Le blog

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Bilan estival…

L’été débutait dans la grisaille et juillet, classiquement sec et ensoleillé, annonçait une saison maussade. Finalement, ce fut août qui nous offrit les plus belles journées avec quelques séquences de canicule et une sécheresse qui perdure toujours. Du coup, avec un effectif allégé cette année nous en avons profité pour faire la chasse aux courants d’air que ce soit sur ou sous terre. Dans certains cas, ces recherches ont initié de véritables chantiers de désobstruction, dans d’autres cas, elles nous ont permis de découvrir des prolongements dans des réseaux connus. Voici donc un petit tour d’horizon de nos activités estivales qui ont représenté pas moins de 30 journées consacrées à la spéléo.

Sur l'arête des Mazos de Helguera, au nord du réseau de la Gandara. Au fond, les lapiaz du Mortillano.

Prospections au-dessus de la cueva del Gándara

Cette année, nous avons mené plusieurs prospections au nord du réseau, à la fois pour positionner des cavités connues mais aussi pour trouver de nouvelles torcas dans certains secteurs peu fouillés. Bien sûr, ce fut le cas, mais aucune d’entre elles ne s’est révélée très intéressante. Par ailleurs, la végétation de plus en plus envahissante rend certains accès difficiles et en plus du descendeur il faut désormais prévoir un sécateur dans le sac à dos..

Le lapiaz d'Helguera est percé de profondes dolines alignées sur des fractures est-ouest, comme celles qui dirigent le réseau de la Gandara en aval de l'Ojón.

Au sud du réseau, du côté du portillo de Lunada, nous avions entamés des désobstructions en 2011 dans des trous susceptibles de rejoindre la rivière de la Salamandre dans l’amont du réseau. Pas de grande découverte de ce côté-là non plus ; des trémies et des boyaux impénétrables ont eu raison de notre obstination. Etant dans le secteur, nous en avons profité pour tenter de réunir la perte des Plastiques avec le sumidero de Lunada et la torca Fulm. Deux bonnes centaines de mètres ont été explorés mais la jonction pourtant toute proche n’a pas été réalisée.

La perte des Plastiques s'ouvre une cinquantaine de mètres en amont de la perte de la Lunada (3045 m, -338 m).

Espoirs déçus à la Sota

Les cavités du cirque de la Sota, faisaient figure de vieux serpents de mer dont on parlait à intervalle régulier, sans jamais véritablement passer à l’acte. Il y avait bien eu des tentatives de désobstruction en 1973, puis en 1981, 1985, 1993, 2005. A raison d’une sortie tous les dix ans, les étroitures qui terminaient ces petites cavités n’avaient pas grand-chose à craindre. Pourtant l’objectif méritait de s’y atteler sérieusement en raison d’une situation géologique particulièrement favorable (au fond d’un superbe cirque glaciaire) et d’un courant d’air dont le ronflement au fond de la cueva del Circo avait fait croire un instant à Claude Mugnier qu’il s’agissait d’une rivière. Seul petit problème, le cirque est à 2 h de marche…

Le cirque de la Sota, au fond de Rolacia et sous le sommet du Carrío, est un magnifique cirque glaciaire aux formes presque parfaites.

Après une première reconnaissance en juin pour évaluer les travaux, nous remontons à 3 (Guy, Sandrine et Patrick), avec, cette-fois-ci, du matériel sérieux pour franchir les passages récalcitrants. La cueva 338 semble être la plus simple à agrandir, mais c’est dans la cueva del Circo que le courant d’air est le plus violent. Quelques pailles dans la première nous permettent de progresser d’une dizaine de mètres, mais la suite reste très étroite. Alors nous nous reportons sur sa voisine. Le passage est gros comme le poing, mais on distingue un agrandissement. Il nous faudra 2 bonnes séances à 3 pour parvenir à franchir ce premier obstacle.

La première étroiture de la cueva del Circo. Au départ, le passage était gros comme le poing.

