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Étiquette : Explorations en Cantabria (Espagne) Page 1 of 2

Du nouveau dans l’inventaire des cavités du haut Asón (Espagne)

Au 1° novembre le nombre de cavités recensées dans notre base de données  s’élève à 2446. Nous continuons bien sûr à mettre au propre ces données brutes de manière à les rendre accessibles à tous. Ainsi, 90 nouvelles cavités ont été ajoutées à l’inventaire en ligne qui est téléchargeable librement sur notre site (http://karstexplo.fr/CuevasAson/InventaireCavites.htm).

carte

Les données sur le positionnement des cavités publiées peuvent être également téléchargées aux format Excel, GPX et KMZ ce qui permet de les visualiser facilement sur votre GPS ou sur votre ordinateur. Toutes ces cavités sont également visibles sur une carte google map (http://karstexplo.fr/CuevasAson/InventaireCarte.htm).

Bonne lecture

Patrick et Guy

Les « news » de l’été…

Encore un été riche en rebondissement où les découvertes n’ont pas toujours été là où on les attendait. Si nous devons nous résigner à tourner la page pour certaines cavités (Helguera, 3 Yeux, Carrera…), d’autres s’apprêtent à nous donner du grain à moudre pour les années futures. Voici donc les principaux résultats des quelques 30 sorties réalisées sur le terrain, que ce soit pour explorer, prospecter ou désobstruer. Et contrairement aux idées reçues, cette dernière activité occupe désormais une part non négligeable dans nos recherches et parfois dans nos découvertes.

Secteur Alto la Muela – Alto de Tejuelo

·      Le gouffre du plan B (torca del Plan B de Muriel)

Le 23 octobre 2015, lors d’une ballade-prospection dont l’objectif fut modifié en dernière minute, Guy et Muriel Simonnot découvrent un beau trou souffleur bouché par de gros blocs de grès mais derrière lequel les cailloux chutent d’une vingtaine de mètres. Six jours plus tard, en compagnie de 2 amis anglais (Peter Smith et Juan Corrin), l’entrée est dégagée et Guy peut descendre de quelques mètres. L’exploration ne débutera véritablement qu’au printemps suivant. Rapidement le gouffre prend de l’ampleur mais la présence d’énormes remplissages suspendus sur les parois des premiers puits va compliquer l’équipement. Celui-ci sera conçu pour éviter au maximum les paliers formés, la plupart du temps, par des blocs instables. A -280 m nous atteignons un niveau de galeries fossiles limités à chaque fois par des puits donnant sur une rivière dont on perçoit nettement le grondement.

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Le dernier puits du Plan B,
juste avant d’arriver dans le rio Eulogio.

Le 6 août, l’un de ces puits est descendu et 100 m plus bas (-376) nous jonctionnons avec le Rio Eulogio que nous avions exploré entre 1998 et 2000 sans que personne ne soit tenté d’y aller depuis. En attendant de coordonner nos recherches avec celles de nos amis de l’ACE Mataro qui ont également beaucoup cherché dans ce secteur, nous avons effectué une reconnaissance en aval pour évaluer les risques de crue dans le cas d’un éventuel bivouac. L’effacement de nos traces de pas indique clairement que l’eau peut monter à près de 10 m de hauteur notamment dans la partie terminale qui se trouve probablement noyée en période de crue. La pose d’une sonde reefnet laissée une année, devrait nous fournir des données plus tangibles. Quelques compléments topo ont également été réalisés dans des galeries latérales menant à la découverte de prolongements sans suite évidente.

planb-09-2016-033Le rio Eulogio en amont du Plan B.
Retrouvailles après 18 années sans exploration…

·      Gouffre des 3 yeux

En atteignant un niveau de galeries fossiles à -240 m, nous pensions bien parcourir quelques belles galeries dans ce secteur où, pour le moment, nous n’en connaissons pratiquement pas. Malgré des courants d’air parfois assez fort, nous n’avons pas pu progresser ni en amont, ni en aval au-delà des quelques centaines de mètres que nous avions découvert en 2015. En aval, nous nous sommes arrêtés soit sur des broyages soit sur des remplissages importants. En amont nos explorations se sont heurtées à des puits remontants dont l’escalade ne nous a pas semblé très intéressante. Le développement est de 1320 m pour une profondeur de 255 m.

3yeux-09-2016-001Escalade en aval de la galerie du Grand Blanc.

3yeux-09-2016-009     3yeux-09-2016-010
La galerie du Grand Blanc

·      Torca de de los Gérmenes

Situé en amont de la trémie amont de la galerie du Casque (torca Aitken), ce gouffre est assez difficile d’accès surtout en période estivale lorsque la végétation est luxuriante. Une première reconnaissance jusqu’à -50 m en juin dernier révélait un bon courant d’air aspirant. En juillet nous poursuivons l’exploration constituée de petit puits et de méandres jusqu’à la profondeur de 85 m où une étroiture ponctuelle nous empêche de descendre un petit ressauts de 3 m. La suite semble peu évidente. Dans le même secteur, plusieurs petits gouffres ont été descendus sans dépasser la profondeur de 40 m.

