Le blog

Catégorie : Explorations en Cantabria (Espagne) Page 7 of 12

Petit séjour de fin d’année en Cantabria

En décembre, le calendrier maya nous avait prédits des cataclysmes de fin du monde, mais visiblement il n’était pas parvenu en Cantabria où règnait une douceur printanière. Pour ce nouveau séjour, nous étions 5 : P. et S. Degouve, L. Guillot, S. Michaud et J. Leroy qui logeait à Quintana. Les objectifs ne manquant pas, nous avons choisi de diversifier les activités en fonction de la météo, de la forme et des envies de chacun.

Alto de la Porra :

Torca de la Niebla Negra :  Nous nous étions arrêtés l’été dernier sur un étroit méandre à -170. Derrière, nous avions réussi à sonder un puits d’une petite vingtaine de mètres mais nous n’avions pas pu l’atteindre faute de batteries. Cette fois-ci, il nous faudra encore deux bonnes heures de travaux pour parvenir à franchir l’étroiture. Le puits qui se présente à nous, mesure 17 m, mais les dimensions s’amenuisent. Un second puits de 12 m met un terme à notre exploration. A -201 m, nous nous heurtons à un méandre impénétrable où s’enfile tout le courant d’air. La Niebla est bel et bien terminée. Nous bouclons la topo et déséquipons le gouffre au prix de quelques navettes dans les premiers puits. La fiche descriptive de la torca ainsi que la topographie sont consultable sur Karstexplo.

Les 100 premiers mètres de la torca de la Niebla traversent une série gréseuse qui ne facilite pas toujours l'équipement et la progression (P.31 à -45 m).

Les 100 premiers mètres de la torca de la Niebla traversent une série gréseuse qui ne facilite pas toujours l’équipement et la progression (P.31 à -45 m).

En contrebas de la Garma de Bucebròn, nous avons également repris la désobstruction d’un trou fortement souffleur, mais à -4 m nous avons du abandonner nos travaux, l’air sortant d’une diaclase de quelques centimètres de large seulement.

Le trou souffleur de Bucebròn lors des premiers coups de pioche.

Le trou souffleur de Bucebròn lors des premiers coups de pioche.

Réseau de la Gandara

Profitant de l’absence de neige à la Lunada, nous avons pu retourner dans la perte découverte en novembre dernier. Le courant d’air aspirant, très violent, est toujours présent.  Nous reprenons les travaux, mais le trou ruisselle de partout et ceux-ci s’avèrent particulièrement pénibles. Il faudra deux séances pour parvenir à passer. Après une diaclase étroite, nous descendons une petite série de puits arrosés jusqu’à -50 m. Malheureusement la suite n’est pas là et nous retrouvons le courant d’air dans un passage fossile ébouleux. Une courte désobstruction et nous nous arrêtons au bord d’un beau puits. Hélas, nous n’avons plus de corde et les jours suivant la pluie fait sont retour. Affaire à suivre…

De l’autre côté du massif, au-dessus de la résurgence, nous reprenons les prospections vers les cabanes d’Helgerra. Plusieurs gros puits sont descendus et inventoriés. L’un d’eux recoupe un ruisseau souterrain mais une étroiture nous empêche d’accéder à l’aval d’où sort un bon courant d’air. Encore un chantier en perspective.

Les cabanes d'Helguerra qui dominent le haut Asòn.

Les cabanes d’Helguerra qui dominent le haut Asòn.

Torca Maxou Picchu :

Une nouvelle fois, nous nous rendons à l’extrémité de cette cavité pour tenter la jonction avec la torca Aitken toute proche. Ce n’est toujours pas gagné, mais l’étau se resserre et 200 m de nouvelles galeries ont été découverts en direction de la jonction tant convoitée. Il faudra encore revenir…

Dans la galerie du Lasso de la torca del Maxou Picchu.

Dans la galerie du Lasso de la torca del Maxou Picchu.

