Le blog

Étiquette : Carcabòn

Les « news » de l’été…

Encore un été riche en rebondissement où les découvertes n’ont pas toujours été là où on les attendait. Si nous devons nous résigner à tourner la page pour certaines cavités (Helguera, 3 Yeux, Carrera…), d’autres s’apprêtent à nous donner du grain à moudre pour les années futures. Voici donc les principaux résultats des quelques 30 sorties réalisées sur le terrain, que ce soit pour explorer, prospecter ou désobstruer. Et contrairement aux idées reçues, cette dernière activité occupe désormais une part non négligeable dans nos recherches et parfois dans nos découvertes.

Secteur Alto la Muela – Alto de Tejuelo

·      Le gouffre du plan B (torca del Plan B de Muriel)

Le 23 octobre 2015, lors d’une ballade-prospection dont l’objectif fut modifié en dernière minute, Guy et Muriel Simonnot découvrent un beau trou souffleur bouché par de gros blocs de grès mais derrière lequel les cailloux chutent d’une vingtaine de mètres. Six jours plus tard, en compagnie de 2 amis anglais (Peter Smith et Juan Corrin), l’entrée est dégagée et Guy peut descendre de quelques mètres. L’exploration ne débutera véritablement qu’au printemps suivant. Rapidement le gouffre prend de l’ampleur mais la présence d’énormes remplissages suspendus sur les parois des premiers puits va compliquer l’équipement. Celui-ci sera conçu pour éviter au maximum les paliers formés, la plupart du temps, par des blocs instables. A -280 m nous atteignons un niveau de galeries fossiles limités à chaque fois par des puits donnant sur une rivière dont on perçoit nettement le grondement.

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Le dernier puits du Plan B,
juste avant d’arriver dans le rio Eulogio.

Le 6 août, l’un de ces puits est descendu et 100 m plus bas (-376) nous jonctionnons avec le Rio Eulogio que nous avions exploré entre 1998 et 2000 sans que personne ne soit tenté d’y aller depuis. En attendant de coordonner nos recherches avec celles de nos amis de l’ACE Mataro qui ont également beaucoup cherché dans ce secteur, nous avons effectué une reconnaissance en aval pour évaluer les risques de crue dans le cas d’un éventuel bivouac. L’effacement de nos traces de pas indique clairement que l’eau peut monter à près de 10 m de hauteur notamment dans la partie terminale qui se trouve probablement noyée en période de crue. La pose d’une sonde reefnet laissée une année, devrait nous fournir des données plus tangibles. Quelques compléments topo ont également été réalisés dans des galeries latérales menant à la découverte de prolongements sans suite évidente.

planb-09-2016-033Le rio Eulogio en amont du Plan B.
Retrouvailles après 18 années sans exploration…

·      Gouffre des 3 yeux

En atteignant un niveau de galeries fossiles à -240 m, nous pensions bien parcourir quelques belles galeries dans ce secteur où, pour le moment, nous n’en connaissons pratiquement pas. Malgré des courants d’air parfois assez fort, nous n’avons pas pu progresser ni en amont, ni en aval au-delà des quelques centaines de mètres que nous avions découvert en 2015. En aval, nous nous sommes arrêtés soit sur des broyages soit sur des remplissages importants. En amont nos explorations se sont heurtées à des puits remontants dont l’escalade ne nous a pas semblé très intéressante. Le développement est de 1320 m pour une profondeur de 255 m.

3yeux-09-2016-001Escalade en aval de la galerie du Grand Blanc.

3yeux-09-2016-009     3yeux-09-2016-010
La galerie du Grand Blanc

·      Torca de de los Gérmenes

Situé en amont de la trémie amont de la galerie du Casque (torca Aitken), ce gouffre est assez difficile d’accès surtout en période estivale lorsque la végétation est luxuriante. Une première reconnaissance jusqu’à -50 m en juin dernier révélait un bon courant d’air aspirant. En juillet nous poursuivons l’exploration constituée de petit puits et de méandres jusqu’à la profondeur de 85 m où une étroiture ponctuelle nous empêche de descendre un petit ressauts de 3 m. La suite semble peu évidente. Dans le même secteur, plusieurs petits gouffres ont été descendus sans dépasser la profondeur de 40 m.

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Secteur Fraile-Lunada-Becerall

·      Système de la Gándara

Affluent des Moustiques :
Peu avant le siphon aval du collecteur, une escalade d’une dizaine de mètres nous a permis d’accéder à un joli méandre long d’environ 150 m. Cet affluent draine un ruisseau dont l’origine semble assez locale. L’extrémité est strictement impénétrable.

dedic-09-2016-001Désobstruction….

