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Les « news » de l’été…

Encore un été riche en rebondissement où les découvertes n’ont pas toujours été là où on les attendait. Si nous devons nous résigner à tourner la page pour certaines cavités (Helguera, 3 Yeux, Carrera…), d’autres s’apprêtent à nous donner du grain à moudre pour les années futures. Voici donc les principaux résultats des quelques 30 sorties réalisées sur le terrain, que ce soit pour explorer, prospecter ou désobstruer. Et contrairement aux idées reçues, cette dernière activité occupe désormais une part non négligeable dans nos recherches et parfois dans nos découvertes.

Secteur Alto la Muela – Alto de Tejuelo

·      Le gouffre du plan B (torca del Plan B de Muriel)

Le 23 octobre 2015, lors d’une ballade-prospection dont l’objectif fut modifié en dernière minute, Guy et Muriel Simonnot découvrent un beau trou souffleur bouché par de gros blocs de grès mais derrière lequel les cailloux chutent d’une vingtaine de mètres. Six jours plus tard, en compagnie de 2 amis anglais (Peter Smith et Juan Corrin), l’entrée est dégagée et Guy peut descendre de quelques mètres. L’exploration ne débutera véritablement qu’au printemps suivant. Rapidement le gouffre prend de l’ampleur mais la présence d’énormes remplissages suspendus sur les parois des premiers puits va compliquer l’équipement. Celui-ci sera conçu pour éviter au maximum les paliers formés, la plupart du temps, par des blocs instables. A -280 m nous atteignons un niveau de galeries fossiles limités à chaque fois par des puits donnant sur une rivière dont on perçoit nettement le grondement.

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Le dernier puits du Plan B,
juste avant d’arriver dans le rio Eulogio.

Le 6 août, l’un de ces puits est descendu et 100 m plus bas (-376) nous jonctionnons avec le Rio Eulogio que nous avions exploré entre 1998 et 2000 sans que personne ne soit tenté d’y aller depuis. En attendant de coordonner nos recherches avec celles de nos amis de l’ACE Mataro qui ont également beaucoup cherché dans ce secteur, nous avons effectué une reconnaissance en aval pour évaluer les risques de crue dans le cas d’un éventuel bivouac. L’effacement de nos traces de pas indique clairement que l’eau peut monter à près de 10 m de hauteur notamment dans la partie terminale qui se trouve probablement noyée en période de crue. La pose d’une sonde reefnet laissée une année, devrait nous fournir des données plus tangibles. Quelques compléments topo ont également été réalisés dans des galeries latérales menant à la découverte de prolongements sans suite évidente.

planb-09-2016-033Le rio Eulogio en amont du Plan B.
Retrouvailles après 18 années sans exploration…

·      Gouffre des 3 yeux

En atteignant un niveau de galeries fossiles à -240 m, nous pensions bien parcourir quelques belles galeries dans ce secteur où, pour le moment, nous n’en connaissons pratiquement pas. Malgré des courants d’air parfois assez fort, nous n’avons pas pu progresser ni en amont, ni en aval au-delà des quelques centaines de mètres que nous avions découvert en 2015. En aval, nous nous sommes arrêtés soit sur des broyages soit sur des remplissages importants. En amont nos explorations se sont heurtées à des puits remontants dont l’escalade ne nous a pas semblé très intéressante. Le développement est de 1320 m pour une profondeur de 255 m.

3yeux-09-2016-001Escalade en aval de la galerie du Grand Blanc.

3yeux-09-2016-009     3yeux-09-2016-010
La galerie du Grand Blanc

·      Torca de de los Gérmenes

Situé en amont de la trémie amont de la galerie du Casque (torca Aitken), ce gouffre est assez difficile d’accès surtout en période estivale lorsque la végétation est luxuriante. Une première reconnaissance jusqu’à -50 m en juin dernier révélait un bon courant d’air aspirant. En juillet nous poursuivons l’exploration constituée de petit puits et de méandres jusqu’à la profondeur de 85 m où une étroiture ponctuelle nous empêche de descendre un petit ressauts de 3 m. La suite semble peu évidente. Dans le même secteur, plusieurs petits gouffres ont été descendus sans dépasser la profondeur de 40 m.