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Secteur Fraile-Lunada-Becerall

·      Système de la Gándara

Affluent des Moustiques :
Peu avant le siphon aval du collecteur, une escalade d’une dizaine de mètres nous a permis d’accéder à un joli méandre long d’environ 150 m. Cet affluent draine un ruisseau dont l’origine semble assez locale. L’extrémité est strictement impénétrable.

dedic-09-2016-001Désobstruction….

Non loin de là, une désobstruction difficile a été réalisée dans un épais remplissage argileux d’où filtrait un léger courant d’air. Derrière 3 colmatages partiels du conduit, nous avons atteint de belles galeries se développant à un niveau intermédiaire entre les actifs du réseau et le canyon des Alizés. Au total, nous avons topographié 1400 m de conduits très variés de par leur taille et de par leur morphologie. Dans cette nouvelle partie du réseau, il reste encore plusieurs possibilités de continuation.

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Dans les nouvelles galeries de la Gandara.

·      Cueva d’Helguera

Il nous restait un beau départ à voir, en haut de la galerie de Liencres, à l’endroit où celle-ci change d’orientation. L’escalade haute de 17 m, le long d’une coulée stalagmitique, a rejoint un puits de 21 m. Au bas, celui-ci recoupe un boyau parcouru par un filet d’eau provenant vraisemblablement de la galerie principale. L’amont comme l’aval, sont rapidement impénétrables, malgré un léger courant d’air.

helguerra-09-2016-006La galerie de Liencres

Plus en aval, nous avons fouillé une série de conduits creusés entre de grandes dalles effondrées et développant une centaine de mètres mais sans grand intérêt. En revanche, dans la salle de las Cortezas nous avons découvert, sans trop de surprise, un joli méandre fossile parcouru sur près de 100 m jusqu’à ce qu’il devienne totalement impénétrable. Le développement de la cueva est de 2570 m.

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Escalade à l’extrémité de la galerie de Liencres.

·      Cueva del Sirocco

Située dans le secteur de la Lunada, au niveau des strates supérieures de la série calcaire du bassin d’alimentation de la Gándara, cette petite cavité a fait l’objet de longues séances de désobstruction. La profondeur de 25 m reste pour le moment très modeste mais nous gardons bon espoir d’accéder à des conduits plus amples.

helguerra-09-2016-014Pierre dans le P.21 du fond d’Helguera

·      Prospection Becerall

Nos prospections se sont poursuivies sur la Brena et le lapiaz de la Becerall. Plusieurs cavités ont été explorées mais sans grand résultat. La plus importante, la torca del Antifaz atteint modestement la profondeur de 50 m.

Autres secteurs

  • Cueva de Carcabón

En juillet, profitant d’une météo particulièrement stable, nous sommes retournés dans la cueva Carcabon en compagnie de Ricardo et Cardin de l’AER, le club  Spéléo de Ramales. Le niveau d’eau était au plus bas et les voûtes rasantes n’étaient plus très rasantes… Il nous aura fallu environ 5 h pour atteindre notre terminus de juillet 2015 en sachant que nous en avons profité pour explorer et topographier quelques galeries permettant de court-circuiter des zones pénibles.

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Ce beau conduit au parcours agréable ne doit pas faire oublier qu’en crue, il est complètement noyé.

La couleur uniformément marron est d’ailleurs là pour le rappeler.

Après un labyrinthe de petites conduits entrecoupés de quelques courtes escalades, nous avons débouché dans un énorme tube de 30 à 40 m de large pour 20 m de hauteur.  Nous l’avons remonté sur plus de 400 m jusqu’à une vire à équiper. La suite est évidente, et il y a de nombreux départs à voir.

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Dans le réseau supérieur, hors crue, le concrétionnement peut être abondant.

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Lors d’une seconde sortie en septembre, plusieurs diverticules ont été explorés et la jonction entre les deux réseaux superposés a été équipée de manière à simplifier l’accès au réseau supérieur. Au total, nous avons ajouté 1200 m de topo et le développement passe à 6,9 km. Il va falloir désormais songer à faire un bivouac, mais cela reste assez compliqué en raison de l’exposition aux risques de montées d’eau qui, rappelons le, limite  sérieusement les périodes durant lesquelles la cavité est « fréquentable ».

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Le puits de jonction entre les deux réseaux. On distingue nettement l’empreinte du niveau de crue.