Non loin de là, une désobstruction difficile a été réalisée dans un épais remplissage argileux d’où filtrait un léger courant d’air. Derrière 3 colmatages partiels du conduit, nous avons atteint de belles galeries se développant à un niveau intermédiaire entre les actifs du réseau et le canyon des Alizés. Au total, nous avons topographié 1400 m de conduits très variés de par leur taille et de par leur morphologie. Dans cette nouvelle partie du réseau, il reste encore plusieurs possibilités de continuation.

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Dans les nouvelles galeries de la Gandara.

·      Cueva d’Helguera

Il nous restait un beau départ à voir, en haut de la galerie de Liencres, à l’endroit où celle-ci change d’orientation. L’escalade haute de 17 m, le long d’une coulée stalagmitique, a rejoint un puits de 21 m. Au bas, celui-ci recoupe un boyau parcouru par un filet d’eau provenant vraisemblablement de la galerie principale. L’amont comme l’aval, sont rapidement impénétrables, malgré un léger courant d’air.

helguerra-09-2016-006La galerie de Liencres

Plus en aval, nous avons fouillé une série de conduits creusés entre de grandes dalles effondrées et développant une centaine de mètres mais sans grand intérêt. En revanche, dans la salle de las Cortezas nous avons découvert, sans trop de surprise, un joli méandre fossile parcouru sur près de 100 m jusqu’à ce qu’il devienne totalement impénétrable. Le développement de la cueva est de 2570 m.

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Escalade à l’extrémité de la galerie de Liencres.

·      Cueva del Sirocco

Située dans le secteur de la Lunada, au niveau des strates supérieures de la série calcaire du bassin d’alimentation de la Gándara, cette petite cavité a fait l’objet de longues séances de désobstruction. La profondeur de 25 m reste pour le moment très modeste mais nous gardons bon espoir d’accéder à des conduits plus amples.

helguerra-09-2016-014Pierre dans le P.21 du fond d’Helguera

·      Prospection Becerall

Nos prospections se sont poursuivies sur la Brena et le lapiaz de la Becerall. Plusieurs cavités ont été explorées mais sans grand résultat. La plus importante, la torca del Antifaz atteint modestement la profondeur de 50 m.

Autres secteurs

  • Cueva de Carcabón

En juillet, profitant d’une météo particulièrement stable, nous sommes retournés dans la cueva Carcabon en compagnie de Ricardo et Cardin de l’AER, le club  Spéléo de Ramales. Le niveau d’eau était au plus bas et les voûtes rasantes n’étaient plus très rasantes… Il nous aura fallu environ 5 h pour atteindre notre terminus de juillet 2015 en sachant que nous en avons profité pour explorer et topographier quelques galeries permettant de court-circuiter des zones pénibles.

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Ce beau conduit au parcours agréable ne doit pas faire oublier qu’en crue, il est complètement noyé.

La couleur uniformément marron est d’ailleurs là pour le rappeler.

Après un labyrinthe de petites conduits entrecoupés de quelques courtes escalades, nous avons débouché dans un énorme tube de 30 à 40 m de large pour 20 m de hauteur.  Nous l’avons remonté sur plus de 400 m jusqu’à une vire à équiper. La suite est évidente, et il y a de nombreux départs à voir.

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Dans le réseau supérieur, hors crue, le concrétionnement peut être abondant.

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Lors d’une seconde sortie en septembre, plusieurs diverticules ont été explorés et la jonction entre les deux réseaux superposés a été équipée de manière à simplifier l’accès au réseau supérieur. Au total, nous avons ajouté 1200 m de topo et le développement passe à 6,9 km. Il va falloir désormais songer à faire un bivouac, mais cela reste assez compliqué en raison de l’exposition aux risques de montées d’eau qui, rappelons le, limite  sérieusement les périodes durant lesquelles la cavité est « fréquentable ».

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Le puits de jonction entre les deux réseaux. On distingue nettement l’empreinte du niveau de crue.

  • Cueva de la Carrera

L’exploration de cette cavité découverte en 2013 touche à sa fin. Nos incursions cet été se sont bornées à compléter la topographie et à terminer l’exploration de galeries secondaires sans grand intérêt. La fiche complète sera publiée sur notre site prochainement.

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Un peu de tourisme, une fois n’est pas coutume…

Invités par nos amis de l’Aer (Ricardo et Cardin) nous avons fait une petite entorse à notre programme d’explorations pour effectuer la traversée Acebo-Rubicera dans le réseau du Mortillano. Réalisée en compagnie d’une partie des découvreurs, cette belle bambée souterraine d’une douzaine d’heures (-636 m) avait une saveur particulière puisque nous pouvions revivre en directe l’exploration de ce gouffre impressionnant de régularité et d’envergure. Merci à nos guides, ce fut une expérience bien agréable…

 
La belle galerie de la torca del Acebo, surprenante par sa régularité
et le contraste des couleurs.
OLYMPUS DIGITAL CAMERAA la sortie, dans le porche de Rubicera.