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Secteur Fraile-Lunada-Becerall

·      Système de la Gándara

Affluent des Moustiques :
Peu avant le siphon aval du collecteur, une escalade d’une dizaine de mètres nous a permis d’accéder à un joli méandre long d’environ 150 m. Cet affluent draine un ruisseau dont l’origine semble assez locale. L’extrémité est strictement impénétrable.

dedic-09-2016-001Désobstruction….

Non loin de là, une désobstruction difficile a été réalisée dans un épais remplissage argileux d’où filtrait un léger courant d’air. Derrière 3 colmatages partiels du conduit, nous avons atteint de belles galeries se développant à un niveau intermédiaire entre les actifs du réseau et le canyon des Alizés. Au total, nous avons topographié 1400 m de conduits très variés de par leur taille et de par leur morphologie. Dans cette nouvelle partie du réseau, il reste encore plusieurs possibilités de continuation.

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Dans les nouvelles galeries de la Gandara.

·      Cueva d’Helguera

Il nous restait un beau départ à voir, en haut de la galerie de Liencres, à l’endroit où celle-ci change d’orientation. L’escalade haute de 17 m, le long d’une coulée stalagmitique, a rejoint un puits de 21 m. Au bas, celui-ci recoupe un boyau parcouru par un filet d’eau provenant vraisemblablement de la galerie principale. L’amont comme l’aval, sont rapidement impénétrables, malgré un léger courant d’air.

helguerra-09-2016-006La galerie de Liencres

Plus en aval, nous avons fouillé une série de conduits creusés entre de grandes dalles effondrées et développant une centaine de mètres mais sans grand intérêt. En revanche, dans la salle de las Cortezas nous avons découvert, sans trop de surprise, un joli méandre fossile parcouru sur près de 100 m jusqu’à ce qu’il devienne totalement impénétrable. Le développement de la cueva est de 2570 m.

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Escalade à l’extrémité de la galerie de Liencres.

·      Cueva del Sirocco

Située dans le secteur de la Lunada, au niveau des strates supérieures de la série calcaire du bassin d’alimentation de la Gándara, cette petite cavité a fait l’objet de longues séances de désobstruction. La profondeur de 25 m reste pour le moment très modeste mais nous gardons bon espoir d’accéder à des conduits plus amples.

helguerra-09-2016-014Pierre dans le P.21 du fond d’Helguera

·      Prospection Becerall

Nos prospections se sont poursuivies sur la Brena et le lapiaz de la Becerall. Plusieurs cavités ont été explorées mais sans grand résultat. La plus importante, la torca del Antifaz atteint modestement la profondeur de 50 m.

Autres secteurs

  • Cueva de Carcabón

En juillet, profitant d’une météo particulièrement stable, nous sommes retournés dans la cueva Carcabon en compagnie de Ricardo et Cardin de l’AER, le club  Spéléo de Ramales. Le niveau d’eau était au plus bas et les voûtes rasantes n’étaient plus très rasantes… Il nous aura fallu environ 5 h pour atteindre notre terminus de juillet 2015 en sachant que nous en avons profité pour explorer et topographier quelques galeries permettant de court-circuiter des zones pénibles.

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Ce beau conduit au parcours agréable ne doit pas faire oublier qu’en crue, il est complètement noyé.

La couleur uniformément marron est d’ailleurs là pour le rappeler.

Après un labyrinthe de petites conduits entrecoupés de quelques courtes escalades, nous avons débouché dans un énorme tube de 30 à 40 m de large pour 20 m de hauteur.  Nous l’avons remonté sur plus de 400 m jusqu’à une vire à équiper. La suite est évidente, et il y a de nombreux départs à voir.

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Dans le réseau supérieur, hors crue, le concrétionnement peut être abondant.

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Lors d’une seconde sortie en septembre, plusieurs diverticules ont été explorés et la jonction entre les deux réseaux superposés a été équipée de manière à simplifier l’accès au réseau supérieur. Au total, nous avons ajouté 1200 m de topo et le développement passe à 6,9 km. Il va falloir désormais songer à faire un bivouac, mais cela reste assez compliqué en raison de l’exposition aux risques de montées d’eau qui, rappelons le, limite  sérieusement les périodes durant lesquelles la cavité est « fréquentable ».

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Le puits de jonction entre les deux réseaux. On distingue nettement l’empreinte du niveau de crue.