Peña Lavalle et cirque de Socueva :

La torca de las Comadrejas avait été découverte en 2008. Curieusement, la grosse entrée de ce gouffre n’avait jamais été signalée auparavant, sans doute en raison de la marche d’approche un peu fastidieuse. Nous nous y rendons avec deux amis de l’AEMT, Yvan et Juanjo.  Au bas du puits d’entrée (38 m), nous explorons une courte galerie, terminée à -59 m.

La belle entrée de la torca de las Comadrejas. Au fond, la vallée d'Asòn quelques 750 m plus bas.

La belle entrée de la torca de las Comadrejas. Au fond, la vallée d’Asòn quelques 750 m plus bas.

Non loin de là, dans le cirque de Socueva, nous revisitons un gouffre qui n’avait jamais été publié, une référence de plus pour l’inventaire qui compte désormais plus de 1700 fiches.

C.R. : Patrick Degouve

 

Invitation à la torca de Los primos

Dimanche 23 décembre 2012

Le groupe spéléo de Santoña (A.E.M.T.) prospecte depuis plusieurs années le secteur de Bucebron, à la recherche d’un accès direct au Cueto et pourquoi pas d’une jonction entre ce dernier et la Cayuela. Travaillant sur le même secteur, nous n’avons pas tardé à échanger nos données et à sympathiser. Après avoir prolongé la torca Racho (CA 15) et passé très prés d’une jonction, ils ont découvert la torca de los Primos un étonnant réseau aux multiples entrées et situé à l’aplomb de la galerie des Baladins du Cueto.

L'entrée principale de la torca.

L’entrée principale de la torca.

La particularité de ce dernier réside dans la présence d’une belle galerie perché à environ 680 m d’altitude. Ce dimanche, nous sommes invités à visiter cette découverte avant qu’ils déséquipent. Nous avons rendez-vous à 9 h à leur cabane. Nous sommes 8 à descendre dans le gouffre ce qui permet de faire plusieurs équipes. Tandis que  l’une d’entre elles part vers le fond pour explorer un puits, nous descendons tranquillement pour revoir la galerie fossile de -140 m. La première série de puits est très belle et les verticales s’enchaînent rapidement. Des arrivées provenant d’une seconde entrée contribuent à donner du volume. Le dernier puits perce la voûte d’une grande salle où convergent également plusieurs arrivées de puits. C’est sans doute l’un des endroits les plus spectaculaires de la cavité. Une galerie presqu’entièrement comblée la traverse de part en part. A cet endroit, l’élimination du remplissage due aux arrivées de puits permet d’en deviner la taille originelle qui devait être très importante. Le sens d’écoulement n’est pas très évident à déterminer, mais nous commençons à visiter ce qui pourrait être l’aval (direction nord-est). Il faut gravir un talus pentu, mélange d’argile et de blocs, pour rejoindre, une vingtaine de mètres plus haut, la voûte du conduit. Un dernier ressaut perce le remplissage stalagmitique superficiel et permet d’accéder à un conduit concrétionné balayé par un net courant d’air aspirant. Nous sommes véritablement dans la partie supérieure de la galerie que nous suivons sur plusieurs centaines de mètres jusqu’à une autre salle occupée par un éboulis ayant totalement colmaté la suite du conduit.

Nous revenons ensuite sur nos pas pour rejoindre la première équipe qui est descendue dans une série de puits donnant accès au point bas du gouffre (env. -300 m). Une galerie latérale située non loin du début de la galerie rejoint le sommet d’une belle salle que l’on atteint par un puits d’une dizaine de mètres. Il faut ensuite remonter de presqu’autant pour rejoindre une autre salle à l’extrémité de laquelle s’ouvre un puits de taille plus modeste, premier d’une série donnant accès à -300 m. Au passage, Juanjo nous montre toutes les escalades réalisées et visiblement rien n’a été laissé de côté, témoignant d’un travail méticuleux et approfondi.

Nous ne tardons pas à retrouver la première équipe dans un méandre étroit. Vu le nombre, notre présence n’est d’aucune utilité, et nous remontons pour fouiller le niveau fossile. Une petite galerie latérale est topographiée puis nous filons voir l’amont, de l’autre côté de la base des puits d’entrée. Ici aussi, le remplissage a été en partie débarassé par l’arrivée d’un puits au plafond qui a creusé un cratère d’une vingtaine de mètres de hauteur. En face, nous remontons sur le remplissage constitué en partie de gros blocs eboulés, dues à la présence d’une faille transversale dont le miroir reste visible sur le haut du conduit. Nous fouillons le secteur, mais nous nous heurtons à des éboulis et des trémies bien colmatées.

