galerie des Tentacules parallèlement à la pose de fluocapteurs dans le collecteur (voir paragraphe ci-dessous).

– Cubio Fraile : Le niveau relativement haut des rivières ne nous a pas incités à retourner du côté du méandre du Champignon qui s’ennoie partiellement en crue. Nous nous sommes donc rabattus sur la galerie des Bronches dans laquelle il restait plusieurs départs à voir. Par l’un d’eux, nous avons rejoint l’aval du ruisseau des Magrets dans un court tronçon d’actif limité en amont comme en aval par des étroitures impénétrables. Le développement passe à 2075 m.

Au nord de la Gandara

Au nord de la Gandara

– Cueva d’Helguera : Nous sommes retournés au fond de cette cavité que nous avions retrouvée en août 2014 et désobstruée dans la foulée. Ce réseau, situé assez haut en altitude (env. 900 m) nous avait livré près de 2 km de galeries. Juste avant la salle terminale, un méandre restait à explorer. Celui-ci s’est avéré être un amont avec un actif relativement conséquent. Nous nous sommes arrêtés après 250 m de progression à la base de cheminées élevées (>50 m) pouvant être en relation avec un vallon situé plus au nord.

Le río de la cueva d'Helguera

Le río de la cueva d’Helguera

– Prospection secteur Helguera-Becerral : Afin de compléter l’inventaire de ce secteur proche du réseau de la Gandara, plusieurs petits gouffres ont été explorés. Aucune découverte majeure.

– Coloration entre les pertes de Bernacho (Castro de Valnera) et les sources de la Gandara : Initiée et pilotée par nos amis du G.E.Edelweiss (Burgos), cette coloration a permis de confirmer l’hypothèse d’une relation entre le  karst situé au sud de la Lunada et le réseau de la Gandara dont la résurgence voit le jour près de 8 km plus à l’est. Nous avions posé des capteurs dans les deux branches du collecteur du réseau afin de mieux comprendre l’origine de leur alimentation. Malheureusement, si le colorant (Leucofor) est bien réapparu dans les différentes sources du réseau, il est en revanche difficile d’interpréter les résultats obtenus à l’intérieur de la cavité.

Pose des fluocapteurs dans la rivière de la Gandara

Pose des fluocapteurs dans la rivière de la Gandara

L’injection s’est effectué en période de crue (6m3 à la résurgence Rio Chico-Gandara et Gte voisine) et la quantité de colorant injectée dans les pertes de Bernacho (30 l) a vraisemblablement été insuffisante au regard de la distance et du débit (selon la formule de Martel il aurait fallu quasiment 4 fois plus). De plus, lors du prélèvement des capteurs, une semaine plus tard, certains  se sont retrouvés hors d’eau. Le détails du déroulement de cette opération est très bien décrit dans un article du site du GEE (Realizada la Conexión Hidrológica Valnera-Gándara). A la suite de cette expérience, d’autres projets de traçages sont en gestation et devraient permettre de mieux cerner les circulations souterraines de ce réseau majeur situé à cheval sur la Cantabria et la province de Burgos.

La grotte Voisine ne coule qu'en période de crue. Elle ne représente qu'une partie du débit total des sources de la Gandara.

La grotte Voisine ne coule qu’en période de crue. Elle ne représente qu’une partie du débit total des sources de la Gandara.

Secteur Alto de Tejuelo-Muela

– Gouffre des 3 Yeux : Les explorations estivales de ce gouffre découvert en 2014 nous avaient permis d’atteindre un niveau de galeries fossiles vers -240 m. En avril dernier, nous avons poursuivi l’exploration de ces conduits qui malheureusement se trouvent actuellement limités en amont comme en aval par des remplissages ou des trémies. (Développement : 1240 m)

Dans les galeries de -200 m du gouffre des 3 Yeux

Dans les galeries de -200 m du gouffre des 3 Yeux

– Prospection à l’est du canal del Haya : Plusieurs gouffres situés à l’aplomb des amonts d’Aitken ont été explorés. Le plus intéressant d’entre eux est composé d’une succession de puits que nous avons suivis jusqu’à -60 m (arrêt en sommet d’un p.20).

– Depuis l’automne dernier, nous avons repris des prospections, plus en aval et au-dessus de la zone terminale de La Canal. Après désobstruction, la torca du Plan B parcourue par un fort courant d’air aspirant a pu être explorée jusqu’à la profondeur de -60 m. Également dans le bas du ravin de la Mazuela, plusieurs petites cavités ont été inventoriées mais leur développement reste très modeste.

– Plus au nord, sur les pentes menant au col d’Alisas, nous avons également revu plusieurs cavités déjà connues par les spéléos de Tortosa mais qui n’avaient visiblement pas été publiées. Toutes ces cavités feront l’objet d’une mise à jour prochaine dans l’inventaire publié sur notre site.

