Il n’est pas toujours très facile, durant un camp estival,  de privilégier de grosses désobstructions aux dépends d’activités moins rébarbatives de prospection ou d’exploration. Le résultat n’étant pas toujours garanti (loin de là…) on prend bien sûr le risque de revenir bredouille. Dans des massifs comme celui de Porracolina, cela peut sembler être un mauvais choix. Pourtant, cette année, c’est celui que nous avons fait et nous ne le regrettons pas car trouver enfin ce que l’on cherche depuis longtemps offre parfois plus de satisfaction que l’accumulation de mètres de première.

Désobstruction au-dessus de la Gandara. Visiblement, Hélène y croit...

Désobstruction au-dessus de la Gandara. Visiblement, Hélène y croit…

Voici donc un résumé de nos recherches estivales qui se sont déroulées en juillet et août avec pas moins de 34 sorties sur le terrain.
Participants : G. Aranzabal, E. Bunoz, P. et S. Degouve, L. Guillot, H. Manusse, Mavil  Marin,  A. Massuyeau, J. N. Outhier, B. Pernot, G. Simonnot, Y. Tual.

Secteur de la Gandara

Depuis la découverte du réseau en 2001, nous commençons à avoir une vision assez claire du système et du potentiel important qui reste à explorer. Du côté de Bustalveinte nous avons ainsi repris l’exploration de quelques cavités qui pourraient à terme rejoindre le réseau.

La cueva de San Antonio sur le versant sud du Fraile

La cueva de San Antonio sur le versant sud du Fraile

Mais, cette année, nous nous sommes surtout concentrés sur la désobstruction du Cubillo Fraile. Celui-ci nous résistait depuis longtemps et cela, malgré de nombreuses séances de désobstruction dont un séjour complet en 2000 durant lequel nous avions approfondi la diaclase terminale d’une dizaine de mètres. Au début de l’été, rien ne semblait évident, mais au bout de 6 séances nous sommes parvenus à passer dans un niveau de galeries parcourues sur près de 700 m. Pour le moment, rien n’est joué, mais un cap important semble être franchi.

Le puits d'accès à la galerie de la Peau de l'Ours (Cubillo Fraile)

Le puits d’accès à la galerie de la Peau de l’Ours (Cubillo Fraile)

 

La galerie de la Peau de l'Ours se termine sur des étroitures.

La galerie de la Peau de l’Ours se termine sur des étroitures.

De la même façon, au nord du réseau, la cueva Helguerra nous a livré 300 m de belles galeries terminées par de nouveaux chantiers de désobstruction.

L'entrée de la cueva de Helguerra

L’entrée de la cueva de Helguerra

Du côté de la Lunada, pas grand chose de neuf hormis quelques cavités mineures et d’autres qui font déjà l’objet de nouveaux chantiers de désobstruction.

Dans le réseau lui-même, nous avons pris le temps cette année d’effectuer certaines mesures notamment de débit pour éclairer un peu plus notre lanterne. Nous en avons également profité pour poser un capteur de pression et de température au niveau du collecteur (reefnet mis à disposition par le CDS 65). Les informations fournies par celui-ci devraient nous permettre de mieux connaître les variations du niveau de la rivière en les corrélant avec les infos météos.

La branche Sud du collecteur de la Gandara

La branche Sud du collecteur de la Gandara

Hélène et Yann effectuent des mesures de température et de conductivité dans le collecteur de la Gandara.

Hélène et Yann effectuent des mesures de température et de conductivité dans le collecteur de la Gandara.

Secteur de l’Hoyo Grande

Profitant d’une période plus calme nous sommes retournés à plusieurs reprise sur les lapiaz de l’Hoyo Grande et plus particulièrement autour du gouffre de l’arbre Tordu (n°271) pour revoir certaines cavités dont l’exploration n’avait pas été approfondie. Plusieurs puits, dont certains inédits (désobstruction) ont été descendus mais aucun d’eux n’a permis d’accéder aux galeries de la torca de l’Hoyo Grande situées juste en dessous.

Mavil à l'entrée de la torca del Arbol Torcido

Mavil à l’entrée de la torca del Arbol Torcido

Cueva de la Carrera

Parmi les nombreux départs qu’il nous restaient à voir dans cette cavité découverte en juillet 2013,  la galerie Proactive semblait être la mieux placée pour rejoindre la Cayuela. Le cheminement souvent étroit nous a conduit dans des galeries fossiles plus amples et un petit actif terminé par un siphon. Au total nous rajoutons 440 m ce qui porte le développement à 7178 m.