Derrière c’est effectivement plus grand, mais sur 5 m seulement, car un second passage bas se présente. Nouveau chantier. Le conduit prend la forme d’un méandre étroit. Encore une étroiture et finalement à la 3° sortie, nous avons enfin le sentiment d’avoir franchi la zone difficile. Normalement, le conduit devrait s’enfoncer dans le banc calcaire sous-jacent, mais contre toute attente, celui-ci se maintient dans une alternance de grès et de marnes en suivant le pendage. Les dimensions restent pour le moins étriquées.

Ressaut dans la cueva del Circo.

Les étroitures s’enchaînent et l’une d’elles nécessite même l’aide de quelques pailles. Derrière, un puits, ou plutôt un ressaut, nous laisse croire un moment que nous allons enfin descendre dans la série. Mais 5 m plus loin, il faut remonter au sommet du méandre, et à nouveau ramper, casser pour progresser en suivant le courant d’air qui ne cesse de nous narguer. Le plafond s’abaisse et ça se gâte rapidement mais heureusement une lucarne nous permet d’accéder à un puits correspondant à la confluence du conduit principal avec un petit méandre pouvant être en relation avec la grotte voisine. Mais cela n’améliore pas pour autant la progression puisqu’il faut à nouveau avancer, la massette à la main. Lors d’une ultime sortie (la cinquième !) nous grignoterons encore une centaine de mètres jusqu’à des passages plus étroits et boueux de surcroît. C’en est trop et notre rêve de collecteur s’évapore avec un goût très amer compte tenu de toute l’énergie dépensée pour seulement quelques 200 m de galerie (-40 m).

Recherches vers Bucebrón et Buzulucueva

  • La torca de la Rana Perdida

Nous avions découvert ce gouffre en février dernier. Une désobstruction à -4 m avait permis d’accéder à une succession de petits puits terminés par un colmatage à -54 m. Cependant, un étroit soupirail à -45 m avalait tout le courant d’air qui, cet été, était relativement fort. Nous y retournons en juillet, élargissons le passage et descendons un puits en gradins de 40 m. Une ultime désobstruction à -90 m se soldera par la découverte d’un P.12 entièrement bouché à -110 m.

Dans le même secteur plusieurs trous aspirants ont été ouverts mais sans résultat notable.

En face, sur l’autre versant de Bucebrón, nos travaux dans la torca de la Niebla Negra nous ont amenés à -170 m au sommet d’un puits étroit qu’il faudra agrandir. Il y a de l’air, de l’eau, mais les dimensions restent modestes pour le secteur. Affaire à suivre.

Les premiers puits de la torca de la Niebla sontcreusés dans un alternance de couches à dominante gréseuse.

A - 135 m, on retrouve les calcaires urgoniens dont la puissance peut atteindre 400 m d'épaisseur.

Juste en bas, nous avons repris la désobstruction d’un trou fortement souffleur découvert par le S.C.Paris en 1988. C’est sans doute un travail de longue haleine, mais, les jours de repos (!) nous avons bien apprécié de travailler dans ce trou proche de la route, climatisé à moins de 10° quand il faisait plus de 30° à l’ombre…

Gros chantier en perspective sur le souffleur de Bucebron

En aval du réseau de l’alto de Tejuelo, l’étau se resserre…

Nous ne reviendrons pas sur la jonction entre le Pasillo et l’aval de Cantu (voir article précédent sur le blog). Mais non loin de là, deux autres prétendants attendent leur tour.

Dans les puits d'entrée de la torca Aitken

La torca Aitken est un maillon majeur en aval du réseau. Des recherches vers l’ouest, en amont de la cavité, ont permis de découvrir quelques prolongements qui portent le développement à près de 8 km. Il reste de nombreux départs à voir et outre une jonction, il serait très intéressant de pouvoir poursuivre l’exploration en aval, en direction du fond du collecteur de la Canal et de la Cayuela.

Plus modeste avec ses 2 km, la torca del Maxou Picchu, s’est rapprochée de galeries connues. Il y a là aussi de la jonction dans l’air….