Il ne nous reste plus qu’à attendre le retour de l’équipe du fond qui revient une bonne heure plus tard en ayant déséquipé le fond, le puits exploré redonnant dans des parties connues. Du coup, nous ressortons tout le matériel et déséquipons les puits d’entrée. Dommage, car au point bas du gouffre, les galeries du Cueto sont sans doute toute proches. Mais qu’à cela ne tienne, cela montre de façon évidente qu’il reste beaucoup de choses à voir dans ce secteur et il serait bien étonnant que de nouveaux accès aux réseaux connus ne soient pas trouvés dans les années à venir.

Une partie de l'équipe à la sortie du gouffre.

Une partie de l’équipe à la sortie du gouffre.

En attendant, la découverte de la galerie de -140 m confirme l’existence de niveaux de creusements perchés bien au-dessus des conduits connus. Cela pourrait expliquer la présence de grottes comme la cueva del Rabouzou qui s’ouvre à une même altitude.

Merci à toute l’équipe de l’AEMT de nous avoir fait découvrir cette belle cavité.

Patrick Degouve

Los Santos 2012

Après le bivouac à la cueva del Gándara  (voir le compte-rendu du 12 novembre 2012)) quelques journées ont été consacrées, au gré des ouvertures météo, aux classiques désobstructions et prospections.

 

Nous ne mentionnerons ici que les actions les plus significatives, offrant pour certaines de bonnes perspectives.

  • Torca de las Ruinas

Cette cavité, découverte en mars, avait été l’objet d’une première grosse désobstruction en été.

Cette fois-ci, à cinq, nous sortons à nouveau quelques monceaux de pierres et de terre. La désobstruction consiste à vider une diaclase bordée par un éboulis plus ou moins stable. Nous parvenons quand même à -7 m, mais une partie du remblai s’effondre et il devient urgent d’étayer. A suivre.

Les terrassiers au boulot !

  • Torca des Vieux Croûtons (n° 1685)

La dernière sortie remontait au 29 février. C’est encore à trois, bien chargés avec gros perfo, quatre accus etc… , que nous retournons attaquer les étroitures au-delà du goulet des Mohicans vers -61 m. Au bas d’un ressaut de 3 m, une nouvelle étroiture ponctuelle est agrandie. Derrière, nous descendons un méandre vertical sur 4 m jusqu’au sommet d’un puits de 5 m. A – 72 m, les parois se resserrent à nouveau et il faut se remettre au travail. Derrière c’est plus grand, mais rien n’est gagné.

Dans les puits d’entrée des Vieux Croûtons

  • Cubillo de Bustablado (n° 247)

Nous connaissons cette grotte, proche du village et de la Cueva la Cueva, depuis le début des années 70. Les spéléologues de Tortosa l’ont probablement revue dans les années 80. Nous avons simplement complété la topographie en en profitant pour peaufiner l’exploration de quelques méandres supérieurs. Malheureusement les espoirs de continuation paraissent désormais bien vains. Développement : 255 m (+8 ; -6 m).

Ont participé aux explorations : D. Boibessot, P. et S. Degouve, L. Garnier, Ch. Philippe, G. Simonnot.

Patrick Degouve et Guy Simonnot

Bref séjour à la Gandara…

Dimanche 28 octobre 2012

Il ne fait pas très beau en Cantabria, et la veille, d’importantes pluies se sont abattues sur le massif. Heureusement, en altitude, il a plutôt neigé ce qui atténue la montée des eaux notamment pour la Gandara dont le bassin d’alimentation est assez élevé. Nous entrons vers 11 h 30 et partons directement vers le bivouac 2. Dans la salle Angel, la cascade coule bien mais en revanche, le niveau n’a pas monté dans les puits del Contra Rio. Il en faut donc beaucoup plus pour ennoyer le fond du réseau. Il nous faut à peu près 2 h 30 pour parvenir au bivouac que nous installons dans la foulée. Allégés de nos gros sacs, nous profitons de la fin de journée pour aller explorer un tronçon de rivière en aval du bivouac.