Les boyaux du méandre ProActiv dans la cueva de la Carrera

Les boyaux du méandre ProActiv dans la cueva de la Carrera

Secteur Bustablado

  • Torca de los Rebeccos

Dans la doline d’entrée, un second orifice restait à explorer. Par une succession de petits puits nous sommes retombés dans le méandre de la torca 1892, juste avant la grande salle. Du coup nous pouvons considérer ce gouffre comme terminé (540 m ; -127 m).

  • Torca del Osezno

Le point bas de ce gouffre se terminait à -102 m par un étroit méandre ventilé. En août, une désobstruction difficile permet de prolonger ce méandre jusqu’à un puits de 25 m précédant de nouvelles étroitures. Heureusement, au sommet du puits, après une courte escalade, nous avons retrouvé un conduit plus vaste. Celui-ci, entrecoupé de petits crans verticaux a finalement rejoint la galerie du Lasso dans la torca del Maxou Picchu. Aussi cette jonction enlève beaucoup d’attrait à ce gouffre que nous aurions préféré voir continuer plus bas. Son voisin, la torca del Crater n’a en revanche pas été jonctionnée et se termine prématurément à -49 m.

  • Torca Aitken

En collaboration avec l’ACE Mataro, nous avions prévu de nous atteler à la jonction avec la torca de las Yeguas. Malheureusement nos amis étant pris par d’autres explorations il ne nous a pas été possible d’attaquer cette jonction sur les deux fronts… Nous sommes cependant retournés au départ de la galerie du Poulpe pour fouiller le secteur Un peu plus de 300 m de petites galeries ont été topographiés mais sans suite évidente. Le développement passe à 8850 m.

Yann admiratif...

Yann admiratif…

  • Torca del Pasillo

Il nous restait quelques départs à voir avant de penser à déséquiper ce gouffre qui avait rejoint le réseau de l’alto de Tejuelo-Muela en 2012. Le premier départ se situait dans la galerie de -200 m.  Vu la taille réduite du méandre nous nous y engageons avec un minimum de matériel. Mais finalement, le conduit prend un peu d’ampleur et se ramifie. Au total nous parcourons un peu plus de 400 m mais la suite devient franchement étroite. Il nous reste juste le temps de voir un autre départ vers -215 m. Au sommet d’une courte escalade de 4 m nous tombons dans un conduit ébouleux. Après une trémie aux blocs menaçants, nous avons la surprise de déboucher dans une galerie plus vaste et bien ventilée. Au départ nous cheminons le long d’une fracture inclinée où il faut un peu chercher le bon itinéraire. Mais plus loin, le conduit adopte une morphologie plus régulière. Nous franchissons 2 trémies pour finalement butter sur un gros remplissage argileux. La suite semble être un boyau latéral parcouru par un fort courant d’air. Cette découverte inattendue relance bien sûr les explorations dans ce gouffre qui n’a donc pas fini de nous surprendre. Au total, nous topographions 850 m qui viennent s’ajouter au développement du réseau (120 887 m).

Le puits Programmé à l'extrémité de la galerie de l'Unijambiste (Carcabon).

Le puits Programmé à l’extrémité de la galerie de l’Unijambiste (Carcabon).

Cueva del Carcabon

L’exploration de cette résurgence fossile est soumise à une météo stable car il faut franchir une galerie basse qui s’ennoie assez rapidement. Même s’il n’y a pas eu de crue marqué durant l’été, nous avons très souvent eu une météo incertaine. Ainsi, nous avons beaucoup moins progressé que prévu. A notre terminus de juin, nous avons commencé par descendre le vaste puits qui nous tendait les bras. Comme cela était prévisible, celui-ci s’est vite transformé en un énorme entonnoir de glaise débouchant sur le niveau noyé. Pour court-circuiter ce nouvel obstacle il a fallu à nouveau équiper une longue main courante pour retrouver le courant d’air dans une galerie remontante terminée par un puits remontant. L’escalade de ce dernier (12 m) nous a permis, un moment seulement, de sortir des niveaux argileux. Malheureusement, plus loin, la galerie plonge à nouveau dans un puits d’une trentaine de mètres aux parois recouvertes de glaise. A suivre…

Les galeries fossiles de la cueva del Carcabon

Les galeries fossiles de la cueva del Carcabon

Nous avons également exploré et topographié plusieurs galeries latérales et quelques diverticules. A ce jour le développement topographié est désormais de 1350 m pour 50 m de dénivellation.

Prospection vers les cabanes d'Helguerra.

Prospection vers les cabanes d’Helguerra.

Au total, un peu plus de 3 km de nouvelles galeries ont été explorés et topographiés durant cet été. Mais à cela, il faut ajouter la vingtaine de nouvelles cavités venant enrichir la base de données. Mais au delà des chiffres, ces explorations apportent de nouvelles perspectives pour nos travaux futurs. L’avenir nous dira bientôt si l’obstination à poursuivre ces chantier souvent besogneux était un bon choix ou non.