Dans les grandes galeries de la torca Aitken

Dans les grandes galeries de la torca Aitken

Ce tour d’horizon ne serait pas complet si on omettait de mentionner le temps passé sur des cavités plus modestes, les longues heures à arpenter les lapiaz, le GPS à la main pour localiser d’anciennes cavités n’existant plus que dans la bibliographie. À la fin de l’été 2012, notre inventaire « Porracolina » compte 1745 références.

Participants : G. Aranzabal, P. et S. Degouve, L. Guillot, J. Lopez Jorde, J.N. Outhier,  B. Pernot, G. et M.  Simonnot.

Compte rendu : P. Degouve et G. Simonnot

Nouvelle jonction dans le réseau de l’alto de Tejuelo

En attendant un compte rendu plus détaillé des activités de l’été, voici un petit bilan des dernières explorations dans la torca del Pasillo et de la jonction réalisée entre cette dernière et l’extrémité de la torca del Canto Encaramado.

Pour mémoire, la torca del Pasillo était probablement connue des spéléos de Tortosa qui avaient marqué un gouffre dans la même doline. Guy Simonnot la redécouvre en 2009 et des travaux de désobstruction au bas du puits d’entrée débuteront en 2010. Ceux-ci vont assez rapidement permettre la découverte d’une zone de puits complexe recoupant un labyrinthe de petites galeries étagées (labyrinthe de los Pimientos) qui vont nous occuper un moment. Ce n’est qu’en juin 2011, après une dizaine de sorties passées à démêler l’imbroglio de galeries que nous tombons finalement sur ce qui semble être un drain plus important. Des traces d’écoulement et un courant d’air magistral nous indiquent la voie à suivre. En 3 sorties nous explorons la galerie des Indignés sur plus de 1400 m.

La galerie des Indignés vers -240 m

A son extrémité amont, nous recoupons une rivière en plusieurs endroits séparés par des siphons. Le franchissement d’une trémie délicate et instable va nous permettre de gagner encore quelques dizaines de mètres jusqu’à un ultime siphon et une trémie ventilée. Le report topo nous indique alors que nous ne sommes plus qu’à une vingtaine de mètres seulement de l’extrémité aval du collecteur de Canto Encaramado exploré par nos amis du Secja, du Spekul et leur collectif. Il ne restait plus qu’à concrétiser la jonction…

L'arrivée sur le collecteur, peu avant le siphon.

Samedi 11 août 2012 :

La sécheresse étant bien marquée, les conditions s’avèrent parfaites pour réaliser la plongée. Nous sommes donc 5 ce matin pour acheminer les deux bouteilles de 4 l et tout le matériel de Ludovic qui sera notre plongeur (G. Aranzabal, P. Degouve, L. Guillot, J.N. Outhier, B. Pernot).  Gotzon, fidèle explorateur du Pasillo est de la partie et son aide musclée nous sera bien utile. La progression est un peu plus lente qu’à l’accoutumée et il nous faut bien 4 heures pour atteindre le siphon.

Le parcours en montagnes russes est aussi agrémenté de bassins glaiseux pas toujours évidents à éviter.

Le niveau est très bas et l’eau, cristalline. Nous nous installons près du siphon car du coup, il y a plus de place, de grandes dalles étant exondées. Par contre, nous ne sommes pas à l’abri du courant d’air, toujours aussi fort et qui sort d’une fissure impénétrable. Ludo s’équipe et déjà nous voyons ses lampes disparaître dans ce magnifique conduit noyé.

Ludo se prépare à plonger. Il dispose de 2 bouteilles de 4 litres et une bonne centaine de mètres de fil.

En plus des 100 m de fil, il dispose d’une corde de 20 m que nous avons récupéré au passage, au cas ou la plongée serait plus longue que prévue. En fait, arrivé en bout de corde, Ludo entrevoit déjà le miroir de l’autre extrémité du siphon et il déroule son fil juste pour sortir de l’eau.

Alors ?????