La vire permettant d'accéder à la rivière. Ici, toutes les parois sont tapissées d'argile, attestant la mise en charge complète du conduit.

Celui-ci est accessible par une courte escalade surplombante situé à l’aplomb d’un bassin profond que nous n’avions jamais franchi. Vingt mètres plus loin, ce beau conduit supérieur rejoint la rivière dans une salle au sol sablonneux. Les parois, couvertes d’argile indiquent clairement des niveaux de mise en charge. Une vire salvatrice nous évitera un équipement et nous nous retrouvons rapidement de l’autre côté du plan d’eau vu au bas de l’escalade. Malheureusement, en aval, l’eau disparaît dans un siphon. Nous dressons la topo, refouillons le secteur et regagnons le bivouac.

L'eau courante sous le bivouac...

Chambre nuptial ; attention, l'hôtel ne fournit pas les draps...

Lundi 29 octobre 2012

Compte tenu du changement d’heure, le réveil est donné à 5 h 45. Nous décollons vers 7 h 00. Le niveau de la rivière n’a pas bougé cependant, au bas du puits des Quadras, nous constatons que certaines traces ont disparu depuis le printemps dernier. Une étude plus poussée sur les variations des niveaux d’eau dans le réseau devient donc plus que nécessaire.Au total, il nous faut  une heure pour atteindre l’escalade.

Après un parcours sinueux au-dessus de l'affluent du Petit Baigneur, la galerie des Troglos prend l’allure d'un grand méandre concrétionné.

L’étroiture du Mécano ne pose pas trop de problème et nous filons vers notre terminus. Une bonne heure plus tard, nous retrouvons le cairn marquant l’arrêt topo.

La galerie des Troglos en amont du petit lac.

De nombreuses aiguilles de gypse, parfois à peine visibles, tapissent le sol poussiéreux de la galerie.

Comme d’habitude, nous progressons en faisant suivre la topo. Le méandre se poursuit sur une centaine de mètres jusqu’à une confluence dans un virage bien marqué. La galerie change alors de morphologie et les volumes prennent de l’ampleur. Rapidement nous entendons le bruit d’une rivière qui s’écoule sous les blocs. Cinquante mètres plus loin, nous pouvons la voir au niveau d’une seconde confluence. C’est un beau ruisseau qui coule sur un niveau de grès et dont le débit pourrait correspondre à celui de la rivière du Petit Baigneur dont il constitue vraisemblablement l’amont. Nous poursuivons l’exploration du conduit principal, mais celle-ci est de courte durée, une trémie bien hermétique barrant le passage au niveau du fossile et de l’actif.

Au bout de 800 m les proportions changent sensiblement.

Nous nous rabattons sur le deuxième affluent rencontré, mais la aussi, nous nous heurtons sur une trémie. Nous revenons en arrière et fouillons l’éboulis, à la recherche de l’aval de la rivière. Finalement, Christophe et Dom finissent par la retrouver derrière des diaclases étroites, mais celle-ci disparaît dans un siphon, une centaine de mètres plus loin.

Peu à peu, le méandre perd de la hauteur, mais gagne en largeur.

Il ne nous reste plus qu’à voir le premier affluent (galerie des Aiguilles). Après un passage bas, nous nous relevons dans un beau conduit remontant. Mais cent mètres plus loin, un éboulis nous barre à nouveau le passage. Un peu plus en aval, nous tentons une escalade, mais sans succès. C’en est terminé de la galerie des Troglos. Sur le chemin du retour, nous explorons plusieurs galeries latérales qui serpentent au-dessus du conduit principal. Au total, nous ajoutons environ 1 km de plus au réseau, sans toutefois véritablement gagner en extension comme nous l’espérions. Nous retrouvons le bivouac vers 20 h 30.

Petit passage bas très localisé dans le grand méandre des Troglos.

