Traditionnellement, durant le séjour d’automne, nous organisons un bivouac soit à la Gandara ou à Aitken pour les dernières explos. Les occupations personnelles des uns, professionnelles des autres, ont fait que nous nous sommes retrouvés cette année avec une équipe plus réduite mais pas en manque d’objectifs. Donc pas de bivouac et des sorties à la journée et toujours bien des surprises à la clef…
Dimanche 23 octobre 2011 : prospection au-dessus de Buzulucueva
Participants : D. Boibessot, P. et S. Degouve, Ch. Philippe, G. et M. Simonnot
Le secteur de Buzulucueva a semble-t-il bien été fouillé, mais quelques vérifications estivales ont révélé des manques, des erreurs de coordonnées et il nous a semblé intéressant de faire un peu le tri dans les nombreux gouffres rencontrés sur le plateau. Nous profitons donc de cette belle journée pour revisiter le secteur, descendre des gouffres non marqués, en positionner d’autres et d’une façon générale compléter l’inventaire. Dans la série, nous tombons sur un joli gouffre avec un fort courant d’air aspirant. Il n’y a pas de marque, mais au bas du puits d’entrée nous trouvons une vieille sangle puis un spit rouillé au sommet de la verticale suivante. Nous dévalons 3 petits puits jusqu’à un méandre, mais notre stock de corde est épuisé. Dans un premier temps, nous pensons qu’il s’agit de la torca de la Tormenta explorée par le SGCAF dans les années 80, mais une rapide vérification dans la biblio nous indique que ce n’est pas le cas. Au total, nous positionnons une quinzaine de cavités et en descendons une petite dizaine.
Les cabanes de Buzulucueva.
Lundi 24 octobre 2011 : surprise au Maxou Picchu
Participants : D. Boibessot, P. Degouve, Ch. Philippe
La météo est très incertaine et la journée débute sous la pluie. A la faveur d’une éclaircie, nous décidons de monter au Maxou Picchu pour revoir le puits terminal et éventuellement déséquiper la cavité. à moins que la chance ne nous sourie et que nous parvenions à rejoindre la torca Aitken toute proche. Une bruine légère nous accompagne et du coup, nous ne traînons pas. Nous nous équipons dans la salle d’entrée et partons sans tarder au P.40 où nous avions vu un puits parallèle l’été dernier (vers -100 m). Avant toute chose, il nous faut vérifier si celui-ci communique avec le P.20 terminal.
Au fond de la torca, le P.40 se dédouble, mais la branche parallèle rejoint le point bas de la cavité à -133 m.
Trois spits plus tard nous pouvons confirmer que c’est le cas et surtout vérifier qu’il n’y a pas le moindre courant d’air.
Celui-ci doit donc s’échapper dans l’une des nombreuses lucarnes qui percent les parois du puits. Les premières sont plutôt décevantes et semblent correspondre à des amonts. Les autres ont déjà été vues par Ludo les années précédentes. Toutefois, dans l’une d’elles, nous n’avons pas vu de trace et en désespoir de cause nous allons vérifier. Dom se lance dans le pendule et atteint sans difficulté le départ. Sa lumière disparaît puis réapparaît à un autre endroit du puits. Visiblement ce n’est qu’une boucle. La lumière disparaît à nouveau mais Dom ne revient pas. Dix minutes plus tard, nous entendons des raclements puis entrevoyons le halo de sa lampe. En fait il y avait un autre départ conduisant à une galerie terminée par un puits. Nous le rejoignons après avoir équipé le pendule. Après un rétrécissement et un ressaut, le conduit prend la forme d’un beau méandre fossile et, nous retrouvons le courant d’air. Vingt mètres plus loin nous parvenons au bord d’un petit puits de 7 à 8 m. Malheureusement, le fond est entièrement colmaté et visiblement la suite se situe en face mais à une douzaine de mètres de distance. L’escalade ou la traversée ne s’avèrent pas très évidentes car les parois sont couvertes d’une croûte de mondmilch. Cependant, juste au-dessus du puits par lequel nous sommes descendus, nous avisons un beau pont rocheux, perchés 5 mètres au-dessus de nos têtes. Lucky Luke aurait sans doute fait mieux, mais au bout de 5 ou 6 lancers, nous parvenons à faire passer la corde sur le pont. Il ne reste plus alors qu’à penduler pour attraper la paroi opposée. Christophe y parvient sans difficulté et une grosse concrétion permet d’équiper la remontée en peu de temps.
Le puits du Lasso doit son nom à un miraculeux pont de roche qui a évité une escalade laborieuse.
Nous nous retrouvons alors dans la suite du méandre qui, normalement, devrait commencer à descendre pour retrouver le niveau des galeries du secteur, soit environ une bonne centaine de mètres plus bas. Mais il n’en n’est rien et nous progressons dans une jolie galerie concrétionnée entrecoupée de montées et de descentes.
La galerie est concrétionnée et se refuse de descendre. Ce niveau perché n'est pas une exception et on en rencontre dans d'autres cavités du massif (Yeguas, cueva 1321 etc...)
Nous progressons ainsi sur près de 400 m jusqu’à un gros puits qui barre la galerie. Celui-ci doit bien faire une cinquantaine de mètres, mais, en face, la galerie semble continuer. Nous en restons là et rentrons en faisant la topo. Ce n’est pas encore aujourd’hui que nous déséquiperons le Maxou.