Participants : G. Aranzabal (ADES), N. Bondon, V. Bresson, P. et S. Degouve, A. Fuentes (AER), S. Latapie, Ricardo Martinez (Wychy) (AER), J. et P. Noyes, J.N. Outhier, B. Pernot, A. Pizzolato, G. Simonnot, R. Trueba (Cardin)(AER).

Compte rendu : P. Degouve et G. Simonnot

 

Bilan des explorations estivales en Cantabria

Dans un article précédent, nous annoncions un été chaud. Nous ne nous étions guère trompés et même si nous avons échappé à la canicule, nous avons bénéficié d’une météo plutôt clémente pour notre activité avec plus de 25 sorties réparties sur les mois de juillet et d’août. Comme chaque année, de petites équipes venues d’horizons et de clubs très divers se sont relayées pour poursuivre les recherches sur le massif (S.A.C. de Bucey les Gy, le S.C. Vesoul, la Musaraigne d’Autun, le G.S.H.P. de Tarbes, l’A.S.P.P. Jura, et des groupes espagnols, l’AER de Ramales, l’AEMT de Santoña, l’ADES de Gernika).

L’été 2014 avait été marqué par l’aboutissement de désobstructions commencées de longue dates. En 2015, nous avons pu continuer d’en récolter les fruits même si certaines découvertes n’ont pu se réaliser qu’à grand renfort de massettes et de burins. La Cantabria des grands volumes se mérite aussi… Au delà des chiffres (plus de 6200 m de nouvelles topographies) c’est surtout la découverte de cavités dans des secteurs jusqu’alors vierges de tout conduits souterrains qui est intéressante. C’est principalement le cas pour la cueva de Carcabon qui se livre peu à peu en nous éclairant enfin sur l’origine de la fuente Iseña.

Dans la galerie des Marches (cueva de Carcabon)

Dans la galerie des Marches (cueva de Carcabon)

Secteur de la Gándara :

D’aucun s’étonnent que nous ne cherchions pas plus à grapiller les mètres de première dans ce réseau gigantesque qui est loin d’avoir tout livré. Ce n’est ni de la négligence, ni de la lassitude après ces années fastes où la découverte pouvait sembler d’une facilité déconcertante. Bien au contraire. Dans ce réseau, il reste une grande inconnue qui donne naissance à la branche sud du collecteur. C’est elle que nous cherchons à résoudre et il n’est pas certain que ce soit par les galeries connues que nous y parvenions. Petit à petit, la compréhension du système dans son ensemble nous permet de mieux cibler nos objectifs. Cela s’est traduit par l’ouverture du Cubillo Fraile mais aussi par de nombreuses prospections et désobstructions dans les environs de la Lunada. Ce n’est pas facile, c’est besogneux et ingrat, pour le moment les résultats sont maigres mais c’était déjà le cas avant que nous accédions au réseau actuel en 2001. Alors….

En marge de ces recherches, nous avons repris l’exploration de la cueva de la Piel de Najanra sur le versant ouest du Picòn del Fraile. Malgré un bon courant d’air aspirant nous n’avons réussi à progresser que de 300 m, en multipliant les désobstructions dans un interstrate marneux situé une vingtaine de mètres plus haut que les galeries de la cueva des Calligraphes.

Désobstruction dans la cueva de la Piel de Najanra

Désobstruction dans la cueva de la Piel de Najanra

 

Réseau de l’alto de Tejuelo-Muela et environs :

 

  • Torca de los Tres Ojos :

Le puits sur lequel nous nous étions arrêtés en juillet dernier mesure en fait 62 m. Au bas, nous avons été confrontés à une série de méandres étroits entrecoupés de petits puits. Plusieurs étroitures ont du être désobstruées. Derrière, deux puits de 43 m et 17 m nous ont conduits vers un niveau de galeries (altitude moyenne : 450 m) que nous avons pu parcourir sur plusieurs centaines de mètres en amont et en aval. Pour le moment, nous sommes bloqués par des trémies et des remplissages (développement total : 1070 m, dénivelé : 241 m).

P.17 à -130 m.

P.17 à -130 m.