Mardi 30 octobre 2012

Nous avons un peu épuisé les objectifs du secteur aussi nous décidons de ressortir et de déséquiper le bivouac. Retour tranquille, nous sommes dehors en début d’après-midi et il fait beau.

Le développement de la Gandara passe à 108 670 m.

Patrick Degouve


A l’abri, dans la Gandara.

La météo exécrable de ce mois d’avril n’a bien sûr pas épargné la Cantabria. Lorsque nous arrivons, le 13 avril, cela fait déjà près de 3 semaines qu’il pleut sans interruption et les annonces météo ne sont guère optimistes. Nos explorations, initialement prévues à la torca Aitken vont donc se transformer en un bivouac improvisé à la Gandara. Les objectifs évidents ne sont pas très nombreux, mais voilà une bonne occasion de lever quelques interrogations dans le secteur sud du réseau. Nous allons donc élire domicile au bivouac 2, le mieux placé pour rejoindre le fond du canyon des Quadras. Au programme, escalade et désobstruction, ce qui implique que nous emportions un perfo, des pailles, masse, burin et du matériel d’escalade.

Dimanche 15 avril 2012 : 1° jour de bivouac :

Participants :  D.  Boibessot, P. et S.  Degouve, Ch. Philippe

Les sacs sont bien chargés. Nous entrons dans la cavité vers 11 h sous la pluie. En altitude, il neige et cela est préférable pour échapper à une grosse crue de printemps. Dans les galeries d’entrée, l’eau coule de partout et juste au-dessus de la vire du puits de l’Ours, une cascade nous permet de repérer un beau porche à une quinzaine de mètres de hauteur. Nous y reviendrons plus tard. Dans la salle Angel, la cascade coule abondamment mais sans plus. Plus loin, un coup de phare dans les regards sur el Contra Rio nous indique que le niveau de la rivière n’a pas monté. Nous parvenons au bivouac vers 15 h après avoir fait quelques photos dans l’amont de la galerie de Cruzille. Il reste un peu de temps et nous en profitons pour revoir en détail la galerie de la Valve et l’extrémité de la salle du Muguet. Quelques diverticules sont explorés mais rien de transcendant au bout du compte.

Bivouac grand confort. L'endroit est sec, le courant d'air assez faible. Sandrine teste sa Burkanette et l'adopte aussitôt.

2° jour de bivouac :

Réveil vers 7 h. Nous quittons le bivouac vers 8 h 30. Le ruisseau qui nous permet de rejoindre les Quadras coule plus que la veille. Cela nous incite à regarder de plus près les niveaux de crue. Dans la grande galerie, les traces de pas ont disparu et nous n’en retrouvons qu’à proximité de la corde venant du court-circuit. Plus loin, au bas du puits de 20 m, le sable est parfaitement lisse. Nous allons rapidement voir le niveau de la rivière qui est quasiment normal. Le froid en altitude en est certainement pour quelque chose. En amont, nous ne retrouvons des traces de pas qu’une centaine de mètres plus loin soit une mise en charge d’environ 25 m au-dessus du niveau d’étiage. Dans de telles conditions, le canyon est entièrement noyé à partir du puits de 20 m. Ce scénario, qui ne semble pas d’actualité, doit se produire lorsque la fonte nivale se conjugue avec de fortes pluies sur l’ensemble du bassin d’alimentation. Dans ce cas, une bonne partie des galeries actives situées sous l’altitude 630 m se trouvent affectées par la montée des eaux  (Rio Viscoso, Contra Rio, Rio en Calma, collecteur aval etc…). Mais certaines galeries fossiles (galerie de Cruzille au niveau des regards sur le Contra Rio) peuvent également être partiellement inondées (témoignage Antonio).

L'accès au canyon des Quadras se fait par un beau tube qui peut partiellement s'ennoyer en période de crue.

Le puits des Quadras (25 m) perce le plafond de la galerie du même nom. La section de la galerie atteint par endroit 20 x 20 m, et le conduit peut complètement s'ennoyer. Le trait jaune indique le niveau d'eau atteint lors de crues visible grâce à la mousse déposée sur les parois.

