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Du nouveau dans l’amont de la fracture méandrisée

Samedi 19 février 2011

Lors d’une visite dans l’amont de la Fracture Méandrisée Antonio, un spéléo de Santander passionné par la Gandara,  avait découvert avec ses amis un petit soupirail derrière lequel ils débouchaient dans un beau méandre puis dans une salle concrétionnée prolongée par des galeries fossiles.
Quinze jours avant de venir en Espagne je reçois donc un mail de sa part et nous fixons un rendez-vous pour poursuivre l’exploration ensemble. Javier notre fidèle compagnon de Santander, qui avait été privé de spéléo pendant près de 6 mois se joint à nous pour tester son épaule encore convalescente. Nous sommes donc 4 à nous retrouver sous la pluie à Ramales.

Nous entrons dans la grotte vers 10 h 30. La météo plutôt maussade n’est guère favorable aux courants d’air. Il nous faut deux bonnes heures pour parvenir à la salle des Lentilles. Antonio et ses amis ont sécurisé et réequipé certains obstacles qui restaient un peu olé-olé…

Le parcours en amont de la Fracture Méandrisée est ponctué d'obstacles divers le rendant finalement assez sportif. Javier au sommet d'un petit puits de 5 m.

La suite est à peine plus loin et nous découvrons le passage qui nous avait échappé. Après une petite diaclase au fond de laquelle il faut ramper, nous nous redressons dans un méandre humide qui peu à peu prend du volume notamment lorsqu’il rejoint le fond d’un conduit en trou de serrure beaucoup plus vaste dans sa partie supérieure (galerie des Rêves). Deux courtes escalades nous permettent de déboucher dans une belle salle concrétionnée (Salle du Somnambule). Nous cassons la croûte et commençons la topo ainsi qu’une série de photos. La suite se situe dans le fond du méandre devenu fossile. Les visées s’enchaînent jusqu’à la base d’une première escalade le long d’une grande coulée stalagmitique. C’est au sommet de cette dernière que ce sont arrêtés Antonio et ses amis. La suite se situe au-dessus d’un second ressaut que Javier franchit allègrement. Nous lui emboîtons le pas et parvenons dans une salle ornée qui, hélas, se révèle sans suite.

Antonio admire une dernière fois les concrétions avant que nous déséquipions l'escalade, car la suite n'est pas ici.

Nous revenons dans la galerie des Rêves et suivons le haut du trou de serrure en progressant sur des Vires qu’il faut équiper. Nous équipons un petit ressaut et remontons à peine plus loin dans un beau conduit  se développant perpendiculairement à l’axe principal de la Fracture Méandrisée.

La partie supérieure de la galerie des Rêves est un beau conduit se développant en travers du pendage.

D’un côté, nous parvenons en balcon, au-dessus de la salle du Somnambule. De l’autre côté, la galerie, ample, se prolonge sur 200 m après avoir traversé une salle percée de plusieurs puits dont l’un pourrait être en relation avec la salle des Cierges située à peine plus au nord. Nous terminons la topographie des nouvelles galeries puis prenons le chemin du retour. Il nous faut encore une bonne paire d’heures pour ressortir. A l’entrée, nous rejoignons un groupe nombreux et bruyant dont nous avions suivi la trace dès le Delator par la forte odeur de cigarette. Nous revoyons le jour après une douzaine d’heures d’explo et en ayant ajouté près de 650 m de topographie. Le développement du réseau passe donc à 106 790 m.

Patrick Degouve

Une nouvelle torca du côté de Bucebron.

Mardi 28/12/2010

Participants : D. Garcia, J. Leroy, P. et S. Degouve

Le mercure est remonté et la fonte est désormais en bonne voie. Nous montons donc un peu plus haut en altitude pour aller voir le petit gouffre 1517 vu l’été dernier. Aujourd’hui, il aspire très nettement et l’étroiture d’entrée ne résiste pas très longtemps. Malheureusement, à peine plus bas, un resserrement nous barre l’accès à un puits qui semble beaucoup plus large. Nous ne sommes pas équipés pour entamer les travaux, aussi, nous allons terminer la journée en allant explorer quelques gouffres localisés cet été. Devant le premier (1498), David retrouve un numéro plus ancien qui nous avait échappé. Tant pis, nous le revisitons et en profitons pour faire la topo. L’ancien numéro sera affecté à un petit gouffre situé dans la doline voisine. Puis nous nous rendons au 1412, un petit puits situé au beau milieu d’un sentier et recouvert par quelques pierres. En chemin nous explorons une petite grotte sans grand intérêt (1531). Le 1412, quant à lui, est un simple puits de 10 m.

David, peu enthousiaste à la sortie de la torca 1412.