Plus en aval dans le canal del Haya, nous avons repris l’exploration de deux petites torcas (torca de los Romanos et torca de las Platijas). La première, malgré un courant d’air violent, s’arrête à -30 m sur un puits très étroit (fracture) dans lequel des travaux de désobstruction paraissent très difficiles. Dans la seconde, moins ventilée, nous nous sommes arrêtés au sommet d’un P.20 derrière un méandre très étroit (à suivre). D’autres cavités ont été repérées mais se situent au-dessus de parties connues du réseau, ce qui en limite l’intérêt et explique que leur exploration n’a pas été prioritaire.

Les galeries fossiles de la torca de los Tres Ojos (-240 m)

Les galeries fossiles de la torca de los Tres Ojos (-240 m)

  • Torca del Pasillo :

L’an passé, nous avions découvert une galerie se dirigeant vers le sud et donc se rapprochant de la torca Aitken qui rappelons-le, n’a toujours pas été raccordée au réseau de l’alto de Tejuelo. Nous y sommes donc retournés à deux reprises cette année, guidés par un courant d’air franc, du moins au début. En fait, cela s’est vite gâté car rapidement nous nous sommes retrouvés dans un labyrinthe de petits conduits, souvent glaiseux et parfois chaotiques. Gotzon l’a d’ailleurs baptisée « galeria fea »(galerie moche). Le courant d’air a toujours été notre fil directeur et nous a permis de retrouver quelques tronçons de belles galeries se développant suivant un axe est-ouest et donc parallèle aux conduits en amont de la torca Aitken. Au total, nous avons topographié péniblement 800 m de galeries sans pour autant avoir retrouvé l’aval de cet axe d’où provient l’essentiel du courant d’air.

Dans la torca Aitken

Dans la torca Aitken

Cueva de Carcabon :

C’est sans aucun doute la découverte majeure de cet été que nous avons partagée avec nos amis de l’AER (Ramales). Après une première sortie en juillet (voir compte rendu du 16 juillet dernier), nous n’avons pu y retourner qu’à deux reprises pour pousser plus loin l’exploration. Deux autres sorties ont été consacrées à l’aménagement de certains passages particulièrement pénibles et concentrés dans la première partie de la grotte. Une autre sortie s’est soldée par un repli stratégique devant la montée pas vraiment prévue du niveau de l’eau.

A ce jour, la cavité développe 5700 m de galeries dont une bonne moitié se trouve en zone épinoyée comme le prouvent les données fournies par un reefnet posé dans le premier lac il y a tout juste un an. Celles-ci révèlent des montées d’eau de plus de 20 m principalement durant l’hiver et le printemps où la pluviométrie a été particulièrement élevée. Nos observations in situ nous ont également montrés qu’il suffit d’une montée d’eau d’environ 1,5 m pour nous interdire l’accès aux galeries au-delà du second lac (env. 600 m de l’entrée).

Ricardo devant le 2° lac. La sortie est à l'eau !

Ricardo devant le 2° lac. La sortie est à l’eau !

Lors de notre tentative d’exploration du 8 août dernier, la météo à Ramales était plutôt clémente. La bruine, qui avait bien du mal à humidifier le sol et les cultures, ne nous inquiétait pas vraiment. Pourtant au premier lac le niveau avait grimpé de plus de 60 cm par rapport au niveau d’étiage. Au second lac, ce fut la consternation car le plan d’eau siphonnait presque complètement. Nous n’avons bien sûr pas tenté le diable et avons battu en retraite sans trop traîner. Entretemps (1h) le niveau était monté de 10 cm. En fait, en regardant les statistiques météo, Gelo constata qu’il avait plu sur Soba c’est à dire bien en amont sur les hauteurs du massif. Tout cela indique qu’il faudra désormais faire preuve de la plus grande vigilance lors des futures explorations d’autant plus qu’il devient difficile de rester moins de 10 à 12 h sous terre.

Le second lac lors de la sortie du 8 août. Quelques mètres plus loin cela siphonne pratiquement.

Le second lac lors de la sortie du 8 août. Quelques mètres plus loin cela siphonne pratiquement.

Actuellement nos explorations les plus éloignées se sont arrêtées à environ 3 km de l’entrée dans une zone assez labyrinthique où le courant d’air reste très présent. Une galerie fossile de grandes dimensions double en partie ce drain épinoyé. Dans celle-ci nous nous arrêtons sur puits dans deux branches dont l’une se dirige plutôt vers le nord et le massif de l’Hornijo.

Vallée de Rolacia

La cueva de Cerilla avait été visiblement parcourue par le SCP dans les années 80. Nous l’avions retrouvée en 1981 sans toutefois en dresser la topographie. Il n’est jamais trop tard pour bien faire et profitant de quelques journées de repos, nous sommes remontés sur les pentes raides de Rolacia pour réparer cet oubli. Bien nous en a pris car nous avons pu étoffer un peu le développement (700 m) en ajoutant quelques affluents qui n’avaient pas été vus.