Notre premier objectif est la désobstruction au fond de la salle…. Après quelques hésitations nous finissons par retrouver le puits qui permet d’y accéder.

Deux petits puits permettent d'atteindre la salle. Le premier perce un important remplissage sableux.

Contrairement à nos précédentes visites, le courant d’air n’y est pas très violent. Au bas, le décor est un peu différent de celui que nous imaginions. Au point bas de la salle, on entend nettement le bruit d’un ruisseau et un net courant d’air est perceptible, mais la nature du chantier est beaucoup moins idyllique que ce que nous pensions. Là où nous n’avions vu qu’un tas de cailloux faciles à enlever, nous retrouvons un abominable château de cartes formé par un empilement de grandes dalles à l’équilibre précaire. Bien sûr, l’hypothétique passage à désobstruer se trouve au point bas et en plus, rien ne permet d’envisager un élargissement. Pas question d’y aller à la masse pour le moment. Nous prélevons délicatement quelques cailloux et d’un commun accord, nous convenons qu’entamer une désobstruction à cet endroit serait suicidaire. Pour clore le débat Christophe nous annonce qu’il vient de voir une des grosses dalles formant la voûte, glisser de quelques centimètres. Du coup, nous nous mettons à fouiller tous les recoins de la salle dans le but d’atteindre par un autre endroit la fameuse rivière. Cela tourne vite à l’acharnement thérapeutique et le moindre interstice est inspecté, forcé avant d’être finalement abandonné. Dans la partie haute de la salle, nous trouvons quand même une petite cheminée qui rejoint un boyau puis une diaclase remontante mais communiquant avec des galeries connues. Nous abandonnons et avant de rentrer au bivouac, nous fouillons une nouvelle fois le secteur où arrive la galerie de la Fronde.

Quelque part dans les voûtes des Quadras

Formes étranges...

3° jour de bivouac :

Départ 8 h 45. L’objectif du jour n’est guère emballant, mais il fait partie de ceux qui alimentent sans cesse les discussions et qu’il faut faire absolument au risque de toujours le regretter. Cette fois ci, il s’agit d’effectuer une escalade dans un diverticule situé juste à côté de la trémie terminale de la galerie du Petit Baigneur.

La galerie du Petit Baigneur est un superbe tube surcreusé par un méandre où coule le ruisseau.

L’accès via le canyon des Quadras est assez rapide. Le niveau d’eau semble stable et nous passons la voûte basse sans trop d’appréhension mais non sans avoir estimé la hauteur des mises en charge à cet endroit.

L'accès à la fameuse escalade se fait par un ressaut surplombant. Courte échelle de rigueur...

C’est Christophe qui se lance dans l’escalade. Le rocher est absolument pourri et l’orifice à atteindre est occupé par un gros bloc qui pend à moitié dans le vide. Pour cela, il commence à grimper à l’écart des chutes de pierres sur la paroi la plus saine. Une bonne demi-heure plus tard, après un petit vol contrôlé et une bonne purge de cailloux, il s’arrête au milieu d’un chaos de blocs sans suite. Déséquipement et consternation, cela fait deux choux blancs, nous n’allons quand même pas ressortir sans avoir ouvert le carnet topo.

L'escalade du Petit Baigneur. Le trou à atteindre est visible en haut et à gauche, nous ésperions bien passer au-dessus de la trémie.

Par manque d’objectif, nous envisageons même de regagner la surface un jour plus tôt. Mais voilà, à la Gandara, les découvertes se font rarement là où nous les attendons.