Mercredi 29/12/2010

Il fait de plus en plus doux et la neige continue à fondre, le sol est détrempé et de nombreux ruisseaux temporaires se mettent à couler. Nous remontons au 1517 avec de quoi agrandir le passage. Devant l’étroiture, des filets d’eau arrosent copieusement celui qui travaille. Plusieurs essais restent sans résultat et ce n’est qu’au troisième assaut que le passage devient pénétrable.

Sur les hauteurs de las Cadieras. La torca s'ouvre dans le vallon qui plonge vers la vallée de Bustablado.

Nous commençons à être trempés. Derrière, nous nous retrouvons au-dessus d’un puits qui paraît bien plus profond que prévu. Du moins, la résonance ne permet pas bien de savoir si nous avons à faire à une grande verticale ou un gros volume. Mais avant tout, il faut dégager le sommet du puits des blocs qui menacent de tomber. Deux pailles sont nécessaires pour briser le plus gros d’entre eux. Je commence à équiper évitant les énormes blocs cyclopéens qui occupent les 20 premiers mètres. Ce n’est pas très simple d’autant plus qu’il faut tenir compte des nombreux ruissellements qui accompagnent la descente. Environ 45 m plus bas je débouche dans une grande salle. David ne parvient pas à passer l’étroiture et c’est Sandrine qui me rejoint. Ensemble, nous fouillons la salle, en suivant la paroi et un petit ruisseau qui la longe avant de disparaître entre des blocs au point bas du gouffre. Le courant d’air semble s’échapper par là, mais il y a pas mal de travail. Au bas du puits, une autre verticale se présente mais elle est copieusement arrosée. Un méandre amont reste également à voir. Une fois n’est pas coutume, nous remettons la topo à plus tard car l’endroit est vraiment trop humide et en plus, un épais brouillard commence à envahir la salle. En effet, en surface, José et David entretiennent un feu non loin de l’entrée qui aspire toutes les fumées. Nous déséquipons le gouffre puis allons voir un petit trou souffleur qu’un berger a indiqué à David pendant notre descente. Le trou s’est ouvert récemment sur un sentier et il a été rebouché avec des pierres. Une fois localisé, nous redescendons dans la vallée.

(Info. P. Degouve)

La quête d’Aitken et Ticho : fin du premier acte.

Dimanche 26/12/2010

Participants : D. Garcia, J. Leroy, P. et S. Degouve.

La Cantabria n’a pas échappée à la vague de mauvais temps qui a balayée une bonne partie de l’Europe et la neige est encore très basse sur les massifs (600m). Mais l’accès à la torca de las Zarzas (1525) doit être possible. Il reste bien quelques belles plaques de neige dans le couloir d’accès et dans les lapiaz aux abords du trou, mais cela ne gêne pas trop. Au bas du puits, les pailles permettent de désintégrer le bloc qui nous empêchait de passer. Derrière, un ressaut de 4 m est aussitôt suivi d’une nouvelle trémie. En creusant dans celle-ci, nous devinons bien un nouveau ressaut de 5 à 6 m, mais les travaux sont importants et surtout, il n’y a presque pas d’air. Nous abandonnons. En remontant, David va voir la lucarne en sommet de puits, mais celle-ci n’est qu’un dédoublement du puits. De mon côté, je vais voir sous la tête du puits, un méandre qui s’arrête très rapidement sur une trémie. Nous déséquipons le gouffre.

Découverte d'un squelette de chèvre au bas du P.39.

Il nous reste un peu de temps aussi, nous allons revoir une doline située non loin de là et que nous avions repérée l’été dernier. Un premier ressaut est descendu, mais après un passage étroit, il communique avec la doline voisine. Juste à côté un second orifice, vu par David, butte, quelques mètres plus bas, sur un amas de blocs coincés au sommet d’un puits profond d’une quinzaine de mètres. En plus, il y a de l’air. Il faut ressortir le matériel de désobstruction et pendant que Sandrine et José commencent à regagner la vallée, David et moi entamons l’agrandissement du passage. C’est assez rapide et une bonne demi-heure plus tard nous commençons l’équipement. Un premier puits de 15 m est descendu, suivi aussitôt d’un second de 18 m. Le fond est totalement bouché et le courant d’air est perdu dans ce dernier tronçon, probablement dans une cheminée située à 8 m du fond. Nous ressortons à la nuit tombante, après avoir bouclé la topographie.