Très rapidement il tombe sur une corde (main courante) posée par l’équipe du Secja. La jonction est donc faite et pour apporter une preuve, il coupe l’extrémité de la corde qu’il nous brandit, à peine sortie de l’eau. Il ne nous reste plus qu’à plier bagage. Il n’y a pas de champagne, mais le coeur y est. Au passage de la trémie, quelques blocs instables glissent de façon alarmante et nous ne serons pas mécontent de ne plus la franchir. Il nous faut encore 4 bonnes heures pour revoir le jour. Le réseau de l’alto de Tejuelo dépasse désormais les 110 km et prend la seconde place des cavités espagnoles.

Ludo et son trophée...

Jeudi 16 août 2012

Le but de cette sortie est d’essayer de prolonger l’aval de la galerie des Indignés car si désormais, nous pensons qu’il y a peu de chance pour que le collecteur de Canto ressorte à la Cubrobramante, il reste encore beaucoup d’incertitudes sur sa destination finale. L’équipe est plus restreinte (P. Degouve, L. Guillot, B. Pernot)  et la journée débute assez mal, car arrivés à l’entrée du Pasillo, Patrick s’aperçoit qu’il a oublié sa combinaison. Il n’est déjà pas très tôt et un aller-retour à la maison nous fait rentrer dans le trou à 12 h. En 1 h 30 nous sommes à la trémie en aval du P.7.  Le courant d’air est déjà très fort et nous constatons qu’une bonne partie file dans les deux niveaux de la trémie. Nous fouillons donc bien le chaos de blocs mais celui-ci reste très compact.  Ayant épuisé le secteur nous partons en direction du fond. Il y a aussi beaucoup d’air et celui-ci semble monter en puissance. Nous visitons la branche de gauche (Nord), mais, il s’agit visiblement d’un amont et le courant d’air est quasiment inexistant. Ce dernier emprunte la branche de droite. En continuant en bas du conduit, au-delà de l’arrêt topo, nous nous heurtons à une trémie. Pendant ce temps, Bruno est remonté dans une galerie dont l’exploration n’avait pas été terminée. Rapidement il se retrouve dans un beau conduit, suite logique de la galerie des Indignés.

La galerie des Indignés avant la première trémie à - 245 m

Tout le courant d’air est là. Nous le rejoignons en démarrant la topo, nous avons donc dépassé la trémie et désormais, tout est permis. La galerie est toujours aussi belle, déchiquetée et lavée par les crues. Malheureusement l’enthousiasme ne dure pas et 50 m plus loin, une nouvelle trémie barre le passage. C’est la même qui nous avait arrêtés dans la galerie du bas et des escalades dans des conduits supérieurs se heurtent au même obstacle. Peu avant, une galerie latérale argileuse aspire une partie de l’air. Nous l’explorons de fond en comble. Les conduits sont rarement confortables, tapissés d’argile plus ou moins liquide, et après avoir rampé sur près de 250 m, il faut se résigner, ce n’est pas par ici que nous passerons. Nous revenons en complétant la topo, en amont, jusqu’à retrouver l’envers de la première trémie, puis commençons à entamer le retour. Un petit coup d’œil dans le méandre où on entend le bruit d’un ruisseau, nous confirme qu’il sera bien difficile de l’atteindre, le conduit étant strictement impénétrable (courant d’air soufflant). Il nous faudra près de 3 h pour ressortir. Dehors il fait nuit.

A l’issue de ces deux explorations, le réseau totalise un développement de 110 445 m, mais au-delà des chiffres, la jonction avec le Pasillo nous éclaire un peu plus sur les circulations dans ce réseau complexe dont l’exploration semble bien loin d’être terminée.

Informations : P. Degouve et G. Simonnot

Photos de B. Pernot

A l’abri, dans la Gandara.