  • Cueva de la Carrera

L’exploration de cette cavité découverte en 2013 touche à sa fin. Nos incursions cet été se sont bornées à compléter la topographie et à terminer l’exploration de galeries secondaires sans grand intérêt. La fiche complète sera publiée sur notre site prochainement.

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Un peu de tourisme, une fois n’est pas coutume…

Invités par nos amis de l’Aer (Ricardo et Cardin) nous avons fait une petite entorse à notre programme d’explorations pour effectuer la traversée Acebo-Rubicera dans le réseau du Mortillano. Réalisée en compagnie d’une partie des découvreurs, cette belle bambée souterraine d’une douzaine d’heures (-636 m) avait une saveur particulière puisque nous pouvions revivre en directe l’exploration de ce gouffre impressionnant de régularité et d’envergure. Merci à nos guides, ce fut une expérience bien agréable…

 
La belle galerie de la torca del Acebo, surprenante par sa régularité
et le contraste des couleurs.
OLYMPUS DIGITAL CAMERAA la sortie, dans le porche de Rubicera.

Participants : G. Aranzabal (ADES), N. Bondon, V. Bresson, P. et S. Degouve, A. Fuentes (AER), S. Latapie, Ricardo Martinez (Wychy) (AER), J. et P. Noyes, J.N. Outhier, B. Pernot, A. Pizzolato, G. Simonnot, R. Trueba (Cardin)(AER).

Compte rendu : P. Degouve et G. Simonnot

 

Dernières news de Cantabria…

Profitant une fois encore des week-end à rallonge de ce début du mois de juin, nous sommes retournés poursuivre nos explorations dans quelques cavités de Cantabria.

Du côté de la Carrera :

Dans la grotte elle-même, nous avons poursuivi le ratissage systématique des galeries latérales à partir de l’entrée. Elles sont nombreuses mais la plupart décrivent des boucles  en empruntant souvent des niveaux intermédiaires. Toutefois, en aval du Volcan, nous avons fini par retrouver la suite de la galerie du Temps Présent qui était limitée en amont par un remplissage stalagmitique. Ce conduit vient donc combler le vide entre la galerie du Temps Présent et celle de la Veuve Noire qui constitue sont prolongement vers l’ amont. Au total, ce sont un peu plus de 400 m de nouvelles galeries qui viennent s’ajouter au développement de la grotte qui s’établit désormais à 6733 m topo.

Le méandre Blanc (grotte de la Carrera)

Le méandre Blanc (grotte de la Carrera)

En surface, nos recherches et nos désobstructions n’ont pas donné grand chose. La torca 1926, malgré un petit courant d’air aspirant, se termine à -31 m sur un méandre strictement impénétrable. Les autres cavités ne dépassent pas une vingtaine de mètres.

Dans un diverticule de la galerie du Temps Présent...

Dans un diverticule de la galerie du Temps Présent…

Au-dessus du gouffre de l’Ourson  :

Une prospection assez difficile en raison de la nature du terrain (lapiaz à aiguilles) nous a permis de repérer quelques objectifs intéressants même s’il ne faut pas toujours se fier aux apparence dans ces secteurs hyper karstifiés. Ce fut d’ailleurs le cas dans la cueva de las Aguileñas où un superbe méandre s’est très vite rétrécit au point de devenir impénétrable au bout de 50 m  seulement. A noter que dans ce secteur, nous ne sommes pas si loin des galeries d’Aitken…

L'entrée de la torca 1962

L’entrée de la torca 1962

Cayuela :

Le développement de cette cavité majeure du massif devient désormais plus conforme à son potentiel au regard notamment de sa situation en aval du système de l’Alto de Tejuelo-Muela et de sa proximité avec le réseau Cueto-Coventosa-Garma de Bucebròn. Dans un article récent (blog de la Cambera) le groupe spéléo de la Cambera présente la topographie de deux nouvelles galeries au-dessus de la salle du Bivouac et de la galerie du 10 août. Celle-ci représentent 690 m de développement. De notre côté, nous avons poursuivi notre révision de la topographie dans le secteur du rio Gloria. Sur la topographie existante, seul l’axe principal avait été représenté alors qu’en réalité, il s’agit d’un enchevêtrement de galeries superposées parfois importantes et parfois inexplorées. La dernière sortie nous a permis de topographier un peu plus de 300 m de galeries.

D’après les chiffres en notre possession, le développement provisoire serait de 15791 m.