La cueva de Cerilla n°2. Au fond la peña Lavalle.

La cueva de Cerilla n°2. Au fond la peña Lavalle.

Participants aux explorations : G. Aranzabal + Josu, D. Boibessot, E. Bunoz, P. et S. Degouve, A. Fuentes, R. Martinez (Witchy), J.N. Outhier, J. Palissot, B. Pernot, Ch. Philippe, O. Regnault, M. Rodriguez, G. Simonnot

Pasage bas dans la galerie du Festival (Carcabon)

Pasage bas dans la galerie du Festival (Carcabon)

Compte rendu Patrick Degouve

Carcabón : une vieille histoire

Carcabón : une vieille histoire
Commentant une sortie hispano-française à la cueva del Carcabón (octobre 2014) notre ami Angel Garcia de l’A.E.Ramales parle furtivement de ses anciennes escapades (et de celles de Wichi) dans cette grotte.
Il apparaît donc une activité sporadique sur de longues années qui n’est pas sans rappeler la notre
J’exhume quelques unes de mes vieilles notes (certaines n’ont pas un intérêt majeur) relatives à des recherches très clairsemées autour du système de la Fuente Iseña et de la cueva del Carcabón. Ces informations pourront ainsi être recoupées avec celles de nos collègues Cantabres de l’A.E.R.
Et puis ce long processus de recherche, de réflexion (voire de méditation !), de travaux abandonnés puis repris, étalés sur de longues années, est là pour rappeler une fois de plus que les belles découvertes ne sont pas des coups de chance comme certains ont tendance à le penser !

Pour les jeunes spéléologues que nous sommes au début des années 70 la connaissance du karst s’étendant à l’ouest de Ramales reste circonscrite à la lecture de la thèse de Claude Mugnier et de son inventaire.
Sur le terrain, nous œuvrons alors seulement sur le massif de Porracolina suite à la première scission du Spéléo-Club de Dijon (Porracolina pour le Spéléo-Club de Dijon, Mortillano pour la Société Spéléologique de Bourgogne).
Ce n’est donc que plusieurs années plus tard que nous en viendrons à nous intéresser au système de la Fuente Iseña.

9 avril 1979 (Bernard Lebihan (plongeur), P. Degouve, G. Simonnot).
Plongée de la Fuente Iseña (n° 5051) sur 25 m jusqu’à un joint impénétrable.

8 avril 1982 (Guy Simonnot)
Cueva del Carcabón (5055). Avancée dans le boyau au-delà du soupirail (bruit d’eau ou d’air mentionné dans l’inventaire de C. Mugnier). L’entrée doit être agrandie dans le sable et le conduit montant, gras à souhait, est alors très étroit (retour les pieds les premiers). L’affaire semble bien compromise avec les moyens de l’époque.
Ancillo. Le but est surtout de retrouver une perte figurant elle aussi dans l’inventaire Mugnier (5057) ; j’en profite pour effectuer une prospection bien trop succincte et qui sera hélas sans suite jusqu’à ce jour.

Ancillo 1982

1er avril 1984 (Patrick et Sandrine Degouve, Guy et Muriel Simonnot).
Recherche en vain de la cueva del Aspio et visite collective du Carcabón

3 avril 1986 (Patrick et Sandrine Degouve, famille Simonnot).
Découverte surprise d’une nouvelle perte à Ancillo.

Ancillo 3 avril 1986, Ancillo

Ancillo 1986 : de gauche à droite Sandrine et Patrick Degouve, Maud, Maxime et Guy Simonnot

Après une courte désobstruction dans les branchages un beau méandre actif, avec des remplissages importants, peut être parcouru sur une centaine de mètres (-20 environ)

Ancillo méandre coupe
Nous réalisons de nouvelles et vaines tentatives de désobstruction dans les deux pertes vues en 1982, et situées une cinquantaine de mètres plus haut en altitude.

1986 (Patrick Degouve).
Nouvelle reconnaissance en plongée à la fuente Iseña qui confirme que le fond est impénétrable. À -3 un boyau s’avère lui aussi rapidement impraticable

14 et 18 août 1987 (G. Simonnot).
Visite des grottes de Vega Corredor (5052) avec un autochtone

28 août 1987 (Guy et Maxime Simonnot).
Topographie de la cueva de Carrascal (5037)

30 août 1988 (Guy Simonnot).
Cueva de Helguero (5056). Au fond du porche, désobstruction du boyau qui avait été rebouché de pierres et masqué par un bric à brac de vieux sommiers, ustensiles les plus divers… Nul doute que l’obturation datait de nombreuses années. Manifestement quelqu’un était déjà passé comme le montrait la présence d’une vieille bouteille posée sur la dalle en haut de la grande salle.