La météo exécrable de ce mois d’avril n’a bien sûr pas épargné la Cantabria. Lorsque nous arrivons, le 13 avril, cela fait déjà près de 3 semaines qu’il pleut sans interruption et les annonces météo ne sont guère optimistes. Nos explorations, initialement prévues à la torca Aitken vont donc se transformer en un bivouac improvisé à la Gandara. Les objectifs évidents ne sont pas très nombreux, mais voilà une bonne occasion de lever quelques interrogations dans le secteur sud du réseau. Nous allons donc élire domicile au bivouac 2, le mieux placé pour rejoindre le fond du canyon des Quadras. Au programme, escalade et désobstruction, ce qui implique que nous emportions un perfo, des pailles, masse, burin et du matériel d’escalade.

Dimanche 15 avril 2012 : 1° jour de bivouac :

Participants :  D.  Boibessot, P. et S.  Degouve, Ch. Philippe

Les sacs sont bien chargés. Nous entrons dans la cavité vers 11 h sous la pluie. En altitude, il neige et cela est préférable pour échapper à une grosse crue de printemps. Dans les galeries d’entrée, l’eau coule de partout et juste au-dessus de la vire du puits de l’Ours, une cascade nous permet de repérer un beau porche à une quinzaine de mètres de hauteur. Nous y reviendrons plus tard. Dans la salle Angel, la cascade coule abondamment mais sans plus. Plus loin, un coup de phare dans les regards sur el Contra Rio nous indique que le niveau de la rivière n’a pas monté. Nous parvenons au bivouac vers 15 h après avoir fait quelques photos dans l’amont de la galerie de Cruzille. Il reste un peu de temps et nous en profitons pour revoir en détail la galerie de la Valve et l’extrémité de la salle du Muguet. Quelques diverticules sont explorés mais rien de transcendant au bout du compte.

Bivouac grand confort. L'endroit est sec, le courant d'air assez faible. Sandrine teste sa Burkanette et l'adopte aussitôt.

2° jour de bivouac :

Réveil vers 7 h. Nous quittons le bivouac vers 8 h 30. Le ruisseau qui nous permet de rejoindre les Quadras coule plus que la veille. Cela nous incite à regarder de plus près les niveaux de crue. Dans la grande galerie, les traces de pas ont disparu et nous n’en retrouvons qu’à proximité de la corde venant du court-circuit. Plus loin, au bas du puits de 20 m, le sable est parfaitement lisse. Nous allons rapidement voir le niveau de la rivière qui est quasiment normal. Le froid en altitude en est certainement pour quelque chose. En amont, nous ne retrouvons des traces de pas qu’une centaine de mètres plus loin soit une mise en charge d’environ 25 m au-dessus du niveau d’étiage. Dans de telles conditions, le canyon est entièrement noyé à partir du puits de 20 m. Ce scénario, qui ne semble pas d’actualité, doit se produire lorsque la fonte nivale se conjugue avec de fortes pluies sur l’ensemble du bassin d’alimentation. Dans ce cas, une bonne partie des galeries actives situées sous l’altitude 630 m se trouvent affectées par la montée des eaux  (Rio Viscoso, Contra Rio, Rio en Calma, collecteur aval etc…). Mais certaines galeries fossiles (galerie de Cruzille au niveau des regards sur le Contra Rio) peuvent également être partiellement inondées (témoignage Antonio).

L'accès au canyon des Quadras se fait par un beau tube qui peut partiellement s'ennoyer en période de crue.

Le puits des Quadras (25 m) perce le plafond de la galerie du même nom. La section de la galerie atteint par endroit 20 x 20 m, et le conduit peut complètement s'ennoyer. Le trait jaune indique le niveau d'eau atteint lors de crues visible grâce à la mousse déposée sur les parois.

Notre premier objectif est la désobstruction au fond de la salle…. Après quelques hésitations nous finissons par retrouver le puits qui permet d’y accéder.

Deux petits puits permettent d'atteindre la salle. Le premier perce un important remplissage sableux.