  • Cueva de la Carrera

L’exploration de cette cavité découverte en 2013 touche à sa fin. Nos incursions cet été se sont bornées à compléter la topographie et à terminer l’exploration de galeries secondaires sans grand intérêt. La fiche complète sera publiée sur notre site prochainement.

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Un peu de tourisme, une fois n’est pas coutume…

Invités par nos amis de l’Aer (Ricardo et Cardin) nous avons fait une petite entorse à notre programme d’explorations pour effectuer la traversée Acebo-Rubicera dans le réseau du Mortillano. Réalisée en compagnie d’une partie des découvreurs, cette belle bambée souterraine d’une douzaine d’heures (-636 m) avait une saveur particulière puisque nous pouvions revivre en directe l’exploration de ce gouffre impressionnant de régularité et d’envergure. Merci à nos guides, ce fut une expérience bien agréable…

 
La belle galerie de la torca del Acebo, surprenante par sa régularité
et le contraste des couleurs.
OLYMPUS DIGITAL CAMERAA la sortie, dans le porche de Rubicera.

Participants : G. Aranzabal (ADES), N. Bondon, V. Bresson, P. et S. Degouve, A. Fuentes (AER), S. Latapie, Ricardo Martinez (Wychy) (AER), J. et P. Noyes, J.N. Outhier, B. Pernot, A. Pizzolato, G. Simonnot, R. Trueba (Cardin)(AER).

Compte rendu : P. Degouve et G. Simonnot

 

Dernières explorations printannières

Durant plusieurs séjours en avril puis en mai, nous avons pu réaliser quelques explorations dans le secteur du val d’Asòn. Bien souvent il a fallu jongler avec une météo capricieuse et humide.

(Participants : G. Aranzabal, E. Bunoz, D. Boibessot, P. et S. Degouve, A. Fajardo, A. Fuentes, A. Massuyeau, B. Nurisso, J. Palissot, Ch. Philippe, G. Simonnot)

Secteur Gandara :

– Réseau de la Gandara : Nous avons réalisé quelques explorations mineures dans le secteur de la galerie des Tentacules parallèlement à la pose de fluocapteurs dans le collecteur (voir paragraphe ci-dessous).

– Cubio Fraile : Le niveau relativement haut des rivières ne nous a pas incités à retourner du côté du méandre du Champignon qui s’ennoie partiellement en crue. Nous nous sommes donc rabattus sur la galerie des Bronches dans laquelle il restait plusieurs départs à voir. Par l’un d’eux, nous avons rejoint l’aval du ruisseau des Magrets dans un court tronçon d’actif limité en amont comme en aval par des étroitures impénétrables. Le développement passe à 2075 m.

Au nord de la Gandara

Au nord de la Gandara

– Cueva d’Helguera : Nous sommes retournés au fond de cette cavité que nous avions retrouvée en août 2014 et désobstruée dans la foulée. Ce réseau, situé assez haut en altitude (env. 900 m) nous avait livré près de 2 km de galeries. Juste avant la salle terminale, un méandre restait à explorer. Celui-ci s’est avéré être un amont avec un actif relativement conséquent. Nous nous sommes arrêtés après 250 m de progression à la base de cheminées élevées (>50 m) pouvant être en relation avec un vallon situé plus au nord.

Le río de la cueva d'Helguera

Le río de la cueva d’Helguera

– Prospection secteur Helguera-Becerral : Afin de compléter l’inventaire de ce secteur proche du réseau de la Gandara, plusieurs petits gouffres ont été explorés. Aucune découverte majeure.

– Coloration entre les pertes de Bernacho (Castro de Valnera) et les sources de la Gandara : Initiée et pilotée par nos amis du G.E.Edelweiss (Burgos), cette coloration a permis de confirmer l’hypothèse d’une relation entre le  karst situé au sud de la Lunada et le réseau de la Gandara dont la résurgence voit le jour près de 8 km plus à l’est. Nous avions posé des capteurs dans les deux branches du collecteur du réseau afin de mieux comprendre l’origine de leur alimentation. Malheureusement, si le colorant (Leucofor) est bien réapparu dans les différentes sources du réseau, il est en revanche difficile d’interpréter les résultats obtenus à l’intérieur de la cavité.

