Profitant une fois encore des week-end à rallonge de ce début du mois de juin, nous sommes retournés poursuivre nos explorations dans quelques cavités de Cantabria.

Du côté de la Carrera :

Dans la grotte elle-même, nous avons poursuivi le ratissage systématique des galeries latérales à partir de l’entrée. Elles sont nombreuses mais la plupart décrivent des boucles  en empruntant souvent des niveaux intermédiaires. Toutefois, en aval du Volcan, nous avons fini par retrouver la suite de la galerie du Temps Présent qui était limitée en amont par un remplissage stalagmitique. Ce conduit vient donc combler le vide entre la galerie du Temps Présent et celle de la Veuve Noire qui constitue sont prolongement vers l’ amont. Au total, ce sont un peu plus de 400 m de nouvelles galeries qui viennent s’ajouter au développement de la grotte qui s’établit désormais à 6733 m topo.

Le méandre Blanc (grotte de la Carrera)

Le méandre Blanc (grotte de la Carrera)

En surface, nos recherches et nos désobstructions n’ont pas donné grand chose. La torca 1926, malgré un petit courant d’air aspirant, se termine à -31 m sur un méandre strictement impénétrable. Les autres cavités ne dépassent pas une vingtaine de mètres.

Dans un diverticule de la galerie du Temps Présent...

Dans un diverticule de la galerie du Temps Présent…

Au-dessus du gouffre de l’Ourson  :

Une prospection assez difficile en raison de la nature du terrain (lapiaz à aiguilles) nous a permis de repérer quelques objectifs intéressants même s’il ne faut pas toujours se fier aux apparence dans ces secteurs hyper karstifiés. Ce fut d’ailleurs le cas dans la cueva de las Aguileñas où un superbe méandre s’est très vite rétrécit au point de devenir impénétrable au bout de 50 m  seulement. A noter que dans ce secteur, nous ne sommes pas si loin des galeries d’Aitken…

L'entrée de la torca 1962

L’entrée de la torca 1962

Cayuela :

Le développement de cette cavité majeure du massif devient désormais plus conforme à son potentiel au regard notamment de sa situation en aval du système de l’Alto de Tejuelo-Muela et de sa proximité avec le réseau Cueto-Coventosa-Garma de Bucebròn. Dans un article récent (blog de la Cambera) le groupe spéléo de la Cambera présente la topographie de deux nouvelles galeries au-dessus de la salle du Bivouac et de la galerie du 10 août. Celle-ci représentent 690 m de développement. De notre côté, nous avons poursuivi notre révision de la topographie dans le secteur du rio Gloria. Sur la topographie existante, seul l’axe principal avait été représenté alors qu’en réalité, il s’agit d’un enchevêtrement de galeries superposées parfois importantes et parfois inexplorées. La dernière sortie nous a permis de topographier un peu plus de 300 m de galeries.

D’après les chiffres en notre possession, le développement provisoire serait de 15791 m.

Perte des Sacrifiés :

Cette perte, découverte en 1994 lors des explorations dans la torca de Rianon,  se terminait sur une diaclase étroite mais aspirante. A l’époque, la désobstruction avait été tentée avec des éclateurs mais leur efficacité et une météo exécrable rendant le chantier copieusement arrosé, avaient conduit à l’abandon des travaux. En deux sorties et munis de moyens plus efficaces, nous parvenons à franchir l’obstacle long de 2 m. Derrière, un petit puits en diaclase est suivi d’un nouveau passage étroit, barré par de gros blocs gréseux provenant d’une trémie. Préférant ne pas déstabiliser l’édifice, nous parvenons à nous glisser sous les blocs pour rejoindre un beau puits remontant. Au point bas, là où file un petit actif et le courant d’air, nous sondons un puits d’une vingtaine de mètres. Mais juste au-dessus, une trémie très instable menace de s’effondrer et de reboucher le conduit. La solution ne paraît vraiment pas évidente et il nous faudra revenir avec un matériel plus adapté…

Cueva del Carcabòn

Cela fait de nombreuses années que nous désobstruons à temps perdu l’extrémité de cette grotte caractérisée par un fort courant d’air soufflant. D’autres clubs s’y étaient cassé les dents et cela ne paraissait vraiment pas gagné. Cependant, l’été dernier, puis à la Toussaint, nous avons mis les bouchées doubles et à l’issue d’une dizaine de sorties nous parvenons miraculeusement à franchir l’obstacle.  La suite n’est pas grandiose et prend l’allure d’un conduit d’environ 1 m de diamètre, tapissé d’argile et occupé par de fréquents bassins dus à l’ennoiement épisodique du conduit. L’un d’eux forme une voûte rasante sur quelques mètres.  Le jour de la découverte, nous parcourons ce boyau sur près de 200 m jusqu’à un petit puits de 4 m glaiseux à souhait. Le lendemain, il pleut abondamment et il nous est impossible d’y retourner.

Le boyau découvert après la désobstruction, gras et humide...