Perte des Sacrifiés :

Cette perte, découverte en 1994 lors des explorations dans la torca de Rianon,  se terminait sur une diaclase étroite mais aspirante. A l’époque, la désobstruction avait été tentée avec des éclateurs mais leur efficacité et une météo exécrable rendant le chantier copieusement arrosé, avaient conduit à l’abandon des travaux. En deux sorties et munis de moyens plus efficaces, nous parvenons à franchir l’obstacle long de 2 m. Derrière, un petit puits en diaclase est suivi d’un nouveau passage étroit, barré par de gros blocs gréseux provenant d’une trémie. Préférant ne pas déstabiliser l’édifice, nous parvenons à nous glisser sous les blocs pour rejoindre un beau puits remontant. Au point bas, là où file un petit actif et le courant d’air, nous sondons un puits d’une vingtaine de mètres. Mais juste au-dessus, une trémie très instable menace de s’effondrer et de reboucher le conduit. La solution ne paraît vraiment pas évidente et il nous faudra revenir avec un matériel plus adapté…

Cueva del Carcabòn

Cela fait de nombreuses années que nous désobstruons à temps perdu l’extrémité de cette grotte caractérisée par un fort courant d’air soufflant. D’autres clubs s’y étaient cassé les dents et cela ne paraissait vraiment pas gagné. Cependant, l’été dernier, puis à la Toussaint, nous avons mis les bouchées doubles et à l’issue d’une dizaine de sorties nous parvenons miraculeusement à franchir l’obstacle.  La suite n’est pas grandiose et prend l’allure d’un conduit d’environ 1 m de diamètre, tapissé d’argile et occupé par de fréquents bassins dus à l’ennoiement épisodique du conduit. L’un d’eux forme une voûte rasante sur quelques mètres.  Le jour de la découverte, nous parcourons ce boyau sur près de 200 m jusqu’à un petit puits de 4 m glaiseux à souhait. Le lendemain, il pleut abondamment et il nous est impossible d’y retourner.

Le boyau découvert après la désobstruction, gras et humide...

Le boyau découvert après la désobstruction, gras et humide…

D’un commun accord nous décidons de poursuivre les exploration avec nos amis de l’AER qui avaient en projet de reprendre la désobstruction. C’est avec Ricardo (Wychy), fer de lance de ce projet au sein de l’AER, que nous y retournons en décembre dernier. Après le petit puits, le boyau se poursuit sur une dizaine de mètres seulement avant de rejoindre un vaste plan d’eau dans lequel il faut nager. De l’autre coté nous prenons pied dans une salle englaisée mais au plafond de laquelle on devine de gros départs fossiles. Nous grimpons d’une dizaine de mètres mais la suite nécessite du matériel d’escalade. De son côté, Ricardo repère un autre départ en hauteur, s’ouvrant plutôt en direction de ce qui nous semble être l’aval. Nous ressortons en dressant la topo, une vraie partie de plaisir…

En mai dernier, Ricardo et Angel (AER) retournent dans la salle pour faire l’escalade repérée par Ricardo. La suite est bien colmatée…

Ce n’est donc que samedi dernier (7 juin) que nous pouvons enfin réaliser l’escalade de la grande salle (Ricardo, José et Cardin de l’AER, Sandrine et Patrick du S.C.D.). Étant suffisamment nombreux, nous emportons 2 matériels d’escalade. Le temps est stable et le niveau semble être au plus bas, du coup, le courant d’air est fort notamment dans le boyau. Il faut pas loin d’une heure pour parvenir au pied de l’obstacle qui nous avait arrêtés en décembre dernier. Après avoir sécurisé l’endroit, nous montons tous au sommet de la première rampe glaiseuse, départ de la partie plus verticale. Patrick commence à grimper dans une coulée d’argile suffisamment compacte pour tailler des marches. Le passage d’un gros bloc lui permet ensuite de se rétablir sur une vire pentue. De là, deux options se présentent : continuer tout droit pour atteindre un porche que l’on devine une dizaine de mètres plus haut ou faire une longue traversée horizontale sur de grandes coulées stalagmitiques. Ricardo choisit cette dernière option tandis que Patrick préfère continuer dans l’axe. Après un court surplomb, il se rétablit sur une vire étroite et glaiseuse qui lui permet d’accéder à la galerie en 4 ou 5 goujons. De son côté, Ricardo a atteint également un conduit horizontal. Rejoint par ses deux camarades, il reconnait un bout de galerie terminé par un laminoir aquatique.

Le prix de l'exploration...

Le prix de l’exploration…

De l’autre côté et une dizaine de mètres plus haut, Patrick en a profité pour parcourir la galerie sur une vingtaine de mètres jusqu’à un carrefour d’où partent deux beaux conduits. C’est bien tentant et nous décidons de commencer par ces derniers. Après un rapide casse-croûte, nous commençons l’exploration en faisant suivre la topo. La galerie est très concrétionnée et tapissée de gours. La branche de gauche (Est) remonte doucement jusqu’à une énorme coulée qui barre totalement le conduit. Vu la direction, il s’agit probablement d’un aval et curieusement, alors que tout paraît colmaté, on perçoit nettement le bruit d’un ruisseau tout proche. De l’autre côté (amont) la galerie rejoint le sommet d’un puits volumineux qui s’avère être le grand vide que nous avons escaladé précédemment et en fait, nous nous retrouvons à la verticale du conduit découvert par Ricardo. Cependant, quelque mètres au-dessus de ce balcon, nous distinguons un conduit. Cette fois-ci ce sont José et Cardin qui sont à la manœuvre et l’escalade est vite enlevée.