Pose des fluocapteurs dans la rivière de la Gandara

Pose des fluocapteurs dans la rivière de la Gandara

L’injection s’est effectué en période de crue (6m3 à la résurgence Rio Chico-Gandara et Gte voisine) et la quantité de colorant injectée dans les pertes de Bernacho (30 l) a vraisemblablement été insuffisante au regard de la distance et du débit (selon la formule de Martel il aurait fallu quasiment 4 fois plus). De plus, lors du prélèvement des capteurs, une semaine plus tard, certains  se sont retrouvés hors d’eau. Le détails du déroulement de cette opération est très bien décrit dans un article du site du GEE (Realizada la Conexión Hidrológica Valnera-Gándara). A la suite de cette expérience, d’autres projets de traçages sont en gestation et devraient permettre de mieux cerner les circulations souterraines de ce réseau majeur situé à cheval sur la Cantabria et la province de Burgos.

La grotte Voisine ne coule qu'en période de crue. Elle ne représente qu'une partie du débit total des sources de la Gandara.

La grotte Voisine ne coule qu’en période de crue. Elle ne représente qu’une partie du débit total des sources de la Gandara.

Secteur Alto de Tejuelo-Muela

– Gouffre des 3 Yeux : Les explorations estivales de ce gouffre découvert en 2014 nous avaient permis d’atteindre un niveau de galeries fossiles vers -240 m. En avril dernier, nous avons poursuivi l’exploration de ces conduits qui malheureusement se trouvent actuellement limités en amont comme en aval par des remplissages ou des trémies. (Développement : 1240 m)

Dans les galeries de -200 m du gouffre des 3 Yeux

Dans les galeries de -200 m du gouffre des 3 Yeux

– Prospection à l’est du canal del Haya : Plusieurs gouffres situés à l’aplomb des amonts d’Aitken ont été explorés. Le plus intéressant d’entre eux est composé d’une succession de puits que nous avons suivis jusqu’à -60 m (arrêt en sommet d’un p.20).

– Depuis l’automne dernier, nous avons repris des prospections, plus en aval et au-dessus de la zone terminale de La Canal. Après désobstruction, la torca du Plan B parcourue par un fort courant d’air aspirant a pu être explorée jusqu’à la profondeur de -60 m. Également dans le bas du ravin de la Mazuela, plusieurs petites cavités ont été inventoriées mais leur développement reste très modeste.

– Plus au nord, sur les pentes menant au col d’Alisas, nous avons également revu plusieurs cavités déjà connues par les spéléos de Tortosa mais qui n’avaient visiblement pas été publiées. Toutes ces cavités feront l’objet d’une mise à jour prochaine dans l’inventaire publié sur notre site.

Ce petit ruisseau souterrain situé sous le col d'Alisas draine un niveau gréseux et alimente un captage.

Ce petit ruisseau souterrain situé sous le col d’Alisas draine un niveau gréseux et alimente un captage pour le village de Bustablado.

C.R. Patrick Degouve

Bref séjour à la Gandara…

Dimanche 28 octobre 2012

Il ne fait pas très beau en Cantabria, et la veille, d’importantes pluies se sont abattues sur le massif. Heureusement, en altitude, il a plutôt neigé ce qui atténue la montée des eaux notamment pour la Gandara dont le bassin d’alimentation est assez élevé. Nous entrons vers 11 h 30 et partons directement vers le bivouac 2. Dans la salle Angel, la cascade coule bien mais en revanche, le niveau n’a pas monté dans les puits del Contra Rio. Il en faut donc beaucoup plus pour ennoyer le fond du réseau. Il nous faut à peu près 2 h 30 pour parvenir au bivouac que nous installons dans la foulée. Allégés de nos gros sacs, nous profitons de la fin de journée pour aller explorer un tronçon de rivière en aval du bivouac.

La vire permettant d'accéder à la rivière. Ici, toutes les parois sont tapissées d'argile, attestant la mise en charge complète du conduit.

Celui-ci est accessible par une courte escalade surplombante situé à l’aplomb d’un bassin profond que nous n’avions jamais franchi. Vingt mètres plus loin, ce beau conduit supérieur rejoint la rivière dans une salle au sol sablonneux. Les parois, couvertes d’argile indiquent clairement des niveaux de mise en charge. Une vire salvatrice nous évitera un équipement et nous nous retrouvons rapidement de l’autre côté du plan d’eau vu au bas de l’escalade. Malheureusement, en aval, l’eau disparaît dans un siphon. Nous dressons la topo, refouillons le secteur et regagnons le bivouac.

