Encore un été riche en rebondissement où les découvertes n’ont pas toujours été là où on les attendait. Si nous devons nous résigner à tourner la page pour certaines cavités (Helguera, 3 Yeux, Carrera…), d’autres s’apprêtent à nous donner du grain à moudre pour les années futures. Voici donc les principaux résultats des quelques 30 sorties réalisées sur le terrain, que ce soit pour explorer, prospecter ou désobstruer. Et contrairement aux idées reçues, cette dernière activité occupe désormais une part non négligeable dans nos recherches et parfois dans nos découvertes.
Secteur Alto la Muela – Alto de Tejuelo
· Le gouffre du plan B (torca del Plan B de Muriel)
Le 23 octobre 2015, lors d’une ballade-prospection dont l’objectif fut modifié en dernière minute, Guy et Muriel Simonnot découvrent un beau trou souffleur bouché par de gros blocs de grès mais derrière lequel les cailloux chutent d’une vingtaine de mètres. Six jours plus tard, en compagnie de 2 amis anglais (Peter Smith et Juan Corrin), l’entrée est dégagée et Guy peut descendre de quelques mètres. L’exploration ne débutera véritablement qu’au printemps suivant. Rapidement le gouffre prend de l’ampleur mais la présence d’énormes remplissages suspendus sur les parois des premiers puits va compliquer l’équipement. Celui-ci sera conçu pour éviter au maximum les paliers formés, la plupart du temps, par des blocs instables. A -280 m nous atteignons un niveau de galeries fossiles limités à chaque fois par des puits donnant sur une rivière dont on perçoit nettement le grondement.
Le dernier puits du Plan B,
juste avant d’arriver dans le rio Eulogio.
Le 6 août, l’un de ces puits est descendu et 100 m plus bas (-376) nous jonctionnons avec le Rio Eulogio que nous avions exploré entre 1998 et 2000 sans que personne ne soit tenté d’y aller depuis. En attendant de coordonner nos recherches avec celles de nos amis de l’ACE Mataro qui ont également beaucoup cherché dans ce secteur, nous avons effectué une reconnaissance en aval pour évaluer les risques de crue dans le cas d’un éventuel bivouac. L’effacement de nos traces de pas indique clairement que l’eau peut monter à près de 10 m de hauteur notamment dans la partie terminale qui se trouve probablement noyée en période de crue. La pose d’une sonde reefnet laissée une année, devrait nous fournir des données plus tangibles. Quelques compléments topo ont également été réalisés dans des galeries latérales menant à la découverte de prolongements sans suite évidente.
Le rio Eulogio en amont du Plan B.
Retrouvailles après 18 années sans exploration…
· Gouffre des 3 yeux
En atteignant un niveau de galeries fossiles à -240 m, nous pensions bien parcourir quelques belles galeries dans ce secteur où, pour le moment, nous n’en connaissons pratiquement pas. Malgré des courants d’air parfois assez fort, nous n’avons pas pu progresser ni en amont, ni en aval au-delà des quelques centaines de mètres que nous avions découvert en 2015. En aval, nous nous sommes arrêtés soit sur des broyages soit sur des remplissages importants. En amont nos explorations se sont heurtées à des puits remontants dont l’escalade ne nous a pas semblé très intéressante. Le développement est de 1320 m pour une profondeur de 255 m.
Escalade en aval de la galerie du Grand Blanc.
· Torca de de los Gérmenes
Situé en amont de la trémie amont de la galerie du Casque (torca Aitken), ce gouffre est assez difficile d’accès surtout en période estivale lorsque la végétation est luxuriante. Une première reconnaissance jusqu’à -50 m en juin dernier révélait un bon courant d’air aspirant. En juillet nous poursuivons l’exploration constituée de petit puits et de méandres jusqu’à la profondeur de 85 m où une étroiture ponctuelle nous empêche de descendre un petit ressauts de 3 m. La suite semble peu évidente. Dans le même secteur, plusieurs petits gouffres ont été descendus sans dépasser la profondeur de 40 m.
Secteur Fraile-Lunada-Becerall
· Système de la Gándara
Affluent des Moustiques :
Peu avant le siphon aval du collecteur, une escalade d’une dizaine de mètres nous a permis d’accéder à un joli méandre long d’environ 150 m. Cet affluent draine un ruisseau dont l’origine semble assez locale. L’extrémité est strictement impénétrable.
Non loin de là, une désobstruction difficile a été réalisée dans un épais remplissage argileux d’où filtrait un léger courant d’air. Derrière 3 colmatages partiels du conduit, nous avons atteint de belles galeries se développant à un niveau intermédiaire entre les actifs du réseau et le canyon des Alizés. Au total, nous avons topographié 1400 m de conduits très variés de par leur taille et de par leur morphologie. Dans cette nouvelle partie du réseau, il reste encore plusieurs possibilités de continuation.