31 août 1988 (Guy, Muriel Simonnot et les enfants).
Désobstruction à l’entrée du boyau souffleur du Carcabón qui est pratiquement totalement ensablé.

Carcabon, 31 août 1988

Surprise au fond du boyau : une lampe et un touret recouverts d’une pellicule d’argile et qui n’étaient pas là en 1982.

carcabon 31 août 88

9 avril 1990 (Patrick et Sandrine Degouve, Guy et Muriel Simonnot + 3 enfants).
Cueva de Helguero. Des étiquettes (topographie de spéléologues locaux ?) ont été posées depuis la réouverture du boyau, deux ans plus tôt. Nous réalisons la topographie de la cavité.

Copie de helguero plan 1

18 juillet 1990 (même équipe, plongeur Patrick Degouve).
Cueva de Helguero. Le siphon spacieux, mais tapissé de glaise, est parcouru sur 60 m (-30)

22 avril 1992 (familles Degouve et Simonnot).
Une petite désobstruction est tentée au fond de la cueva de Carrascal.
Dans le secteur Costal de Cubiones, près de Valle, nous explorons, sur environ 100 m de long, une petite grotte qui, après le porche d’entrée et un petit muret, débute par un couloir descendant (-15 / -20). Le fond, étroit, est richement concrétionné mais sans espoir de continuation.

3 mai 1991 (Guy Simonnot).
Topographie de surface entre Carcabón et Helguero. De fortes pluies depuis plusieurs jours accompagnent la fonte d’une neige tardive. Les entonnoirs au dessus de la fuente Iseña vomissent de gros volumes d’eau et le Carcabón coule.
29 juillet 1995 (Guy Simonnot).
Cueva del Carcabón. Visite, presque de routine pourrait-on dire. Rien ne semble avoir changé depuis 1988.
11 août 2003 (Pierre Perrault, Martin et Guy Simonnot).
Cueva del Carcabón. L’été 2003 est marqué par de fortes chaleurs et une très grande sècheresse. Le courant d’air est très violent mais l’entrée basse du boyau est à nouveau très ensablée. Nous passons une journée pour enlever de nombreux bacs de sable dans la pente précédent le point bas.

carcabon 2003
Suit une longue période sans visite
2 juillet 2011 (Guy Simonnot).
Cueva del Carcabón. J’effectue un brin de topographie. Le temps a passé et le courant d’air est toujours aussi fort. On ne peut tout de même pas en rester là après tant d’années de quasi surplace.
10 juillet 2011 (Patrick et Sandrine Degouve, Guy Simonnot).
Mes acolytes n’ont pas été difficiles à convaincre à leur arrivée. Cette fois c’est avec un arsenal conséquent (perfo et batteries en nombre) que nous attaquons le problème. En même temps le boyau d’accès est notablement amélioré, surtout en prévision des innombrables va-et-vient de bidons de gravats.
Les hostilités sont maintenant ouvertes
Sur une période de plus de deux ans, à trois, à deux (Patrick et Sandrine), et heureusement en été ou à l’automne avec l’aide alternative de Bruno, Ludovic, Jean-Noël, Christophe, Dominique, nous pouvons évacuer des monceaux de blocs et avancer décimètre après décimètre.
Enfin, le 31 octobre 2013, un dernier tir libère la « Via Coloscopia ». Une nouvelle épopée commence…

Fin juillet 2015, l’exploration en cours  a déjà livré plus de 5 km de galeries.

Guy Simonnot

Dernières news de Cantabria…

Profitant une fois encore des week-end à rallonge de ce début du mois de juin, nous sommes retournés poursuivre nos explorations dans quelques cavités de Cantabria.

Du côté de la Carrera :

Dans la grotte elle-même, nous avons poursuivi le ratissage systématique des galeries latérales à partir de l’entrée. Elles sont nombreuses mais la plupart décrivent des boucles  en empruntant souvent des niveaux intermédiaires. Toutefois, en aval du Volcan, nous avons fini par retrouver la suite de la galerie du Temps Présent qui était limitée en amont par un remplissage stalagmitique. Ce conduit vient donc combler le vide entre la galerie du Temps Présent et celle de la Veuve Noire qui constitue sont prolongement vers l’ amont. Au total, ce sont un peu plus de 400 m de nouvelles galeries qui viennent s’ajouter au développement de la grotte qui s’établit désormais à 6733 m topo.

Le méandre Blanc (grotte de la Carrera)

Le méandre Blanc (grotte de la Carrera)

En surface, nos recherches et nos désobstructions n’ont pas donné grand chose. La torca 1926, malgré un petit courant d’air aspirant, se termine à -31 m sur un méandre strictement impénétrable. Les autres cavités ne dépassent pas une vingtaine de mètres.