Ce petit ruisseau souterrain situé sous le col d'Alisas draine un niveau gréseux et alimente un captage.

Ce petit ruisseau souterrain situé sous le col d’Alisas draine un niveau gréseux et alimente un captage pour le village de Bustablado.

C.R. Patrick Degouve

Bilan des explorations estivales en Cantabria

Dans un article précédent, nous annoncions un été chaud. Nous ne nous étions guère trompés et même si nous avons échappé à la canicule, nous avons bénéficié d’une météo plutôt clémente pour notre activité avec plus de 25 sorties réparties sur les mois de juillet et d’août. Comme chaque année, de petites équipes venues d’horizons et de clubs très divers se sont relayées pour poursuivre les recherches sur le massif (S.A.C. de Bucey les Gy, le S.C. Vesoul, la Musaraigne d’Autun, le G.S.H.P. de Tarbes, l’A.S.P.P. Jura, et des groupes espagnols, l’AER de Ramales, l’AEMT de Santoña, l’ADES de Gernika).

L’été 2014 avait été marqué par l’aboutissement de désobstructions commencées de longue dates. En 2015, nous avons pu continuer d’en récolter les fruits même si certaines découvertes n’ont pu se réaliser qu’à grand renfort de massettes et de burins. La Cantabria des grands volumes se mérite aussi… Au delà des chiffres (plus de 6200 m de nouvelles topographies) c’est surtout la découverte de cavités dans des secteurs jusqu’alors vierges de tout conduits souterrains qui est intéressante. C’est principalement le cas pour la cueva de Carcabon qui se livre peu à peu en nous éclairant enfin sur l’origine de la fuente Iseña.

Dans la galerie des Marches (cueva de Carcabon)

Dans la galerie des Marches (cueva de Carcabon)

Secteur de la Gándara :

D’aucun s’étonnent que nous ne cherchions pas plus à grapiller les mètres de première dans ce réseau gigantesque qui est loin d’avoir tout livré. Ce n’est ni de la négligence, ni de la lassitude après ces années fastes où la découverte pouvait sembler d’une facilité déconcertante. Bien au contraire. Dans ce réseau, il reste une grande inconnue qui donne naissance à la branche sud du collecteur. C’est elle que nous cherchons à résoudre et il n’est pas certain que ce soit par les galeries connues que nous y parvenions. Petit à petit, la compréhension du système dans son ensemble nous permet de mieux cibler nos objectifs. Cela s’est traduit par l’ouverture du Cubillo Fraile mais aussi par de nombreuses prospections et désobstructions dans les environs de la Lunada. Ce n’est pas facile, c’est besogneux et ingrat, pour le moment les résultats sont maigres mais c’était déjà le cas avant que nous accédions au réseau actuel en 2001. Alors….

En marge de ces recherches, nous avons repris l’exploration de la cueva de la Piel de Najanra sur le versant ouest du Picòn del Fraile. Malgré un bon courant d’air aspirant nous n’avons réussi à progresser que de 300 m, en multipliant les désobstructions dans un interstrate marneux situé une vingtaine de mètres plus haut que les galeries de la cueva des Calligraphes.

Désobstruction dans la cueva de la Piel de Najanra

Désobstruction dans la cueva de la Piel de Najanra

 

Réseau de l’alto de Tejuelo-Muela et environs :

 

  • Torca de los Tres Ojos :

Le puits sur lequel nous nous étions arrêtés en juillet dernier mesure en fait 62 m. Au bas, nous avons été confrontés à une série de méandres étroits entrecoupés de petits puits. Plusieurs étroitures ont du être désobstruées. Derrière, deux puits de 43 m et 17 m nous ont conduits vers un niveau de galeries (altitude moyenne : 450 m) que nous avons pu parcourir sur plusieurs centaines de mètres en amont et en aval. Pour le moment, nous sommes bloqués par des trémies et des remplissages (développement total : 1070 m, dénivelé : 241 m).

P.17 à -130 m.

P.17 à -130 m.

Plus en aval dans le canal del Haya, nous avons repris l’exploration de deux petites torcas (torca de los Romanos et torca de las Platijas). La première, malgré un courant d’air violent, s’arrête à -30 m sur un puits très étroit (fracture) dans lequel des travaux de désobstruction paraissent très difficiles. Dans la seconde, moins ventilée, nous nous sommes arrêtés au sommet d’un P.20 derrière un méandre très étroit (à suivre). D’autres cavités ont été repérées mais se situent au-dessus de parties connues du réseau, ce qui en limite l’intérêt et explique que leur exploration n’a pas été prioritaire.