Contrairement à nos précédentes visites, le courant d’air n’y est pas très violent. Au bas, le décor est un peu différent de celui que nous imaginions. Au point bas de la salle, on entend nettement le bruit d’un ruisseau et un net courant d’air est perceptible, mais la nature du chantier est beaucoup moins idyllique que ce que nous pensions. Là où nous n’avions vu qu’un tas de cailloux faciles à enlever, nous retrouvons un abominable château de cartes formé par un empilement de grandes dalles à l’équilibre précaire. Bien sûr, l’hypothétique passage à désobstruer se trouve au point bas et en plus, rien ne permet d’envisager un élargissement. Pas question d’y aller à la masse pour le moment. Nous prélevons délicatement quelques cailloux et d’un commun accord, nous convenons qu’entamer une désobstruction à cet endroit serait suicidaire. Pour clore le débat Christophe nous annonce qu’il vient de voir une des grosses dalles formant la voûte, glisser de quelques centimètres. Du coup, nous nous mettons à fouiller tous les recoins de la salle dans le but d’atteindre par un autre endroit la fameuse rivière. Cela tourne vite à l’acharnement thérapeutique et le moindre interstice est inspecté, forcé avant d’être finalement abandonné. Dans la partie haute de la salle, nous trouvons quand même une petite cheminée qui rejoint un boyau puis une diaclase remontante mais communiquant avec des galeries connues. Nous abandonnons et avant de rentrer au bivouac, nous fouillons une nouvelle fois le secteur où arrive la galerie de la Fronde.

Quelque part dans les voûtes des Quadras

Formes étranges...

3° jour de bivouac :

Départ 8 h 45. L’objectif du jour n’est guère emballant, mais il fait partie de ceux qui alimentent sans cesse les discussions et qu’il faut faire absolument au risque de toujours le regretter. Cette fois ci, il s’agit d’effectuer une escalade dans un diverticule situé juste à côté de la trémie terminale de la galerie du Petit Baigneur.

La galerie du Petit Baigneur est un superbe tube surcreusé par un méandre où coule le ruisseau.

L’accès via le canyon des Quadras est assez rapide. Le niveau d’eau semble stable et nous passons la voûte basse sans trop d’appréhension mais non sans avoir estimé la hauteur des mises en charge à cet endroit.

L'accès à la fameuse escalade se fait par un ressaut surplombant. Courte échelle de rigueur...

C’est Christophe qui se lance dans l’escalade. Le rocher est absolument pourri et l’orifice à atteindre est occupé par un gros bloc qui pend à moitié dans le vide. Pour cela, il commence à grimper à l’écart des chutes de pierres sur la paroi la plus saine. Une bonne demi-heure plus tard, après un petit vol contrôlé et une bonne purge de cailloux, il s’arrête au milieu d’un chaos de blocs sans suite. Déséquipement et consternation, cela fait deux choux blancs, nous n’allons quand même pas ressortir sans avoir ouvert le carnet topo.

L'escalade du Petit Baigneur. Le trou à atteindre est visible en haut et à gauche, nous ésperions bien passer au-dessus de la trémie.

Par manque d’objectif, nous envisageons même de regagner la surface un jour plus tôt. Mais voilà, à la Gandara, les découvertes se font rarement là où nous les attendons.

Alors que nous revenons tranquillement en faisant des photos, nous trouvons un départ en hauteur facilement atteignable. Un petit lancer de corde sur une lame et quelques minutes plus tard Christophe parvient à atteindre le porche d’une galerie de petite dimension. Après une rapide reconnaissance, il nous annonce qu’il y a plusieurs boyaux à voir avec un peu d’air. Nous le rejoignons et effectivement nous explorons plusieurs conduits souvent étroits. L’un d’eux souffle un peu mais se termine sur un rétrécissement abrasif. Bien sûr le matériel de désobstruction est resté au bivouac et nous n’avons pour agrandir le passage, qu’un marteau et un petit burin. Dom finit par s’enfiler dans le passage et franchit 3 étroitures avant d’atteindre un conduit plus grand. Christophe essaie de le suivre mais ne parvient pas à passer. C’est donc très étroit. Nous nous relayons pour buriner et au bout d’une demi-heure, il parvient à franchir l’obstacle. Compte tenu de ma taille, je préfère leur confier le matos topo pour qu’ils commencent l’explo pendant qu’avec Sandrine nous allons continuer d’agrandir le passage. Il nous faudra plus d’une heure et demie de travail pour enfin pouvoir passer. Nous retrouvons alors nos deux compères qui reviennent en topographiant.