Dans un diverticule de la galerie du Temps Présent...

Dans un diverticule de la galerie du Temps Présent…

Au-dessus du gouffre de l’Ourson  :

Une prospection assez difficile en raison de la nature du terrain (lapiaz à aiguilles) nous a permis de repérer quelques objectifs intéressants même s’il ne faut pas toujours se fier aux apparence dans ces secteurs hyper karstifiés. Ce fut d’ailleurs le cas dans la cueva de las Aguileñas où un superbe méandre s’est très vite rétrécit au point de devenir impénétrable au bout de 50 m  seulement. A noter que dans ce secteur, nous ne sommes pas si loin des galeries d’Aitken…

L'entrée de la torca 1962

L’entrée de la torca 1962

Cayuela :

Le développement de cette cavité majeure du massif devient désormais plus conforme à son potentiel au regard notamment de sa situation en aval du système de l’Alto de Tejuelo-Muela et de sa proximité avec le réseau Cueto-Coventosa-Garma de Bucebròn. Dans un article récent (blog de la Cambera) le groupe spéléo de la Cambera présente la topographie de deux nouvelles galeries au-dessus de la salle du Bivouac et de la galerie du 10 août. Celle-ci représentent 690 m de développement. De notre côté, nous avons poursuivi notre révision de la topographie dans le secteur du rio Gloria. Sur la topographie existante, seul l’axe principal avait été représenté alors qu’en réalité, il s’agit d’un enchevêtrement de galeries superposées parfois importantes et parfois inexplorées. La dernière sortie nous a permis de topographier un peu plus de 300 m de galeries.

D’après les chiffres en notre possession, le développement provisoire serait de 15791 m.

Perte des Sacrifiés :

Cette perte, découverte en 1994 lors des explorations dans la torca de Rianon,  se terminait sur une diaclase étroite mais aspirante. A l’époque, la désobstruction avait été tentée avec des éclateurs mais leur efficacité et une météo exécrable rendant le chantier copieusement arrosé, avaient conduit à l’abandon des travaux. En deux sorties et munis de moyens plus efficaces, nous parvenons à franchir l’obstacle long de 2 m. Derrière, un petit puits en diaclase est suivi d’un nouveau passage étroit, barré par de gros blocs gréseux provenant d’une trémie. Préférant ne pas déstabiliser l’édifice, nous parvenons à nous glisser sous les blocs pour rejoindre un beau puits remontant. Au point bas, là où file un petit actif et le courant d’air, nous sondons un puits d’une vingtaine de mètres. Mais juste au-dessus, une trémie très instable menace de s’effondrer et de reboucher le conduit. La solution ne paraît vraiment pas évidente et il nous faudra revenir avec un matériel plus adapté…

Cueva del Carcabòn

Cela fait de nombreuses années que nous désobstruons à temps perdu l’extrémité de cette grotte caractérisée par un fort courant d’air soufflant. D’autres clubs s’y étaient cassé les dents et cela ne paraissait vraiment pas gagné. Cependant, l’été dernier, puis à la Toussaint, nous avons mis les bouchées doubles et à l’issue d’une dizaine de sorties nous parvenons miraculeusement à franchir l’obstacle.  La suite n’est pas grandiose et prend l’allure d’un conduit d’environ 1 m de diamètre, tapissé d’argile et occupé par de fréquents bassins dus à l’ennoiement épisodique du conduit. L’un d’eux forme une voûte rasante sur quelques mètres.  Le jour de la découverte, nous parcourons ce boyau sur près de 200 m jusqu’à un petit puits de 4 m glaiseux à souhait. Le lendemain, il pleut abondamment et il nous est impossible d’y retourner.

Le boyau découvert après la désobstruction, gras et humide...

Le boyau découvert après la désobstruction, gras et humide…

D’un commun accord nous décidons de poursuivre les exploration avec nos amis de l’AER qui avaient en projet de reprendre la désobstruction. C’est avec Ricardo (Wychy), fer de lance de ce projet au sein de l’AER, que nous y retournons en décembre dernier. Après le petit puits, le boyau se poursuit sur une dizaine de mètres seulement avant de rejoindre un vaste plan d’eau dans lequel il faut nager. De l’autre coté nous prenons pied dans une salle englaisée mais au plafond de laquelle on devine de gros départs fossiles. Nous grimpons d’une dizaine de mètres mais la suite nécessite du matériel d’escalade. De son côté, Ricardo repère un autre départ en hauteur, s’ouvrant plutôt en direction de ce qui nous semble être l’aval. Nous ressortons en dressant la topo, une vraie partie de plaisir…

