La météo a été très clémente cet été mis à part quelques averses à la fin juillet. Cela nous a permis de multiplier les sorties (plus de 40 journées sur le terrain). Au programme, prospections, désobstructions, et explorations avec toujours le souci de compléter l’inventaire et d’améliorer notre connaissance du massif.
Globalement on peut dire que c’est un bon crû avec un peu plus de 5,3 km de premières même si certaines n’apportent pas de découvertes majeures. Voici donc un petit tour d’horizon de nos activités :
Réseau de la Gandara :
Nous avions beaucoup misé sur la torca de las Colinas de Tramasquera dont nous avions commencé l’explo au printemps dernier. Curieusement le courant d’air très présent en hiver n’était plus au rendez-vous et nous n’avons pas trouvé de suite dans la série de puits qui mène à -142 m. C’est bien dommage car, après avoir traversé des niveaux gréseux étroits et ébouleux, nous avions atteint une strate calcaire dans laquelle le ruisseau avait creusé de magnifiques puits. A -140 un socle gréseux correspondant vraisemblablement au niveau des galeries subhorizontales nous a fait croire un moment au jackpot, mais une trémie bien compacte a stoppé net notre enthousiasme (Topo de la torca). Cela nous a incités à refouiller méticuleusement le secteur et nous avons pu ainsi retrouver la cueva 601 qui est un méandre fortement aspirant (1 m3/s à l’entrée). Après une première série de désobstructions nous nous sommes arrêtés sur des diaclases étroites dans des niveaux de calcarénites mais vu le courant d’air nous comptons bien insister un peu. Deux autres gouffres aspirants ont fait l’objet de travaux, mais nous avons laissé tomber devant des conduits vraiment trop étroits.
Sur le secteur aval, au-dessus des galeries encore inconnue du collecteur sud du réseau, nous avons entrepris une désobstruction dans une doline avec fort courant d’air soufflant. Ce n’est pas gagné, c’est un gros travail, mais les cavités à courant d’air dans ce secteur « clef » ne sont pas légion.
Réseau de l’Alto de Tejuel-Muela :
Torca Aitken : un bivouac de 3 jours nous a permis de revoir complètement le fond aval du réseau. L’escalade terminale a été revue et une branche parallèle a été explorée, mais elle bute également sur trémies. L’obstacle semble donc très sérieux puisqu’on le rencontre dans plusieurs galeries étagées sur plus de 60 m de dénivellation. Côté amont, nous avons encore tenté la jonction avec le Maxou ou Hormigas/TB41, mais nous nous sommes encore heurtés à des broyages difficiles à passer. Dans ce même secteur, nous avons découvert un ensemble de petites galeries mais finalement sans grand intérêt. Avec 750 m de mieux, le réseau affiche désormais un développement de 8,5 km.
Gouffre de l’Ourson : La seconde branche de ce gouffre encore tout neuf a été prolongée sur près de 200 m (-95 m) jusqu’à une étroiture à courant d’air qu’il faut « pailler ». La suite semble plus grande (méandre) mais nous n’avons pas eu le temps d’y retourner.
Dans le même secteur, plusieurs prospections nous ont permis de découvrir quelques cavités intéressantes avec dans certains cas, des arrêts sur puits ou sur étroitures ponctuelles à désobstruer.
Du côté du ravin de Calles, à l’aplomb même des terminus de La canal (aval), nous avons ouvert une petite perte avec un bon courant d’air soufflant (sumidero del Barranco de Calles). On y croyait, mais le trou s’est terminé vers -20 m sur un colmatage de sable et de limon. Traquant les courants d’air, nous avons poursuivi les recherches en surface sans grands résultats, mis à part la bien modeste torca del Mostajo (-79 m).
Secteur Cueto-Cayuela
La fin des Vieux Croûtons :
En deux sorties, accompagnés par nos amis de l’AEMT, nous avons descendu les puits de la branche principale et malheureusement, vers -260 m nous avons jonctionné avec le Pozo negro voisin. L’ensemble constitue une torca au développement kilométrique mais c’est bien là son seul intérêt, car tout espoir de rejoindre la Cayuela ou le Cueto est désormais compromis. Il faut constater qu’ici aussi, les courants d’air estivaux n’étaient pas au rendez-vous (Topo des Vieux Croutons). Cela n’était pas le cas dans un gouffre voisin exploré par l’AEMT (torca 1066). Ce gouffre avait déjà été descendu par le SCP en 1988, puis par le SCD en décembre 2006. En cette période hivernale le courant d’air, faible à l’époque, ne nous avait pas incités à entreprendre des travaux. Après 5 désobstructions musclées l’équipe de Santoña s’est arrêtée à -150 m sur méandre étroit avec violent courant d’air. Ils sont à l’aplomb de la salle Gargantua. Donc, affaire à suivre en espérant qu’ils puissent enfin rejoindre les galeries du Cueto.
Plus en amont, nous avons repris l’explo de quelques cavités situées sur Pepiones. Une torca s’arrête actuellement sur une désob ponctuelle avec un peu d’air. A suivre…
Du côté d’Arredondo, la découverte de la cueva de la Carrera a livré un ensemble de galeries étagées en lien probable avec les grottes de l’Ermita de San Juan. Cette découverte devrait nous permettre de mieux comprendre les circulations à l’est de la Cayuela et l’influence du synclinal de Socueva sur les cavités du secteur.
Cueva de Sereno
Une sortie destinée à compléter la topographie s’est soldée par la découverte de 650 m de nouveaux conduits notamment dans la partie nord de la cavité. Le développement actuel est de 4780 m.
Patrick Degouve et Guy Simonnot
(Photos : P. Degouve et L. Guillot)
Participants : G. Aranzabal (ADES), J. Argos (AEMT), P. et S. Degouve, D. Dulanto, I. Expósito (AEMT), L. Guillot, J. N. Outhier, B. Pernot, J.et M. Poletti, O. Regnault, M. et G. Simonnot.