José et Cardin dans la seconde escalade.

José et Cardin dans la seconde escalade.

Cela laisse juste le temps aux autres d’aller boucler la topo des galeries latérales. Au sommet de l’escalade, nous retrouvons un gros conduit descendant qui nous amène à un carrefour de galeries. Le courant d’air peu sensible dans la galerie précédente est bien marqué et nous indique la suite. Après l’installation d’une main courante, nous nous retrouvons dans un tube plus modeste mais bien ventilé. Vingt mètres plus loin il se dédouble à nouveau, mais les deux branches descendantes plongent sur un plan d’eau assez profond. Notre dernier bout de corde est mis à contribution car si la descente en toboggan est facile, la remontée sans agrès semble impossible. Le plan d’eau de la branche de droite se prolonge sur une quinzaine de mètres, puis la galerie remonte progressivement pour redescendre aussi sec vers un puits plus profond. Nous n’avons plus de matériel et sommes contraints d’en rester là.

L'aval de la galerie se termine sur un remplissage stalagmitique.

L’aval de la galerie se termine sur un remplissage stalagmitique.

Au retour, nous visitons le bassin de l’autre branche et Ricardo, parti en reconnaissance, ne tarde pas à reconnaître l’envers du laminoir qu’il avait en partie exploré au sommet de son escalade. Au retour, nous peaufinons la topographie et au siphon, nous mettons en place un reefnet fourni par le CDS 65. Celui-ci devrait nous permettre de mieux connaître les variations du niveau d’eau et notamment l’amplitude et la vitesse de réaction aux intempéries. Nous ressortons vers 19 h après avoir exploré et topographié plus de 420 m de nouvelles galeries.

La galerie au sommet de l'escalade.

La galerie au sommet de l’escalade.

Participants :  Cardin, José et  Ricardo (AER), E. Bunoz, S. et P. Degouve, G. Simonnot.

C.R. Patrick Degouve

Pour combler le retard….

L’absence de message sur le blog depuis novembre dernier commençait à inquiéter certains de nos lecteurs. Qu’ils soient ici rassurés  nous n’avons pas mis la clef sous le paillasson et d’ailleurs durant ces 3 mois nous n’avons pas chômé.  D’ailleurs, globalement, l’année 2013 nous aura offert quelques belles découvertes avec un cumul total de 8860 m de premières.

Voici donc un petit tour d’horizon de nos explorations du dernier trimestre de l’année 2013.

Avant la neige…

Durant les congés de la Toussaint une première équipe du GSHP de Tarbes est venue nous prêter main forte, suivie, la seconde semaine, d’une autre venue de l’est de la France.

  • Du côté de la Gandara

Avant que la neige recouvre le col de la Lunada, nous avons pu poursuivre nos recherches sur les landes qui bordent le flanc sud-ouest de la peña Lusa. Quelques nouvelles cavités ont été découvertes, d’autres ont fait l’objet de désobstructions rendues difficiles en raison de la présence de niveaux gréseux.  Nul doute qu’il s’agit là de chantiers de longue haleine, mais pas désespérés…

  • Retour à Buzulucueva

Après l’exploration des Vieux Croûtons, nous nous sommes intéressés à une zone située plus au nord et déjà bien étudiée dans les années 86 par le SGCAF (Grenoble). Aidés par les fermiers du coin qui ont compris l’importance des courants d’air à l’entrée des trous, nous avons ainsi pu découvrir plusieurs nouveaux gouffres dont certains sont en cours de désobstruction.  Une nouvelle visite des cavités connues a également permis de compléter l’inventaire en y ajoutant les topographies manquantes.

Tailleur de pierre...

Tailleur de pierre…

  • Autour d ‘Aitken

Malgré la proximité des deux cavités, nous ne sommes pas parvenus à jonctionner la Torca Aitken avec celle du Maxou Picchu. Du coup, nous avons déséquipé cette dernière, lui préférant la torca de los Rebecos découverte cet été. Après une paire de puits, nous sommes ainsi parvenus dans une grande salle parcourue par un très net courant d’air et un ruisseau temporaire. Celui-ci se perd dans un petit puits et une zone chaotique peu évidente à franchir. Peu avant cette salle, nous avons jonctionné avec une doline voisine par un méandre étroit reconnu cet été par Ludo. L’ensemble développe déjà quelques centaines de mètres et il reste plusieurs points d’interrogation à lever.