La galerie des Troglos passe au-dessus de celle du Petit baigneur.

La galerie continue en s’agrandissant et ils se sont arrêtés sur un carrefour. Nous y retournons et progressons en faisant suivre la topo comme à l’accoutumée. Après quelques passages plus petits, la galerie vire vers le sud ouest et prend la forme d’un grand méandre de 2 m de large sur une bonne dizaine de mètres de hauteur. La plupart du temps, nous progressons en opposition sur des banquettes, mais rien n’entrave véritablement la progression. Nous cheminons ainsi sur plus de 760 m et nous nous arrêtons sur une zone de blocs effondrés qui semble ponctuelle. Au retour il nous faut topographier la zone étroite avant de rejoindre le bivouac vers 22 h.

Dom, heureux de sa journée...

4° jour de bivouac :

Nous n’avions prévu que 3 jours de bivouac et notre stock de nourriture est épuisé. Retour tranquille à la surface. Dehors, il pleut toujours, mais nous nous en doutions car les cascades de la salle Angel étaient, cette-fois-ci, particulièrement spectaculaires.

Jeudi 19 avril 2012 :

Participants :  D.  Boibessot, P. et S.  Degouve, Ch. Philippe

Il pleut toujours et finalement, la Gandara est un bon refuge pour les intempéries durables. Cette fois, c’est tout près de l’entrée que nous nous rendons. Lors de notre bivouac, nous avions repéré un départ au-dessus de la vire du puits de l’Ours. L’objectif semble facile et avec le perfo il ne devrait pas y en avoir pour longtemps. Avec Christophe, nous nous relayons pour atteindre le porche, 15 m plus haut.

La vire du puits de l'Ours vue du bas de l'escalade.

Au sommet, il y a bien une galerie, parcourue par deux ruisseaux temporaires. Le premier sort d’une petite cheminée arrosée et le second d’un méandre impénétrable. Mais, juste à côté, une jolie galerie semble se prolonger. Malheureusement, au bout de 20 m, une trémie nous barre le passage. Pourtant, on distingue un petit trou noir. Cela est bien suffisant pour que nous attaquions une désobstruction. Nous ne disposons que d’un marteau et le remplissage en partie calcifié est particulièrement coriace. Il ne nous faudra pas moins de 3 heures pour parvenir à passer. Nos épaules s’en souviennent encore. Derrière une galerie basse occupée par une coulée stalagmitique aux allures de crème pâtissière est rapidement parcourue. Vingt mètres plus loin, nous nous redressons dans une rotonde au sol pâteux. La suite est une diaclase rapidement obstruée par de l’argile. Le résultat est bien maigre. Toutefois, il reste bien la petite cheminée arrosée à voir. Nous n’y croyons pas du tout et forcément, il faut quelqu’un de courageux, de téméraire et contre toute attente ce discours fait démarrer Christophe au quart de tour. Avec Dom, nous avons à peine le temps d’échanger un sourire narquois que Christophe est déjà sous la douche en train de s’enfiler dans un conduit étroit et franchement humide. Un court silence nous fait craindre le pire ; et si ça continuait… Heureusement l’acte de bravoure ne dure pas et Christophe ressort trempé de son escalade sous nos applaudissements quelque peu ironiques. Nous en resterons là pour aujourd’hui. L’affaire est classée et la Gandara développe désormais 107 680 m.

C.R. Patrick Degouve

Le retour des vieux croûtons…

Nous ne sommes que 3 pour ces congés d’hiver (Patrick et Sandrine Degouve, Guy Simonnot). Le temps est froid et sec mais la neige recouvre encore les massifs. Nous abandonnons donc tout objectif au-dessus de 800 à 1000 m.  Cela tombe bien, nous avions prévu d’avancer l’inventaire dans le secteur de Buzulucueva.