TPST : 9 h
Mardi 25 octobre 2011 : Maxou Picchu, la suite…
Participants : D. Boibessot, P. et S. Degouve, Ch. Philippe, G. Simonnot
La météo s’est bien améliorée et l’équipe s’est étoffée pour poursuivre l’exploration de la galerie du Lasso dans la torca del Maxou Picchu. A notre terminus, nous optons pour la traversée du puits, car cette galerie perchée nous intrigue. Sandrine nous équipe ça avec brio et effectivement, la galerie ne s’arrête pas là.
La traversée du P.50
Nous enjambons quelques autres puits moins profonds mais pour certains il est nécessaire de sécuriser le passage avec des mains courantes. La suite est un peu moins tranquille car le profil en montagnes russes s’accentue et de nouveau, il faut équiper des rampes et des petits puits. Nous progressons encore de 300 m jusqu’à une zone plus complexe où vient se greffer une arrivée de puits.
Le parcours devient plus accidenté et il faut franchir plusieurs puits. L'un d'entre eux rejoint-il les galeries d'Aitken ?
La suite de la galerie semble être en hauteur, mais il y a également un méandre descendant bien ventilé. Nous restons sur notre position et choisissons la galerie supérieure. Christophe négocie l’escalade sans trop de difficulté et 10 m plus haut nous retrouvons le conduit fossile. Malheureusement, celui-ci, après une zone cassée, se met à remonter sérieusement jusqu’à un nouveau cran vertical sans air. Nous dressons la topo et rentrons tranquillement en vidant les batteries du perfo dans l’amorce de quelques escalades qui jalonnent le parcours.
TPST : 9 h
Dans la galerie du Lasso
Mercredi 26 octobre 2011 : prospection en amont de la Gandara
Participants : D. Boibessot, P. Degouve, Ch. Philippe
Le temps reste douteux, mais un vent assez violent s’est installé, nous préservant temporairement des averses. Nous décidons de monter à la Lunada afin de poursuivre la prospection entamée cet été sur les amonts de la Gandara. Le vent est ici très violent et nous commençons par nous réfugier dans la cueva 1624 pour en désobstruer le fond. Ce n’est pas très facile, mais au bout d’une bonne heure, nous parvenons à entrevoir la suite. Rien de bien formidable, mais il faudra revenir avec du matériel plus performant. Non loin de là, nous tombons sur un chantier de désobstruction qui n’y était pas cet été… Nous poursuivons nos recherches et découvrons plusieurs trous dont certains sont connus (torca de la Colmena). A chaque fois, nous tombons sur des fissures impénétrables.
Changement de décor. Ici par de lapiaz acéré mais une lande touffue où l'on peine à voir les entrées.
Jeudi 27 octobre 2011 : Maxou Picchu, la jonction attendra…
Participants : D. Boibessot, P. et S. Degouve, Ch. Philippe
Nous remontons au Maxou Picchu pour, cette-fois-ci tenter la jonction en descendant les puits. Le temps est toujours instable et nous évitons une grosse averse au moment même où nous entrons dans la grotte. Nous allons directement au fond pour voir le méandre qui souffle au bas de l’escalade. En fait, il s’agit d’un puits et la galerie entrevue à -10 m se termine assez rapidement sur des trémies sans air.
Dans les ressauts de la galerie du Lasso
Nous descendons d’une trentaine de mètres, mais nous devons nous arrêter par manque de corde. Nous pensions retrouver l’horizontal plus tôt, mauvais calcul… Nous revenons alors vers le P.50 (puits de la Banane Noire). Celui-ci fait bien 50 m plein gaz, mais les parois sont couvertes de choux fleurs qui dégringolent à chaque passage dans un bruit de porcelaine brisée. Du coup, nous sommes un peu obligés d’attendre d’être à l’abri pour pouvoir faire descendre le suivant. Au bas, un petit ressaut de 4 m puis une courte escalade amènent au bord d’une salle ébouleuse (puits de 14 m). La suite est peu enthousiasmante car d’un côté nous nous heurtons à une trémie et de l’autre, ce sont des boyaux méandriformes qui nous arrêtent. Pourtant le courant d’air est bien là. Malgré plusieurs tentatives de désobstruction, ça ne passe pas. Il faudra voir dans les puits voisins. Nous remontons en dressant la topo. Dehors il pleut, le vent est tombé. La torca développe désormais 1570 m pour 182 m de dénivelé.
TPST : 10 h
Samedi 2, dimanche 30 et lundi 31 octobre 2011
Participants : P. et S. Degouve, G. Simonnot
Nous remontons sur Buzulucueva pour essayer d’avancer notre inventaire de la zone. La priorité est de recenser les entrées et de les localiser précisément. C’est un peu du ratissage systématique, mais qui semble nécessaire pour s’y retrouver. Durant les 3 jours, nous allons donc identifier plus d’une trentaine d’entrées, descendre une bonne vingtaine de gouffres pour la plupart sans grand intérêt. Au menu, topo, repérage GPS et descriptif détaillé, bref, c’est le prix à payer pour ne pas refaire dix-mille fois le même travail…
Dans cette doline on dénombre pas moins de 12 trous différents...
C.R. : Patrick Degouve et Guy Simonnot