Le méandre de la torca de los rebecos

Le méandre de la torca de los rebecos

  • Dans la Carrera

Les explorations se sont poursuivies tant en amont qu’en aval. Dans le premier cas, ce sont des trémies qui nous ont arrêtés dans l’actif et le fossile. Un méandre affluent, étroit et tortueux, pourrait nous permettre éventuellement de contourner ces obstacles, mais rien n’est joué. En aval, plusieurs sorties ont confirmés l’existence de 3 niveaux superposés bien identifiés. Près de deux kilomètres ont été ainsi topographiés.

Vire pour atteindre l'amont de la galerie del Pedrito.

Vire pour atteindre l’amont de la galerie del Pedrito.

Participants : D. Boibessot, P. et S. Degouve, S. Latapie, A. Massuyeau, C. Philippe, G. Simonnot, N. et B. Vigneau

Séjour de fin d’année

L’équipe est plus restreinte et seul José Leroy nous rejoint pour quelques sorties désobstruction. Aussi, nous nous associons à nos amis de l’AEMT (Santoña) pour revoir le fond du canyon Est de la Cayuela. Cela nous trottait dans la tête depuis longtemps et rentrait dans une démarche plus large de révision de la topographie de cette cavité majeure du massif. En deux sorties nous avons entièrement revu le fond de la galerie et découvert un peu plus de 300 m de nouvelles galeries. Hélas, à chaque fois, celles-ci se sont terminées par de vastes puits remontants avec de forts courants d’air. Il nous reste quelques départs à voir.

Dans les nouveaux puits de la Cayuela

Dans les nouveaux puits de la Cayuela

Parallèlement, nous avons poursuivi les désobstructions dans quelques cavités de Buzulucueva. L’une d’elles a commencé à nous concéder quelques puits. Affaire à suivre…

Dans le même secteur et toujours en compagnie de nos amis de l’AEMT, nous avons ré exploré des gouffres déjà recensés par le SGCAF mais sans grand résultat.

Participants : Juan Jose Argos, Luis Ángel González (Pixi), Ana Sobrino, David de Dios, Alfredo Santos (Manoplas), Iván Expósito, Jose Miguel González (Josemi), Marcos Valle  pour l’AEMT et P. et S. Degouve, J. Leroy.

 

A l’abri, dans la Gandara.

La météo exécrable de ce mois d’avril n’a bien sûr pas épargné la Cantabria. Lorsque nous arrivons, le 13 avril, cela fait déjà près de 3 semaines qu’il pleut sans interruption et les annonces météo ne sont guère optimistes. Nos explorations, initialement prévues à la torca Aitken vont donc se transformer en un bivouac improvisé à la Gandara. Les objectifs évidents ne sont pas très nombreux, mais voilà une bonne occasion de lever quelques interrogations dans le secteur sud du réseau. Nous allons donc élire domicile au bivouac 2, le mieux placé pour rejoindre le fond du canyon des Quadras. Au programme, escalade et désobstruction, ce qui implique que nous emportions un perfo, des pailles, masse, burin et du matériel d’escalade.

Dimanche 15 avril 2012 : 1° jour de bivouac :

Participants :  D.  Boibessot, P. et S.  Degouve, Ch. Philippe

Les sacs sont bien chargés. Nous entrons dans la cavité vers 11 h sous la pluie. En altitude, il neige et cela est préférable pour échapper à une grosse crue de printemps. Dans les galeries d’entrée, l’eau coule de partout et juste au-dessus de la vire du puits de l’Ours, une cascade nous permet de repérer un beau porche à une quinzaine de mètres de hauteur. Nous y reviendrons plus tard. Dans la salle Angel, la cascade coule abondamment mais sans plus. Plus loin, un coup de phare dans les regards sur el Contra Rio nous indique que le niveau de la rivière n’a pas monté. Nous parvenons au bivouac vers 15 h après avoir fait quelques photos dans l’amont de la galerie de Cruzille. Il reste un peu de temps et nous en profitons pour revoir en détail la galerie de la Valve et l’extrémité de la salle du Muguet. Quelques diverticules sont explorés mais rien de transcendant au bout du compte.

Bivouac grand confort. L'endroit est sec, le courant d'air assez faible. Sandrine teste sa Burkanette et l'adopte aussitôt.