Nous commençons à revoir une cavité exploré par le SGCAF dans les années 80 et qui était annoncée bouchée à-20 m. Cependant, lors d’une précédente reconnaissance en décembre dernier, nous avions repéré une grosse lucarne dans le puits d’entrée. Nous commençons par revoir la partie connue et découvrons une suite après une courte désobstruction. Nous descendons un ressaut de 5 m mais buttons sur un puits d’une dizaine de mètres barré par un gros bloc. Il n’y a pas beaucoup d’air et nous préferons aller voir la lucarne.

La traversée au-dessus du puits d'entrée.

En 3  spits nous atteignons un beau méandre où s’engouffre un très net courant d’air. Nous descendons un puits d’une quinzaine de mètres jusqu’à une diffluence du conduit. A droite un ressaut mène à une étroiture précédant un puits de 20 à 30 m, A gauche, un méandre aux allures savoyardes (mais plus court !) nous amène à un ressaut suivi d’une étroiture impénétrable. Derrière c’est plus grand, mais surtout il y a de l’air, pas mal d’air !

Le gouffre des Vieux Croûtons se présente comme une succession de petits puits entrecoupés de méandres et d'étroitureS.

Les jours qui suivent nous allons nous atteler à ce chantier où les pailles vont s’avérer bien utiles.  A la fin du séjour, la torca de los Viejos Mendrugos (Vieux croûtons) atteint 67 m de profondeur. Bon, ce n’est pas très impressionnant, mais nous restons confiants et la suite, derrière une nouvelle étroiture ponctuelle, semble plus large…

Etroiture "paillée" au sommet d'un P.30

Durant le séjour, nos prospections vont nous permettre de découvrir ou re-découvrir d’autres cavités ; de quoi alimenter l’inventaire qui compte désormais près de 1700 références.

Le matériel utilisé pour ouvrir la nouvelle piste de Buzulucueva nous aurait été bien utile pour entamer la désobstruction de quelques trous souffleurs, mais nous en sommes restés à des moyens beaucoup plus modestes.

Des mises à jour de l’inventaire sont d’ailleurs disponible sur le site dans la rubrique inventaire.

C.R. Patrick Degouve et Guy Simonnot

La salle Angel, grandeur nature…

Cela faisait un certain temps que Josu souhaitait aller photographier la salle Angel dans le réseau de la Gandara. Après la salle Guillaume (Cayuela), la salle Rabelais (Fresca), sa quête des clichés de grands volumes devait passer par la Gandara. C’est donc à 4 que nous nous retrouvons sur le parking de la grotte pour l’assister dans ce projet (Josu Granja, Diego Dulanto, Carlos Puch et Patrick Degouve). Le temps est assez calme mais un net redoux a commencé à faire fondre la neige qui couvrait abondamment les massifs. Il y aura donc de l’eau, ce qui est intéressant pour mettre en évidence la cascade, mais le revers de la médaille est qu’il risque d’y avoir aussi beaucoup de brouillard dans la salle. En une heure et demi nous arrivons au sommet de celle-ci. Une brume épaisse empêche de voir la cascade, mais en descendant d’une vingtaine de mètres, la visibilité s’améliore nettement. Josu est rassuré et la séance peut débuter. Les flash crépitent révélant de façon furtive quelques détails de la salle. Le dosage du nombre d’éclairs est assez empirique et ici, c’est avant tout l’expérience qui parle. Josu et Carlos confrontent leurs cliché et le résultat est plutôt bon. La séance continue ensuite dans le secteur des excentriques puis dans la partie sud de la salle. Nous remontons ensuite tranquillement pour ressortir vers 19 h. Au passage, Carlos, prélève quelques échantillons dans des gours à des fins d’analyse bio-spéléologique.

La salle Angel (réseau de la Gandara). On distingue nettement la brume qui occupe la partie supérieure de la salle. (Photo Josu Granja)

Les différentes photos de Josu seront très prochainement sur le site (galerie de photos)

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