Pour ne pas déconsidérer cette région qui nous est chère, il faut bien reconnaître qu’avril et mai, cette année, battent des records de tristesse météo dans toute l’Europe et donc il ne faudrait pas incriminer trop hâtivement ce qui pourrait sembler être une exclusivité cantabre. Ceci étant dit, durant la première semaine de notre séjour, il était bien difficile de sortir sans le parapluie…
Du côté de la Lunada…
Un de nos principaux objectifs pour ce séjour était la poursuite de l’exploration d’une perte sur le versant sud-ouest du massif, en amont du réseau de la Gandara. Samedi soir Dom, Christophe et Albin arrivent, gonflés à bloc. Mais voilà, la neige est descendue à près de 500 m d’altitude. L’accès à la Lunada est compromis. Les jours suivants, la pluie prend le relai et si elle fait rapidement disparaître le manteau neigeux, elle provoque aussi une belle crue qui compromet l’accès aux réseaux exposés.
Mercredi, enfin une fenêtre météo. La neige a bien fondu et est remontée vers 1300 m. L’entrée de la perte est encore entourée de neige, mais la fraîcheur matinale l’empêche de fondre et le débit du ruisseau reste modeste. Nous commençons par sérieusement nettoyer les abords de l’étroiture terminale (-30 m) et consolidons la trémie qui la précède. Celle-ci ne résiste pas longtemps à une double paille qui rend désormais le passage très praticable. Derrière, une diaclase aux parois déchiquetées nous amène au milieu d’un vaste puits de 18 m de profondeur. Au bas, le conduit recoupe un niveau de grès à l’origine du palier sur lequel nous prenons pieds. La suite est un puits de 11 m précédant un nouvel à-pic plus important. Là aussi, c’est un niveau gréseux qui provoque ce nouveau palier. Le puits suivant est beaucoup plus profond ; beaucoup trop pour les quelques 40 m de corde qui nous restent. Nous remontons en faisant la topo, mais dans le puits d’entrée, la cascatelle a doublé de volume et le passage étroit en sommet de puits est l’occasion d’une bonne douche. Dehors, la température s’est radoucie, la pluie s’est remise de la partie, le cocktail idéal pour relancer la crue.
Le lendemain, il pleut toute la journée. Nous en profitons pour aller déséquiper un autre gouffre du coté de Valdicio.
Vendredi, il ne pleut pas, mais les averses des jours précédents ont intensifié la fonte nival. Les ruisseaux sont en crue, mais c’est le dernier jours pour aller à la perte de la Lunada. Nous profitons de la relative fraîcheur matinale pour entrer dans le trou qui ne coule pas encore trop. Cette-fois-ci, nous avons 100 m de corde et cela devrait suffire pour atteindre le niveau de grès où se développent en principe les galeries. Le puits est superbe de régularité et doit mesurer près de 70 m. Au bas, un banc de grès draine les eaux vers un dernier cran verticale bien arrosé de 8 m. La douche est évitée en se décalant un peu. Visiblement, c’est la fin des verticales et le ruisseau s’enfile sous un éboulis qui nous amène au départ d’un grand méandre trop rapidement barré par une énorme trémie de grès. Nous fouillons en détail les passages, mais il n’y a pas d’air. Nous remontons d’un cran, au bas du P.70 ou un autre conduit s’ouvre à l’opposé du précédent. Celui-ci est fossile mais bien glaiseux. Nous équipons un autre puits de 8 m qui se prolonge par une galerie basse ponctuée de cheminées d’où tombent de petites cascades. Après la seconde, la galerie recoupe un laminoir gréseux où s’écoule un ruisseau. Dom et Christophe s’enfilent dans l’aval et parcourent une vingtaine de mètres dans ce qu’ils qualifient de piège à rats. Il n’y a pas d’air et plus loin il faudra une néoprène. Nous fouillons d’autres diverticules, mais sans grand résultat. Il faudra attendre une météo plus favorable pour traquer les courant d’air qui se perdent probablement en haut du P.70. Nous sommes bien trempés et la cascade du premier puits en rajoute une couche, mais heureusement, dehors il fait relativement beau.
Au sec dans les Vieux Croûtons
La première partie du gouffre étant relativement sèche, le gouffre des Vieux Croûtons sera un abri apprécié lors de la journée la plus arrosée de la semaine. Le matin, il faudra quand même se botter les fesses pour affronter les intempéries. Pas question de se jeter dans les puits du fond, trop arrosés. . Nous en profitons pour rééquiper certains passages puis filons vers l’amont de la galerie fossile de -80 m. L’escalade est vide négociée. Au sommet, nous recoupons un puits bien arrosé où s’engouffre une bonne partie du courant d’air. Il s’avère que ce puits rejoint une galerie latérale vue lors de notre précédente venue. Mais où part le courant d’air ? Il faudra attendre de meilleures conditions pour visiter ce puits et atteindre d’éventuelles lucarnes. Dans le même secteur, Dom découvre un passage bas où file un peu de courant d’air. Cela semble plus grand derrière et la désobstruction est facile. Au bout d’une heure, nous parvenons à franchir l’obstacle et nous nous retrouvons dans une petite salle au plafond de laquelle arrive un méandre impénétrable. Visiblement c’est par là que disparaît le courant d’air. En bas de la salle, Albin, Dom et Christophe désobstruent un étroit passage donnant sur un puits en diaclase étroit et argileux. Pendant ce temps, les autres partent explorer une série de puits au bas de l’escalade. Deux petits puits totalisant une trentaine de mètres permettent de rejoindre une salle ébouleuse sans suite évidente. Du côté de la désobstruction, Dom parvient à descendre d’une petite dizaine de mètres jusqu’au bord d’un puits un peu plus vaste, profond de 10 à 15 m, mais sans vraiment d’air. Nous bouclons la topo et lorsque nous ressortons, il fait enfin beau.
Prospection, désob et re-topo…
Le reste du temps, il a fallu composer avec les caprices de la météo et des prévisions parfois fantaisistes. Nous parviendrons quand même à assurer une sortie tous les jours. Parmi elles, plusieurs seront consacrées à des prospections, au-dessus de la Canuela et de la Canal. Pas de grande découverte au compteur, mais l’inventaire progresse peu à peu et nous avons pu topographier et revoir quelques belles cavités comme la cueva 1804 retrouvée en mars, ou le CA 75. Du côté de la Canal, la désobstruction du « Van der Strappen » s’est avérée bien décevante…
La suite au mois de juin, ou juillet, Tonio nous a assuré qu’en été, il y aurait très certainement du soleil. Super !!!!!!
Participants : D. Boibessot, E. Bunoz, P. et S. Degouve, A. et Ch. Philippe, G. Simonnot
Info Patrick Degouve
Bubu
C’est quoi le soleil ?