2° jour de bivouac :

Réveil vers 7 h. Nous quittons le bivouac vers 8 h 30. Le ruisseau qui nous permet de rejoindre les Quadras coule plus que la veille. Cela nous incite à regarder de plus près les niveaux de crue. Dans la grande galerie, les traces de pas ont disparu et nous n’en retrouvons qu’à proximité de la corde venant du court-circuit. Plus loin, au bas du puits de 20 m, le sable est parfaitement lisse. Nous allons rapidement voir le niveau de la rivière qui est quasiment normal. Le froid en altitude en est certainement pour quelque chose. En amont, nous ne retrouvons des traces de pas qu’une centaine de mètres plus loin soit une mise en charge d’environ 25 m au-dessus du niveau d’étiage. Dans de telles conditions, le canyon est entièrement noyé à partir du puits de 20 m. Ce scénario, qui ne semble pas d’actualité, doit se produire lorsque la fonte nivale se conjugue avec de fortes pluies sur l’ensemble du bassin d’alimentation. Dans ce cas, une bonne partie des galeries actives situées sous l’altitude 630 m se trouvent affectées par la montée des eaux  (Rio Viscoso, Contra Rio, Rio en Calma, collecteur aval etc…). Mais certaines galeries fossiles (galerie de Cruzille au niveau des regards sur le Contra Rio) peuvent également être partiellement inondées (témoignage Antonio).

L'accès au canyon des Quadras se fait par un beau tube qui peut partiellement s'ennoyer en période de crue.

Le puits des Quadras (25 m) perce le plafond de la galerie du même nom. La section de la galerie atteint par endroit 20 x 20 m, et le conduit peut complètement s'ennoyer. Le trait jaune indique le niveau d'eau atteint lors de crues visible grâce à la mousse déposée sur les parois.

Notre premier objectif est la désobstruction au fond de la salle…. Après quelques hésitations nous finissons par retrouver le puits qui permet d’y accéder.

Deux petits puits permettent d'atteindre la salle. Le premier perce un important remplissage sableux.

Contrairement à nos précédentes visites, le courant d’air n’y est pas très violent. Au bas, le décor est un peu différent de celui que nous imaginions. Au point bas de la salle, on entend nettement le bruit d’un ruisseau et un net courant d’air est perceptible, mais la nature du chantier est beaucoup moins idyllique que ce que nous pensions. Là où nous n’avions vu qu’un tas de cailloux faciles à enlever, nous retrouvons un abominable château de cartes formé par un empilement de grandes dalles à l’équilibre précaire. Bien sûr, l’hypothétique passage à désobstruer se trouve au point bas et en plus, rien ne permet d’envisager un élargissement. Pas question d’y aller à la masse pour le moment. Nous prélevons délicatement quelques cailloux et d’un commun accord, nous convenons qu’entamer une désobstruction à cet endroit serait suicidaire. Pour clore le débat Christophe nous annonce qu’il vient de voir une des grosses dalles formant la voûte, glisser de quelques centimètres. Du coup, nous nous mettons à fouiller tous les recoins de la salle dans le but d’atteindre par un autre endroit la fameuse rivière. Cela tourne vite à l’acharnement thérapeutique et le moindre interstice est inspecté, forcé avant d’être finalement abandonné. Dans la partie haute de la salle, nous trouvons quand même une petite cheminée qui rejoint un boyau puis une diaclase remontante mais communiquant avec des galeries connues. Nous abandonnons et avant de rentrer au bivouac, nous fouillons une nouvelle fois le secteur où arrive la galerie de la Fronde.

Quelque part dans les voûtes des Quadras

Formes étranges...

3° jour de bivouac :

Départ 8 h 45. L’objectif du jour n’est guère emballant, mais il fait partie de ceux qui alimentent sans cesse les discussions et qu’il faut faire absolument au risque de toujours le regretter. Cette fois ci, il s’agit d’effectuer une escalade dans un diverticule situé juste à côté de la trémie terminale de la galerie du Petit Baigneur.

La galerie du Petit Baigneur est un superbe tube surcreusé par un méandre où coule le ruisseau.

L’accès via le canyon des Quadras est assez rapide. Le niveau d’eau semble stable et nous passons la voûte basse sans trop d’appréhension mais non sans avoir estimé la hauteur des mises en charge à cet endroit.

L'accès à la fameuse escalade se fait par un ressaut surplombant. Courte échelle de rigueur...

C’est Christophe qui se lance dans l’escalade. Le rocher est absolument pourri et l’orifice à atteindre est occupé par un gros bloc qui pend à moitié dans le vide. Pour cela, il commence à grimper à l’écart des chutes de pierres sur la paroi la plus saine. Une bonne demi-heure plus tard, après un petit vol contrôlé et une bonne purge de cailloux, il s’arrête au milieu d’un chaos de blocs sans suite. Déséquipement et consternation, cela fait deux choux blancs, nous n’allons quand même pas ressortir sans avoir ouvert le carnet topo.

L'escalade du Petit Baigneur. Le trou à atteindre est visible en haut et à gauche, nous ésperions bien passer au-dessus de la trémie.