Les galeries fossiles de la torca de los Tres Ojos (-240 m)

Les galeries fossiles de la torca de los Tres Ojos (-240 m)

  • Torca del Pasillo :

L’an passé, nous avions découvert une galerie se dirigeant vers le sud et donc se rapprochant de la torca Aitken qui rappelons-le, n’a toujours pas été raccordée au réseau de l’alto de Tejuelo. Nous y sommes donc retournés à deux reprises cette année, guidés par un courant d’air franc, du moins au début. En fait, cela s’est vite gâté car rapidement nous nous sommes retrouvés dans un labyrinthe de petits conduits, souvent glaiseux et parfois chaotiques. Gotzon l’a d’ailleurs baptisée « galeria fea »(galerie moche). Le courant d’air a toujours été notre fil directeur et nous a permis de retrouver quelques tronçons de belles galeries se développant suivant un axe est-ouest et donc parallèle aux conduits en amont de la torca Aitken. Au total, nous avons topographié péniblement 800 m de galeries sans pour autant avoir retrouvé l’aval de cet axe d’où provient l’essentiel du courant d’air.

Dans la torca Aitken

Dans la torca Aitken

Cueva de Carcabon :

C’est sans aucun doute la découverte majeure de cet été que nous avons partagée avec nos amis de l’AER (Ramales). Après une première sortie en juillet (voir compte rendu du 16 juillet dernier), nous n’avons pu y retourner qu’à deux reprises pour pousser plus loin l’exploration. Deux autres sorties ont été consacrées à l’aménagement de certains passages particulièrement pénibles et concentrés dans la première partie de la grotte. Une autre sortie s’est soldée par un repli stratégique devant la montée pas vraiment prévue du niveau de l’eau.

A ce jour, la cavité développe 5700 m de galeries dont une bonne moitié se trouve en zone épinoyée comme le prouvent les données fournies par un reefnet posé dans le premier lac il y a tout juste un an. Celles-ci révèlent des montées d’eau de plus de 20 m principalement durant l’hiver et le printemps où la pluviométrie a été particulièrement élevée. Nos observations in situ nous ont également montrés qu’il suffit d’une montée d’eau d’environ 1,5 m pour nous interdire l’accès aux galeries au-delà du second lac (env. 600 m de l’entrée).

Ricardo devant le 2° lac. La sortie est à l'eau !

Ricardo devant le 2° lac. La sortie est à l’eau !

Lors de notre tentative d’exploration du 8 août dernier, la météo à Ramales était plutôt clémente. La bruine, qui avait bien du mal à humidifier le sol et les cultures, ne nous inquiétait pas vraiment. Pourtant au premier lac le niveau avait grimpé de plus de 60 cm par rapport au niveau d’étiage. Au second lac, ce fut la consternation car le plan d’eau siphonnait presque complètement. Nous n’avons bien sûr pas tenté le diable et avons battu en retraite sans trop traîner. Entretemps (1h) le niveau était monté de 10 cm. En fait, en regardant les statistiques météo, Gelo constata qu’il avait plu sur Soba c’est à dire bien en amont sur les hauteurs du massif. Tout cela indique qu’il faudra désormais faire preuve de la plus grande vigilance lors des futures explorations d’autant plus qu’il devient difficile de rester moins de 10 à 12 h sous terre.

Le second lac lors de la sortie du 8 août. Quelques mètres plus loin cela siphonne pratiquement.

Le second lac lors de la sortie du 8 août. Quelques mètres plus loin cela siphonne pratiquement.

Actuellement nos explorations les plus éloignées se sont arrêtées à environ 3 km de l’entrée dans une zone assez labyrinthique où le courant d’air reste très présent. Une galerie fossile de grandes dimensions double en partie ce drain épinoyé. Dans celle-ci nous nous arrêtons sur puits dans deux branches dont l’une se dirige plutôt vers le nord et le massif de l’Hornijo.

Vallée de Rolacia

La cueva de Cerilla avait été visiblement parcourue par le SCP dans les années 80. Nous l’avions retrouvée en 1981 sans toutefois en dresser la topographie. Il n’est jamais trop tard pour bien faire et profitant de quelques journées de repos, nous sommes remontés sur les pentes raides de Rolacia pour réparer cet oubli. Bien nous en a pris car nous avons pu étoffer un peu le développement (700 m) en ajoutant quelques affluents qui n’avaient pas été vus.

La cueva de Cerilla n°2. Au fond la peña Lavalle.

La cueva de Cerilla n°2. Au fond la peña Lavalle.

Participants aux explorations : G. Aranzabal + Josu, D. Boibessot, E. Bunoz, P. et S. Degouve, A. Fuentes, R. Martinez (Witchy), J.N. Outhier, J. Palissot, B. Pernot, Ch. Philippe, O. Regnault, M. Rodriguez, G. Simonnot

Pasage bas dans la galerie du Festival (Carcabon)

Pasage bas dans la galerie du Festival (Carcabon)

Compte rendu Patrick Degouve

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