Dans les nouvelles galeries de la Gandara.
· Cueva d’Helguera
Il nous restait un beau départ à voir, en haut de la galerie de Liencres, à l’endroit où celle-ci change d’orientation. L’escalade haute de 17 m, le long d’une coulée stalagmitique, a rejoint un puits de 21 m. Au bas, celui-ci recoupe un boyau parcouru par un filet d’eau provenant vraisemblablement de la galerie principale. L’amont comme l’aval, sont rapidement impénétrables, malgré un léger courant d’air.
Plus en aval, nous avons fouillé une série de conduits creusés entre de grandes dalles effondrées et développant une centaine de mètres mais sans grand intérêt. En revanche, dans la salle de las Cortezas nous avons découvert, sans trop de surprise, un joli méandre fossile parcouru sur près de 100 m jusqu’à ce qu’il devienne totalement impénétrable. Le développement de la cueva est de 2570 m.
Escalade à l’extrémité de la galerie de Liencres.
· Cueva del Sirocco
Située dans le secteur de la Lunada, au niveau des strates supérieures de la série calcaire du bassin d’alimentation de la Gándara, cette petite cavité a fait l’objet de longues séances de désobstruction. La profondeur de 25 m reste pour le moment très modeste mais nous gardons bon espoir d’accéder à des conduits plus amples.
Pierre dans le P.21 du fond d’Helguera
· Prospection Becerall
Nos prospections se sont poursuivies sur la Brena et le lapiaz de la Becerall. Plusieurs cavités ont été explorées mais sans grand résultat. La plus importante, la torca del Antifaz atteint modestement la profondeur de 50 m.
Autres secteurs
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Cueva de Carcabón
En juillet, profitant d’une météo particulièrement stable, nous sommes retournés dans la cueva Carcabon en compagnie de Ricardo et Cardin de l’AER, le club Spéléo de Ramales. Le niveau d’eau était au plus bas et les voûtes rasantes n’étaient plus très rasantes… Il nous aura fallu environ 5 h pour atteindre notre terminus de juillet 2015 en sachant que nous en avons profité pour explorer et topographier quelques galeries permettant de court-circuiter des zones pénibles.
Ce beau conduit au parcours agréable ne doit pas faire oublier qu’en crue, il est complètement noyé.
La couleur uniformément marron est d’ailleurs là pour le rappeler.
Après un labyrinthe de petites conduits entrecoupés de quelques courtes escalades, nous avons débouché dans un énorme tube de 30 à 40 m de large pour 20 m de hauteur. Nous l’avons remonté sur plus de 400 m jusqu’à une vire à équiper. La suite est évidente, et il y a de nombreux départs à voir.
Dans le réseau supérieur, hors crue, le concrétionnement peut être abondant.
Lors d’une seconde sortie en septembre, plusieurs diverticules ont été explorés et la jonction entre les deux réseaux superposés a été équipée de manière à simplifier l’accès au réseau supérieur. Au total, nous avons ajouté 1200 m de topo et le développement passe à 6,9 km. Il va falloir désormais songer à faire un bivouac, mais cela reste assez compliqué en raison de l’exposition aux risques de montées d’eau qui, rappelons le, limite sérieusement les périodes durant lesquelles la cavité est « fréquentable ».
Le puits de jonction entre les deux réseaux. On distingue nettement l’empreinte du niveau de crue.
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Cueva de la Carrera
L’exploration de cette cavité découverte en 2013 touche à sa fin. Nos incursions cet été se sont bornées à compléter la topographie et à terminer l’exploration de galeries secondaires sans grand intérêt. La fiche complète sera publiée sur notre site prochainement.
Un peu de tourisme, une fois n’est pas coutume…
Invités par nos amis de l’Aer (Ricardo et Cardin) nous avons fait une petite entorse à notre programme d’explorations pour effectuer la traversée Acebo-Rubicera dans le réseau du Mortillano. Réalisée en compagnie d’une partie des découvreurs, cette belle bambée souterraine d’une douzaine d’heures (-636 m) avait une saveur particulière puisque nous pouvions revivre en directe l’exploration de ce gouffre impressionnant de régularité et d’envergure. Merci à nos guides, ce fut une expérience bien agréable…
La belle galerie de la torca del Acebo, surprenante par sa régularité
et le contraste des couleurs.
A la sortie, dans le porche de Rubicera.
Participants : G. Aranzabal (ADES), N. Bondon, V. Bresson, P. et S. Degouve, A. Fuentes (AER), S. Latapie, Ricardo Martinez (Wychy) (AER), J. et P. Noyes, J.N. Outhier, B. Pernot, A. Pizzolato, G. Simonnot, R. Trueba (Cardin)(AER).
Compte rendu : P. Degouve et G. Simonnot