L'eau courante sous le bivouac...

Chambre nuptial ; attention, l'hôtel ne fournit pas les draps...

Lundi 29 octobre 2012

Compte tenu du changement d’heure, le réveil est donné à 5 h 45. Nous décollons vers 7 h 00. Le niveau de la rivière n’a pas bougé cependant, au bas du puits des Quadras, nous constatons que certaines traces ont disparu depuis le printemps dernier. Une étude plus poussée sur les variations des niveaux d’eau dans le réseau devient donc plus que nécessaire.Au total, il nous faut  une heure pour atteindre l’escalade.

Après un parcours sinueux au-dessus de l'affluent du Petit Baigneur, la galerie des Troglos prend l’allure d'un grand méandre concrétionné.

L’étroiture du Mécano ne pose pas trop de problème et nous filons vers notre terminus. Une bonne heure plus tard, nous retrouvons le cairn marquant l’arrêt topo.

La galerie des Troglos en amont du petit lac.

De nombreuses aiguilles de gypse, parfois à peine visibles, tapissent le sol poussiéreux de la galerie.

Comme d’habitude, nous progressons en faisant suivre la topo. Le méandre se poursuit sur une centaine de mètres jusqu’à une confluence dans un virage bien marqué. La galerie change alors de morphologie et les volumes prennent de l’ampleur. Rapidement nous entendons le bruit d’une rivière qui s’écoule sous les blocs. Cinquante mètres plus loin, nous pouvons la voir au niveau d’une seconde confluence. C’est un beau ruisseau qui coule sur un niveau de grès et dont le débit pourrait correspondre à celui de la rivière du Petit Baigneur dont il constitue vraisemblablement l’amont. Nous poursuivons l’exploration du conduit principal, mais celle-ci est de courte durée, une trémie bien hermétique barrant le passage au niveau du fossile et de l’actif.

Au bout de 800 m les proportions changent sensiblement.

Nous nous rabattons sur le deuxième affluent rencontré, mais la aussi, nous nous heurtons sur une trémie. Nous revenons en arrière et fouillons l’éboulis, à la recherche de l’aval de la rivière. Finalement, Christophe et Dom finissent par la retrouver derrière des diaclases étroites, mais celle-ci disparaît dans un siphon, une centaine de mètres plus loin.

Peu à peu, le méandre perd de la hauteur, mais gagne en largeur.

Il ne nous reste plus qu’à voir le premier affluent (galerie des Aiguilles). Après un passage bas, nous nous relevons dans un beau conduit remontant. Mais cent mètres plus loin, un éboulis nous barre à nouveau le passage. Un peu plus en aval, nous tentons une escalade, mais sans succès. C’en est terminé de la galerie des Troglos. Sur le chemin du retour, nous explorons plusieurs galeries latérales qui serpentent au-dessus du conduit principal. Au total, nous ajoutons environ 1 km de plus au réseau, sans toutefois véritablement gagner en extension comme nous l’espérions. Nous retrouvons le bivouac vers 20 h 30.

Petit passage bas très localisé dans le grand méandre des Troglos.

Mardi 30 octobre 2012

Nous avons un peu épuisé les objectifs du secteur aussi nous décidons de ressortir et de déséquiper le bivouac. Retour tranquille, nous sommes dehors en début d’après-midi et il fait beau.

Le développement de la Gandara passe à 108 670 m.

Patrick Degouve


A l’abri, dans la Gandara.

La météo exécrable de ce mois d’avril n’a bien sûr pas épargné la Cantabria. Lorsque nous arrivons, le 13 avril, cela fait déjà près de 3 semaines qu’il pleut sans interruption et les annonces météo ne sont guère optimistes. Nos explorations, initialement prévues à la torca Aitken vont donc se transformer en un bivouac improvisé à la Gandara. Les objectifs évidents ne sont pas très nombreux, mais voilà une bonne occasion de lever quelques interrogations dans le secteur sud du réseau. Nous allons donc élire domicile au bivouac 2, le mieux placé pour rejoindre le fond du canyon des Quadras. Au programme, escalade et désobstruction, ce qui implique que nous emportions un perfo, des pailles, masse, burin et du matériel d’escalade.