En mai dernier, Ricardo et Angel (AER) retournent dans la salle pour faire l’escalade repérée par Ricardo. La suite est bien colmatée…

Ce n’est donc que samedi dernier (7 juin) que nous pouvons enfin réaliser l’escalade de la grande salle (Ricardo, José et Cardin de l’AER, Sandrine et Patrick du S.C.D.). Étant suffisamment nombreux, nous emportons 2 matériels d’escalade. Le temps est stable et le niveau semble être au plus bas, du coup, le courant d’air est fort notamment dans le boyau. Il faut pas loin d’une heure pour parvenir au pied de l’obstacle qui nous avait arrêtés en décembre dernier. Après avoir sécurisé l’endroit, nous montons tous au sommet de la première rampe glaiseuse, départ de la partie plus verticale. Patrick commence à grimper dans une coulée d’argile suffisamment compacte pour tailler des marches. Le passage d’un gros bloc lui permet ensuite de se rétablir sur une vire pentue. De là, deux options se présentent : continuer tout droit pour atteindre un porche que l’on devine une dizaine de mètres plus haut ou faire une longue traversée horizontale sur de grandes coulées stalagmitiques. Ricardo choisit cette dernière option tandis que Patrick préfère continuer dans l’axe. Après un court surplomb, il se rétablit sur une vire étroite et glaiseuse qui lui permet d’accéder à la galerie en 4 ou 5 goujons. De son côté, Ricardo a atteint également un conduit horizontal. Rejoint par ses deux camarades, il reconnait un bout de galerie terminé par un laminoir aquatique.

Le prix de l'exploration...

Le prix de l’exploration…

De l’autre côté et une dizaine de mètres plus haut, Patrick en a profité pour parcourir la galerie sur une vingtaine de mètres jusqu’à un carrefour d’où partent deux beaux conduits. C’est bien tentant et nous décidons de commencer par ces derniers. Après un rapide casse-croûte, nous commençons l’exploration en faisant suivre la topo. La galerie est très concrétionnée et tapissée de gours. La branche de gauche (Est) remonte doucement jusqu’à une énorme coulée qui barre totalement le conduit. Vu la direction, il s’agit probablement d’un aval et curieusement, alors que tout paraît colmaté, on perçoit nettement le bruit d’un ruisseau tout proche. De l’autre côté (amont) la galerie rejoint le sommet d’un puits volumineux qui s’avère être le grand vide que nous avons escaladé précédemment et en fait, nous nous retrouvons à la verticale du conduit découvert par Ricardo. Cependant, quelque mètres au-dessus de ce balcon, nous distinguons un conduit. Cette fois-ci ce sont José et Cardin qui sont à la manœuvre et l’escalade est vite enlevée.

José et Cardin dans la seconde escalade.

José et Cardin dans la seconde escalade.

Cela laisse juste le temps aux autres d’aller boucler la topo des galeries latérales. Au sommet de l’escalade, nous retrouvons un gros conduit descendant qui nous amène à un carrefour de galeries. Le courant d’air peu sensible dans la galerie précédente est bien marqué et nous indique la suite. Après l’installation d’une main courante, nous nous retrouvons dans un tube plus modeste mais bien ventilé. Vingt mètres plus loin il se dédouble à nouveau, mais les deux branches descendantes plongent sur un plan d’eau assez profond. Notre dernier bout de corde est mis à contribution car si la descente en toboggan est facile, la remontée sans agrès semble impossible. Le plan d’eau de la branche de droite se prolonge sur une quinzaine de mètres, puis la galerie remonte progressivement pour redescendre aussi sec vers un puits plus profond. Nous n’avons plus de matériel et sommes contraints d’en rester là.

L'aval de la galerie se termine sur un remplissage stalagmitique.

L’aval de la galerie se termine sur un remplissage stalagmitique.

Au retour, nous visitons le bassin de l’autre branche et Ricardo, parti en reconnaissance, ne tarde pas à reconnaître l’envers du laminoir qu’il avait en partie exploré au sommet de son escalade. Au retour, nous peaufinons la topographie et au siphon, nous mettons en place un reefnet fourni par le CDS 65. Celui-ci devrait nous permettre de mieux connaître les variations du niveau d’eau et notamment l’amplitude et la vitesse de réaction aux intempéries. Nous ressortons vers 19 h après avoir exploré et topographié plus de 420 m de nouvelles galeries.

La galerie au sommet de l'escalade.

La galerie au sommet de l’escalade.

Participants :  Cardin, José et  Ricardo (AER), E. Bunoz, S. et P. Degouve, G. Simonnot.

C.R. Patrick Degouve

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