Par manque d’objectif, nous envisageons même de regagner la surface un jour plus tôt. Mais voilà, à la Gandara, les découvertes se font rarement là où nous les attendons.

Alors que nous revenons tranquillement en faisant des photos, nous trouvons un départ en hauteur facilement atteignable. Un petit lancer de corde sur une lame et quelques minutes plus tard Christophe parvient à atteindre le porche d’une galerie de petite dimension. Après une rapide reconnaissance, il nous annonce qu’il y a plusieurs boyaux à voir avec un peu d’air. Nous le rejoignons et effectivement nous explorons plusieurs conduits souvent étroits. L’un d’eux souffle un peu mais se termine sur un rétrécissement abrasif. Bien sûr le matériel de désobstruction est resté au bivouac et nous n’avons pour agrandir le passage, qu’un marteau et un petit burin. Dom finit par s’enfiler dans le passage et franchit 3 étroitures avant d’atteindre un conduit plus grand. Christophe essaie de le suivre mais ne parvient pas à passer. C’est donc très étroit. Nous nous relayons pour buriner et au bout d’une demi-heure, il parvient à franchir l’obstacle. Compte tenu de ma taille, je préfère leur confier le matos topo pour qu’ils commencent l’explo pendant qu’avec Sandrine nous allons continuer d’agrandir le passage. Il nous faudra plus d’une heure et demie de travail pour enfin pouvoir passer. Nous retrouvons alors nos deux compères qui reviennent en topographiant.

La galerie des Troglos passe au-dessus de celle du Petit baigneur.

La galerie continue en s’agrandissant et ils se sont arrêtés sur un carrefour. Nous y retournons et progressons en faisant suivre la topo comme à l’accoutumée. Après quelques passages plus petits, la galerie vire vers le sud ouest et prend la forme d’un grand méandre de 2 m de large sur une bonne dizaine de mètres de hauteur. La plupart du temps, nous progressons en opposition sur des banquettes, mais rien n’entrave véritablement la progression. Nous cheminons ainsi sur plus de 760 m et nous nous arrêtons sur une zone de blocs effondrés qui semble ponctuelle. Au retour il nous faut topographier la zone étroite avant de rejoindre le bivouac vers 22 h.

Dom, heureux de sa journée...

4° jour de bivouac :

Nous n’avions prévu que 3 jours de bivouac et notre stock de nourriture est épuisé. Retour tranquille à la surface. Dehors, il pleut toujours, mais nous nous en doutions car les cascades de la salle Angel étaient, cette-fois-ci, particulièrement spectaculaires.

Jeudi 19 avril 2012 :

Participants :  D.  Boibessot, P. et S.  Degouve, Ch. Philippe

Il pleut toujours et finalement, la Gandara est un bon refuge pour les intempéries durables. Cette fois, c’est tout près de l’entrée que nous nous rendons. Lors de notre bivouac, nous avions repéré un départ au-dessus de la vire du puits de l’Ours. L’objectif semble facile et avec le perfo il ne devrait pas y en avoir pour longtemps. Avec Christophe, nous nous relayons pour atteindre le porche, 15 m plus haut.

La vire du puits de l'Ours vue du bas de l'escalade.

Au sommet, il y a bien une galerie, parcourue par deux ruisseaux temporaires. Le premier sort d’une petite cheminée arrosée et le second d’un méandre impénétrable. Mais, juste à côté, une jolie galerie semble se prolonger. Malheureusement, au bout de 20 m, une trémie nous barre le passage. Pourtant, on distingue un petit trou noir. Cela est bien suffisant pour que nous attaquions une désobstruction. Nous ne disposons que d’un marteau et le remplissage en partie calcifié est particulièrement coriace. Il ne nous faudra pas moins de 3 heures pour parvenir à passer. Nos épaules s’en souviennent encore. Derrière une galerie basse occupée par une coulée stalagmitique aux allures de crème pâtissière est rapidement parcourue. Vingt mètres plus loin, nous nous redressons dans une rotonde au sol pâteux. La suite est une diaclase rapidement obstruée par de l’argile. Le résultat est bien maigre. Toutefois, il reste bien la petite cheminée arrosée à voir. Nous n’y croyons pas du tout et forcément, il faut quelqu’un de courageux, de téméraire et contre toute attente ce discours fait démarrer Christophe au quart de tour. Avec Dom, nous avons à peine le temps d’échanger un sourire narquois que Christophe est déjà sous la douche en train de s’enfiler dans un conduit étroit et franchement humide. Un court silence nous fait craindre le pire ; et si ça continuait… Heureusement l’acte de bravoure ne dure pas et Christophe ressort trempé de son escalade sous nos applaudissements quelque peu ironiques. Nous en resterons là pour aujourd’hui. L’affaire est classée et la Gandara développe désormais 107 680 m.

C.R. Patrick Degouve

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