Dimanche 15 avril 2012 : 1° jour de bivouac :

Participants :  D.  Boibessot, P. et S.  Degouve, Ch. Philippe

Les sacs sont bien chargés. Nous entrons dans la cavité vers 11 h sous la pluie. En altitude, il neige et cela est préférable pour échapper à une grosse crue de printemps. Dans les galeries d’entrée, l’eau coule de partout et juste au-dessus de la vire du puits de l’Ours, une cascade nous permet de repérer un beau porche à une quinzaine de mètres de hauteur. Nous y reviendrons plus tard. Dans la salle Angel, la cascade coule abondamment mais sans plus. Plus loin, un coup de phare dans les regards sur el Contra Rio nous indique que le niveau de la rivière n’a pas monté. Nous parvenons au bivouac vers 15 h après avoir fait quelques photos dans l’amont de la galerie de Cruzille. Il reste un peu de temps et nous en profitons pour revoir en détail la galerie de la Valve et l’extrémité de la salle du Muguet. Quelques diverticules sont explorés mais rien de transcendant au bout du compte.

Bivouac grand confort. L'endroit est sec, le courant d'air assez faible. Sandrine teste sa Burkanette et l'adopte aussitôt.

2° jour de bivouac :

Réveil vers 7 h. Nous quittons le bivouac vers 8 h 30. Le ruisseau qui nous permet de rejoindre les Quadras coule plus que la veille. Cela nous incite à regarder de plus près les niveaux de crue. Dans la grande galerie, les traces de pas ont disparu et nous n’en retrouvons qu’à proximité de la corde venant du court-circuit. Plus loin, au bas du puits de 20 m, le sable est parfaitement lisse. Nous allons rapidement voir le niveau de la rivière qui est quasiment normal. Le froid en altitude en est certainement pour quelque chose. En amont, nous ne retrouvons des traces de pas qu’une centaine de mètres plus loin soit une mise en charge d’environ 25 m au-dessus du niveau d’étiage. Dans de telles conditions, le canyon est entièrement noyé à partir du puits de 20 m. Ce scénario, qui ne semble pas d’actualité, doit se produire lorsque la fonte nivale se conjugue avec de fortes pluies sur l’ensemble du bassin d’alimentation. Dans ce cas, une bonne partie des galeries actives situées sous l’altitude 630 m se trouvent affectées par la montée des eaux  (Rio Viscoso, Contra Rio, Rio en Calma, collecteur aval etc…). Mais certaines galeries fossiles (galerie de Cruzille au niveau des regards sur le Contra Rio) peuvent également être partiellement inondées (témoignage Antonio).

L'accès au canyon des Quadras se fait par un beau tube qui peut partiellement s'ennoyer en période de crue.

Le puits des Quadras (25 m) perce le plafond de la galerie du même nom. La section de la galerie atteint par endroit 20 x 20 m, et le conduit peut complètement s'ennoyer. Le trait jaune indique le niveau d'eau atteint lors de crues visible grâce à la mousse déposée sur les parois.

Notre premier objectif est la désobstruction au fond de la salle…. Après quelques hésitations nous finissons par retrouver le puits qui permet d’y accéder.

Deux petits puits permettent d'atteindre la salle. Le premier perce un important remplissage sableux.

Contrairement à nos précédentes visites, le courant d’air n’y est pas très violent. Au bas, le décor est un peu différent de celui que nous imaginions. Au point bas de la salle, on entend nettement le bruit d’un ruisseau et un net courant d’air est perceptible, mais la nature du chantier est beaucoup moins idyllique que ce que nous pensions. Là où nous n’avions vu qu’un tas de cailloux faciles à enlever, nous retrouvons un abominable château de cartes formé par un empilement de grandes dalles à l’équilibre précaire. Bien sûr, l’hypothétique passage à désobstruer se trouve au point bas et en plus, rien ne permet d’envisager un élargissement. Pas question d’y aller à la masse pour le moment. Nous prélevons délicatement quelques cailloux et d’un commun accord, nous convenons qu’entamer une désobstruction à cet endroit serait suicidaire. Pour clore le débat Christophe nous annonce qu’il vient de voir une des grosses dalles formant la voûte, glisser de quelques centimètres. Du coup, nous nous mettons à fouiller tous les recoins de la salle dans le but d’atteindre par un autre endroit la fameuse rivière. Cela tourne vite à l’acharnement thérapeutique et le moindre interstice est inspecté, forcé avant d’être finalement abandonné. Dans la partie haute de la salle, nous trouvons quand même une petite cheminée qui rejoint un boyau puis une diaclase remontante mais communiquant avec des galeries connues. Nous abandonnons et avant de rentrer au bivouac, nous fouillons une nouvelle fois le secteur où arrive la galerie de la Fronde.