Alors que nous revenons tranquillement en faisant des photos, nous trouvons un départ en hauteur facilement atteignable. Un petit lancer de corde sur une lame et quelques minutes plus tard Christophe parvient à atteindre le porche d’une galerie de petite dimension. Après une rapide reconnaissance, il nous annonce qu’il y a plusieurs boyaux à voir avec un peu d’air. Nous le rejoignons et effectivement nous explorons plusieurs conduits souvent étroits. L’un d’eux souffle un peu mais se termine sur un rétrécissement abrasif. Bien sûr le matériel de désobstruction est resté au bivouac et nous n’avons pour agrandir le passage, qu’un marteau et un petit burin. Dom finit par s’enfiler dans le passage et franchit 3 étroitures avant d’atteindre un conduit plus grand. Christophe essaie de le suivre mais ne parvient pas à passer. C’est donc très étroit. Nous nous relayons pour buriner et au bout d’une demi-heure, il parvient à franchir l’obstacle. Compte tenu de ma taille, je préfère leur confier le matos topo pour qu’ils commencent l’explo pendant qu’avec Sandrine nous allons continuer d’agrandir le passage. Il nous faudra plus d’une heure et demie de travail pour enfin pouvoir passer. Nous retrouvons alors nos deux compères qui reviennent en topographiant.

La galerie des Troglos passe au-dessus de celle du Petit baigneur.

La galerie continue en s’agrandissant et ils se sont arrêtés sur un carrefour. Nous y retournons et progressons en faisant suivre la topo comme à l’accoutumée. Après quelques passages plus petits, la galerie vire vers le sud ouest et prend la forme d’un grand méandre de 2 m de large sur une bonne dizaine de mètres de hauteur. La plupart du temps, nous progressons en opposition sur des banquettes, mais rien n’entrave véritablement la progression. Nous cheminons ainsi sur plus de 760 m et nous nous arrêtons sur une zone de blocs effondrés qui semble ponctuelle. Au retour il nous faut topographier la zone étroite avant de rejoindre le bivouac vers 22 h.

Dom, heureux de sa journée...

4° jour de bivouac :

Nous n’avions prévu que 3 jours de bivouac et notre stock de nourriture est épuisé. Retour tranquille à la surface. Dehors, il pleut toujours, mais nous nous en doutions car les cascades de la salle Angel étaient, cette-fois-ci, particulièrement spectaculaires.

Jeudi 19 avril 2012 :

Participants :  D.  Boibessot, P. et S.  Degouve, Ch. Philippe

Il pleut toujours et finalement, la Gandara est un bon refuge pour les intempéries durables. Cette fois, c’est tout près de l’entrée que nous nous rendons. Lors de notre bivouac, nous avions repéré un départ au-dessus de la vire du puits de l’Ours. L’objectif semble facile et avec le perfo il ne devrait pas y en avoir pour longtemps. Avec Christophe, nous nous relayons pour atteindre le porche, 15 m plus haut.

La vire du puits de l'Ours vue du bas de l'escalade.

Au sommet, il y a bien une galerie, parcourue par deux ruisseaux temporaires. Le premier sort d’une petite cheminée arrosée et le second d’un méandre impénétrable. Mais, juste à côté, une jolie galerie semble se prolonger. Malheureusement, au bout de 20 m, une trémie nous barre le passage. Pourtant, on distingue un petit trou noir. Cela est bien suffisant pour que nous attaquions une désobstruction. Nous ne disposons que d’un marteau et le remplissage en partie calcifié est particulièrement coriace. Il ne nous faudra pas moins de 3 heures pour parvenir à passer. Nos épaules s’en souviennent encore. Derrière une galerie basse occupée par une coulée stalagmitique aux allures de crème pâtissière est rapidement parcourue. Vingt mètres plus loin, nous nous redressons dans une rotonde au sol pâteux. La suite est une diaclase rapidement obstruée par de l’argile. Le résultat est bien maigre. Toutefois, il reste bien la petite cheminée arrosée à voir. Nous n’y croyons pas du tout et forcément, il faut quelqu’un de courageux, de téméraire et contre toute attente ce discours fait démarrer Christophe au quart de tour. Avec Dom, nous avons à peine le temps d’échanger un sourire narquois que Christophe est déjà sous la douche en train de s’enfiler dans un conduit étroit et franchement humide. Un court silence nous fait craindre le pire ; et si ça continuait… Heureusement l’acte de bravoure ne dure pas et Christophe ressort trempé de son escalade sous nos applaudissements quelque peu ironiques. Nous en resterons là pour aujourd’hui. L’affaire est classée et la Gandara développe désormais 107 680 m.

C.R. Patrick Degouve

Page 7 of 12

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén