Dans un article précédent, nous annoncions un été chaud. Nous ne nous étions guère trompés et même si nous avons échappé à la canicule, nous avons bénéficié d’une météo plutôt clémente pour notre activité avec plus de 25 sorties réparties sur les mois de juillet et d’août. Comme chaque année, de petites équipes venues d’horizons et de clubs très divers se sont relayées pour poursuivre les recherches sur le massif (S.A.C. de Bucey les Gy, le S.C. Vesoul, la Musaraigne d’Autun, le G.S.H.P. de Tarbes, l’A.S.P.P. Jura, et des groupes espagnols, l’AER de Ramales, l’AEMT de Santoña, l’ADES de Gernika).
L’été 2014 avait été marqué par l’aboutissement de désobstructions commencées de longue dates. En 2015, nous avons pu continuer d’en récolter les fruits même si certaines découvertes n’ont pu se réaliser qu’à grand renfort de massettes et de burins. La Cantabria des grands volumes se mérite aussi… Au delà des chiffres (plus de 6200 m de nouvelles topographies) c’est surtout la découverte de cavités dans des secteurs jusqu’alors vierges de tout conduits souterrains qui est intéressante. C’est principalement le cas pour la cueva de Carcabon qui se livre peu à peu en nous éclairant enfin sur l’origine de la fuente Iseña.
Secteur de la Gándara :
D’aucun s’étonnent que nous ne cherchions pas plus à grapiller les mètres de première dans ce réseau gigantesque qui est loin d’avoir tout livré. Ce n’est ni de la négligence, ni de la lassitude après ces années fastes où la découverte pouvait sembler d’une facilité déconcertante. Bien au contraire. Dans ce réseau, il reste une grande inconnue qui donne naissance à la branche sud du collecteur. C’est elle que nous cherchons à résoudre et il n’est pas certain que ce soit par les galeries connues que nous y parvenions. Petit à petit, la compréhension du système dans son ensemble nous permet de mieux cibler nos objectifs. Cela s’est traduit par l’ouverture du Cubillo Fraile mais aussi par de nombreuses prospections et désobstructions dans les environs de la Lunada. Ce n’est pas facile, c’est besogneux et ingrat, pour le moment les résultats sont maigres mais c’était déjà le cas avant que nous accédions au réseau actuel en 2001. Alors….
En marge de ces recherches, nous avons repris l’exploration de la cueva de la Piel de Najanra sur le versant ouest du Picòn del Fraile. Malgré un bon courant d’air aspirant nous n’avons réussi à progresser que de 300 m, en multipliant les désobstructions dans un interstrate marneux situé une vingtaine de mètres plus haut que les galeries de la cueva des Calligraphes.
Réseau de l’alto de Tejuelo-Muela et environs :
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Torca de los Tres Ojos :
Le puits sur lequel nous nous étions arrêtés en juillet dernier mesure en fait 62 m. Au bas, nous avons été confrontés à une série de méandres étroits entrecoupés de petits puits. Plusieurs étroitures ont du être désobstruées. Derrière, deux puits de 43 m et 17 m nous ont conduits vers un niveau de galeries (altitude moyenne : 450 m) que nous avons pu parcourir sur plusieurs centaines de mètres en amont et en aval. Pour le moment, nous sommes bloqués par des trémies et des remplissages (développement total : 1070 m, dénivelé : 241 m).
Plus en aval dans le canal del Haya, nous avons repris l’exploration de deux petites torcas (torca de los Romanos et torca de las Platijas). La première, malgré un courant d’air violent, s’arrête à -30 m sur un puits très étroit (fracture) dans lequel des travaux de désobstruction paraissent très difficiles. Dans la seconde, moins ventilée, nous nous sommes arrêtés au sommet d’un P.20 derrière un méandre très étroit (à suivre). D’autres cavités ont été repérées mais se situent au-dessus de parties connues du réseau, ce qui en limite l’intérêt et explique que leur exploration n’a pas été prioritaire.
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Torca del Pasillo :
L’an passé, nous avions découvert une galerie se dirigeant vers le sud et donc se rapprochant de la torca Aitken qui rappelons-le, n’a toujours pas été raccordée au réseau de l’alto de Tejuelo. Nous y sommes donc retournés à deux reprises cette année, guidés par un courant d’air franc, du moins au début. En fait, cela s’est vite gâté car rapidement nous nous sommes retrouvés dans un labyrinthe de petits conduits, souvent glaiseux et parfois chaotiques. Gotzon l’a d’ailleurs baptisée « galeria fea »(galerie moche). Le courant d’air a toujours été notre fil directeur et nous a permis de retrouver quelques tronçons de belles galeries se développant suivant un axe est-ouest et donc parallèle aux conduits en amont de la torca Aitken. Au total, nous avons topographié péniblement 800 m de galeries sans pour autant avoir retrouvé l’aval de cet axe d’où provient l’essentiel du courant d’air.
Cueva de Carcabon :
C’est sans aucun doute la découverte majeure de cet été que nous avons partagée avec nos amis de l’AER (Ramales). Après une première sortie en juillet (voir compte rendu du 16 juillet dernier), nous n’avons pu y retourner qu’à deux reprises pour pousser plus loin l’exploration. Deux autres sorties ont été consacrées à l’aménagement de certains passages particulièrement pénibles et concentrés dans la première partie de la grotte. Une autre sortie s’est soldée par un repli stratégique devant la montée pas vraiment prévue du niveau de l’eau.
A ce jour, la cavité développe 5700 m de galeries dont une bonne moitié se trouve en zone épinoyée comme le prouvent les données fournies par un reefnet posé dans le premier lac il y a tout juste un an. Celles-ci révèlent des montées d’eau de plus de 20 m principalement durant l’hiver et le printemps où la pluviométrie a été particulièrement élevée. Nos observations in situ nous ont également montrés qu’il suffit d’une montée d’eau d’environ 1,5 m pour nous interdire l’accès aux galeries au-delà du second lac (env. 600 m de l’entrée).
Lors de notre tentative d’exploration du 8 août dernier, la météo à Ramales était plutôt clémente. La bruine, qui avait bien du mal à humidifier le sol et les cultures, ne nous inquiétait pas vraiment. Pourtant au premier lac le niveau avait grimpé de plus de 60 cm par rapport au niveau d’étiage. Au second lac, ce fut la consternation car le plan d’eau siphonnait presque complètement. Nous n’avons bien sûr pas tenté le diable et avons battu en retraite sans trop traîner. Entretemps (1h) le niveau était monté de 10 cm. En fait, en regardant les statistiques météo, Gelo constata qu’il avait plu sur Soba c’est à dire bien en amont sur les hauteurs du massif. Tout cela indique qu’il faudra désormais faire preuve de la plus grande vigilance lors des futures explorations d’autant plus qu’il devient difficile de rester moins de 10 à 12 h sous terre.
Actuellement nos explorations les plus éloignées se sont arrêtées à environ 3 km de l’entrée dans une zone assez labyrinthique où le courant d’air reste très présent. Une galerie fossile de grandes dimensions double en partie ce drain épinoyé. Dans celle-ci nous nous arrêtons sur puits dans deux branches dont l’une se dirige plutôt vers le nord et le massif de l’Hornijo.
Vallée de Rolacia
La cueva de Cerilla avait été visiblement parcourue par le SCP dans les années 80. Nous l’avions retrouvée en 1981 sans toutefois en dresser la topographie. Il n’est jamais trop tard pour bien faire et profitant de quelques journées de repos, nous sommes remontés sur les pentes raides de Rolacia pour réparer cet oubli. Bien nous en a pris car nous avons pu étoffer un peu le développement (700 m) en ajoutant quelques affluents qui n’avaient pas été vus.
Participants aux explorations : G. Aranzabal + Josu, D. Boibessot, E. Bunoz, P. et S. Degouve, A. Fuentes, R. Martinez (Witchy), J.N. Outhier, J. Palissot, B. Pernot, Ch. Philippe, O. Regnault, M. Rodriguez, G. Simonnot
Compte rendu Patrick Degouve