Dans les labyrinthes du Pasillo

Lundi 20/12/2010

Participants : G. Aranzabal, P. et S. Degouve

Gotzon a réussi à se libérer et voilà une bonne occasion de retourner à la torca del Pasillo. Cette fois encore, la météo est propice aux courants d’air et l’étroiture au bas du puits d’entrée aspire très fort. Nous sommes bien rodés et il nous faut guère plus d’une demi-heure pour aller à -200 m. Nous laissons là les cordes et les équipements et décidons de commencer la topo de la partie du labyrinthe que nous avons délaissée une semaine plus tôt. Au premier carrefour, nous prenons à droite et très rapidement, nous jonctionnons avec le méandre juste avant le puits de 12 m. Cela tombe bien car nous n’avons jamais exploré l’amont. Nous poursuivons dans cette direction et après avoir décrit une large boucle nous retombons à nouveau sur des traces dans une galerie que nous avions entrevue en septembre dernier. Nous topographions au fur et à mesure et le nombre départs latéraux laissés en suspens ne cesse de s’accroître. Un peu plus loin, nous retrouvons à nouveau la galerie principale mais notre méandre continue parallèlement à cette dernière. Le conduit est très déchiqueté et localement, des traces de mises en charge anciennes sont visibles. Un net courant d’air nous accompagne et lorsqu’après avoir franchi une première étroiture due à des blocs effondrés, nous distinguons un vide plus grand, nous commençons réellement à y croire. Malheureusement, une trémie faite de gros blocs nous empêche pour le moment de passer. Gotzon s’acharne à élargir un passage à grands coups de blocs, mais rien n’y fait. Pourtant derrière c’est plus grand. Finalement nous parvenons à trouver le point faible en nous glissant sous les blocs, après avoir dégagés quelques cailloux. Derrière, c’est une belle salle mais Gotzon qui est parti en reconnaissance, nous annonce qu’il y a des traces. Déception… En fait, nous venons de déboucher dans la salle terminale du gouffre qui n’avait pas été topographiée et que nous devions revoir. C’est ce que nous faisons sans toutefois découvrir grand-chose de nouveau. La suite doit se trouver au bas d’un petit puits de 7 à 8 m que nous ne pouvons descendre faute de corde. Au bas, il semble y avoir un conduit avec des traces de circulation d’eau. Affaire à suivre, et en tout cas, désormais nous avons le choix dans les itinéraires. Nous remontons jusqu’à la base des puits pour aller voir une autre verticale repérée la semaine précédente. Sandrine commence à équiper, mais Gotzon nous annonce qu’il voit un gant posé sur une vire quelques mètres plus bas. Sandrine reconnaît le sien, perdu cet été dans l’autre branche du réseau. Décidément nous n’arrêtons pas de tourner en rond. Effectivement, juste en face de nous, de l’autre côté du puits, nous reconnaissons la galerie que nous avons explorée en août. Aussi, plutôt que de descendre le puits, nous préférons équiper la vire facile qui rejoint l’autre branche, ainsi nous pourrons déséquiper les puits qui font désormais double emploi.

Nous ressortons vers 17 h 00 après 7 h 30 d’explo et après avoir ajouté péniblement 340 m de conduits au labyrinthe qui se développe entre -200 m et le fond du gouffre (-270 m).

La quête de Ticho et Aitken (suite)…

Mardi 14 décembre 2010

Suite à notre prospection du 11 novembre dernier, nous remontons avec de la corde et un pieds de biche pour poursuivre l’explo des torcas 1524 et 1525 (torca de las Zarzas). Nous commençons par cette dernière et à notre étonnement, le méandre d’entrée aspire nettement. Après quelques aménagements, le fond du puits qui nous avait arrêté par manque de corde est atteint. C’est un superbe tube haut de 40 m et d’une dizaine de mètres de diamètre.

Le beau puits de 40 m dans la torca de las Zarzas.

Au bas un méandre très faiblement aspirant s’arrête rapidement sur des gros blocs. Derrière cet obstacle très ponctuel nous distinguons très nettement la suite du conduit et un ressaut de 3 à 4 m. Nous tentons la désobstruction mais il faudrait mettre des moyens plus percutants. Nous remontons en faisant la topo puis filons dans le 1524.

Le boyau de -55 m est vite atteint et bien sûr, il paraît plus petit que lors de sa découverte et surtout, nous ne sentons pratiquement pas de courant d’air. Nous attaquons la désobstruction. Heureusement, sous les blocs scellés par le concrétionnement, le remplissage est un peu plus meuble mais aussi plus gras. Le problème est qu’il faut travailler la tête en bas. Nous nous relayons car la posture est peu commode et en plus, nous commençons progressivement à être trempés.

Le boyau de la torca 1524 au début de la désobstruction. Deux mètres plus loin, le passage n'excede pas 15 cm de hauteur...

Au bout de 2 h 00 nous en avons plein le dos, mais nous commençons à deviner la suite, un peu plus grosse. Le dernier mètre nous demande encore une bonne demi-heure et, surprise, en ouvrant le passage, le courant d’air devient nettement plus sensible. Le boyau reste petit, mais ça passe. Derrière, un petit ressaut communique avec une base de puits encombrée de gros blocs. Mais juste à côté, une courte traversée permet d’accéder à un puits estimé à une bonne vingtaine de mètres. Mais il est un peu trop tard pour aujourd’hui. Il faudra à nouveau revenir.

(Participants : P. et S. Degouve)

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