Le boyau découvert après la désobstruction, gras et humide…

D’un commun accord nous décidons de poursuivre les exploration avec nos amis de l’AER qui avaient en projet de reprendre la désobstruction. C’est avec Ricardo (Wychy), fer de lance de ce projet au sein de l’AER, que nous y retournons en décembre dernier. Après le petit puits, le boyau se poursuit sur une dizaine de mètres seulement avant de rejoindre un vaste plan d’eau dans lequel il faut nager. De l’autre coté nous prenons pied dans une salle englaisée mais au plafond de laquelle on devine de gros départs fossiles. Nous grimpons d’une dizaine de mètres mais la suite nécessite du matériel d’escalade. De son côté, Ricardo repère un autre départ en hauteur, s’ouvrant plutôt en direction de ce qui nous semble être l’aval. Nous ressortons en dressant la topo, une vraie partie de plaisir…

En mai dernier, Ricardo et Angel (AER) retournent dans la salle pour faire l’escalade repérée par Ricardo. La suite est bien colmatée…

Ce n’est donc que samedi dernier (7 juin) que nous pouvons enfin réaliser l’escalade de la grande salle (Ricardo, José et Cardin de l’AER, Sandrine et Patrick du S.C.D.). Étant suffisamment nombreux, nous emportons 2 matériels d’escalade. Le temps est stable et le niveau semble être au plus bas, du coup, le courant d’air est fort notamment dans le boyau. Il faut pas loin d’une heure pour parvenir au pied de l’obstacle qui nous avait arrêtés en décembre dernier. Après avoir sécurisé l’endroit, nous montons tous au sommet de la première rampe glaiseuse, départ de la partie plus verticale. Patrick commence à grimper dans une coulée d’argile suffisamment compacte pour tailler des marches. Le passage d’un gros bloc lui permet ensuite de se rétablir sur une vire pentue. De là, deux options se présentent : continuer tout droit pour atteindre un porche que l’on devine une dizaine de mètres plus haut ou faire une longue traversée horizontale sur de grandes coulées stalagmitiques. Ricardo choisit cette dernière option tandis que Patrick préfère continuer dans l’axe. Après un court surplomb, il se rétablit sur une vire étroite et glaiseuse qui lui permet d’accéder à la galerie en 4 ou 5 goujons. De son côté, Ricardo a atteint également un conduit horizontal. Rejoint par ses deux camarades, il reconnait un bout de galerie terminé par un laminoir aquatique.

Le prix de l'exploration...

Le prix de l’exploration…

De l’autre côté et une dizaine de mètres plus haut, Patrick en a profité pour parcourir la galerie sur une vingtaine de mètres jusqu’à un carrefour d’où partent deux beaux conduits. C’est bien tentant et nous décidons de commencer par ces derniers. Après un rapide casse-croûte, nous commençons l’exploration en faisant suivre la topo. La galerie est très concrétionnée et tapissée de gours. La branche de gauche (Est) remonte doucement jusqu’à une énorme coulée qui barre totalement le conduit. Vu la direction, il s’agit probablement d’un aval et curieusement, alors que tout paraît colmaté, on perçoit nettement le bruit d’un ruisseau tout proche. De l’autre côté (amont) la galerie rejoint le sommet d’un puits volumineux qui s’avère être le grand vide que nous avons escaladé précédemment et en fait, nous nous retrouvons à la verticale du conduit découvert par Ricardo. Cependant, quelque mètres au-dessus de ce balcon, nous distinguons un conduit. Cette fois-ci ce sont José et Cardin qui sont à la manœuvre et l’escalade est vite enlevée.

José et Cardin dans la seconde escalade.

José et Cardin dans la seconde escalade.

Cela laisse juste le temps aux autres d’aller boucler la topo des galeries latérales. Au sommet de l’escalade, nous retrouvons un gros conduit descendant qui nous amène à un carrefour de galeries. Le courant d’air peu sensible dans la galerie précédente est bien marqué et nous indique la suite. Après l’installation d’une main courante, nous nous retrouvons dans un tube plus modeste mais bien ventilé. Vingt mètres plus loin il se dédouble à nouveau, mais les deux branches descendantes plongent sur un plan d’eau assez profond. Notre dernier bout de corde est mis à contribution car si la descente en toboggan est facile, la remontée sans agrès semble impossible. Le plan d’eau de la branche de droite se prolonge sur une quinzaine de mètres, puis la galerie remonte progressivement pour redescendre aussi sec vers un puits plus profond. Nous n’avons plus de matériel et sommes contraints d’en rester là.

L'aval de la galerie se termine sur un remplissage stalagmitique.

L’aval de la galerie se termine sur un remplissage stalagmitique.

Au retour, nous visitons le bassin de l’autre branche et Ricardo, parti en reconnaissance, ne tarde pas à reconnaître l’envers du laminoir qu’il avait en partie exploré au sommet de son escalade. Au retour, nous peaufinons la topographie et au siphon, nous mettons en place un reefnet fourni par le CDS 65. Celui-ci devrait nous permettre de mieux connaître les variations du niveau d’eau et notamment l’amplitude et la vitesse de réaction aux intempéries. Nous ressortons vers 19 h après avoir exploré et topographié plus de 420 m de nouvelles galeries.

La galerie au sommet de l'escalade.

La galerie au sommet de l’escalade.

Participants :  Cardin, José et  Ricardo (AER), E. Bunoz, S. et P. Degouve, G. Simonnot.

C.R. Patrick Degouve