Quelque part dans les voûtes des Quadras

Formes étranges...

3° jour de bivouac :

Départ 8 h 45. L’objectif du jour n’est guère emballant, mais il fait partie de ceux qui alimentent sans cesse les discussions et qu’il faut faire absolument au risque de toujours le regretter. Cette fois ci, il s’agit d’effectuer une escalade dans un diverticule situé juste à côté de la trémie terminale de la galerie du Petit Baigneur.

La galerie du Petit Baigneur est un superbe tube surcreusé par un méandre où coule le ruisseau.

L’accès via le canyon des Quadras est assez rapide. Le niveau d’eau semble stable et nous passons la voûte basse sans trop d’appréhension mais non sans avoir estimé la hauteur des mises en charge à cet endroit.

L'accès à la fameuse escalade se fait par un ressaut surplombant. Courte échelle de rigueur...

C’est Christophe qui se lance dans l’escalade. Le rocher est absolument pourri et l’orifice à atteindre est occupé par un gros bloc qui pend à moitié dans le vide. Pour cela, il commence à grimper à l’écart des chutes de pierres sur la paroi la plus saine. Une bonne demi-heure plus tard, après un petit vol contrôlé et une bonne purge de cailloux, il s’arrête au milieu d’un chaos de blocs sans suite. Déséquipement et consternation, cela fait deux choux blancs, nous n’allons quand même pas ressortir sans avoir ouvert le carnet topo.

L'escalade du Petit Baigneur. Le trou à atteindre est visible en haut et à gauche, nous ésperions bien passer au-dessus de la trémie.

Par manque d’objectif, nous envisageons même de regagner la surface un jour plus tôt. Mais voilà, à la Gandara, les découvertes se font rarement là où nous les attendons.

Alors que nous revenons tranquillement en faisant des photos, nous trouvons un départ en hauteur facilement atteignable. Un petit lancer de corde sur une lame et quelques minutes plus tard Christophe parvient à atteindre le porche d’une galerie de petite dimension. Après une rapide reconnaissance, il nous annonce qu’il y a plusieurs boyaux à voir avec un peu d’air. Nous le rejoignons et effectivement nous explorons plusieurs conduits souvent étroits. L’un d’eux souffle un peu mais se termine sur un rétrécissement abrasif. Bien sûr le matériel de désobstruction est resté au bivouac et nous n’avons pour agrandir le passage, qu’un marteau et un petit burin. Dom finit par s’enfiler dans le passage et franchit 3 étroitures avant d’atteindre un conduit plus grand. Christophe essaie de le suivre mais ne parvient pas à passer. C’est donc très étroit. Nous nous relayons pour buriner et au bout d’une demi-heure, il parvient à franchir l’obstacle. Compte tenu de ma taille, je préfère leur confier le matos topo pour qu’ils commencent l’explo pendant qu’avec Sandrine nous allons continuer d’agrandir le passage. Il nous faudra plus d’une heure et demie de travail pour enfin pouvoir passer. Nous retrouvons alors nos deux compères qui reviennent en topographiant.

La galerie des Troglos passe au-dessus de celle du Petit baigneur.

La galerie continue en s’agrandissant et ils se sont arrêtés sur un carrefour. Nous y retournons et progressons en faisant suivre la topo comme à l’accoutumée. Après quelques passages plus petits, la galerie vire vers le sud ouest et prend la forme d’un grand méandre de 2 m de large sur une bonne dizaine de mètres de hauteur. La plupart du temps, nous progressons en opposition sur des banquettes, mais rien n’entrave véritablement la progression. Nous cheminons ainsi sur plus de 760 m et nous nous arrêtons sur une zone de blocs effondrés qui semble ponctuelle. Au retour il nous faut topographier la zone étroite avant de rejoindre le bivouac vers 22 h.

Dom, heureux de sa journée...

4° jour de bivouac :

Nous n’avions prévu que 3 jours de bivouac et notre stock de nourriture est épuisé. Retour tranquille à la surface. Dehors, il pleut toujours, mais nous nous en doutions car les cascades de la salle Angel étaient, cette-fois-ci, particulièrement spectaculaires.

Jeudi 19 avril 2012 :

Participants :  D.  Boibessot, P. et S.  Degouve, Ch. Philippe

Il pleut toujours et finalement, la Gandara est un bon refuge pour les intempéries durables. Cette fois, c’est tout près de l’entrée que nous nous rendons. Lors de notre bivouac, nous avions repéré un départ au-dessus de la vire du puits de l’Ours. L’objectif semble facile et avec le perfo il ne devrait pas y en avoir pour longtemps. Avec Christophe, nous nous relayons pour atteindre le porche, 15 m plus haut.

La vire du puits de l'Ours vue du bas de l'escalade.

Au sommet, il y a bien une galerie, parcourue par deux ruisseaux temporaires. Le premier sort d’une petite cheminée arrosée et le second d’un méandre impénétrable. Mais, juste à côté, une jolie galerie semble se prolonger. Malheureusement, au bout de 20 m, une trémie nous barre le passage. Pourtant, on distingue un petit trou noir. Cela est bien suffisant pour que nous attaquions une désobstruction. Nous ne disposons que d’un marteau et le remplissage en partie calcifié est particulièrement coriace. Il ne nous faudra pas moins de 3 heures pour parvenir à passer. Nos épaules s’en souviennent encore. Derrière une galerie basse occupée par une coulée stalagmitique aux allures de crème pâtissière est rapidement parcourue. Vingt mètres plus loin, nous nous redressons dans une rotonde au sol pâteux. La suite est une diaclase rapidement obstruée par de l’argile. Le résultat est bien maigre. Toutefois, il reste bien la petite cheminée arrosée à voir. Nous n’y croyons pas du tout et forcément, il faut quelqu’un de courageux, de téméraire et contre toute attente ce discours fait démarrer Christophe au quart de tour. Avec Dom, nous avons à peine le temps d’échanger un sourire narquois que Christophe est déjà sous la douche en train de s’enfiler dans un conduit étroit et franchement humide. Un court silence nous fait craindre le pire ; et si ça continuait… Heureusement l’acte de bravoure ne dure pas et Christophe ressort trempé de son escalade sous nos applaudissements quelque peu ironiques. Nous en resterons là pour aujourd’hui. L’affaire est classée et la Gandara développe désormais 107 680 m.

C.R. Patrick Degouve

La salle Angel, grandeur nature…

Cela faisait un certain temps que Josu souhaitait aller photographier la salle Angel dans le réseau de la Gandara. Après la salle Guillaume (Cayuela), la salle Rabelais (Fresca), sa quête des clichés de grands volumes devait passer par la Gandara. C’est donc à 4 que nous nous retrouvons sur le parking de la grotte pour l’assister dans ce projet (Josu Granja, Diego Dulanto, Carlos Puch et Patrick Degouve). Le temps est assez calme mais un net redoux a commencé à faire fondre la neige qui couvrait abondamment les massifs. Il y aura donc de l’eau, ce qui est intéressant pour mettre en évidence la cascade, mais le revers de la médaille est qu’il risque d’y avoir aussi beaucoup de brouillard dans la salle. En une heure et demi nous arrivons au sommet de celle-ci. Une brume épaisse empêche de voir la cascade, mais en descendant d’une vingtaine de mètres, la visibilité s’améliore nettement. Josu est rassuré et la séance peut débuter. Les flash crépitent révélant de façon furtive quelques détails de la salle. Le dosage du nombre d’éclairs est assez empirique et ici, c’est avant tout l’expérience qui parle. Josu et Carlos confrontent leurs cliché et le résultat est plutôt bon. La séance continue ensuite dans le secteur des excentriques puis dans la partie sud de la salle. Nous remontons ensuite tranquillement pour ressortir vers 19 h. Au passage, Carlos, prélève quelques échantillons dans des gours à des fins d’analyse bio-spéléologique.

La salle Angel (réseau de la Gandara). On distingue nettement la brume qui occupe la partie supérieure de la salle. (Photo Josu Granja)

Les différentes photos de Josu seront très prochainement sur le site (galerie de photos)

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